Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Les veilleurs de la nuit
Les veilleurs de la nuit
Les veilleurs de la nuit
Livre électronique186 pages2 heures

Les veilleurs de la nuit

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Rien ne va plus pour Ivan et Teddy, deux copains de Marles-les-Mines ! Plusieurs habitants se changent en statues de pierre, juste sous leurs yeux. Quant à la nouvelle de l’école, la rousse et pétillante Cléa, certains prétendent qu’elle aurait d’étranges pouvoirs… Y-a-t-il un rapport avec ces rires maléfiques qu’on entend partout en ville ? Les Veilleurs de la nuit, des aventures extraordinaires pleines de magie, d’action, de créatures mystérieuses et d’humour !
LangueFrançais
Date de sortie5 févr. 2024
ISBN9782491750442
Les veilleurs de la nuit

Lié à Les veilleurs de la nuit

Livres électroniques liés

Fiction d'action et d'aventure pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Les veilleurs de la nuit

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Les veilleurs de la nuit - Michael Moslonka

    MICHAËL MOSLONKA

    LES VEILLEURS DE LA NUIT

    Ou, Les fantastiques aventures d’Ivan,

    Teddy et Cléa

    Cœurs de pierre…

    Une image contenant texte Description générée automatiquement

    Logo et couverture : Bertrand Binois

    Corrections : Patrice Buttin

    ISBN 978-2-491750-08-4

    Dépôt légal mars 2022

    © Editions Faute de frappe

    Tous droits réservés

    Chapitre 1

    Pierres !

    — Devine ce que j’ai trouvé dans le grenier ?

    — Une carte au trésor ?

    Les deux garçons de neuf ans sortent d’un pas tranquille du square où ils se sont donné rendez-vous en cet agréable dimanche de mars. Un ciel d’un bleu limpide s’étend au-dessus de Marles-les-Mines, l’ancienne commune minière où vivent ces meilleurs amis. Le soleil brille avec générosité, réchauffant l’air encore froid de ce début de printemps.

    Le garçon qui a parlé en premier, Ivan, s’arrête et observe un moineau sautiller sur la pelouse, en bordure du parc. D’un naturel rêveur, il a tendance à décrocher au milieu des conversations et à laisser ses pensées vagabonder.

    Le bleu clair de ses yeux ne lâche pas le volatile. Toujours en mouvement, ce dernier pépie joyeusement entre les brins d’herbe avant de s’envoler vers les branches bourgeonnantes des arbres. Il y rejoint un autre oiseau dont le claquement de bec résonne dans le silence dominical. Puis tous deux s’envolent, virevoltant, semblant se chamailler à chaque coup d’ailes.

    Sa grande et mince silhouette toujours immobile, Ivan ne perd pas une miette de leur ballet tandis que Teddy, son camarade, attend qu’il raccroche les wagons. Tous deux ne se quittent plus depuis la maternelle, que ce soit sur les bancs de l’école ou dès que la cloche sonne la fin de la classe. Autant dire qu’ils se connaissent très bien.

    Ivan se passe la main dans ses cheveux noirs en bataille.

    — Euh… Désolé… Donc, je te disais : j’ai trouvé, dans le grenier, un livre dont vous êtes le héros…

    Teddy bondit.

    — Sérieux ? Vrai de vrai ?

    — Ouais, sérieux, vrai de vrai, réplique du tac au tac son ami, gagné par la fébrilité. Et pas n’importe lequel des livres jeux. Tiens-toi bien : Le sorcier de la montagne de feu !

    Teddy n’en revient pas.

    — Wow !

    Le sorcier de la montagne de feu… Une référence pour ces romans dans lesquels le lecteur joue un aventurier et décide du déroulement de l’histoire.

    L’excitation de Teddy est à son comble. De deux têtes moins grand que son comparse, ce petit bout d’homme n’est pas du genre à rester en place.

    — Le début du succès pour Steve Jackson et Ian Livingstone, géant ! s’exclame-t-il en sautant tel un diable sur son ressort. Il se fige : Eh, attends voir ! Ça date des années quatre-vingt, ce bouquin. Qu’est-ce que ce trésor fiche chez toi ?

