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AntiAmerica
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Livre électronique290 pages4 heures

AntiAmerica

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À propos de ce livre électronique

Alanna Blake est une ado fugueuse qui égale en intelligence un groupe de hackers extrèmistes dans AntiAmerica. Disponible en ebook, audiobook et format papier.


AntiAmerica se dresse au coeur du plus grand soulèvement anarchiste des Etats-Unis depuis cent ans. Lorsque le groupe d'hacktivistes AntiAmerica pirate la plus grosse banque de la nation, l'industrie financière se retrouve chancelante, au bord de l'implosion. L'ado fugueuse pirate Alanna Blake est recrutée de force par le gouvernement afin de traquer l'unique lien pouvant mener à AntiAmerica, son ex petit-ami porté disparu, Javier.
Elle s'appuie sur chaque étincelle de ses ressources mentales en matière d'ingénierie sociale pour y voir clair dans une conspiration tissée de mensonges et de tromperie mettant à la fois en péril la vie de ceux qui lui sont les plus proches et les secrets d'un passé qu'elle aurait voulu enterré à jamais.
LangueFrançais
ÉditeurTektime
Date de sortie20 janv. 2021
ISBN9788835417620
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    Aperçu du livre

    AntiAmerica - T.K. Falco

    1

    Ingénierie sociale

    Alanna n'aimait pas tromper son meilleur ami. Même si elle n'arrivait pas à se débarrasser de la sensation qu'il lui cachait des choses. Elle l'observa en secret depuis le siège passager. Il ne desserra pas les dents alors qu'il conduisait sa Kia Soul dans les rues de US1 détrempées par la pluie. Sous les locks épaisses drapées autour de ses épaules, son tatouage d'un idéogramme Chinois était visible à travers son débardeur vert.

    Un clin d’œil à un de ses grands-parents paternels qui était Chinois. Lorsqu'ils allèrent manger un morceau au Pollo Tropical à la rue Bird, elle demanda pourquoi nul n'avait vu ni entendu parler de Javier au cours de la semaine écoulée. Tous deux étaient proches depuis l'enfance. Si quelqu'un devait savoir pour quel motif il avait disparu, c'était bien Brayden. Mais il prétendait le contraire et passa le reste du repas à mâcher des bouchées pleines de son sandwich au poulet dans un silence solennel. Il n'était pas moitié aussi bon menteur qu'elle. Alors qu'elle le persécutait pour qu'il fasse un arrêt à l'appartement de Javier, il accepta son prétexte sans poser de questions :

    Elle s'inquiétait de savoir si Javier allait bien. Elle s'était bien gardée de lui révéler ses véritables motifs pour faire ce détour. Si Brayden gardait la vérité pour lui, elle en ferait de Même.

    Alors qu'ils tournaient dans Brickell Avenue, elle résista à la tentation de vérifier son iPhone pour la centième fois. Après le message texte de Javier reçu la veille, elle avait à peine réussi à trouver le sommeil de toute la nuit. Brayden se gara en face de la grande tour. Alors qu'il prenait son téléphone jetable afin d'appeler Javier, elle regarda en direction de la froide façade de verre de l'immeuble.

    — Messagerie, dit-il avec son fort accent Jamaïcain.

    — Tu vas m'écouter, maintenant ? Il y a un truc qui cloche. J'en suis certaine.

    — Tu exagères tout, dit-il le téléphone encore à l'oreille.

    — Je suis étonné que pendant toute la période où tu sortais avec tu ne l'ai jamais piégé, comme tu fais avec tout le monde. Cela nous aurait épargné le trajet.

    Elle jeta à Brayden un regard mauvais. Il lui disait plus de méchancetés que n'importe qui d'autre concernant les arnaques qu'elle perpétrait. Ce n'était pas tant qu'il puisse parler. Selon Javier, ses potes hacktivistes et lui avaient piraté le site des Impôts une fois. Il se définissait comme un hackeur gris.

