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Les Éclats De Vénus
Les Éclats De Vénus
Les Éclats De Vénus
Livre électronique360 pages5 heures

Les Éclats De Vénus

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À propos de ce livre électronique

Nathan est un Veniri, un métamorphe reptilien qui se transforme à la lumière de Vénus. Il sauve une jeune fille humaine des griffes impitoyables de son espèce et tente désespérément de la protéger du monde des métamorphes.

Fragments de Vénus – Métamorphes Célestes Livre 1. Se transformer à la lumière de Vénus… Encore sous le choc de l'horrible meurtre de sa meilleure amie, Violette Chambers est hantée par le tatouage dans le cou de l'homme « sans visage » qui l'a kidnappée. Essayer d'aller de l'avant est un combat quotidien pour la jeune fille qui a passé la plus grande partie de sa vie en famille d'accueil. Mais lorsqu'elle rencontre Nathan, l'inspecteur qui l'a trouvée sur la scène de crime de sa meilleure amie, la suite des événements devient plus prometteuse. Violette trouve enfin un refuge pour la première fois de sa vie. Déterminé à la protéger, Nathan Delano, un mystérieux métamorphe Veniri, est prêt à tout pour Violette. Tout ce qu'il doit faire, c'est s'assurer que le monde de Violette n'entre jamais en collision avec le monde des métamorphes. Mais même lui ne peut arrêter l'ennemi déterminé à la détruire, elle et tous ceux dont elle se rapproche. Soudain, Violette ne sait plus à qui elle peut faire confiance. Avec un pacte rompu et sa sécurité en jeu, Violette pourra-t-elle se sauver avant qu'il ne soit trop tard ?
LangueFrançais
ÉditeurTektime
Date de sortie25 août 2023
ISBN9788835455400
Les Éclats De Vénus
Auteur

Tjalara Draper

Tjalara Draper launched her author career with her first book Shards of Venus - Celestial Shifters Book 1.She began writing her novel at the start of 2016 when the stories in her crazy imagination kept growing. After a few online courses in Creative Writing, she was thoroughly convinced she needed to pursue her all-time dream of becoming an author.Shards of Venus, a paranormal/urban fantasy about shape-shifters was the first pick of all her story ideas.She's wife to an amazing man who's just been through a career change to become an amazing doctor. She’s also a mother to a spitfire of a daughter, who becomes more creative and outgoing with each day that goes by.When Tjalara isn’t writing her next book or tackling laundry monsters and wrestling dishwashing shenanigans, she’s bound to be somewhere flying on wishing chairs, swimming with the mermaids, marking her skin with shadow hunter runes, raising dragons, or being a poison taster for the commander.

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    Aperçu du livre

    Les Éclats De Vénus - Tjalara Draper

    CHAPITRE 1

    En Faire une Affaire Non Résolue

    Nathan Delano déambulait dans le sombre salon de la cabane, en faisant attention où il mettait les pieds. Les lumières des gyrophares de la police illuminaient les nombreuses flaques et taches cramoisies tandis qu’il saluait chaque Erathi en uniforme.

    Des Humains, se rappela-t-il, en hochant la tête. Même après toutes ces années, le mot Erathi lui venait toujours en premier à l’esprit.

    L’inspecteur Judith Walker inspectait le mécanisme du verrou de la porte de la chambre de sa main gantée. Quand elle le remarqua, elle lui fit signe.

    — Hé, Jude, dit-il, en balayant à nouveau la pièce du regard. Quelle est la situation ?

    — Hé, Delano. Elle retira son gant d'un coup sec et fit un geste vers un sac mortuaire noir qu'un ambulancier était en train de refermer.

    — Une adolescente décédée.

    — Est-ce qu’on sait de qui il s’agit ?

    — Ouais. C’est la fille disparue des Branstone. Jude lui tendit son téléphone. Regarde, j’ai pris ces photos à mon arrivée.

    Nathan parcourut les photos prises par Jude et reconnut immédiatement la victime, Lyla-Rose Branstone. Le contraste était effrayant entre le large sourire de la photo de l’album de fin d’année dans son dossier et ses yeux ouverts et vitreux. Quatre horribles entailles apparaissaient sur le côté de sa tête, de derrière son oreille jusqu’à son menton. L’oreille elle-même avait été tailladée à plusieurs endroits.

    — Regarde ça. Jude s’approcha de lui pour zoomer sur la zone entre le cou et l’épaule de la victime. Si je ne m’y connaissais pas mieux, je penserais à une étrange marque de morsure.

