On devrait jamais quitter Montauban. Et encore moins Tourcoing. C’est là que tout lui saute aux yeux, un dimanche d’août. Gérald Darmanin est chez lui, à l’aise, ici « pas de sou-sou, pas de glou-glou », comme le dit le règlement intérieur du bar dans lequel il accueille ses convives. Ordre du président: Elisabeth Borne est venue. Voici que, toujours chiche en compliments, elle croise la mère du ministre. « Eh bien, il a de l’énergie, votre fils! » Et la chaleureuse invitée tourne les talons, tirant bruyamment une bouffée de sa vapoteuse. Lui ne fume pas, il fulmine: c’est le premier flic de France, et, forcément, la fierté de sa maman. Par quelle impudence faut-il être mu pour oser cette remarque ambiguë, la seule, devant le parent d’un membre de son gouvernement? Quelques minutes plus tard, à la tribune, la Première ministre entame son discours par sa fameuse phrase: « Je n’avais pas prévu de passer ce dernier week-end d’août à Tourcoing. » Le soir même, Gérald Darmanin envoie un SMS: « C’était insultant. »
Sait-il qu’il a aussi échappé de peu à une vraie humiliation publique? « Nous portons depuis quatre ans ensemble les réformes du président, nous partageons ton souci des classes populaires, tu dois avoir un souvenir amer des APL [NDLR: alors ministre des Comptes publics, il avait procédé à une baisse