    Le terme avait peu de sens selon elle. Son monde à elle était noir ou blanc, sans rien entre les deux. Ils étaient tous deux des criminels. Raconter des salades sur la vie pour embellir le passé n'allait pas l'effacer. Pour aucun d'eux. Après avoir laissé un message indiquant qu'ils étaient à l'extérieur, il passa le bras devant son ventre pour ouvrir sa portière.

    — Je vais me garer dans la prochaine rue. Ne tarde pas trop.

    La seule raison pour laquelle elle l'avait fait venir ici était pour ne pas avoir à monter à l'appartement seule.

    — Tu ne montes pas avec moi ?

    — Pourquoi ? Si il ne répond pas c'est qu'il n'est pas lé ou alors qu'il ne souhaite pas être dérangé.

    — Monte avec moi. Cela ne prendra que quelques minutes.

    Ses locks retombèrent alors qu'il baissa la tête.

    — Je dois trouver un stationnement. De plus, je ne vois pas pourquoi tu fais tout ce cirque. Tu le connais. Il est probablement à fond en mode hackeur en train de chasser le jackpot.

    Elle se frotta la nuque. Dans des circonstances ordinaires Brayden aurait sans doute fait mouche en supposant que Javier pouvait être occupé avec son piratage éthique, mais pas lé avec tout ce mystère autour de son absence. Ses amis étudiants n'avaient pas de ses nouvelles depuis des jours. Ils disaient qu'il avait raté les cours pendant toute la semaine. Il n'était pas le genre à disparaître sans prévenir. Si il avait dû quitter la ville en urgence, il l'aurait dit à quelqu'un.

    — T'es Même pas un peu inquiet ?

    — Pfff. Le gars à toujours eu la tête sur les épaules. S’il dévalisait les gens comme toi, alors je m'inquiéterai.

    — Très bien. Attend dans la voiture.

    — Ne te glisse pas chez quelques petits vieux pour dérober leur argent et leurs bijoux.

    Alanna sortit dans la chaleur écrasante sans même relever sa boutade. Son véhicule orange roula jusqu'au panneau stop. Après l'avoir regardé bifurquer à droite à l'intersection, elle continua vers la porte d'entrée. Elle ne volait pas l'argent des gens. Seulement leurs données personnelles. Leur identité et leurs dossiers financiers. Les numéros de Carte de Crédit. Les identifiants et mots de passe. Les dossiers médicaux. Des bribes d'informations valant pas mal de dollars. Elle avait obtenu les données de la même façon qu'elle comptait tromper l'agent de sécurité assis au milieu du hall d'entrée ; ingénierie sociale. Piratage de personnes. Une des nombreuses compétences apprises de son père. Il n'en avait que peu d'utilité en tant que white hat, alors il ne lui avait appris que les bases. Le reste, elle l'avait appris seule alors qu'elle luttait pour survivre en tant que fugueuse à Miami.

    Alors qu'Alanna marchait sur le sol de marbre brillant, l'agent demeura penché à son comptoir. Elle se rapprocha par le côté de son comptoir circulaire puis lui lança un regard. Son regard était fixé à la vidéo d'une manif anarchiste en streaming sur son smartphone. Elle jeta un œil à son iPhone une fois de plus. Aucun nouveau message.

    Après avoir tapé sur le comptoir du bout des doigts pendant plusieurs secondes, elle s'éclaircit la gorge de manière sonore. Le jeune homme d'une vingtaine d'années à la coupe nette la regarda, bouche bée, depuis son fauteuil de bureau en cuir. Il arrangea le col de son polo blanc en la toisant de la tête aux pieds. Enfin : un auditoire captivé.

    — Je voudrais louer un petit studio. Serait-il possible de parler à quelqu'un en charge des locations ?

    — Vous avez un rendez-vous ?

    — Non. Je regardais d'autres appartements dans le quartier et je me suis dit que je pourrais faire un saut ici pour jeter un œil. ça pose un problème ?

    Alors qu'il bafouillait en quête d'une réponse, elle lui sortit un sourire désarmant puis se mit à battre des cils.

    Il sourit en retour, plaça une feuille et un stylo sur le comptoir et lui indiqua où signer dans la colonne des entrées.

    Une fois qu'elle eut signé Alanna Blake en ajoutant l'heure sur la première ligne, l'agent de sécurité bondit de son fauteuil et marcha d'un pas martial vers l’ascenseur.