    Six plaies béantes et ensanglantées formaient un arc dont le haut était intact juste en dessous de la clavicule gauche de Lyla. Les deux marques intérieures étaient les plus petites, alors que les autres avaient la largeur d’un stylo.

    La poitrine de Nathan se serra. Non. Pas ici. Pas à Brookhaven. Une seule espèce pouvait laisser de telles morsures : la sienne, les Véniri.

    Et il avait passé les quinze dernières années à se cacher d’eux.

    — Est-ce qu’on a trouvé des armes ? demanda Nathan en espérant que Jude ne remarquerait pas la diversion.

    Elle fit non de la tête.

    — Rien. Du moins, pas encore. Un véhicule abandonné a été repéré en bas de la rue, j’ai envoyé un officier pour l’examiner. Je n’ai pas encore vérifié les environs.

    Nathan hocha la tête et lui rendit son téléphone.

    — Et les témoins ?

    — Le propriétaire de cette cabane vit un peu plus loin sur la colline. Lui et sa femme allaient se coucher quand ils ont entendu des cris venant de cette direction. Il est venu voir et a appelé les secours dès qu’il a trouvé la victime.

    Un muscle se contracta dans la mâchoire de Nathan.

    — Est-ce qu’il a vu autre chose ? Peut-être qu’il a aperçu celui qui a fait ça ?

    Elle secoua la tête.

    — Qui que ce soit, il était déjà parti le temps qu’il… Une mélodieuse musique jouée par le téléphone de Jude la coupa. C’est un de mes enfants, dit-elle en jetant un coup d’œil à l’écran. Elle regarda Nathan d’un air désolé.

    Il lui fit signe de répondre.

    — Je m’occupe du reste.

    — Merci Nathan. Elle lui tapota l’épaule avant de prendre rapidement l’appel en se dirigeant vers la sortie. Oui, ma chérie… ?

    Alors que les ambulanciers la suivaient avec le sac mortuaire, Nathan se remit au travail dans la pièce.

    La charmante cabane était probablement vieille de plusieurs générations, peut-être construite par l’un des ancêtres du propriétaire. Les tapis en patchwork ajoutaient une touche de convivialité, ou du moins, ils l’auraient fait s’ils n’avaient pas été abîmés par les éclats de meubles. Un porte-fusil décoratif était fixé sur l’un des murs en bois apparent, ainsi qu’une collection de têtes d’animaux : cerfs, renards, un ours, un zèbre et un tigre. Nathan n’avait jamais compris le désir humain des trophées, le besoin d’exhiber avec fierté des morceaux de leurs proies.

    Avec une précision réfléchie, il se fraya un chemin à travers le chaos, captant les détails de chaque entaille, éclaboussure et tache de sang. Il prenait de temps en temps quelques photos. Ses bottes résonnaient à chaque pas sur le parquet en bois. Lorsqu’il atteignit la porte de derrière, qui était ouverte, un vent glacial lui cingla le visage et le cou. Il releva son col et referma sa veste. En regardant attentivement dans l’obscurité, d’une longue inspiration, il aspira l’air froid de la nuit.

    Un picotement familier fourmilla sous sa langue.

    Il jeta un coup d’œil en arrière, s’assurant qu’aucun des officiers encore présents ne lui prêtait attention. Le picotement se transforma en un aiguillon intense alors qu’il laissait la métamorphose suivre son cours.

    En quelques secondes, une langue fourchue sortit d’entre ses lèvres comme un fouet, puis, revint dans sa bouche. Il évalua les arômes et saveurs de la nuit, un bouquet persistant des puissantes senteurs provenant des activités de la soirée.

    La capacité des Véniri à sentir l’essence de quelqu’un, ou l’odeur de son âme, était une faculté sur laquelle Nathan comptait beaucoup dans son travail de détective Erathi. Déduire le déroulement d’une scène de crime était tellement plus facile quand il pouvait sentir les intentions et les émotions résiduelles du moment. Mais avec tous les flics, ambulanciers et civils qui avaient traversé cette zone au cours de la dernière heure, il aurait cette fois-ci besoin de plus que sa langue pour isoler les informations qui lui seraient utiles.

    Il scruta les étoiles. Elles étaient presque toutes aussi lumineuses, mais aucune n’était plus étincelante que Vénus, qui brillait juste au-dessus à travers les branches des arbres. Nathan ferma les yeux et prit une profonde inspiration, se laissant pénétrer par les rayons de Vénus.

