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Amour Impossible: Les Hommes de la Maison, #1
Amour Impossible: Les Hommes de la Maison, #1
Amour Impossible: Les Hommes de la Maison, #1
Livre électronique480 pages6 heures

Amour Impossible: Les Hommes de la Maison, #1

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À propos de ce livre électronique

Henley incarne pour Levar la figure de l'amant inaccessible. Dans ce cas, pourquoi le destin ne cesse-t-il pas d'entrecroiser leurs destinées ?

 

Cinq ans ont passé depuis que Levar a réchappé à une attaque terroriste d'une ampleur inimaginable. Si les bombes ont laissé de vilaines cicatrices sur sa peau, il n'a pour autant pas abandonné sa vie, ni laissé de côté ses ambitions. Il adore son rôle de secrétaire de presse auprès du premier vice-président ouvertement bisexuel de l'histoire.

 

Levar ne peut se permettre de se laisser tenter par un reporter feu follet plus obstiné qu'un vieux loup de mer. Pire encore, les étincelles qui agitent son cœur pourraient finir par lui bruler les ailes car Henley Platt est journaliste à la Maison Blanche. Conflit d'intérêt, vous avez dit ?

Si Henley n'est pas l'ennemi de Levar, il ne risque pas non plus de devenir son ami. Leurs emplois respectifs les rendent de facto ennemis. Henley est absolument hors d'atteinte et sa passion innée pour les sous-vêtements sexy que portent Levar n'y change rien.

 

Lorsque l'horreur frappe encore une fois la Maison Blanche, Levar et Henley apprennent à compter l'un sur l'autre. Les étincelles deviennent un feu de forêt qu'aucune lance à incendie ne saurait apaiser. Qu'arrivera-t-il s'ils se font prendre la main dans le pantalon ?

 

Amour Impossible est le premier volume de la série Les Hommes de la Maison Blanche, une romance gay mâtinée de suspense ayant pour cadre principal la Maison Blanche, lieu de résidence du président des Etats Unis. Chaque tome de la série introduit une nouvelle histoire d'amour au cours de laquelle les protagonistes apprennent à surmonter leurs différences pour connaitre un bonheur durable et sans nuages. La trame principale se résout un tome après l'autre, et c'est pourquoi il est recommandé au lecteur de parcourir les pages des Hommes de La Maison Blanche selon un ordre de lecture chronologique. Ne manquez pas de lire les mises en garde précédant chaque ouvrage, les évènements contés par l'auteure pouvant heurter la sensibilité de certains.

LangueFrançais
ÉditeurNora Phoenix
Date de sortie22 mars 2024
ISBN9798224153336
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    Aperçu du livre

    Amour Impossible - Nora Phoenix

    PROLOGUE

    — Ici Levar Cousins, en direct de la Pride Parade de New York. Comme vous pouvez le voir, le temps est magnifique en ce jour de juin, le ciel est bleu et la température est de soixante-douze degrés Fahrenheit, avec une légère brise. Mais la parade elle-même est brûlante, avec certains des meilleurs participants et les plus grands chars à venir. Voici un rapide récapitulatif des points forts de l’année dernière.

    Levar continua à sourire jusqu’à ce que Claire, la productrice adjointe, lui dise dans son oreillette qu’ils n’étaient plus à l’antenne. Il se tamponna rapidement le front avec un mouchoir en coton, puis but une gorgée d’eau.

    Mon Dieu, il adorait New York. Le rythme effréné contrastait fortement avec l’atmosphère californienne décontractée dans laquelle il avait grandi, mais il s’était rapidement adapté. Cette ville ne dormait vraiment jamais, et il se passait toujours quelque chose. Mais rien ne faisait ressortir la flamboyance exubérante de Greenwich Village comme la Pride Parade.

    Les rues étaient pleines à craquer, la foule était présente sur dix rangs le long du parcours du défilé. L’arc-en-ciel était partout, des drapeaux aux T-shirts, en passant par les chapeaux, les peintures corporelles, et plus encore, et Levar profitait de la fête. Un jour par an, il se laissait croire que l’égalité était réalisable, qu’un jour prochain, on parviendrait à éradiquer l’homophobie et la transphobie.

    — Tu t’en sors bien, dit Robert, son caméraman, par-dessus le son de la musique de fond, en arrachant un peu de confettis de ses cheveux.

    — Merci. Au moins, ce n’est pas dans les années 90, comme l’année dernière.

    Ils se sourirent l’un l’autre en signe de compréhension mutuelle. Ils étaient tous deux présents l’année précédente, mais Levar avait participé au défilé et non fait un reportage. Après avoir couvert cinq défilés en tant que caméraman, Robert était un vétéran, et Levar était reconnaissant de travailler avec lui. Robert lui avait déjà donné quelques bons conseils, un répit bienvenu par rapport à l’hostilité qu’il recevait souvent des autres à la station.