    Après avoir pressé son pass magnétique contre une surface noire au mur, il tapa sur le bouton de montée juste en dessous. Il plissa les yeux lorsqu'il la regarda plus attentivement. Ses bras se raidirent. L'aurait-il reconnue ? Elle l'avait remarqué derrière son comptoir à sa dernière visite. Il n'avait pas semblé lui prêter la moindre attention avec Javier à ses côtés pour l'emmener à l'étage. À l'époque ils étaient encore ensemble.

    Elle le regarda brièvement dans les yeux avant de se tourner vers les ascenseurs. C'était mieux pour elle de ne pas trop réagir. Beaucoup de gars restaient bouche bée face à elle ou prêtaient attention à son apparence. Elle avait perdu le compte du nombre de fois où le mot exotique avait été prononcé en sa présence. Une manière polie de dire qu'ils étaient incapables de deviner ses origines ethniques. De toutes les fois où la question avait émergé, nul n'avait jamais deviné qu'elle était Irlando-Malaisienne sans qu'elle ne le dévoile.

    Il leva les sourcils en reculant vers son bureau.

    — Le bureau des location est au dernier niveau. Douzième étage. Vous entrez dans le bureau près de la piscine. Ils auront les réponses à toutes vos questions.

    Dans l’ascenseur, elle appuya sur les boutons douze et trois ; l'étage de Javier. Sa petite ruse avait fonctionné. Niveau de difficulté sur son échelle d'ingénierie sociale ? Deux. Ne nécessitant pas de grandes compétences. Quelques mensonges et un sourire au parfum de flirt. Le sang d'Alanna dansait encore. Elle préférait de loin manipuler ses cibles par téléphone ou par courriel plutôt que face à face.

    Après avoir jeté un bref coup d’œil à son iPhone, elle le reposa dans son sac à main de cuir noir.

    Depuis la veille au matin, elle s'était accrochée à l'espoir que Javier lui répondrai. Il n'avait jamais répondu à ses messages vocaux ; ni à ses SMS ou emails. Le tout, déclenché par le signal de détresse rouge clignotant d'un SMS arrivé sur son iPhone :

    > Alanna. Je suis dans la merde. Retrouve moi.

    Aucun détail n'avait suivi. Son imagination hyperactive s'était emballée en remplissant les blancs. Elle gardait Brayden dans l'ignorance car le message n'avait été adressé qu'à elle. Sans compter le fait qu'il avait gardé le silence concernant tout ce qui pouvait avoir un rapport de près ou de loin avec Javier depuis que la rupture lui avait ôté toute envie de partage d'informations. Lorsque les portes de l’ascenseur s'ouvrirent, elle se déplaça avec agilité en direction de son appartement.

    L'immeuble était conçu pour avoir une apparence ultra moderne; pas accueillante. C'était bien plus beau que sa crèche à Olympia Heights mais sacrément plus dérangeant au niveau atmosphère. Avant aujourd'hui, elle n'avait jamais parcouru ce couloir seule. Elle était plus consciente de l'écho de ses pas rebondissant sur le sol de céramique terne. Son ombre balaya les murs aux tons beiges. Avec l'ampoule du plafonnier grillée, les murs semblaient se rapprocher sans cesse.

    En atteignant la porte de Javier elle frappa le cadre de métal blanc de ses phalanges. Pas de réponse. Elle frappa deux fois encore avant de coller son oreille à la porte. Silence. Elle appuya son front contre la surface froide de la porte. Pendant six semaines, Alanna avait été laissée dans le noir concernant la façon dont elle aurai fait fuir Javier. Pas un mot sur la raison pour laquelle il avait, après deux ans, mis fin à leur relation puis coupé tout contact avec elle. Elle ne pouvait pas s'en aller maintenant.

    Elle serra la poignée. Verrouillée. Alors que ses doigts demeuraient serrés autour du cuivre jaune froid, elle se mit à sourire. Il y avait un immense avantage quand on avait choisit l'ingénierie social comme moyen de subsistance, et c'était la liberté d'errer où bon semblait; que ce soit en ligne ou hors-ligne.

