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Livre électronique197 pages4 heures

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À propos de ce livre électronique

Des rats géants infestent les égouts de Paris, causant quelques victimes. Tous s’interrogent sur l’origine de ces animaux qui terrorisent la population et conduisent les autorités à prendre des mesures drastiques. D’où viennent-ils ? Pourquoi le gouvernement tarde-t-il à éradiquer cette menace ? Au terme d’une recherche haletante, Noan met à jour un complot surprenant impliquant médias et politiques. Mais ira-t-il au bout de son enquête ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Très inspiré par les auteurs du XIXe siècle, Michel Mabile reprend la tradition du pamphlet militant visant à faire prendre conscience des turpitudes de notre société. Confronté au monde politique et médiatique, il dénonce au travers de cette fiction leurs vices et leur comportement pervers.
LangueFrançais
Date de sortie14 juil. 2023
ISBN9791037793911
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    Aperçu du livre

    Manipuler - Michel Mabile

    Avertissement

    Ce roman est une fiction.

    Toute ressemblance avec des lieux, des personnages ou des évènements ayant existé serait pure coïncidence.

    Un certain nombre de faits scientifiques rapportés sont cependant exacts.

    Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes.

    Nicolas Machiavel

    La victime de la manipulation mentale ignore qu’elle est une victime. Les murs de sa prison lui sont invisibles. Elle se croit libre.

    Aldous Huxley

    On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment.

    Cardinal de Retz

    Chapitre 1

    C’était une belle journée de septembre comme Paris en prodigue fréquemment, à la fin d’un été maussade. La capitale brillait de tous ses feux sous un généreux soleil, au grand plaisir des touristes. Ils étaient nombreux, malgré les menaces d’attentats, à contempler la plus belle ville du monde. La foule se pressait au pied de la tour Eiffel, devant la pyramide du Louvre, sur le parvis de Notre-Dame, en haut des marches du Sacré-Cœur. Les bateaux-mouches étaient pris d’assaut et le pont du Trocadéro était surchargé de groupes de touristes asiatiques, venus plus nombreux que les autres années. Il fallait chercher longtemps pour trouver un groupe de touristes parlant français. Le russe côtoyait l’allemand, le chinois cohabitait avec l’italien et les Japonais, à leur habitude, formaient des groupes compacts, appareil photo en bandoulière. Il régnait sur la ville une atmosphère de vacances, insoucieuse et légère.

    Cette affluence faisait l’affaire des guides et des tour-opérateurs. Les sites touristiques étaient pris d’assaut, et certaines visites, peu courues d’habitude par les touristes étrangers, faisaient le plein, conséquence de l’encombrement des musées et des monuments les plus prestigieux.

    Robert était heureux ce matin. Guide accrédité auprès de l’office de tourisme de Paris, il accompagnait les groupes pour des visites guidées et commentées dans presque tous les monuments, mais sa spécialité était les catacombes et les égouts de Paris. D’habitude, les visiteurs étaient majoritairement français, mais, depuis peu, les touristes étrangers, et particulièrement les japonais fréquentaient ces lieux. Beaucoup avaient déjà visité Paris et cherchaient des lieux plus exotiques pour renouveler leur plaisir.

    Robert était fier de son anglais tout neuf, appris grâce à Babel. Cela lui conférait un avantage indéniable ; les visites étaient mieux rémunérées et il pouvait en outre compter sur les généreux pourboires qui arrondissaient ses fins de mois souvent difficiles. Il avait reçu la commande d’un groupe important de japonais, tous relativement âgés pour visiter les égouts. Une bonne journée en perspective. Les Japonais n’étaient pas très exigeants et ils parlaient fort mal anglais. Le dialecte approximatif de Robert ne souffrirait donc ni critique ni ricanement.