    Était-ce dû à son ambition et au fait qu’il avait eu un coup de chance au début de sa carrière et décroché ce contrat ? Ou était-ce mélangé à une homophobie discrète ? Il soupçonnait que, malgré tout le bla-bla corporatif sur la diversité et l’inclusion, la station avait encore un long chemin à parcourir avant que ces nobles paroles ne deviennent une réalité quotidienne.

    — Quinze secondes avant l’antenne, l’avertit Claire, et Levar s’essuya la bouche, puis vérifia rapidement sa chemise, comme c’était devenu son habitude.

    Il portait une chemise bleu clair qui faisait paraître ses yeux encore plus bleus, et en prime, cela soulignait aussi qu’il était en bonne forme. Vain ? Peut-être, mais il s’en fichait. Il était à la télé, alors il voulait être beau. De plus, chaque fois qu’il portait cette chemise, il avait une touche, donc, clairement, ça fonctionnait. Son meilleur ami, Rhett, l’avait appelé la chemise de la baise, et il n’avait pas tort. Claire décompta les trois dernières secondes, et le sourire de Levar fut prêt à être filmé.

    — Je suis impatient de voir les tenues, les chars et les pancartes de cette année, et nous avons l’endroit idéal pour les admirer, juste en face du Stonewall Inn, où ont éclaté les tristement célèbres émeutes de Stonewall, qui ont donné naissance au mouvement de la fierté.

    Il attendit que Robert fasse un lent panoramique sur la droite, montrant l’auberge.

    — Parce que malgré tout le plaisir et l’extravagance de la Pride, n’oublions pas la bataille pour l’égalité qui l’a commencée… et qui est toujours en cours. Au fond, la Pride est autant une protestation qu’une célébration.

    Là, il l’avait glissé en douce. Un point pour l’agenda gay. Son patron pourrait lui en vouloir, mais s’ils n’avaient pas voulu y mêler une opinion personnelle, ils n’auraient pas dû envoyer un reporter gay. Et un caméraman gay, pensa-t-il quand Robert fit un panoramique sur lui. Dommage que Levar ait une politique stricte sur les relations avec les collègues, sinon il l’aurait baisé durement. Ou peut-être qu’il aurait laissé Robert le baiser durement. L’homme avait l’air de savoir ce qu’il faisait, et ça faisait longtemps que Levar n’avait pas connu une bonne baise. Le genre qui le laissait légèrement endolori le jour suivant.

    — Cette année, l’organisation a choisi de répartir les participants les plus extravagants tout au long du défilé, et nous avons déjà vu des chars étonnants. Si vous venez juste de nous rejoindre, nous allons voir des groupes familiers qui participent chaque année, y compris la police de New York, le département de la défense de New York, les employés de la ville, et bien d’autres encore. C’est…

    BOOM !

    Le souffle assourdissant l’assomma, mais une force venant de derrière lui le fit tomber. Il fut projeté en avant, percutant Robert et s’écrasant avec lui. Son corps s’écrasa sur le trottoir, et pendant une seconde ou deux, il ne put respirer, ses poumons refusant de se remplir. Respirer. Ses oreilles bourdonnaient si fort qu’il ne pouvait rien entendre d’autre.

    Respirez, bon sang. Respirez !

    Finalement, il aspira de l’air dans un souffle, ses poumons lui faisaient mal en se dilatant. Il cligna des yeux plusieurs fois, mais sa vision resta floue. De la fumée. Quelque chose brûlait. L’odeur âcre lui piquait le nez et lui faisait monter les larmes aux yeux.

    Qu’est-ce qui s’est passé, bordel ? La musique s’était arrêtée, et à la place, des gémissements et des pleurs flottaient dans l’air, étouffés par le bourdonnement dans ses oreilles qui ne s’était pas encore calmé. Les gens criaient, hurlaient, sanglotaient. Il grogna de douleur en bougeant.

    Robert. Est-ce qu’il allait bien ?

    — Levar… Levar !

    Claire criait dans son oreillette. Est-ce que sa voix avait toujours été aussi stridente ? Mon Dieu, sa tête lui faisait mal.

    Il gémit en réponse.

    — Je suis là.

    — Qu’est-ce qui se passe ? Nous pouvons vous entendre et vous voir, mais nous vous avons retirés de l’antenne. Vous allez bien ? Et Robert ?

    Levar se mit à genoux. Une douleur fulgurante irradia de son poignet droit, et il cria.

    — Putain de merde !

    — Tu es blessé ? cria Claire.

    Pourquoi criait-elle ? Il secoua la tête, mais cela ne clarifia pas sa vision, qui restait floue.

    Quelqu’un gémit. Tout près. Robert. Levar rampa vers lui à genoux, tenant son poignet contre sa poitrine. Il était cassé ?

    — Robert ! Tu vas bien ?