    Sous ses paupières closes, de fines membranes glissèrent sur ses yeux. Lorsqu’il les rouvrit, le paysage qui s’offrait à lui était toujours plongé dans l’obscurité, jusqu’à ce qu’il tire sa langue fourchue. Cette fois, les traits d’âme s’illuminèrent comme des volutes de fumée phosphorescentes, des traînées étincelantes dans le noir de la nuit. Chaque tracé brillait d’une teinte différente de l’arc-en-ciel et se perdait au-delà de la forêt.

    La couche de feuilles craqua et crissa sous ses pieds lorsqu'il sortit de la cabane. Les traînées commençaient à s’estomper, mais revenaient à la vie à chaque coup de langue. À chaque fois qu’il goûtait l’air, il analysait les saveurs présentes dans chaque trait d’âme, recueillant ainsi de précieuses données.

    Après quelques pas, sa botte heurta quelque chose. Il fit disparaître les membranes internes de ses yeux et sortit sa lampe de poche, le faisceau incandescent révélant un homme portant un sweat à capuche et un jean, allongé par terre. À côté de lui, à environ 30 centimètres, une autre personne était étendue sur le sol, une adolescente. Des taches d’un rouge profond parsemaient ses vêtements.

    Quand le faisceau de sa lampe de poche éclaira son visage, il jura dans un souffle. Une autre enfant d’un de ses dossiers. Violette Chambers, 16 ans. Tuteurs légaux : Norman et Connie Hopkins. Adresse : 42 Daisy Crescent. Disparue. Vue pour la dernière fois vers 23 h 15 le jeudi 18 juillet.

    Ses cheveux brun foncé étaient maculés de sang, de saletés et de feuilles. Par rapport à la photo, elle avait les traits creusés. Des coupures et des contusions couvertes de boue occupaient la majeure partie de son visage et son œil droit était presque indiscernable tant il était tuméfié.

    Nathan baissa la tête, couvrit son visage et se frotta les tempes avec lassitude. Après quelques respirations, il s’approcha de son cou pour chercher un pouls.

    Il sentit un faible battement sous ses doigts.

    * * *

    Nathan se hâta de revenir sur ses pas jusqu’à la cabane, en prenant soin de ne pas malmener la jeune fille dans ses bras. Violette émit un faible gémissement.

    — Tiens le coup, dit-il. Nous arrivons.

    Il fit irruption par la porte arrière et sortit directement par devant.

    — J’ai besoin d’un médecin !

    Jude porta son attention vers lui. Elle laissa échapper un soupir de surprise, les yeux écarquillés et aboya quelques ordres. En quelques secondes, deux ambulanciers apportèrent une civière. Nathan déposa son fardeau et recula, leur laissant l’espace suffisant pour effectuer les différents soins nécessaires.

    Les instants suivants furent un peu confus alors qu’il racontait à Jude ce qu’il avait trouvé, sans parler de la découverte du deuxième corps. Il l’avait précipitamment caché, mais il allait devoir nettoyer ce désordre rapidement avant que quelqu’un ne le découvre et ne commence à poser des questions. En particulier Jude.

    Sa mâchoire se crispa alors qu’il la scrutait. Son menton reposait sur une main, la pose caractéristique du penseur. Il pouvait presque voir son cerveau décomposer et analyser les nouveaux éléments de preuve. Son intelligence et son intuition l’avaient toujours impressionné ; c’est ce qui faisait d’elle un si bon flic. C’est aussi ce qui le poussait à faire des heures supplémentaires pour la garder dans l’ignorance. Il ne fallait pas qu’elle sache qui était responsable de ce chaos. Cela mettrait leur vie en danger, à tous les deux.

    Il ricana. De qui se moquait-il ? Sa vie était en danger depuis des années, déjà.

    Son grognement moqueur brisa la transe de Jude. Elle secoua la tête et se concentra de nouveau sur lui.

    — Désolée de t’avoir zappé. Je réfléchissais.

    Il lui adressa un sourire complice, mais ne répondit pas.

    — Tiens. Elle fouilla dans la voiture sur laquelle Nathan était appuyé et en sortit un thermos rouge. Prends un peu de café. Il devrait être encore chaud.

    Il but une gorgée, grimaça et se força à avaler le liquide amer et tiède.

