Un nom pourrait en remplacer un autre. Ainsi, après la lecture de , on aurait envie de surnommer l’un de nos plus célèbres académiciens Jean-Christophe « Ruffian » – ceux qui se souviennent d’un vieux film de José Giovanni avec Lino Ventura connaissent forcément ce mot. Qui renvoie à la fois à un homme de mauvaise vie – un souteneur ? – et à un baroudeur aux mœurs pas toujours très morales. Mais, disons-le, la présente définition ne concerne pas l’auteur de , mais l’univers de son nouveau roman. Imaginez en effet qu’une société puisse proposer le plus sérieusement du monde un . C’est l’opération que doit organiser, pour le compte du patron d’une énorme société du numérique californienne, l’agence de Ronald Daume. Le territoire visé ? Le sultanat de Brunei, petit pays d’Asie du Sud-Est, réputé – à raison ou à tort – pour son pétrole, Le professionnel doit constituer une équipe et fait notamment appel à Flora, trentenaire qui abandonne son job sur des bateaux de croisière pour renouer avec des missions dignes de son talent. Mais, attention, les méthodes et techniques des « barbouzeries » ont bien changé avec les années… Mêlant à loisir aventures, espionnage, anticipation et techno-thriller, Jean-Christophe Rufin signe, avec un pur divertissement à l’ancienne à l’heure des Gafam. Derrière l’image de « l’homme en habit vert » se cache en effet un romancier de genre moins académique qu’on ne l’imagine, n’ayant pas peur ici de convoquer certes Malaparte et Machiavel, mais aussi John Le Carré, Frederick Forsyth (souvenez-vous des ) et même… Gérard de Villiers (certes en moins « incorrect ») ! Surtout, l’écrivain-diplomate-médecin continue d’explorer quelques-uns de ses thèmes fétiches – l’interventionnisme politique, la mondialisation, les différences culturelles –, à travers un récit trépidant, tenant le suspense sanse pourrait-il arriver un jour, et plus tôt qu’on ne le croit dans l’Hexagone ? Il était temps d’en parler avec le « french doctor » Rufin…