    Finalement, ses yeux perdirent leur flou. L’explosion avait projeté le caméraman contre la barrière en fer devant laquelle ils filmaient, celle qui entourait Christopher Park. Il était étendu comme une poupée en haillons au milieu de débris noircis de Dieu sait quoi, son bras gauche plié à un angle bizarre, clairement cassé. Il dut essayer de s’accrocher. Ses yeux étaient ouverts, et quand Levar l’atteignit, il grogna.

    — Je suis vivant. Tout me fait mal, mais je suis vivant. Putain, qu’est-ce qui s’est passé ?

    Ils se regardèrent, et leurs yeux s’écarquillèrent en même temps.

    — Une bombe, dit Levar bien trop fort, ses oreilles sifflant encore. C’était une bombe.

    Un bombardement. Et il était là, avec une caméra. Un interrupteur se déclencha dans son cerveau.

    — Claire, on va bien. Tu as dit que tu avais toujours notre flux ? Vidéo et audio ?

    — Oui. On a déroulé de la bande B pendant tout ce temps. Vous êtes prêts à reprendre ?

    Levar n’hésita pas.

    — Oui. Le bras de Robert est cassé, par contre, je ne sais pas si…

    — Je peux le faire, le coupa Robert. Donne-moi quelques instants.

    Levar se poussa, les jambes tremblantes mais tenant bon. Avec son bon bras, il tira Robert vers le haut. Heureusement que c’était lui et pas Martin et ses cent trente kilos, bâti comme un tank, avec qui il travaillait habituellement. Robert grimaça, mais il souleva rapidement la caméra, essuya l’objectif et la hissa sur son épaule.

    — Contrôle vidéo ?

    — Les niveaux sont bons, dit Claire.

    — Audio ?

    Levar ramassa le micro qu’il avait laissé tomber.

    — Test un, deux, trois.

    — L’audio n’est pas parfait, mais c’est suffisant. Vous êtes prêts, les gars ?

    — Tu saignes, souffla Robert en faisant un geste vers le cou de Levar.

    Levar le toucha et regarda ses doigts en sang.

    — C’est grave ?

    Robert s’approcha et l’étudia un moment.

    — C’est une entaille. On dirait que tu vas avoir besoin de points de suture, mais tu ne vas pas te vider de ton sang de sitôt.

    — Les points de suture peuvent attendre, décida Levar. Est-ce qu’on sait déjà quelque chose, Claire ?

    — Non, mais on est sur le coup. Les scanners de la police deviennent fous, mais rien de concret encore. Je te tiens au courant.

    Rhett. Il était en mission, il prenait des photos. Est-ce qu’il allait bien ? S’il vous plaît, faites qu’il aille bien. Il devrait lui envoyer un message juste après.

    Il expira lentement.

    — OK. Je suis prêt.

    Il se vérifia par habitude, le souffle coupé quand il vit sa chemise, maintenant éclaboussée de sang, probablement de cette entaille, et de saleté. Il faudrait s’en contenter. Il était vivant, bon sang. Rien d’autre ne comptait pour l’instant.

    — À l’antenne dans cinq, quatre, trois…

    — Ici Levar Cousins, en direct de la Pride Parade de New York, où une explosion inconnue vient de secouer la foule ici, de l’autre côté du Stonewall Inn. Nous ne savons pas ce qui s’est passé, mais nous allons vous montrer ce que nous voyons.

    BOOM !

    Une autre explosion frappa de plus loin, mais Levar faillit perdre pied. Il attrapa frénétiquement un panneau de signalisation pour s’y accrocher. La caméra trembla alors que Robert luttait pour rester debout lui aussi.

    — C’était une autre explosion ! cria Levar par-dessus les cris qui s’élevaient autour de lui.

    Il devait les ignorer. S’il ne le faisait pas, s’il laissait l’agonie pure de ces cris l’atteindre, il ne serait pas capable d’effectuer son travail. Et le monde avait besoin de voir ce qui se passait ici.

    — Celle-ci semble venir de notre droite, plus loin sur le parcours du défilé. Nous n’avons pas encore de confirmation de ce qui se passe, mais les gens paniquent et essaient de sortir d’ici.

    Il se retourna et, alors que la fumée se dissipait, il vit pour la première fois le site de l’explosion initiale. Son souffle se bloqua dans ses poumons, et il resta figé, incrédule, devant le carnage.

    Et puis la troisième bombe explosa.

    Henley Platt secoua la tête, mais le bourdonnement dans ses oreilles ne se calmait pas. Cela lui donnerait certainement une migraine pendant des jours, pensa-t-il, puis il eut envie de se gifler pour la stupidité de ce raisonnement. Des gens étaient morts, et il s’inquiétait d’une migraine ?

    Reprends-toi. Respire profondément.

    Autour de lui, la panique avait éclaté, et même avec le bip sonore qui lui cassait encore les oreilles, les cris étaient clairs et nets. Mon Dieu, les cris. Les gens mouraient, souffraient, avaient mal. Hurlant, gémissant, criant. Une ruée. Les gens se poussaient, tombaient, se relevaient, puis se poussaient encore. Des confettis brûlants pleuvaient sur lui, et il les balayait d’un geste lent et douloureux.