    — Pouah, peut-être un ou deux sucres la prochaine fois. Il s’essuya la bouche avec sa manche.

    — Pas le temps pour le sucre, répondit Jude en avalant une bonne gorgée.

    Par-dessus son épaule, Nathan remarqua un ambulancier qui lui faisait signe.

    — La pause-café est terminée. On nous demande.

    Il se dirigèrent vers l’ambulance et Nathan salua d’un signe de tête l’ambulancier qui se tenait près du brancard.

    — Comment va la victime ?

    — Elle est réveillée et stable pour le moment. Nous lui avons donné une dose de morphine pour calmer la douleur le temps d’arriver à l’hôpital.

    Nathan hocha la tête.

    — Je peux lui poser quelques questions ?

    L’ambulancier haussa les épaules.

    — Vous pouvez essayer. Peut-être que vous obtiendrez quelque chose d’elle, mais pas forcément ce soir.

    Nathan s’approcha de la fille.

    — Comment vas-tu petite ? Tu as assez chaud ?

    Elle le regarda avec de grands yeux vitreux.

    — Tu t’appelles Violette, c’est ça ?

    Après quelques hésitations et un rapide coup d’œil à Jude, elle acquiesça.

    — Violette, peux-tu me dire ce qu’il s’est passé ?

    Pas de réponse.

    — Peux-tu nous dire qui t’a fait ça ? demanda Jude.

    Le sang de Nathan ne fit qu’un tour en entendant la question. L’expression de Violette devint distante. Finalement, elle secoua la tête et détourna le regard.

    Nathan se détendit.

    — C’est bon Violette. Tu es en sécurité.

    Elle serra d’une de ses mains le haut de sa couverture d’aluminium argenté. Elle avait du sang sec sous les ongles et une moitié de celui de l’index avait été complètement arraché. Ses articulations étaient lacérées et ensanglantées. Quoi qu’il ait pu arriver à cette enfant, elle s’était certainement battue pour se défendre.

    L'esprit de Nathan s'emballait, imaginant les horreurs qu'elle avait dû affronter alors qu'elle hurlait et suppliait son agresseur d'arrêter. Une rage ardente bouillonnait au creux de son estomac. Ses coudes commencèrent à brûler tandis que, dans son esprit, les cris devenaient de plus en plus forts. Une sensation de coupure remplaça la brûlure dans ses coudes et il sentit les manches de sa veste commencer à se déchirer. Il devait se reprendre, rapidement.

    Mais le visage féminin qui criait dans son esprit n’était plus celui de Violette. Il se transforma en…

    Ça suffit ! Nathan ferma les yeux et détourna son visage de Violette. Il prit quelques grandes inspirations, se forçant à se détendre jusqu’à ce que les lames de ses coudes se refondent dans sa chair.

    Il se tourna de nouveau vers la fille.

    — Violette…

    — Il avait un tatouage, dit-elle d’une voix rauque.

    Il fut saisi par le choc. Elle avait des yeux gris-bleu qui capturèrent son regard avec une soudaine et vive intensité.

    — Un tatouage ? Quel genre de tatouage ? demanda Jude en sortant son téléphone.

    Les mots de Violette étaient lents et réfléchis.

    — Il avait le tatouage d’un scorpion en cristal, juste ici. Elle montra le côté de son cou.

    Nathan fronça les sourcils et se gratta la tête.

    — Tu es sûre ? interrogea Jude, en tapotant quelques notes sur son téléphone.

    Violette acquiesça.

    — C’était un de tes amis ? continua Jude.

    — Je… Son visage se tordit, elle ferma les yeux. Après quelques battements de cœur, elle laissa échapper un sanglot silencieux. Je… ne… Je ne me souviens pas.

    — C’est pas grave, dit Jude avec douceur.

    Violette se tourna vers Nathan, une larme coulant sur sa joue tuméfiée.

    — Je ne sais pas qui c’est, murmura-t-elle.

    — C'est bon, Violette. Il lui donna une petite tape sur l'épaule.

    Le côté argenté se froissa alors qu’elle saisissait la couverture de survie à deux mains, tout son corps tremblant de sanglots silencieux. Les larmes creusèrent des sillons nets à travers le sang et la crasse sur son visage.

    — Ça suffit pour l’instant, dit l’ambulancier. Nous l’avons gardée ici trop longtemps. Il faut l’emmener à l’hôpital.