    Robert connaissait le parcours par cœur : le grand émissaire, les réservoirs de rétention et de chasse et leurs barques, les conduits secondaires avec leurs plaques de rues. Il n’était pas question d’improviser car il était en charge de la sécurité des visiteurs qui lui étaient confiés. Ils arboraient tous un casque, une lampe frontale et des bottes. Le groupe était parfaitement encadré avec deux assistants qui vérifiaient à chaque arrêt que tous les membres du groupe suivaient. Le comportement grégaire et peu aventureux des Japonais n’éveillait aucune méfiance particulière, mais il respectait scrupuleusement les consignes de prudence, surtout depuis l’attaque d’un égoutier en juin dernier par un animal non identifié. Heureusement, l’homme n’avait été que blessé. Il avait été difficile de trouver l’origine de la morsure : peut-être un crocodile relâché par mégarde, geste parfaitement irresponsable, mais hélas ayant tendance à se produire trop souvent. Cependant, la probabilité d’un tel accident était faible. Le groupe était compact et discipliné. En outre, le souvenir de cette agression était lointain et tout danger semblait écarté. On apercevait bien quelques rats au cours de la visite. Ils étaient peu nombreux, ce qui décevait certains touristes qui s’attendaient à quelques frayeurs, comme dans le train fantôme ou dans les attractions de Disneyland.

    La visite se déroulait conformément au programme quand soudain, à un carrefour entre deux émissaires secondaires, Robert crut apercevoir deux formes qui ressemblaient à de gros rats, de très gros rats qui lui apparurent soudainement gigantesques, monstrueux. Il ne s’inquiéta pas trop, au moins dans un premier temps et n’y prêta pas trop d’attention. Il aurait pu cependant observer que ces formes, bizarrement, restaient immobiles à observer le groupe relativement bruyant. Ces animaux auraient dû être impressionnés et, dans la plupart des cas, les rats décampaient aussitôt, laissant peu de chances aux visiteurs de les voir et encore moins de les photographier. Tout juste, frôlaient-ils leurs jambes causant une grande frayeur tout en leur apportant grande satisfaction. Ne pas apercevoir de rats équivalait à participer à un safari sans voir aucun lion ! Certains s’inscrivaient même à cette visite pour ressentir ce frisson.

    Cependant, les formes entre-aperçues dans l’ombre restaient immobiles, à tel point qu’on aurait pu s’imaginer des animaux empaillés, placés là par un farceur dans le but d’effrayer les visiteurs.

    Au bout d’un moment, Robert ne résista pas à les montrer du doigt, déclenchant un mouvement de foule dans leur direction vers laquelle maintenant tous les regards convergeaient. Les Japonais manifestaient bruyamment leur satisfaction devant ce qu’ils considéraient comme une attraction tels des touristes qui apercevraient un troupeau d’éléphants ou un rhinocéros blanc au cours d’un safari africain. Personne ne s’inquiétait vraiment : les formes étaient immobiles et éloignées, le groupe était resserré, la présence du guide et des deux accompagnateurs rassurait.

    Un des touristes, plus hardi que les autres, s’éloigna légèrement du groupe pour photographier. Il visa et déclencha le flash de son Nikon dernier modèle équipé d’un puissant zoom. Les deux énormes bestioles ne bougeaient toujours pas. Seuls leurs yeux brillaient dans le noir. Certains touristes alors se mirent à jacasser plus fort, convaincus que les animaux étaient empaillés. Il était difficile, à cette distance et dans le noir, d’évaluer leur taille avec précision, mais ils paraissaient mesurer près d’un mètre de long. Robert n’avait jamais rien observé de semblable à cet endroit qu’il fréquentait plusieurs fois par jour. Il commençait lui aussi à penser à quelque blague de mauvais goût, peut-être imaginée par ses collègues égoutiers, jaloux qu’il puisse encaisser autant de pourboires quand eux travaillaient uniquement pour des touristes français réputés pour leur pingrerie. Il pensa soudain que c’était son anniversaire : un de ses amis avait-il tenu à lui faire une mauvaise plaisanterie ? Il était facile d’emprunter des marmottes empaillées ou d’autres animaux similaires, de les modifier légèrement. Dans le noir, tous les chats sont gris ! Il est vrai que l’endroit où ils étaient placés était fort mal éclairé.