    Il devait s’écarter du chemin, ou il se ferait écraser. Il rampa sur le côté, en faisant attention de ne pas se couper avec les débris de verre tout autour de lui. D’après ce qu’il voyait, l’explosion avait détruit toutes les fenêtres du magasin. Certains cadres aussi, des portes à moitié articulées et des rebords de fenêtres à moitié enfoncés.

    Il trouva refuge dans l’embrasure d’une porte. Mon Dieu, son corps lui faisait mal. Et ses oreilles. OK, auto-vérification. Il prit une autre grande respiration, puis passa ses mains sur son corps. Ses paumes saignaient, tout comme ses genoux. La seconde explosion l’avait projeté en avant, sur les mains et les genoux. Sa peau était éraflée, mais les blessures étaient superficielles. Sanglantes et sales, mais pas graves. Ses poignets lui faisaient mal, mais il pouvait encore les bouger. Pas cassés, donc. Il ne s’était pas cogné la tête, donc c’était bien.

    Son sac semblait correct, mais là encore, il l’avait payé presque aussi cher que l’appareil photo qu’il contenait parce qu’il était garanti pour résister à tout, selon le fabricant. Eh bien, s’il avait survécu à ça, il leur écrirait une foutue note de remerciement et leur suggérerait de promouvoir le sac comme résistant aux bombes. Il l’ouvrit. Son appareil photo semblait intact. Merci pour ça, putain.

    Il referma le sac, puis se releva, poussant un juron à cause de la douleur qui lui traversa les mains et les poignets, mais il y arriva. Il vacilla, alors il s’accrocha au montant de la porte et se tint jusqu’à ce que le vertige soit passé. Ses oreilles cessèrent finalement de siffler, et les autres bruits se firent beaucoup plus forts maintenant. Plus de cris. Des gémissements. Des pleurs. Des gens qui s’engueulaient, qui criaient, qui posaient des questions dont personne ne connaissait la réponse.

    Quelque chose sonna dans sa poche. Son téléphone. Il le sortit, maudissant à nouveau son stupide poignet, puis prit l’appel. Son éditrice.

    — Henley, tu vas bien ?

    Il n’avait jamais entendu la rédactrice en chef sénior comme ça, presque paniqué.

    — Je suis vivant, Julie. Des éraflures et des contusions mineures. Que savons-nous ?

    — C’est normal de prendre un moment et…

    — Je vais bien. Je te le promets. Dis-moi ce que tu sais.

    — Trois explosions. La première juste devant le Stonewall Inn, la seconde deux minutes plus tard, à environ 900 mètres en amont, et la troisième une minute après, à 900 mètres dans l’autre direction. Où es-tu ?

    — Croisement de la 7e, 4e, et Christopher, près de la station Christopher. Combien de morts ?

    — Ils ne savent pas, mais Channel 11 a un journaliste sur place qui fait un reportage en direct depuis juste avant la deuxième explosion, et le carnage est tel qu’ils sont passés en diffusion retardée de trente secondes pour estomper le pire. C’est… C’est mauvais.

    Sa mère. Elle savait qu’il allait à la parade. Elle serait morte de peur si elle voyait les nouvelles et les reportages. Et elle regarderait, parce qu’elle avait toujours la télé allumée.

    — Julie, peux-tu demander à quelqu’un d’appeler ma mère pour lui dire que je vais bien ? Le numéro est dans mon dossier personnel.

    — Je m’en occupe.

    Elle appela quelqu’un et répéta la demande. Bien. C’était réglé. Il détestait inquiéter sa mère. Elle avait assez souffert pour toute une vie.

    Il prit une profonde inspiration et chassa toutes les pensées de sa mère. Il avait un travail à faire.

    — J’étais à une trentaine de mètres de la deuxième bombe. Elle m’a fait tomber, mais j’ai eu de la chance, car un véhicule blindé de la police de New York m’a protégé, absorbant la force directe de l’explosion.

    Le camion, autrefois si imposant, n’était plus qu’une épave noircie et cabossée, à l’aspect lugubre et apocalyptique.

    — Dieu merci. Henley, peux-tu faire ton rapport ? Tu es capable de faire ton travail ? Je sais que tu es en congé aujourd’hui, mais…

    — Oui. Mais je me suis fait mal aux poignets, donc je ne suis pas sûr de pouvoir écrire quoi que ce soit.

    — Ne t’inquiète pas pour ça. La batterie de ton téléphone est-elle chargée ?

    Il laissa échapper un petit rire.

    — Toujours, patron. Tu m’as bien formé. Chargeur de secours dans mon sac.

    — Tu as une caméra sur toi ?

    — Ouais. J’ai apporté mon Nikon pour prendre des photos de la parade. Je n’ai pas mon gros zoom avec moi parce qu’il était trop lourd à trimballer toute la journée, mais ça devrait aller.