    Nathan et Jude s'écartèrent alors que Violette était transportée à l'arrière de l'ambulance. Les gyrophares s’allumèrent et le moteur se mit à rugir.

    Jude laissa échapper un long soupir.

    — Je suppose que nous devrions aller inspecter la zone où tu l’as trouvée… La sonnerie de son téléphone l’interrompit une fois de plus. Elle vérifia sa montre et fit claquer sa langue. C’est encore ma fille. Elle a été très malade et avec les horaires que je fais ces derniers temps…

    — C’est bon, Jude. Si tu as besoin de rentrer chez toi, vas-y.

    Jude fit la moue.

    — Je ne devrais vraiment pas.

    — Mais si, vas-y. Tes enfants ont besoin de toi. Il lui tapota l’épaule. Tu es ici depuis plus longtemps que moi de toute façon. Je vais m’occuper de ce bordel.

    Elle hésita.

    — Tu es sûr que ça ne te dérange pas ?

    — Pas du tout. Il la dirigea vers sa voiture. Rentre chez toi et couche tes enfants.

    Jude lui adressa un sourire fatigué et se redressa un peu, comme si un lourd fardeau avait été retiré de ses épaules.

    — Merci Nathan. Je peux toujours compter sur toi.

    Deux heures plus tard, Nathan, à côté de la sienne, regardait la dernière voiture de police s’éloigner de la scène. Dès que les feux arrière se furent noyés dans la nuit, il se faufila sous le ruban de police et retourna vers la cabane.

    Il était temps de mettre fin à cette enquête.

    Même s’il détestait trafiquer les preuves, les affaires impliquant des métamorphes ne devaient pas être résolues. Ce que Jude ne savait pas ne devait pas l’empêcher, elle et ses enfants, de dormir.

    Il devait se débarrasser du second corps, mais il avait d’abord autre chose à faire. Violette s’était souvenue d’un tatouage, qui déchaînerait l’enfer si elle le revoyait.

    Le vent soufflait autour de lui tandis qu’il plissait les yeux dans l’ombre noire de la cabane. Rien. En clignant des yeux, il leva son visage vers les cieux et, comme tout à l’heure, chercha Vénus. L’étoile du soir rayonnait et lui chantait une douce mélodie qu’il était le seul à pouvoir entendre. Son corps y répondait et ses paupières intérieures apparurent de nouveau.

    Il tira la langue et l’obscurité fut inondée de brouillards phosphorescents et colorés. Chaque teinte de l’arc-en-ciel semblait vivante et faite de son cortège de saveurs. La lumière éthérée commença à s’estomper, mais avec un autre coup de langue, elle redevint limpide.

    Comme un limier, il suivit les traînées, virant à gauche ou à droite selon les indications de sa langue fourchue. Mais contrairement à un limier, au lieu des odeurs, c'étaient les émotions et les intentions qu’il suivait, les désirs et les intérêts, le mélange particulier qui constitue l’âme d’un être.

    Il filtra progressivement les senteurs familières de Jude et des autres officiers et ambulanciers. Il réduisait ainsi l’arc-en-ciel à quelques couleurs. Bientôt, il isola celles de Violette et de la jeune fille décédée pour en faire abstraction également. Il ne restait que peu de traînées.

    Il fit appel à son énergie vénusienne et, comme on souffle de la buée en hiver, il l’insuffla dans les traînées restantes, pour les éclaircir et les rendre plus nettes dans cette obscurité. Des nuages subtils de lumière s’étaient rassemblés en divers endroits. Ils représentaient les échos de moments passés, des instantanés des plus fortes émotions du sujet. Avec une autre bouffée d’énergie vénusienne, il canalisa son attention sur ces endroits jusqu’à ce que des visages brumeux apparaissent. Il inspecta chacun d’eux jusqu’à ce qu’il trouve ce qu’il cherchait.

    Nathan poussa un gros soupir de soulagement. Juste là, dans l’écho vaporeux du cou de l’homme, se trouvait le tatouage d’un scorpion de cristal.

    Ignorant ses émotions grandissantes. Nathan continua à suivre la traînée dans la nuit.

    CHAPITRE 2

    Agression de Papilles

    Violette se réveilla en sursaut ; quelqu'un avait saisi son bras. Des flashs de son enlèvement lui traversèrent l'esprit et elle se dégagea d'un coup sec.

    — C'est bon, Violette, dit une voix féminine. Je vérifie juste tes signes vitaux.