    Les portes ne demeuraient closes que si elle les laissait faire. Elle mis la main dans la poche arrière de son jean pour y prendre sa pince à crocheter et sa clé de torsion. Le temps des réponses était venu.

    Alors qu'elle remettait la capuche gris foncé sur sa tête, elle appuya son torse contre la porte. Elle jeta un œil dans le couloir pendant qu'elle insérait le crochet et la clé de torsion dans la serrure de la porte. Son cul était à un appel aux services de secours d'un rendez-vous avec le siège arrière d'une voiture du Département de Police de Miami. Il y avait des années, elle avait juré à son père quelque chose. Se laisser arrêter serait briser cette promesse. Elle n'avait aucune intention de jamais laisser une chose pareille se produire.

    Elle s'arrêta pour balayer la frange colorée en rouge de ses yeux. La moindre petite distraction lui mettait la pression. Le tambour dans sa poitrine. Le fourmillement dans son corps de la tête aux pieds. Penser à Javier lui gelait le cerveau. Elle se rappelait les paroles de son père.

    Ferme les yeux, respire à fond. Fais abstraction de ton environnement. Ouvre les paupières. Déverrouille cette porte.

    Elle avait six ans lorsqu'il lui avait donné le kit de crochetage et les indications pour l'utiliser. Fouiller le trou de la serrure avec le crochet jusqu'à ce que le bout pointu se pose sur la tête d'une goupille de verrouillage. Pousser le crochet vers le haut avec la clé de torsion jusqu'à ce que la goupille se mette en place. Recommencer avec les goupilles de verrouillage restantes. Puis faire tourner la poignée et prononcer les mots magiques Sésame, ouvre toi. Elle glissa les outils dans sa poche et se glissa furtivement à l'intérieur.

    L'appartement était dans le noir complet. Les rideaux étaient tirés. Alanna demeura debout à près de l'entrée, pour donner le temps à ses yeux de s'habituer. Elle fit glisser la capuche de sa tête. La climatisation était restée éteinte pendant un certain temps. Elle tâtonna, les mains au mur jusqu'à ce que du bout des doigts elle touche du plastique. Après avoir appuyé sur l'interrupteur pour allumer la lumière, elle se précipita vers la lampe à la lumière vacillante près du canapé gris.

    La cuisine et le salon était dans un chaos total. Tiroirs et placards ouverts, vêtements, papiers et livres étalés sur le parquet. Un mauvais pressentiment s'empara de ses tripes. Javier n'aurait jamais quitté son appartement dans cet état. Elle serra les poings en tremblant. Elle n'avait pas la moindre idée lui permettant de savoir à quel moment ce carnage s'était produit. Il y avait quelques jours ou quelques minutes, tout était possible.

    Sur le sol de la cuisine reposait un marteau au milieu d'autres outils. Elle l'arracha au carreau de linoléum. Ses doigts agrippèrent le manche de caoutchouc alors qu'elle se glissait jusqu'au mur puis le long de sa surface, le dos plaqué. A l'entrée de la chambre à coucher, elle retint sa respiration pour éviter l'hyperventilation. Elle resta debout là un moment, les yeux fermés avant de passer la tête à l'intérieur, le marteau dressé dans les airs.

    D'autres possessions de Javier étaient étalées au sol. Après avoir expiré profondément, elle baissa la garde et regarda tout autour d'elle. Quiconque avait pénétré dans l'appartement n'avait eu aucun scrupule à retourner chaque centimètre carré de l'endroit. Elle n'avait aucun désir d'apprendre à ses dépends ce qu'il en coûtait de se trouver en travers de sa route. Son cœur tressauta. Le message texte de Javier. Les intrus devaient être ce contre quoi il l'avait mise en garde.

    Elle éteignit toutes les lumières alors qu'elle scrutait chaque coin de l'appartement. Les placards et la salle de bain avaient été retournés. L'écran d'ordinateur était à plat contre la table. L'ordinateur portable et la tour de l'ordi de bureau avaient disparu. Pas de sang, pas de cadavres. La vie lui avait appris à s'attendre à tout. Elle était heureuse que ses craintes ne soient pas fondées, pour une fois. Du moins pour le moment. Elle ne pourrait respirer librement que lorsqu'elle serait certaine qu'il était sain et sauf.