    — Très bien. Prépare ta caméra et filme autant que tu peux. Mets ton casque, mets ton téléphone dans ta poche, et parle. Nous enregistrerons l’appel, et André travaillera avec toi sur ce sujet. Ton nom sera le premier dans la byline ¹.

    — Je m’en fiche, Julie.

    — Vous le ferez dans quelques jours. Fais ton travail, Henley. Nous écouterons.

    Il prit une profonde inspiration. OK. Il pouvait le faire. Il n’avait jamais aimé les reportages en direct et n’en avait pas fait depuis longtemps, mais il avait de l’expérience. Tout ce qu’il devait faire, c’était mettre sa tête dans le bon sens, éteindre ses émotions, et devenir un reporter, un observateur. Il ouvrit à nouveau son sac et sortit l’appareil photo, puis enleva le capuchon de l’objectif et le mit dans sa poche avant gauche. Heureusement qu’il avait décidé d’apporter son appareil photo quand il avait prévu d’assister à la parade.

    Ses poignets protestèrent contre le poids de la caméra et les déplacements, mais il repoussa la douleur. Ils n’étaient pas cassés, ce n’était pas une urgence. Peu importait ce qui n’allait pas avec eux, ça devrait attendre. Le travail passait en premier maintenant. Il referma le sac de l’appareil photo, verrouilla son téléphone et le rangea dans sa poche avant droite. C’était l’heure du spectacle.

    — Je marche vers le site de la troisième explosion. Les gens continuent de s’enfuir.

    Il regarda sa montre.

    — Cela fait maintenant six minutes que la troisième explosion a eu lieu, donc je pense que nous espérons tous que c’est la dernière. Le véhicule blindé devant moi a encaissé tout le choc de l’explosion, me protégeant ainsi que les officiers de la police de New York à l’intérieur. Les rues sont jonchées de verre de fenêtres brisées et de toutes sortes de débris.

    Il déglutit.

    — Je… je vois les premiers blessés. C’est le chaos ici, mais au milieu de tout ça, les gens s’entraident. À quelques mètres de moi gît un homme, un participant au défilé, à en juger par sa tenue. Sa jambe droite a été arrachée. Quelqu’un utilise sa ceinture pour faire un garrot.

    — Le 911 est inondé d’appels, dit Julie. Ils essaient de joindre tout le monde, mais avec autant de personnes présentes et trois sites de bombes différents, les services d’urgence vont mettre du temps à passer.

    Les sirènes hurlaient au loin, le son perçant ne faisant qu’ajouter à l’atmosphère surréaliste. Ce qui avait été une célébration joyeuse quelques minutes auparavant était maintenant un… épouvantable et déchirant chaos. La ville qui avait été son foyer lui donnait maintenant l’impression d’être une zone de guerre. Les bruits habituels de la circulation étaient absents, les coups de klaxon, les cris des chauffeurs de taxi et le bip-bip des camions de livraison qui faisaient marche arrière.

    Même l’odeur n’était pas bonne. Mauvaise. New York sentait toujours les gaz d’échappement, une odeur étrangement réconfortante que Henley associait au fait d’être chez soi, mais maintenant son nez était rempli de fumée, d’odeurs fortes et toxiques… et de la puanteur nauséabonde de la chair brûlée.

    Il prit une inspiration pour se stabiliser.

    — Je vois quelques secouristes. Ils devaient être postés ici comme l’un des postes de secours de la parade.

    Il continua à marcher, décrivant ce qu’il voyait et prenant une tonne de photos. Quand il s’approcha du site de l’explosion, son estomac se retourna.

    — Je ne peux même pas deviner combien de personnes ont été tuées, mais… des corps gisent dans les rues, certains ont des membres en moins.

    Un homme maigre était assis sur le trottoir, vêtu d’un short en jean et d’un T-shirt « Je suis à lui », autrefois blanc mais désormais couvert de taches de sang. Dans ses bras gisait un grand homme, sans vie, son large torse nu et poilu montrant de larges blessures et de copieuses quantités de sang. Henley n’était pas médecin, mais cet homme était mort.

    — Matthew, Matthew… hurlait le maigre en serrant son petit ami ou son mari contre lui.

    Henley déglutit en les observant à travers son objectif, prenant de multiples photos. Il se sentait comme un vautour s’attaquant à la mort, mais il devait le faire. C’était son travail de présenter les nouvelles, même si elles étaient horribles. De l’autre côté de la rue, un autre photographe, tenant un appareil photo avec un zoom beaucoup plus grand, prenait également des photos des deux hommes. Ils baissèrent leurs appareils en même temps. Henley ne le reconnut pas, mais cela ne voulait rien dire. Il leva la main en signe de reconnaissance, et l’autre type fit de même.

    Il reprit son rapport.

