Les eaux empoisonnées: Le monde de la Coureuse des grèves, #0.5

Par Mélanie Dufresne

Après des années sur la route, me voici de retour dans ma région natale, au bord du fleuve Saint-Laurent au Québec.

 

Je ne serais pas revenue si la situation n'était pas aussi compliquée. En tant qu'océanide, ma magie est plutôt simple : protéger le rivage, veiller sur la faune et la flore, et interagir avec l'eau. Mais un nouveau pouvoir sommeille en moi et je n'ai aucun contrôle sur ses manifestations.

 

Et c'est ce qui m'amène à ce retour aux sources : je dois retrouver mes semblables pour comprendre ce qui m'arrive. D'où l'idée d'acheter une maison à proximité de la grève.

 

Sauf que je ne m'attendais pas à trouver une sorcière morte dès ma première visite.

 

Ni à ce que l'enchanteresse la plus puissante du coin débarque.

 

Et le comble : la maison semble hantée. Moi qui cherchais un coin paisible, j'ai touché le gros lot.

 

Il ne reste plus qu'à m'assurer qu'on ne m'accuse pas du meurtre de cette sorcière. Souhaitez-moi bonne chance!

***

Cette nouvelle de fantasy contemporaine vous invite à découvrir le monde de la Coureuse des grèves dans l'univers de la série Windigo de la même auteure. Retrouvez les personnages iconiques du folklore québécois et faites la connaissance de Viviane Cormoran, une femme pleine de ressources mais un peu trop curieuse pour son propre bien.

 

Mélanie Dufresne est une écrivaine québécoise de science-fiction et de fantasy.

Dans le même univers :
La Coureuse des grèves
Les flots ensorcelés
Les vagues fugitives

Le ressac meurtrier

Le torrent captif - sortie prévue le 21 mars 2024

 

Windigo
La proie du Windigo
L'ennemi du Windigo
La chasse du Windigo

Aussi disponible en intégrale

Anthologie de nouvelles dans l'unviers du Windigo

• Langue: Français
• Éditeur: Mélanie Dufresne
• Date de sortie: 8 déc. 2022
• ISBN: 9782982065161

Aperçu du livre

Les eaux empoisonnées

Le monde de la Coureuse des grèves

Par Mélanie Dufresne

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©Mélanie Dufresne, 2022

Édition et révision : Nathy d’Eurveilher

Couverture par Deranged Doctor Design

ISBN-13 ePub : 978-2-9820651-6-1

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Déclaration de reconnaissance

Dans un esprit d’amitié et de solidarité, l'autrice rend hommage aux Premiers Peuples de son lieu de résidence. Étant à la croisée du Nionwentsïo du peuple Huron-Wendat, du Ndakina du peuple Wabanaki, du Nitassinan du peuple Innu, du Nitaskinan du peuple Atikamekw et du peuple Wolastoqiyik Wahsipekuk, nous honorons nos relations les uns avec les autres. 

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Table des matières

Les eaux empoisonnées

Remerciements

À propos de l’auteure

♦  Grève

nom féminin

(géomorphologie littorale)

Du latin grava, espace d'échouage en bord de mer ou d'un cours d'eau fait de sable, de gravier ou de galets

SYNONYMES : rivage, rive

Un cadavre flottait dans la piscine.

Par chance, ce n’était pas mon problème, ni le corps, ni la propriété d’ailleurs. Du moins, pas encore.

L’eau verdâtre frissonna sous la brise printanière. Il était encore trop tôt pour la baignade, et la piscine n’avait pas été préparée en vue de la belle saison : le niveau de l’eau atteignait seulement la moitié des parois du bassin. Aucune trace de la toile protectrice qui aurait dû recouvrir la piscine, pour la protéger et préserver la qualité de l’eau pendant l’hiver. Cette négligence contrastait avec le reste du décor, car si on faisait exception du corps de la défunte, le jardin du manoir charmait par ses plates-bandes généreuses et sa vue imprenable sur le fleuve.