    Javier n'avait donné aucune indication de problème lorsqu'ils avaient parlé pour la dernière fois il y avait un mois de ça. Il avait été moins causant que d'habitude, ce qu'elle avait attribué à leur rupture de la semaine précédente. Lorsqu'elle avait réclamé une explication, il ne lui avait pas donné de réponse directe. Elle l'avait rappelé pour exiger qu'il lui dise en disent les raisons en face. Ses dernières paroles avant de raccrocher avaient été ;

    — Il faut qu'on fasse une pause, nous deux.

    Avait-il cassé avec elle parce que sa vie était en danger ? Elle se cacha le nez dans le creux de ses mains. La situation était tellement surréaliste. C'était elle, la cybercriminelle. Javier était le hacker éthique.

    La personne la meilleure qu'elle connaisse. Les ennuis, c'était censé être pour elle, pas pour lui.

    Un bip de son iPhone la rappela à la réalité. Juste un message texte. Probablement Brayden venant aux nouvelles... Ou peut-être était-ce Javier. Elle coinça le marteau sous son aisselle tout en farfouillant dans son sac pour en repêcher le téléphone. Lorsqu'elle rapprocha l'écran de ses yeux afin de mieux voir, l'identifiant d'appel était celui du mobile de Javier. Le message disait :

    > Je dois te dire mon secret, Alanna. Viens me retrouver.

    Le marteau glissa jusqu'à son coude alors qu'elle frissonnait. Elle avait l'intention de répondre en demandant à Javier ce qui ne tournait pas rond chez lui... aussitôt qu'elle aurait vidé les lieux. Elle remis le téléphone dans le sac. Les intrus pouvaient revenir. Mais ça l'emmerdait de repartir les mains vides. Elle allait faire une dernière inspection de l'appartement dans l'espoir de trouver un indice lié à l'endroit ou se trouvait Javier, puis elle s'en irait.

    Un rapide examen du salon se révéla inutile. Alors qu'elle passait en revue le bordel dans la chambre, elle manqua de mettre le pied sur un cadre photo. Alanna ramassa le portrait sur support ovale et le tint à hauteur de regard. Une photo de famille d'un Javier dégingandé au sourire absent debout aux côtés de ses parents et de sa petite sœur. Elle passa le bout des doigts sur son visage avant de poser le cadre sur la commode blanche près de son lit.

    Elle repassa la chambre au peigne fin sans plus de succès. Rien dans ce désordre ne lui offrait de réponse. Elle se croisa les jambes sur place pour mettre fin au tremblement. C'était l'heure de tracer.

    À présent qu'elle était sûre que la vie de Javier était en danger, elle pouvait tout dire à Brayden. Peut-être alors serait-il enfin prêt à faire de même. Elle parvint à se frayer un passage depuis la chambre jusqu'à la porte d'entrée puis éteignit les lumières avant de quitter l'appartement.

    Alanna couru dans le couloir vide. l’ascenseur le plus proche se trouvait à plusieurs mètre de là lorsque sa sonnerie aiguë l'arrêta net. Il en sortit un mec chauve habillé d'un complet sombre et bâtit comme si il était l'attraction d'une arène de lutte pro. Dès l'instant ou il posa les yeux sur elle, la mâchoire lui en tomba. Alors qu'il la reluquait, elle résista à l'impulsion lui disant de reculer.

    Elle inclina la tête alors qu'elle tentait de paraître calme et polie.

    — Bonjour.

    Il fit un geste de la main droite.

    — Restez où vous êtes. Ne bougez pas.

    Sa musculature se raidit. Son reflex initial était d’obéir à cette injonction. Mais son instinct le plus fiable pris le dessus. Elle s'enfuit dans la direction opposée.

    — J'ai dit : Ne bougez pas ! hurla-t-il.