    — Beaucoup de gens ont de larges blessures à la poitrine. Soit par le souffle direct, soit par des objets volants suite à l’explosion. Des blessures à la tête, beaucoup de blessures aux membres, surtout aux jambes. Les gens enlèvent leurs chemises et les déchirent en morceaux pour les utiliser comme bandages temporaires.

    Il prit de nouveau son appareil photo et cliqua. Louons le Seigneur pour les appareils photo numériques.

    — Le verre a été arraché des fenêtres de toute la zone. Heureusement que je porte des bottes solides, sinon le verre aurait traversé mes semelles. Je suis maintenant près du site de l’explosion, à environ 10 mètres.

    — Peux-tu dire où et comment la bombe a été positionnée ?

    — Non. Le FBI et l’ATF devront envoyer des experts médico-légaux pour le déterminer. Il n’y a plus rien ici. Tout est nivelé. Le… le trottoir est maculé de sang, tout comme les bâtiments. Les gens ont été écrasés contre les murs.

    — Henley…

    La voix de Julie était remplie d’horreur. Heureusement qu’elle s’était arrêtée là, car il n’était pas sûr de pouvoir tenir le coup si elle avait montré plus de sympathie. Il avait un travail à faire, et cela nécessitait de neutraliser ses émotions. Il ferait son deuil plus tard, quand ce serait le cas.

    — Je vois les premiers flics. Ils bouclent le site de l’explosion, ce qui semble intelligent s’ils veulent préserver les preuves. Attends. Laisse-moi prendre d’autres photos.

    Il continua à marcher, peignant l’horreur dont il était témoin, et s’arrêtant souvent pour enregistrer la scène avec son appareil photo.

    — Les gens s’entraident. En ce moment, je regarde un type qui coordonne un groupe de personnes qui veulent aider, en leur disant quoi faire.

    Il leva sa caméra, zoomant un peu pour avoir une meilleure vue. L’homme lui semblait familier. Il prit une photo, puis zooma un peu plus.

    — C’est le sénateur Shafer, le sénateur démocrate du Massachusetts. Il participait à la parade aujourd’hui.

    — Peux-tu obtenir sa réaction ? demanda Julie.

    Henley hésita en baissant sa caméra.

    — Il sauve des vies, Julie. Je ne suis pas à l’aise pour détourner son attention. Des gens meurent littéralement dans les rues.

    — Je fais confiance à ton jugement, Henley. C’est ta décision. On peut toujours le contacter plus tard pour une déclaration.

    Henley ne cessait de regarder le sénateur alors qu’il désignait des personnes et leur donnait un travail à faire. C’était un spectacle étonnant à voir et un exemple classique de leadership naturel.

    — Ce type est destiné à plus, se dit-il.

    — Qu’est-ce que tu as dit ? interrogea Julie.

    — Rien. Juste… Rien.

    Il reprit le travail et fit un reportage sur l’horreur qui serait connue sous le nom de « L’attentat à la bombe de la Pride de New York ».

    1

    Cinq ans plus tard

    Levar jeta un coup d’œil dans la salle de conférence de l’Eisenhower Executive Office Building, où il avait l’habitude de tenir des points de presse, comptant et cochant mentalement les noms. Il semblait que tous les grands journalistes étaient là. C’était une bonne chose. Cela rendrait son patron heureux, et plus important encore, cela plairait au vice-président Shafer. Et ça, en ce qui concernait Levar, c’était le but ultime. Après tout, il servait selon le bon vouloir du vice-président, et non selon les caprices de son patron direct, qui n’était pas connu pour fixer des normes élevées. Aucune sorte de norme, en fait.

    — Ne touche pas ta cicatrice, chuchota Nicole, son assistante et main droite.

    Levar se tourna de côté.

    — Quoi ?

    Elle se pencha encore plus près.

    — Ta cicatrice. Tu as tendance à la toucher dès qu’on en parle.

    Elle semblait mal à l’aise, et Levar fronça les sourcils. À quoi faisait-elle allusion ?

    — Je ne…

    — Dès qu’on parle de la commémoration, tu frottes ta cicatrice.

    Levar se figea. Vraiment ? Sa main vola jusqu’à son cou avant même qu’il ne le réalise. L’arête rugueuse de la cicatrice était un réconfort sous ses doigts, un rappel tangible qu’il avait survécu. Cent cinquante-trois personnes avaient été tuées, mais il s’en était sorti indemne, à part une cicatrice permanente.

    — Si ça remue de mauvais souvenirs, peut-être que tu devrais…

    — Je vais bien, assura Levar. Et je vais m’assurer de rester loin de la cicatrice.

    Ses yeux étaient compatissants.

    — Levar, ce n’est pas grave si c’est dur pour toi. C’était une expérience traumatisante.

    Il lui tapota brièvement l’épaule pour atténuer l’impact de ses paroles.

    — Je vais bien. Je te le promets. Ce n’est pas du tout difficile pour moi. Juste un autre jour au bureau.