    Robert hésita. Il ne savait pas vraiment comment réagir. Il invoqua des prétextes pour convaincre le groupe de s’éloigner : Respect des horaires, longueur de la visite, nécessité de laisser la place à d’autres groupes. Mais il était très difficile de faire bouger ces touristes qui semblaient comme hypnotisés par les deux formes. Plusieurs hommes du groupe s’avancèrent à leur tour pour prendre une photo, encouragés par la hardiesse du premier. Soudain, une rafale de flashes se déclencha. Le crépitement des appareils et les éclats de lumière vive ne suscitaient toujours aucune réaction sur les formes qui restaient impassibles. Intrigués par cette impassibilité, le groupe s’avança en direction des ombres pour les observer et les photographier de plus près. Robert et ses acolytes tentaient en vain de les en dissuader.

    Brutalement, sans aucun signe préalable, l’une des deux formes se précipita à la vitesse de l’éclair vers les photographes. En moins de deux secondes, elle avait atteint un premier touriste et commençait à s’acharner sur lui. La bête avait les yeux injectés de sang qui brillaient à la lumière blafarde du maigre éclairage. Elle ressemblait à un rat énorme, de la taille d’un très gros chien. Elle avait bondi en silence avec seulement un bruissement furtif. Les touristes se mirent à hurler. Du sang jaillissait des plaies ouvertes. L’un des photographes avait été saisi à la gorge. Il roula à terre en poussant un râle tout en tentant de se débattre pour mettre fin à l’étreinte mortelle. Mais l’animal était beaucoup trop gros et il ne pouvait lutter.

    Robert et ses deux assistants ne portaient pas d’armes. Ils se précipitèrent pour porter assistance au malheureux touriste et tentèrent d’éloigner l’animal à coups de botte. Deux autres animaux similaires au premier se précipitèrent à leur tour. Les trois bêtes s’acharnèrent à la fois sur les autres photographes qui n’avaient pas eu le réflexe de s’éloigner, paralysés par le spectacle, et sur Robert et ses assistants en une mêlée sauvage. Robert trouva seulement la force pour hurler – « Donnez l’alerte ! Donnez l’alerte ! » – avant de s’écrouler. Il ne put en dire plus. Son cri se termina dans un râle. Pris à la gorge par une des bêtes, énorme et d’une agressivité incroyable, il se débattait de toutes ses forces sans parvenir au moindre résultat. Le combat inégal dura moins de cinq minutes, puis les animaux repartirent en courant dans la direction d’où elles étaient venues et disparurent au coin de l’égout.

    Trois corps gisaient inanimés au sol, un quatrième flottait dans l’égout et, le ventre ouvert. Plusieurs autres touristes avaient reçu des morsures plus ou moins graves et saignaient abondamment. Lorsque les pompiers et les policiers arrivèrent, moins de dix minutes plus tard, ils ne purent que constater les dégâts. Robert et deux touristes, grièvement blessés, devaient décéder à l’hôpital quelques heures plus tard. On ramassa dans la fange de l’égout un corps : le touriste était mort sur le coup. Les blessés et les autres touristes indemnes furent évacués discrètement à l’abri des regards et mis en sécurité, pour limiter les contacts extérieurs. Les appareils photo et les téléphones portables furent saisis pour les besoins de l’enquête et surtout pour éviter que les images ne se retrouvent sur les réseaux sociaux. Il n’était pas question que la nouvelle de cette catastrophe se répande trop vite en pleine saison estivale.

    Chapitre 2

    Claire était rentrée tôt de son travail. Elle alluma la télévision, comme ça, par habitude. Elle ne faisait pas vraiment attention aux images qui défilaient sur l’écran. Les émissions de pré prime-time ne la passionnaient guère. Elle avait allumé le poste machinalement, fatiguée de sa journée, n’ayant envie ni de lire ni de se mettre à une quelconque tâche : juste pour regarder défiler les images, vautrée dans le fauteuil du salon. Il faisait encore chaud après cette belle journée ensoleillée. En ce 10 septembre, les chaînes de télévision commençaient à commémorer les évènements tragiques du 11 septembre 2001 : Images chocs, témoignages, débats.

