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Où est la terre ?
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Livre électronique245 pages3 heures

Où est la terre ?

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À propos de ce livre électronique

Attention, ça va mal finir…

Vous n’en démordrez pas !!!

Novembre 1998

Célestine, une psychothérapeute, s’est liée d’amitié avec Daphnée, une jeune patiente souffrant de graves problèmes psychologiques. À titre d’exemple, elle ne sait plus qu’elle vit sur la terre.
Suite à des événements troublants, Célestine se croit pourchassée par un inconnu visiblement amoureux d’elle. Dès lors, elle vivra des situations aussi stressantes qu’angoissantes. Heureusement, ses amis, avec Marcella en tête, sont là pour la réconforter et tenter de démasquer le mystérieux individu.

Juillet 2015

L’histoire se répète, mais cette fois, c’est la fille de Marcella qui est aux prises avec des situations particulières. Cette dernière est persuadée que l’inconnu est revenu et que sa vie est en danger. Tous les événements s’enchaînent de façon à ce que l’adolescente commette des actes peu banaux qui changeront le cours de sa vie.
LangueFrançais
Date de sortie7 nov. 2019
ISBN9782924849880
Où est la terre ?
Auteur

Jocelyne Richer

Verdunoise d’origine, Jocelyne Richer habite le quartier Rosemont depuis maintenant plus de trente ans. Dès son adolescence, elle s’intéresse au théâtre et à la littérature. Jeune, ses auteurs préférés étaient Michel Tremblay et Stephen King. Vers la fin de sa carrière professionnelle, sa passion pour les livres s’est transformée en désir d’écrire. Aussi, chaque fois qu’elle le peut, elle s’empresse de remplir de nouvelles pages. Ce fut pour elle un grand plaisir de laisser aller son imagination pour rédiger ce tout premier roman, qui nous révèle des personnages et des événements aussi loufoques que dramatiques, pour ne pas dire tragiques.

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    Aperçu du livre

    Où est la terre ? - Jocelyne Richer

    Table des matières

    Remerciements de l’autrice 8

    Chapitre I 12

    Chapitre II 18

    Chapitre III 21

    Chapitre IV 25

    Chapitre V 30

    Chapitre VI 38

    Chapitre VII 46

    Chapitre VIII 49

    Chapitre IX 61

    Chapitre X 65

    Chapitre XI 66

    Chapitre XII 78

    Chapitre XIII 85

    Chapitre XIV 92

    Chapitre XV 93

    Chapitre XVI 104

    Chapitre XVII 119

    Chapitre XVIII 125

    Chapitre XIX 129

    Jocelyne Richer

    OÙ EST LA TERRE?

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Titre: Où est la terre? / Jocelyne Richer.

    Noms: Richer, Jocelyne, 1954- auteur.

    Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190026146 | Canadiana (livre numérique) 20190026154 | ISBN 9782924849866 (couverture souple) | ISBN 9782924849873 (PDF) | ISBN 9782924849880 (EPUB)

    Classification: LCC PS8635.I34143 O95 2019 | CDD C843/.6—dc23

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition.

    Conception graphique de la couverture: Jonathan Bédard

    Direction rédaction: Marie-Louise Legault

    © Jocelyne Richer, 2019 

    Dépôt légal  – 2019

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives Canada

    Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

    Imprimé et relié au Canada

    1e impression, septembre 2019

    Remerciements de l’autrice

    Je voudrais remercier Jonathan Bédard pour le magnifique couvert avant. Je remercie également mon conjoint Jocelyn, ainsi que mon amie Sylviane LeBlanc, de m’avoir incitée à faire publier ce roman. Enfin, je ne voudrais surtout pas oublier Marie-Louise Legault des Éditions La Plume D’or, qui m’a conseillée et dirigée tout au long de cette belle aventure.

    À Jocelyn, Frédéric, Jonathan, Marilou,

    les petits enfants, frères, sœur, neveux et nièces,

    avec tout mon amour.

    Chapitre I

    Nous sommes début novembre 1998, dix mois après la crise du verglas, crise qui a installé un climat de paranoïa dans les banlieues de Montréal, car lors de cet événement inhabituel pour un début de janvier, certains scientifiques ont affirmé que le réchauffement de la planète était non seulement bel et bien installé, mais que jamais plus l’Amérique ne retrouverait ses températures d’antan. Ces mêmes scientifiques nous ont aussi appris que la couche d'ozone formée par les CO2 se trouve juste au-dessus de nos têtes et que si nous ne faisons rien, ceci engendrerait un cycle qui conduirait en partie ou en totalité à la destruction de la terre.