    Sa panique disparut lorsqu'elle reconnut l'infirmière près de son lit. Elle se détendit au creux des oreillers et se frotta les yeux.

    — Je vais vérifier ta tension artérielle, d'accord ?

    Avant que Violette ne puisse répondre, l'infirmière enfila le brassard de prise de tension et mit en marche la pompe électrique. La pression exercée sur le bras de Violette avait à peine dépassé le stade de l'inconfort que l'infirmière relâcha la pression et nota le résultat. Puis, elle passa rapidement à la vérification de la température et du rythme cardiaque de Violette.

    Violette se réprimandait silencieusement. Elle aurait dû être habituée à cette routine, depuis qu'une infirmière vérifiait ses signes vitaux à peu près toutes les six heures. Les infirmières et les médecins de l'hôpital de Brookhaven s'étaient bien occupés d'elle, mais cela ne changeait rien au fait qu'elle détestait être là. Pour elle, tous les hôpitaux étaient horribles, avec leurs murs blancs, les posters promotionnels « Demandez à votre médecin » et les effluves de fluides corporels infectés mélangés à la forte odeur d'antiseptique.

    Mais même les odeurs et l'ambiance semblaient infiniment plus supportables que la douleur permanente que représentaient les hôpitaux pour elle. C’était le souvenir cuisant de sa mère l'abandonnant dans l'un de ces bâtiments froids et solitaires peu après son accouchement. Violette avait depuis longtemps abandonné l'idée que sa mère reviendrait un jour la réclamer, mais cela n'empêchait pas son chagrin de refaire surface chaque fois qu'elle était obligée de pénétrer dans l'un de ces lieux maudits.

    — Hmm, dit l'infirmière, en notant quelques notes sur le presse-papiers au bout du lit de Violette. Tes blessures guérissent bien, mais tu as toujours un peu de fièvre. Je vais m'assurer que tu reçoives une autre dose de Tylenol.

    Violette acquiesça, chassant les larmes de son visage et ravalant la boule qui se formait dans sa gorge.

    Malgré le lourd poids des émotions, rester à l'hôpital était toujours préférable à l’autre option. Un léger frisson parcourut le corps de Violette à l'idée d'être renvoyée chez sa famille d'accueil.

    L'infirmière fronça les sourcils.

    — Tu as froid ?

    Violette répondit par un petit signe de tête. C'était mieux que de donner la vraie explication. Comment pouvait-elle supporter de faire face à sa « maison » maintenant que Lyla-Rose était partie ? Lyla avait été sa bouée de sauvetage, l'étincelle dans l'obscurité, la brise sous ses ailes brisées. Lyla avait permis à Violette de continuer à vivre, elle était sa seule amie au monde. Et à présent, elle aussi était partie.

    — Je vais te chercher une couverture chaude. L'infirmière lui fit un sourire rassurant et quitta la pièce.

    Violette fixa le motif terne des dalles du plafond, essayant de respirer malgré l'oppression croissante dans sa poitrine.

    Morte. Lyla est morte.

    Cette fois, elle n'essaya même pas de faire disparaître les larmes. Elles coulèrent en cascade sur ses joues et elle enfouit son visage dans son oreiller. Les maux et les douleurs qui n'étaient pas encore complètement guéris réapparurent alors que son corps tremblait de sanglots.

    Les derniers jours étaient flous, assombris par la douleur et emmêlés dans une suite constante d'infirmières, de médecins, d'assistants sociaux et d'officiers de police. La police l'avait interrogée sur tous les détails. Qu’est-ce qui s’est passé ? Qui ? Mais Violette avait beau essayer, elle ne se souvenait de rien, sauf d'une image éclatante. Un cou avec un scorpion de cristal tatoué.

    Violette ferma les yeux et enfonça le bout de ses doigts dans son crâne. Allez. Réfléchis ! Essaie de te souvenir. Cela ne changea rien. Ses souvenirs restaient verrouillés. Pendant l'espace de quelques battements de cœur, la peur écarta la frustration. Qu'est-ce qui n’allait pas chez elle ? Pourquoi ne pouvait-elle pas se souvenir ?

    Un vague murmure traversa les pensées de Violette. À mesure qu’il s’intensifiait, Violette reconnut la voix de baryton de son médecin et la voix plus légère de son assistante sociale, Miranda. À en juger par le ton de leur conversation, le sujet était sérieux.