    Tout plaisir quitte Ivan. Son humeur s’assombrit. Il enfouit ses mains dans les poches arrière de son pantalon côtelé marron. Son corps élancé s’étire dans un long soupir de tristesse, ses yeux rêveurs perdent de leur éclat.

    — Je l’ai trouvé dans l’un des cartons de mon père…

    — Ah…

    Les traits espiègles de Teddy se font graves.

    — Pourquoi est-ce que tu fouillais dans ses affaires ? Tu cherches toujours à savoir ce qui vous lie ?

    Ivan acquiesce, perdu dans ses problèmes familiaux. À ses côtés, Teddy patiente, compréhensif. Il pourrait sortir une blague afin de dédramatiser la situation. Pour autant, il laisse son humour dans sa poche – comme le dit l’un de ses pères lorsqu’il en fait trop. Son camarade a encore quelque chose à dire, il le sait. Détourner son attention l’empêcherait de s’exprimer et de libérer ce qu’il a sur le cœur. Teddy se contente donc d’une tape amicale dans le dos, puis repousse ses cheveux et sort de la poche ventrale de sa salopette un cure-dents qu’il mâchouille pour patienter.

    Les deux enfants reprennent leur route en silence. Ils descendent une partie du boulevard Gambetta, le quittent pour tourner à droite et traverser la place du marché. Au niveau de la mairie, Ivan rouvre la bouche :

    — Tu sais comment est mon paternel, et comment ça se passe quand je suis avec lui… Ma mère me dit le contraire, mais je pense qu’il ne voulait pas de moi. Ou, plutôt, je ne suis pas comme il voudrait que je sois…

    Teddy pince les lèvres. Il aimerait tellement que son meilleur ami se trompe. Il se débarrasse du cure-dents dans sa poche de salopette.

    — Tu crois vraiment que tu le déçois ?

    Ivan pousse un soupir à fendre l’âme. Terminée la bonne nouvelle du jour, place à sa malheurosité habituelle.

    — Oh que oui ! Ma frangine, elle, par contre, c’est sa chouchoute…

    À l’évocation de la sœur de son ami, Teddy en profite pour dérider l’atmosphère. Le moment est venu de changer de sujet de conversation et de rire ! Son nez en trompette frétille comme à chaque fois qu’il s’apprête à faire le singe.

    — Aaaah, la belle Irène ! se pâme-t-il, en tournant sur lui-même, les mains sur les joues.

    Dans le même élan, ses cheveux bruns aux trois quarts longs – aussi mal coiffés que ceux d’Ivan – voltigent et viennent tomber sur son visage. Il se met alors à proférer, d’une voix aiguë, des babillements incompréhensibles dans une imitation parfaite du petit homme entièrement couvert de cheveux, membre de la famille Addams.

    Ses bêtises arrachent un rire à Ivan qui s’épanouit à nouveau :

    — Rêve pas, cousin Machin ! Irène, c’est pas une princesse, c’est qu’une peste !

    Teddy cesse ses cris et écarte le rideau de sa perruque pour laisser apparaître un faciès terrifié.

    — Pauvre de nous, la princesse Peste !

    — Ouais, et elle m’a piqué le livre rien que pour embêter son monde…

    Le cousin Machin cesse ses pitreries.

    — Mince ! Vrai de vrai ?

    — Eh ouais, vrai de vrai, et y a rien de plus vrai, lui certifie Ivan. La princesse Peste est la reine des enquiquineuses !

    Néanmoins, cet acte odieux ne le démoralise pas. Il ajoute avec un clin d’œil :

    — T’inquiète, j’ai une autre supernouvelle qui va rattraper l’coup…

    La curiosité de Teddy est piquée au vif.

    — Une meilleure nouvelle que Le sorcier de la montagne de feu ? Lâche le morceau, vite !

    Ivan affiche un air rusé.

    — On se fait un jeu à l’ordi, ce soir ?