    C’est dans cette ambiance aussi déprimante qu’alarmante que j'ai commencé, il y a deux mois, mon emploi de thérapeute au centre de psychiatrie LEEDS à Verdun. Mais il me fallait rester optimiste et persévérante pour arriver à aider mes patients dont la vie ne tenait parfois qu'à un fil. Heureusement, j'ai presque toujours réussi à garder le cap, car j'adore mon travail.

    Or, ce matin me semble moins évident que les autres, car la patiente que je vais rencontrer est un des cas, pour ne pas dire le cas le plus lourd. Je n'arrive pas à saisir la profondeur de son délire ou de son mal-être. Je sais que je ne dois pas dire cela, mais parfois, c'est pratiquement impossible de trouver la thérapie adéquate. Malheureusement, c’est le problème que je rencontre avec cette jeune patiente qui répond au nom de Daphnée.

    Voilà une heure que je marche de long en large dans ce corridor vert pâle. Je fais les cent pas en attendant que Daphnée daigne arriver. Je suis tellement exaspérée par sa nonchalance, que même la peinture des murs me tape sur les nerfs. D’ailleurs, je n’ai jamais compris ‘pourquoi on les peignait de cette couleur. Je me dis que les patients peuvent bien être malades, car juste à regarder ce vert, on a la nausée. Alors, égale à moi-même, n’en pouvant plus d’attendre, je commence à maugréer:

    —C’est vrai qu’elle est perdue, mais à ce point-là… je ne peux pas le croire! Hey, Steve! Est-ce que tu sais si la petite Daphnée est sortie du local de conditionnement physique?

    —Mon dddoux je ssavais même pas que que qu’on lui donnait ce ce ce ccccours là. Elle dddoit bien ssservir de pppatère, inactive comme elle est, que me répond mon collègue en se tordant de rire.

    Heureusement, qu’il ne bégaye pas en riant, car j’en aurais pour l’après-midi, à l’endurer.

    —T’es très drôle. Est-ce que tu te fous de la gueule de tous les patients, ou tu es né épais comme ça?

    N’ayant pas la patience de l’écouter, j’essaie de stopper cette discussion qui ne mène nulle part. Mais malgré mes haussements d’épaules et mes soupirs de désespoir, ce cher Steve continue à me jaser tout en me suivant dans le corridor.

    —Pppourquoi tu as toujours l’air ssstressée? Tttu devrais prendre la vie plus relaxe. Jjje fffais juste mmmettre de l’humour dans un job peu valorisant. 

    En entendant les mots peu valorisant, j’arrête net de marcher, tandis que la boucane me sort par les oreilles. Là, j’explose littéralement.

    —Comment ça, peu valorisant? Ceci est une profession… 

    Voyant que je suis rouge de colère, mon collègue me coupe la parole pour me faire la morale.

    —Pppassionnante, je sais. C’est jjjuste une bbblague. Tttu vois cccomment tu es soupe au lllait! Arrête de ssstresser. Je sais que tu tttravailles ici depuis ssseulement quelqqques mois, mais tttout va tttrès bien et tttu es tttrès appppréciée.

    Trouvant sa blague très inappropriée, je fais fi de ses excuses et de sa tentative de me flatter sur le bon bord. J’essaie plutôt de le déstabiliser à l’aide de cette remarque lancée sur un ton condescendant:

    —Steve… je pourrais peut-être t’aider à cesser de bégayer. Tu aurais juste à suivre une thérapie avec moi.

    Alors qu’il demeure totalement muet, son visage devient rouge écarlate et ses grands yeux bruns sont exorbités. Je profite de sa stupéfaction pour lui remettre sous le nez la même réplique stupide qu’il m’a servie plus tôt:

    —C’est juste une blague!

    Au même moment, j’aperçois Daphnée qui s’amène vers moi. Elle est tout habillée de gris: pantalon, chemise et souliers. Même son visage semble grisâtre. Pauvre fille! Si jeune et si taciturne. Elle paraît sans vie, sans âme.