Ma curiosité l’emporta et je m’agenouillai pour tremper le bout de mes doigts dans l’eau. Un frisson remonta le long de mon bras tendu et mes facultés magiques bondirent en réponse. Je fermai les yeux et me concentrai sur les différentes sensations. L’eau stagnait, le système de filtration ayant cessé de fonctionner depuis un moment. Les produits d’entretien ne persistaient que sous forme de traces, mais leur faible concentration suffisait à brouiller la voix de l’eau. Sauf qu’un élément supplémentaire avait rompu l’équilibre.

Je poussai mon exploration un peu plus loin, dans les pierres, les plantes et la nature environnante. Bien que ma magie opérait plus facilement près d’un rivage, elle répondit à ma demande et j’obtins une réponse surprenante. De son vivant, la défunte avait appartenu à la communauté surnaturelle : une saveur de charbon infusait l’eau et texturait les résidus de magie. Une sorcière.

Une portière de voiture claqua et je bondis sur mes pieds. Une vague de culpabilité me traversa, même si, en toute logique, je n’avais rien à me reprocher. Pas cette fois. Dans l’allée, entre mon vieux Volkswagen Combi et une Mercedes de l’année, une femme parcourait son smartphone avec un froncement de sourcils. Je reconnus Nathalie Gauthier, l’agente immobilière avec qui j’avais rendez-vous.

J’essuyai mes mains en hâte sur mon short. Mon regard passa du cadavre dans la piscine à l’agente immobilière. Quels étaient les risques qu’elle me croie coupable? La mort remontait à plusieurs jours : je prouverais facilement mon innocence avec mes coupons de caisse, puisque j’avais passé la semaine sur la route.

Ma gorge se serra au souvenir d’une autre époque, d’une autre scène, où j’avais été accusée malgré les preuves et les circonstances. Avec un peu de chance, et une bonne dose de prudence, je ne revivrais jamais une telle situation.

Un troisième véhicule s’engagea dans l’allée et se stationna derrière mon Combi. L’option « sortie en douce » venait de tomber à l’eau, sans mauvais jeu de mots. Le nom de la marque m’échappait, mais les lignes épurées et le profil sportif affirmaient sans aucun doute que c’était aussi une voiture de luxe. Une femme en sortit, ses yeux cachés par de larges verres fumés. Son chemisier crème contrastait avec le hale doré de sa peau. L’agente immobilière l’accueillit avec une exclamation un peu trop joviale.

Je baissai les yeux vers mon jeans effiloché et mon t-shirt où on pouvait lire « Ouate de Phoque ». Ma casquette faisait office d’unique accessoire; je ne portais ni maquillage ni bijou. Les deux femmes ne me lanceraient qu’un coup d’œil avant de me cataloguer. Je pinçai les lèvres, résignée. Mon attention se reporta sur le macabre spectacle offert par la piscine. J’étais plutôt intriguée de comprendre comment la sorcière avait fini en une mauvaise imitation de raviolis chinois. Je redressai les épaules, décidée à assouvir ma curiosité, et par conséquent à affronter les éventuels regards calculateurs et les commentaires désobligeants.

Avec une bonne inspiration, je poussai ma magie autour de moi pour en imprégner la piscine. L’eau s’éveilla à mon contact et la surface frémit. Une sensation de légèreté envahit mes membres au plaisir de connecter avec mon élément naturel. Ma vue se teinta de bleu alors que la moindre gouttelette s’illuminait, prête à répondre à mon appel.

Je promis ma protection à l’eau si elle m’accordait son aide. Des vaguelettes éclaboussèrent les bords de la piscine et je secouai la tête pour la calmer. Il fallait être discret. Malheureusement, cette pensée fit bouillonner les autres pouvoirs qui sommeillaient en moi, ceux sur lesquels je n’avais que très peu de contrôle. Les bulles se multiplièrent et débordèrent de toutes parts malgré mes efforts pour remettre le couvercle sur une catastrophe en