    Un sourire en coin étire les lèvres de son ami.

    — Oh, toi, tu nous as dégoté une relique…

    — Carrément, oui ! Mon oncle m’a envoyé Eye of the beholder !

    Eye of the beholder, ancien jeu sur PC et autre référence sortie des années quatre-vingt.

    Teddy donne un coup de poing sur l’épaule de son ami.

    — Wow, trop cool ! Il est top de chez top, ton oncle !

    Et comment il est top, l’oncle Paul. Responsable d’un studio de développement de jeux vidéo, il a tout pour les ravir. Aux yeux d’Ivan, le frère de son père n’est pas que cela : il est un modèle qui le conseille parfois, le comprend souvent et avec qui il partage bien plus de choses qu’avec son paternel.

    Les deux garçons laissent la mairie derrière eux et traversent la route. En face, la rue de l’Égalité mène à l’église. Juste au-dessus se trouve un pont qui enjambe la Clarence, la rivière traversant Marles. Ils ont prévu de s’y poster, histoire de repérer des truites. Puis, ils longeront le cours d’eau afin de rejoindre le parc de l’étang de Quenehem.

    Là-bas, ils joueront aux pirates. Gamers, adeptes de jeux de stratégie sur plateau, ils aiment également prendre l’air et vivre, en mode grandeur nature, les aventures peuplant leur imaginaire.

    — Au fait, lance Teddy, faudrait qu’on se dégotte d’autres personnes pour nos parties de jeux de rôle…

    Ivan approuve.

    — Ouais, ce serait géant. On tourne trop en rond à deux !

    Le nez de son camarade se plisse.

    — On pourrait peut-être inviter ta sœur !

    Ivan s’esclaffe. Malheureusement, il n’a pas l’occasion de se marrer plus.

    À peine ont-ils posé le pied dans la rue de l’Égalité qu’on les interpelle :

    — Eh, les nazes ! Vos parents vous ont jamais dit que les jeux de rôles, c’était des trucs de tarés qui croient au Diable ?

    Deux adolescents de douze, treize ans surgissent devant eux : un blondinet aux cheveux courts, tout en nerfs, habillé d’un jogging blanc, et un grand nonchalant à l’œil moqueur.

    Ivan et Teddy se mordent les lèvres.

    — Aïe, pas eux !

    — On est mal…

    Tout à leur discussion, ils ne les ont pas vus s’approcher. Ils reculent pour se sauver.

    Une voix derrière eux les force à s’immobiliser :

    — Vous savez c’qu’on fait à ces tarés de diabolistes ? On les brûle !

    Ils se retournent et découvrent, à moins de deux mètres, un garçon très gros, à la peau marron, portant une doudoune légère sans manches.

    — Ah ben, oui. Il en manquait un, forcément… murmure Teddy, la voix blanche.

    — On est mal de chez mal, répète Ivan.

    Ils les connaissent bien. Donovan et ses sbires : Lukas qui ne rate jamais une occasion de ridiculiser les autres, et Antonin, la grosse brute qui ne sait dialoguer qu’avec les poings. Ces trois-là leur cherchent des noises à la moindre occasion. En CM2, ils étaient déjà pénibles. Depuis qu’ils sont au collège, leur comportement a empiré.

    Teddy et Ivan se regardent : impossible de fuir !

    Tandis qu’Antonin et Lukas restent à leur place, Donovan avance d’un pas, la méchanceté peinte sur la figure.

    — Bon, dites-nous tout, les filles, ricane-t-il, les poings cachés au fond des poches de son jogging et prêts à frapper. On s’promène en amoureux ?

    Il indique Teddy du menton.

    — Faut dire que vous avez c’qu’il faut comme exemple !

    Ivan monte au créneau :

    — Laisse ses parents tranquilles !

    Le blondinet mime une moue ennuyée.

    — Deux hommes ensemble, j’appelle pas ça des parents, moi…

    — Quoi ? se récrie Ivan. Je ne te permets pas de dire ça !

    Cette fois, c’en est trop. Même s’il n’est pas de taille, il compte bien faire ravaler ses paroles au meneur de ce trio insupportable.