    Elle l’étudia quelques secondes de plus, puis sourit à sa tentative de blague boiteuse. Travailler pour le vice-président signifiait que les journées typiques n’existaient pas, et ils le savaient tous les deux.

    — OK, tout le monde, commençons, annonça Levar en élevant la voix.

    Les journalistes dégainèrent tous des appareils d’enregistrement et divers supports pour prendre des notes. Ce n’était pas un briefing formel, pas comme le faisait Katie Winters, l’attachée de presse du président. Levar ne pouvait pas se plaindre. À trente-deux ans, il était l’attaché de presse adjoint du vice-président et l’un de ses principaux conseillers. Pourtant, il avait les yeux sur l’avenir, et un jour, ce serait lui à la Maison Blanche, faisant des conférences de presse dans la salle de presse James S. Brady. Avec des millions de personnes qui regarderaient.

    — Le vice-président se rendra aujourd’hui à Norfolk pour le baptême du porte-avions USS Jefferson Shafer, nommé en l’honneur de son grand-père, Jefferson Shafer, sergent d’artillerie et ancien sénateur de longue date de l’État du Massachusetts. Le vice-président est honoré de baptiser le navire. Nicole distribuera des copies de son discours après cette réunion.

    — Le père du vice-président sera-t-il présent ? demanda Danny, le correspondant principal du New York Times à la Maison Blanche.

    — Oui, il le sera, ainsi que plusieurs autres membres de la famille du vice-président, dont Mme Shafer et leur fils, Kennedy.

    Levar passa en revue les détails du voyage d’aujourd’hui, ravi de ne pas avoir à venir. D’habitude, ça ne le dérangeait pas, mais il était débordé de travail. Et épuisé, mais ce n’était pas nouveau. Il n’avait pas eu huit heures de sommeil depuis le jour où il avait commencé à travailler pour le vice-président. Il s’estimait heureux s’il arrivait à en dormir six.

    — Le prochain point à l’ordre du jour est la commémoration des cinq ans de l’attentat à la bombe de la Pride de New York, le mois prochain. Le vice-président assistera à une cérémonie au Christopher Park, en face du Stonewall Inn reconstruit, où il dévoilera le mémorial conçu par l’architecte et survivante Elizabeth O’Donnell. Elle a perdu sa jambe droite lorsque la troisième bombe a explosé. Sa femme, Erin, qui était présente avec elle ce jour-là, a subi de multiples blessures à la poitrine et aux bras.

    Il surprit un geste de Nicole du coin de l’œil et laissa tomber ses doigts, qui avaient frotté sa cicatrice. Merde. Elle avait raison. Pourquoi continuait-il à faire ça ?

    — Pourquoi le vice-président Shafer assiste-t-il à la cérémonie et pas le président ?

    C’était Henley Platt, le correspondant à la Maison Blanche du Washington Times. Levar fronça les sourcils. La question semblait évidente, surtout venant de quelqu’un comme Henley. Ce type était très vif, et Levar avait appris à la dure à formuler les choses avec précaution en sa présence et à rester sur ses gardes. L’homme avait un talent incroyable pour faire dire aux gens beaucoup plus que ce qu’ils avaient l’intention de dire. Il était juste, mais il vous enterrait vivant si vous le bousculiez. Levar pouvait vivre avec ça.

    — Le maire de New York, Ben Goldstein, a personnellement invité le vice-président à cette cérémonie, sachant à quel point cet événement lui tenait à cœur. En tant que survivant lui-même, le vice-président s’est consacré à la défense des droits de tous les survivants et à la garantie de leur prise en charge, tant sur le plan financier que juridique et émotionnel.

    Levar donna la réponse sans hésiter, ayant répété des déclarations similaires trop de fois pour pouvoir les compter. Cela répondait à la question de Henley, mais à sa grande surprise, le journaliste leva à nouveau la main.

    — Une autre, si je peux.

    Levar acquiesça. Quelle question complémentaire Henley pourrait-il avoir à ce sujet ?

    — Il n’a jamais été question que le président y assiste plutôt que le vice-président ?

    Le rythme cardiaque de Levar s’accéléra. Il connaissait l’expression du visage de Henley. Les yeux du journaliste étaient devenus plus aigus, et il avait cette innocence feinte, comme s’il demandait le temps qu’il faisait. Toutes les sonnettes d’alarme de Levar se mirent à sonner. Henley sentait le sang… mais à quel sujet ? Qu’est-ce qu’il savait ?

    Il donna sa réponse diplomatique standard. Cela lui permettait de présenter de nouvelles informations plus tard sans passer pour un menteur.

    — Pas à ma connaissance.

    — Vous pouvez vérifier ça pour moi ?

    La voix de Henley était douce et sucrée, ce qui ne fit qu’accentuer la sonnerie d’alarme.

    — Bien sûr. Je vous recontacterai à ce sujet. Maintenant, le programme provisoire de la cérémonie est le suivant.