    Voilà déjà deux mois que je la rencontre deux fois par semaine et je ne suis toujours pas parvenue à savoir pourquoi elle me pose toujours cette question: «Pardon, madame, savez-vous où est la planète terre?»

    Malgré mes différentes approches, toutes mes tentatives pour lui faire comprendre qu’elle vit déjà sur la terre se sont soldées par un échec. Je me souviens de notre première rencontre… C’était une belle journée d’automne et nous étions allées nous promener dans les jardins du centre. Je voulais qu’elle voie les rayons du soleil illuminer les belles couleurs des feuillus, soit le rouge éclatant des érables, le tan orangé du chêne et le jaune doré du frêne. Toutes ces teintes étincelaient dans la lumière du jour. Ce magma de couleurs avantageait le bleu azur du ciel. On aurait dit une toile dessinée par un peintre célèbre. Nous nous sommes baladées à travers ce paysage féérique jusqu’à la rue Wellington. Une fois là, les couleurs ternes de la ville nous ont sauté aux yeux. Le noir de l’asphalte et le gris des édifices tranchaient avec ce que nous venions de voir. Même les odeurs avaient changé. Mes narines, qui s’étaient imprégnées du si doux parfum de la rose sauvage, ont été choquées quand l’odeur du pétrole s’est infiltrée dans leurs petits orifices.

    Malheureusement, le visage de Daphnée était resté immuable. Rien ne l’avait allumée. Contrairement à moi, elle n’avait eu aucune réaction. De même, elle n’écoutait rien de ce que je lui disais, se contentant de marcher comme un zombie en demandant: «Elle est où la terre?»

    À quelques reprises, j’avais cru percevoir, dans son regard hagard, une petite étincelle, mais hélas! c’était à tort.

    Une autre fois, toujours pour tenter de stimuler ses sens, je l’avais emmenée sur la promenade aux abords du fleuve Saint-Laurent. Certaines personnes qualifient cet endroit de très majestueux. Plusieurs y vont pour se ressourcer. Mais dans le cas de Daphnée, ce fut un autre échec. Dans ses pupilles, jamais je n’ai vu le reflet du fleuve, pas même celui d’un nuage. Non, jamais. Je n’y ai vu que le fond de ses yeux gris qui se noyaient dans le néant. Comment pourrais-je un jour lui faire dire la raison pour laquelle elle n’a pas l’impression de vivre sur la planète terre et pourquoi elle la cherche tant?   

    Aujourd’hui ne fait pas exception. Je l’aborde comme tous les autres jours. Osant encore une fois entrer dans son univers pour savoir si elle se croit sur la terre ou je ne sais où, je lui demande:

    —Salut, Daphnée! Est-ce que ton cours de conditionnement physique s’est bien passé? As-tu aimé faire de la course rapide?

    La tête penchée sur son épaule, elle me regarde comme si j’étais un cadre accroché sur le mur. Elle s’approche de moi, tout près de mon nez, puis s’exclame:

    —Est-ce que tu es déjà allée sur la terre?

    Désespérée par son éternelle question, je décide d’entrer dans son jeu. Je m’approche à mon tour de son nez et réponds très calmement:

    —Oui, j’y suis déjà allée.

    À cette réponse, son visage s’éclaircit. Son teint grisâtre est devenu tout rosé. Elle commence à s’agiter, alors que son débit de paroles accélère.

    —Ah oui! Fantastique! Alors, tu peux me décrire comment c'est, la terre? Est-ce que c’est grand? Est-ce qu’il y a beaucoup de monde qui y vive? Et est-ce qu’ils sont gentils les Terriens? J’ai entendu dire qu’ils étaient très aimants. Là où je vivais avant, personne ne m’aimait.

    Je profite de ce moment d’euphorie passagère pour aller plus loin. Puisque la température est magnifique en cette belle journée d’automne, je saisis ma patiente par le bras et la dirige doucement vers l’extérieur du centre. Une fois sur le pas de la porte, je scrute rapidement les environs pour voir s’il n’y a pas un endroit isolé, où nous pourrions approfondir cette conversation.

    —Viens avec moi, dis-je, nous allons nous installer à une table de pique-nique. Nous y serons seules, et donc, je serai beaucoup plus à l’aise pour te raconter mon séjour sur la planète terre. 

    Elle commence à sautiller sur place en agitant ses bras de haut en bas. Je ne l’ai jamais vue dans cet état.