    Soudain, l’émission fut interrompue par un flash d’information, selon un scénario analogue à ce qui s’était produit lors de l’attaque des tours de New York. Dans un premier temps, Claire pensa qu’il s’agissait d’une reconstitution ou d’images d’archives. Elle prêtait une oreille distraite, tout en feuilletant un magazine.

    De mauvais goût, cette reconstitution, pensa-t-elle.

    Nous apprenons à l’instant qu’un drame s’est produit en début d’après-midi à Paris, dans les égouts à proximité de la place d’Italie : un groupe de touristes japonais a été sauvagement attaqué par deux animaux. Les témoins rescapés de l’accident sont formels : il s’agirait de deux rats qui se seraient attaqués au groupe de 20 touristes qui visitaient les égouts, alors que plusieurs d’entre eux tentaient de les prendre en photo. Il y aurait, selon les premiers témoignages, 3 morts, un blessé dans un état désespéré, et plusieurs blessés graves. La préfecture de Police interrogée par notre rédaction confirme les faits sans toutefois confirmer qu’il s’agirait de rats. Aucune hypothèse n’est à exclure. Il pourrait s’agir d’une action terroriste attribuée à El Qaeda à un jour précisément de la date anniversaire des évènements tragiques du 11 septembre 2001. Il convient cependant de rester prudent. Aucune revendication n’a été reçue pour le moment. La préfecture de police et la mairie de Paris recommandent le plus grand calme. Des consignes seront bientôt données à tous les Parisiens. Il est cependant vivement recommandé de ne pas stationner à proximité des bouches d’égout.

    Claire avait immédiatement abandonné son magazine. Elle fixait maintenant l’écran du téléviseur avec attention, comme s’il devait en sortir des rats. Elle était pâle. La phobie des souris et des rats l’habitait depuis sa tendre enfance, lorsqu’elle fréquentait cette grande maison à la campagne pendant les week-ends avec ses parents : chaque fois que l’on ouvrait la porte du séjour pour aérer la pièce après plusieurs semaines d’absence, des souris filaient sous son nez. Elle était terrorisée à l’idée de se coucher dans son lit et passait une bonne partie de la nuit à espionner le moindre bruit, l’attribuant à ces vilains quadrupèdes. Il fallait qu’elle évacue ce stress rapidement. Elle se précipita sur le téléphone et appela Marc, son mari, sur son portable :

    Marc ne paraissait pas vraiment disponible. Il était en réunion. Non il n’avait rien entendu. De quoi s’agissait-il, mais vite car il avait d’autres chats à fouetter.

    Elle pouvait à peine parler, dominée par son émotion. Marc était furieux. Non seulement elle le dérangeait en pleine réunion, mais il fallait qu’elle parle au téléphone d’une histoire complètement farfelue ! Des rats géants ? Et pourquoi pas des éléphants roses ?

    Et il raccrocha. Claire était comme cela, impulsive, incontrôlable, hyperémotive ! C’est ce qu’il aimait chez elle, mais là, elle avait visiblement « pété un plomb ». Cette phobie des rats et des souris, certes très répandue, était pour lui incompréhensible. Et puis cette affaire lui semblait impossible à imaginer ! Il ne pouvait s’agir que d’une erreur. Personne en dehors de la police n’avait vu les photos et le Préfet n’avait pas confirmé l’hypothèse des rats. Il pensa qu’il était inutile de s’alarmer.

    Il rentra cependant assez tôt chez lui car il était tout de même inquiet par la violence de sa réaction. Il rentrait trop tard pour le journal de 20 heures, certes, mais suffisamment tôt pour la rassurer. Il l’aimait et ne pouvait pas supporter sa détresse totalement irrationnelle.

    Quand il ouvrit la porte de l’appartement, Claire se précipita sur lui, avant qu’il ait eu le temps de poser ses affaires.

    Elle démarra aussitôt la lecture de l’enregistrement :

    Un évènement effroyable s’est produit cette

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