    Alors qu'elle atteignait le panneau rouge de sortie, elle tira sur la porte pour l’ouvrir. Elle s'accrocha à la rampe alors qu'elle descendait les escaliers à toute vitesse. La porte au dessus d'elle qui se refermait étouffa le vacarme de ses pieds et des cris dans le couloir. Le temps que son poursuivant n'arrive dans la cage d'escalier, elle était déjà en train de descendre la dernière volée de marches. Lorsqu'elle posa le pied au rez-de-chaussée, elle fonça par la porte devant elle.

    Une explosion d'air humide lui éclata au visage alors qu'elle fonçait dans le parking. L'entrée des véhicules se trouvait de l'autre côté. Elle pris la diagonale vers la porte de sortie à sa droite. Lorsqu'elle tourna la poignée, elle bougea de quelques centimètres à peine. Quelque chose était coincé contre la porte, de l'extérieur.

    Elle recula de quelques pas avant de foncer, épaule la première dans la porte. Dehors, une femme avec une Queue-de-cheval blonde portant un chemisier blanc et un pantalon foncé était en train de reprendre son équilibre. La femme la fixa d'un regard furieux comme si elle aussi en avait après elle. Il fallait qu'Alanna agisse vite avant que le chauve ne la rattrape.

    Queue-de-cheval demeura bouche bée alors qu'elle étendait le bras droit. Elle pouvait lire ce qui se passait dans son esprit.

    N 'y pense même pas.

    Trop tard. Alanna lui fonça dessus, la poussant sur l'herbe. Alors qu'elle courrait vers l'allée cimentée adjacente, la femme rugit de frustration. Alanna suivit une rangée de palmiers faisant face à la marina sur sa gauche jusqu'à la façade avant de l'immeuble. Cette partie de Brickell était composée de grands immeubles et de béton faisant face à la baie. Peu de circulation sur la route. Personne sur les trottoirs. Elle était dehors, à découvert. La Kia de Brayden était à un pâté de maison de là où elle se tenait. Elle bifurqua à droite au coin de la rue, courant à toute vitesse le sourire aux lèvres. La montée d'adrénaline se faisait sentir. A l'intersection, sa tête pivota vers la rue perpendiculaire. Une camionnette bleue roulait vite à quelques pâtés de maisons de là .

    La rue où s'était garé Brayden, elle l'avait sous le nez. Si elle courrait jusqu'à sa voiture, ils pourraient démarrer et quitter les lieux dans la minute qui suivait. Mais elle ne pouvait le faire. Ses poursuivants, si sa supposition était correcte, était des flics ou des agents fédéraux. Hors de question de l’entraîner dans son bordel. Elle regarda droit devant puis poursuivit sa course dans la même direction que précédemment.

    Lorsqu'Alanna jeta un œil derrière elle, elle pu voir le chauve dépasser Queue-de-cheval qui s'était relevée, à toute vitesse. Il lui fallait une cachette. Dans la rue suivante, il y avait un parking vide et un restaurant fermé à sa droite et un grand bâtiment ainsi qu'une impasse à sa gauche. Devant elle, des rues sans cachettes évidentes. Elle couru vers le parking, espérant trouver un endroit où se mettre à couvert après le restaurant.

    Après avoir tourné au coin de la rue, elle s'arrêta pour essuyer la sueur de son front. Sur le côté, un mur de bois blanc trop haut pour qu'on puisse y grimper. De l'autre côté, de grands arbres et un immeuble de bureaux en briques. Elle balança son kit de crochetage dans l'arbre le plus proche. C'était des pièces à conviction incriminant es en relation avec l'effraction. Une fois que ce souvenir très cher eut disparu dans les feuilles, elle serra les dents puis poursuivit sa fuite.

    Elle traversa le parking asphalté. Le claquement des pas se rapprochaient d'elle. Elle avait fait la moitié du chemin en direction du restaurant lorsqu'elle commença à se sentir essoufflée. Ses poumons brûlants la forcèrent à ralentir. Quelques instants plus tard, de puissants bras lui encerclaient la taille et la soulevaient. Son corps fut plaqué fortement sur le sol du parking.

    Tout son côté droit n'était que douleurs vives. Sa joue raclait contre le trottoir alors

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