    —Calme-toi, Daphnée, ne t’emballe pas, tu viens juste de faire de l’exercice physique! Il faut relaxer, maintenant. Mais j’y pense… tu dois avoir faim, pauvre petite choupette! Je vais demander à Steve de nous apporter une collation. 

    Comme nous sommes toujours sur le pas de la porte, je cherche Steve du regard en espérant qu’il soit dans les parages. Mais à ma grande surprise, il est déjà près de moi.

    —Mon Dieu, Steve! Tu m’as fait peur. Je croyais que j’étais seule avec Daphnée. Tu as sûrement entendu notre conversation. Alors, plutôt que de m’épier, rends-toi utile et va chercher un jus, des biscottes et des fromages, s’il te plaît. 

    Avec son grand sourire plein de dents, il me répond:

    —J’y vais tttout de suite, maîtttresse!

    —Arrête de faire le rigolo et viens me porter le tout à la table de pique-nique, près du grand saule pleureur.

    Afin d’avoir un petit moment seul avec Daphnée, j’accélère le pas jusqu’à ce que nous arrivions à la table. Il n’y a ni éducateurs ni patients: juste nous. J’assieds Daphnée près de moi, puis, avant de lui parler de mon voyage sur la terre, je lui demande gentiment de m’expliquer pourquoi, un peu plus tôt, elle m’a dit que là où elle vivait avant, personne ne l’aimait.

    D’un air offusqué, elle croise les bras contre sa poitrine, puis me lance:

    —Tu m’as menti! Tu m’as dit que tu me raconterais ton voyage sur la terre et là, tu me poses des questions. Je ne veux pas te parler de mon existence. De toute façon, je n’existe pas. Je ne te dirai rien de plus à mon sujet. Je veux juste que tu me racontes ton voyage sur la terre.

    —O.K! Chose promise, chose due. Alors… euh…il y a longtemps, j’ai fait un beau voyage. Je suis arrivée sur la terre. 

    Elle me fixe dans les yeux, comme si elle essayait d’entrer dans mon cerveau.

    —Comment y es-tu allée? me questionne-t-elle.

    —Attends! dis-je en lui caressant le bras pour tenter de la calmer. Laisse-moi parler; je vais tout te raconter… comment je suis arrivée là-bas, et tout le reste.

    Elle penche encore une fois sa tête sur le côté, puis se met à crier:

    —Yé!

    —Bon! Comme je le disais, je suis allée sur la planète terre.

    —Je sais, tu me l’as déjà dit! m’interrompt Daphnée d’un ton impatient.

    Pour ne pas perdre le fil de mon récit, je reprends aussitôt en disant:

    —Eh bien, voilà: une femme (ma mère) et un homme (mon père) qui s’aimaient beaucoup ont décidé qu’ils auraient un enfant. Ils avaient déjà choisi des prénoms. Si c’était une fille, elle se prénommerait Célestine et si c’était un garçon, ce serait Célestin. Finalement, ils ont eu une petite Célestine. Et voilà comment je suis arrivée sur la terre!

    D’un mouvement aussi brusque que soudain, Daphnée détourne son regard de moi et ne s’intéresse plus du tout à ce que je dis.

    —Daphnée! Daphnée! Ça ne t’intéresse pas de connaître la suite de mon voyage sur la terre? 

    Toujours contrariée, elle retourne la tête dans ma direction pour mieux me dévisager. Elle marmonne quelque chose à voix si basse, que j’ai de la difficulté à entendre.

    —Ce n’est pas un voyage, ça, finis-je par comprendre.

    —Ah bon! Alors, explique-moi… Qu’est-ce qu’un voyage, selon toi?

    —Un voyage, bredouille-t-elle, c’est quand on prend une auto, un train ou l’avion pour partir d’un point A vers un point B… euh… euh…

    Étant donné, qu’elle ne complète pas sa réponse, je lui demande d’être plus explicite. Alors, elle ajoute candidement:

    —Bien… pour s’amuser, connaître de nouvelles choses ou rencontrer de nouvelles personnes. Tu vois, hein? Tu n’as pas fait de voyage.