    Son camarade lui pose une main sur l’épaule.

    — Laisse tomber, Ivanhoé, ils ne valent pas le coup…

    — Ah mais ouais, c’est vrai, tu t’appelles Ivanhoé, toi ! "Je te permets pas de dire ça, gnagna gni, gnagna gna !" Oh pauvre chochotte, i’va s’noyer dans ses larmes si on dit du mal de son p’tit copain!

    Lukas et Antonin éclatent de rire. Ce jeu de mots est hilarant. Pas pour l’intéressé. Ivan écarte la main de son ami et se jette sur l’adolescent en jogging blanc.

    — Tu vas l’regretter !

    Le grand nonchalant intervient. Faisant preuve d’une vitesse insoupçonnée, il dépasse son acolyte et se place sur le côté. Puis il lance la jambe. Ivan bute dessus et s’étale aux pieds de Donovan.

    Antonin se met à son tour en action, il repousse sans effort Teddy qui, l’ayant vu venir, tentait de s’interposer. L’enfant atterrit violemment sur les fesses et ne peut qu’assister impuissant à la suite. La brute est juste sur Ivan quand une voix s’élève :

    — Laissez-les tranquilles, et cassez-vous, bande de lâches !

    * * *

    Deux adolescents – âgés apparemment de quatorze ans – traversent la route dans leur direction. Ils marchent côte à côte d’un pas décidé. Celui de droite a tout d’un fan de Heavy Métal : longs cheveux blonds qui lui tombent sur les épaules et t-shirt du groupe Iron Maiden – sur celui-ci un mort-vivant sortant d’un arbre aux branches décharnées – accompagné d’un pantacourt noir. Le regard qu’il porte sur les lâches est lourd de conséquences : s’ils ne laissent pas tranquilles les enfants, ça ira mal !

    L’adolescent de gauche – vêtu d’un sweat à capuche kaki et d’un bermuda camouflage gris tacheté – paraît, quant à lui, plus cool. Une impression renforcée par la rondeur de ses traits basanés. Impression vite démentie par le regard qu’il adresse au trio : il va les manger tout crus !

    Antonin semble aussitôt rapetisser. Il s’écarte d’Ivan comme s’il était contagieux, se tourne vers Donovan qui, lui, s’est déjà tiré avec Lukas.

    — Eh, attendez-moi ! panique la grosse brute en déguerpissant à son tour.

    Les trois terreurs s’enfuient vers le bas de la rue.

    Teddy se relève aidé par Ivan.

    — Ouf ! On a eu chaud…, souffle-t-il, le front maculé de sueur.

    Le métalleux s’avance à leur niveau, un sourire inquiet aux lèvres.

    — Ça va ? Pas de bobos ?

    — Non, le rassure Ivan, la voix emplie de gratitude. Grâce à vous, on l’a échappé belle !

    Teddy hoche la tête, encore choqué par sa chute.

    — Carrément, ouais. D’habitude, on les voit arriver de loin, mais là…

    Il fronce les sourcils, traversé par une intuition plutôt flippante.

    — Au fait, pourquoi vous nous avez aidés ?

    Le visage de l’adolescent aux cheveux longs se durcit.

    — Parce qu’on déteste quand les plus forts s’en prennent aux plus faibles !

    Le garçon en tenue militaire s’approche à son tour. Il était resté en retrait afin de vérifier que les trois agresseurs aient bien vidé les lieux. Son regard d’ogre tueur s’est adouci. Dans ses prunelles danse une lueur goguenarde.

    — Embêter des plus petits, c’est une chose, fanfaronne-t-il en gonflant ses muscles. Affronter des gars de notre âge, ça demande du courage !

    Le métalleux hausse les épaules.

    — Plus sérieusement. Est-ce qu’il faut une raison pour aider ceux qui ont des problèmes ?

    — Pas faux, reconnaît Teddy, honteux d’avoir sous-entendu qu’il y aurait anguille sous roche.

    — Eh, intervient

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1