    Levar leur présenta le programme, puis passa dix autres minutes à répondre aux questions.

    — C’est tout pour le moment. Ceux d’entre vous qui accompagneront le vice-président à Norfolk, veillez à être au bus de presse à midi pile. Comme vous le savez tous, le vice-président aime que les choses se passent à l’heure.

    Ils se mirent tous à rire, car il était bien connu que les quatre années passées par le vice-président Shafer dans l’armée lui avaient laissé une profonde appréciation de la planification, des horaires et de la ponctualité. Levar remballa ses notes et les rangea dans son classeur pendant que la salle se vidait. Il était tout à fait favorable au numérique, mais s’il devait griffonner des choses rapidement, le papier l’emportait toujours.

    — Je dois y aller, dit Nicole, et elle se dépêcha de sortir.

    Elle accompagnerait la presse lors du voyage d’aujourd’hui, et Levar laissa échapper un souffle de soulagement. Un après-midi entier pour faire de la merde. Il allait enfin pouvoir rattraper son retard. Un peu, du moins.

    — Levar.

    Levar leva les yeux.

    — Henley. En quoi puis-je t’aider ?

    Henley était perché sur le bord de la table de conférence, ses longues jambes étendues devant lui. Ses yeux bruns étaient fixés sur Levar, et ce dernier résista à l’envie de détourner le regard.

    — J’ai une source qui prétend que le président voulait assister à la cérémonie commémorative et qu’il était contrarié que le vice-président ait accepté sans lui en parler avant.

    Bon sang de bonsoir. D’où est-ce que ça venait, putain ?

    — Je ne suis pas au courant, assura Levar, en soutenant le regard de Henley.

    — Mmm.

    Levar leva presque les yeux au ciel. Henley pensait-il vraiment que cette tactique allait marcher sur lui ? Comme s’il allait se laisser prendre à une technique d’interview qu’il avait apprise en cours de journalisme. Il attendit que Henley l’étudie.

    — C’est tout, ou tu veux passer le reste de la journée à me fixer dans une tentative futile de m’obliger à en dire plus ? aboya Levar, lassé de ce petit jeu.

    — J’attends que tu me donnes une vraie réponse.

    — Je te l’ai dit. C’est…

    — Ce n’est pas une réponse. Je ne suis pas intéressé de savoir si oui ou non tu étais au courant.

    — Si je ne suis pas au courant, c’est généralement une bonne indication que ta source n’est pas fiable.

    — Tu nies, donc ?

    La mâchoire de Levar se contracta. Même s’il le voulait, il ne le pouvait pas. Il avait beau être conseiller principal du vice-président, cela ne signifiait pas qu’on ne le tenait jamais à l’écart, ne serait-ce que pour qu’il puisse prétendre à un déni plausible.

    — Je vais voir ça.

    — S’il te plaît, fais-le.

    — Je suis sûr que ce ne sont que des ragots, ajouta Levar. Tu sais que le président a demandé au sénateur Shafer d’être son vice-président en raison de ses solides antécédents en matière de défense de la diversité. Il connaît les liens étroits du vice-président avec le…

    Henley fixait quelque chose, et Levar suivit son regard. Sa cicatrice. Il la touchait à nouveau. Il fit retomber sa main, et le visage de Henley s’adoucit.

    — L’attentat de la Pride de New York, souffla-t-il doucement.

    Levar déglutit. Henley ressentait-il la même chose chaque fois que ces mots étaient prononcés, cette légère secousse dans son système nerveux ?

    — Ouais.

    Il ne pouvait pas lui demander. Lui et Henley étaient… Ennemis n’était pas le mot juste, car le vice-président croyait qu’il fallait conserver de bonnes relations avec la presse. Cela ne signifiait pas qu’ils étaient du même côté, cependant. Alors qu’est-ce que ça faisait d’eux ? Des rivaux ? Des concurrents ?

    — Si jamais tu veux parler… proposa Henley, et ses mots pesèrent lourds dans l’air.

    Levar enfonça ses mains dans les poches de son pantalon moulant.

    — Officieusement ? demanda-t-il, puis il le regretta immédiatement. Désolé, c’était…

    — Méchant ? suggéra Henley, mais il n’avait pas l’air en colère.

    — Je pensais à quelque chose d’autre, mais ça fonctionne.

    Les coins de la bouche de Henley se relevèrent.

    — Donc ça fait de toi une méchante…

    Levar leva un doigt.

    — Si le prochain mot qui sort de ta bouche est « fille », toi et moi allons avoir un problème.

    Puis il sourit, et le visage de Henley se fendit également d’un large sourire. Il n’irait jamais plus loin, ils le savaient tous les deux. Levar avait été présenté par les médias libéraux comme l’un des membres de l’équipe gay du vice-président Shafer. Tous ceux qui n’avaient pas remarqué son coming out involontaire lors de son reportage émouvant sur l’attentat – non

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