    —Oui, j’ai fait un voyage, dis-je sans désespérer. Je suis partie d’un point A…

    Me rendant compte que je n’ai aucune idée de l’endroit où se trouve le point A, je prends un moment de réflexion, car je ne sais plus très bien où je m’en vais avec mon histoire ridicule. Après quelques instants, je continue ainsi mon improvisation:

    —Un jour, j’étais sur la planète Néant.  À un certain moment, j’ai décidé d’aller vivre sur la terre. Alors, j’ai pris un petit vaisseau spatial nommé spermatozoïde. Il était très petit, car moi-même j’étais minuscule. Après un long périple de neuf mois, le vaisseau est enfin arrivé sur la planète terre.

    Daphnée se retourne discrètement dans ma direction pour mieux écouter mon récit. Au moment où je me félicite d’avoir réussi à capter son attention et de ne pas avoir été interrompue au bout de seulement quelques mots, elle me fait sursauter en criant: «Yé! Enfin à manger. J’ai faim!»

    C’est là que je vois Steve s’asseoir à la table avec, dans ses mains, un cabaret rempli de bonnes choses à manger. Ceci m’indispose, car je ne voulais pas être dérangée. Alors, d’un ton agacé, je propose, ou plutôt, j’ordonne à Steve de déposer le cabaret et de partir.

    Il obéit promptement en maugréant:

    —Ttu es ttoujours aussi gentttille avec moi! Dis de cette faççon, ça me donne vraiment envie de ttt’aider, la prochaine fois.

    Son air triste de pitou piteux me force à lui adresser des excuses:

    —Je suis désolée, Steve, je ne voulais pas être bête avec toi. Mais, tu es arrivé au même moment où Daphnée écoutait enfin ce que je lui disais. Tu la connais? Donc tu sais comment il est difficile de capter son attention. Si ça ne te dérange pas, j’aimerais poursuivre seule mon entretien avec elle.

    —Ddde toute façon, je suis atttendu dddans la salle de récréation, ccar il y a une thérapeute qqqui a bbbesoin de moi, trouve-t-il à me répondre.

    Je comprends très bien son insinuation, mais je décide de le laisser aller en me disant que j’aurai une bonne conversation avec lui plus tard.

    Durant le temps que je discutais avec lui, Daphnée a eu le temps d’avaler quelques petits sandwiches et de nous servir un verre de jus. Ne sachant plus trop où j’en étais rendue dans mon récit loufoque, je bois mon jus à petites gorgées, non sans espérer retrouver le fil de mes idées. En repensant aux termes que j’ai utilisés plus tôt, comme spermatozoïde et vaisseau, je ne peux m’empêcher de sourire tellement mon histoire est tirée par les cheveux. Mais étant donné que Daphnée a démontré un certain intérêt, je décide de poursuivre dans le même sens.

    —Daphnée… Tu te souviens? Tout à l’heure, je t’ai dit que j’étais arrivée dans un vaisseau.

    En guise de réponse, elle hoche la tête de haut en bas.

    —Donc… c’est ça, j’ai amerri avec mon vaisseau.

    J’ai utilisé ce verbe volontairement pour faire un jeu de mots visant à expliquer les circonstances de ma naissance, c’est-à-dire: mon arrivée sur la terre après avoir passé neuf mois dans le liquide amniotique de l’utérus de ma mère. Tout le reste de mon récit va dans le même sens…

    —J’ai amerri dans un endroit où j’étais attendue par des êtres humains, qui m’ont accueillie dans la joie et l’euphorie. Ils m’ont débranchée d’un tuyau qui servait à me nourrir durant toute la durée de mon séjour dans le vaisseau. Ensuite, ils m’ont lavée. C’est là que je me suis mise à pleurer, car j’avais très peur des Terriens qui m’entouraient. Après tout, il s’agissait de mes premiers contacts avec eux. Et je peux te dire que je ne trouvais pas cela très agréable! Je ne pouvais pas cesser de pleurer, tellement j’avais froid et peur. De leur côté, ils semblaient très heureux de me voir. Ils voulaient communiquer avec moi en me prenant dans leurs bras. Ils me cajolaient, me réchauffaient et me chuchotaient des mots que je ne comprenais pas à l’oreille. Puis peu à peu, je me suis sentie en confiance et j’ai cessé de pleurer. Et voilà comment s’est déroulé mon voyage sur la terre!

    Tout au long de mon histoire, Daphnée n’a jamais tenté de m’interrompre. Bien au contraire, on aurait dit

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