    Violette se blottit rapidement contre ses oreillers et feint de dormir lorsque les deux s’arrêtèrent devant sa porte.

    — Nous ne pouvons pas la garder ici indéfiniment, Miranda.

    — Je sais, je sais… J’espérais pouvoir trouver un autre foyer pour elle, mais à son âge, c’est presque impossible.

    Une légère panique s’empara de Violette.

    — Je comprends, mais elle est ici depuis presque deux semaines et c’est seulement parce que nous ne sommes pas débordés de patients en ce moment. Elle est plus que prête à sortir. Je ne dirige pas un centre d’hébergement.

    — Vous avez raison. J’ai compris. Et je ne peux que vous remercier de l’avoir gardée plus longtemps que nécessaire. Je ne peux juste pas supporter l’idée de la ramener chez ces épouvantables personnes.

    — J’aimerais pouvoir faire plus pour vous aider. Vraiment. Mais pour l’instant, tout ce que je peux vous donner c’est le reste de l’après-midi. Vous devez la ramener aujourd’hui.

    — Merci, j’apprécie réellement. Ça devrait me laisser assez de temps pour passer encore quelques appels.

    — Très bien. Pour l’instant, laissons-la dormir. Je vais m’assurer qu’une des infirmières vous donne les formulaires de sortie.

    On entendit les bruits de pas sur le linoléum de l’hôpital.

    Violette rouvrit les yeux.

    Aujourd'hui. Miranda la ramenait à la maison aujourd'hui. Ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle analysait ses options. Bien sûr, elle n'avait nulle part où aller, mais elle avait seize ans. Elle n'était plus une enfant. Elle pouvait se débrouiller seule, faire de l’autostop jusqu'à la ville, trouver un travail, faire profil bas jusqu'à ce que les services de l'enfance l'oublient. Le plan n'était pas infaillible, mais il était hors de question qu'elle retourne dans une famille d'accueil. De cela, elle était sûre. Elle en avait fini.

    Elle jeta sa couverture et grimaça. Une autre chose dont elle était sûre, c'est qu'elle avait besoin d'analgésiques pour la route.

    Quelques instants plus tard, Violette était habillée et son petit sac en jean, contenant les quelques affaires que Miranda avait récupérées pour elle, était en bandoulière. Elle passa la tête dans le couloir et vérifia des deux côtés avant de quitter la chambre.

    Avec le temps, elle était devenue une pro pour se faufiler. Elle évita le poste des infirmières et se cachait dans le couloir dès que quelqu'un passait et pouvait la reconnaître. Elle eut un peu de chance et parvint sans problème à la pharmacie de l'hôpital.

    L'accès pour les patients était fermé, tout comme la porte sur le côté. Le pharmacien était soit en train de faire sa tournée, soit en train de déjeuner. Après avoir jeté un coup d'œil pour s'assurer que personne ne la regardait, Violette fouilla dans son sac et en sortit quelques épingles à cheveux. Elle en coinça une entre ses dents, plia le métal, puis enfonça ses crochets de fortune dans la poignée de la porte de la pharmacie avec une finesse acquise par des heures de pratique.

    Clic.

    Parfait. La porte s’ouvrit en douceur.

    — Tu sais, dit une voix grave derrière elle, c’est une chose de s’enfuir de l’hôpital, mais voler des médicaments, c’est un raccourci pour la maison de correction.

    Violette se figea. Elle avait à peine ouvert la porte d'un centimètre. Dans son champ de vision, un type était appuyé contre le mur à côté de la porte de la pharmacie – un des flics qui lui rendaient souvent visite et l'interrogeaient sur le meurtre de Lyla. Il ne la regardait pas. À la place, il inspectait négligemment ses ongles.

    Elle jeta un coup d'œil vers la sortie de l'hôpital à l'autre bout du couloir.

    — Je ne ferais pas ça si j'étais toi, prévint-il. Tu serais plaquée au sol et menottée avant même que le capteur de la porte coulissante ne détecte ta présence.

    Violette fronça les sourcils. Ses côtes, sa cuisse et sa cheville n'étant pas encore guéries à cent pour cent, il avait probablement raison.

    — Mais ce que je ferais, continua-t-il, c'est réfléchir très soigneusement aux décisions à prendre maintenant. Il la regarda du coin de l'œil. Si tu prends de sages décisions, alors il est probable que j'oublierai de dire quoi que ce soit à ma coéquipière et au directeur de l'hôpital. Sans parler de Miranda. Elle serait

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