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Le dossier météore
Le dossier météore
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Livre électronique235 pages2 heures

Le dossier météore

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À propos de ce livre électronique

Matt Roy regarda une dernière fois la revue d’astronomie qui traînait sur le comptoir de son magasin. Ses yeux fixèrent la photographie de la nova observée le 19 mars 2012 et un large sourire apparut sur son visage. Cette étoile serait le sujet parfait pour son canular ! Au même moment à New York, Robert Owens, directeur des Affaires Particulières de la CIA, rangeait un dossier dans le tiroir de son bureau sans se douter qu’un plaisantin se préparait à en dévoiler le contenu.

Du bureau présidentiel aux observatoires universitaires, en passant par une banale petite animalerie, les destins de plusieurs individus se trouvent irrémédiablement bouleversés par la découverte d’une vérité que l’être humain s’efforçait de cacher depuis plus de cinquante ans.
LangueFrançais
Date de sortie5 juin 2018
ISBN9782897864538
Le dossier météore
Auteur

Benjamin Faucon

Né en 1983, Benjamin Faucon vit en Montérégie avec sa femme et ses enfants. Diplômé en histoire de l’art de l’Université Bordeaux Montaigne, il s’est consacré à l’écriture dès la fin de ses études. Ses deux premiers romans ont été publiés en Europe. Il a par la suite opté pour l’autoédition de ses six romans suivants. Après un passage par la littérature jeunesse, il s’est consacré entièrement au genre du roman à suspense. Ce choix fut confirmé en 2013 par la signature d’un contrat avec les Éditions AdA pour la série La théorie des géants.

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    Aperçu du livre

    Le dossier météore - Benjamin Faucon

    coïncidence.

    1.

    New York, État de New York.

    Les doigts de Matt Roy tremblaient devant le clavier de son ordinateur. Cela faisait cinq minutes qu'il se tenait immobile face à l’écran, et son corps demeurait paralysé. Il n'avait aucune idée pourquoi tant de stress le terrassait. Ce n’était pas tant son texte qui l'inquiétait, mais bien la raison qui l'avait poussé à l’écrire. Après tout, qui s'intéresserait à un banal message annonçant la fin du monde ?

    Des illuminés écrivaient de telles sottises quotidiennement, pourtant, Matt ne croyait pas un seul mot de ce qu'il avait composé. Pourquoi le faisait-il ?

    Il n'en avait plus la moindre idée…

    Le pointeur clignotait incessamment, attendant que l'internaute qu'il était appuie sur l'onglet « Envoyer ». Finalement, sa main bougea, et le « clic » se fit entendre. Cela en était fait de sa propre crédibilité !

    Matt venait d'entrer dans ce groupe si exaspérant que sont les imbéciles prêchant la fin du monde sur Internet. Son message figurerait probablement parmi le top 10 des stupidités de l'année, mais il n'en avait que faire. À vrai dire, en le relisant, il le trouvait plutôt drôle. Même si, avec du recul, son geste était bien moins amusant qu'il l'avait espéré, cela avait eu le mérite de lui changer les idées. Il quitta le forum de discussion au nom évocateur « Le gouvernement nous ment ! », puis éteignit l'ordinateur.

    Quelques secondes plus tard, il était redevenu le bon Matt : celui qui ne vivait que pour les poissons, qui travaillait dans sa propre animalerie et que personne n'entendait, mais que tout le monde appréciait. Il jeta un coup d’œil sur son téléphone intelligent — dernier cadeau que son père lui avait fait avant de décéder — et soupira en constatant que la nuit était bien avancée. 1 h du matin… Il était temps de se coucher.

    La lumière de sa chambre s'estompa lentement, seules restaient quelques lueurs provenant du salon où les DEL bleutées de son aquarium reflétaient l'ondulation des courants marins sur les murs de son appartement. Sans le savoir, le message qu'il avait posté allait irrémédiablement changer son existence, et le point de non-retour s’éloignait inexorablement à mesure que ses paupières se refermaient.

    À présent, son sort était scellé, et Matt se réveillerait au beau milieu d'un échiquier politique dont les enjeux allaient dépasser la somme de tous ses cauchemars.

    2.

    18 heures plus tôt

    Le rideau de fer fermant la devanture du magasin se rangea lentement dans son compartiment tandis que Matt tirait sur la poignée comme un forcené.

    Son animalerie The clown paradise n'avait rien de majestueux, mais il s'y sentait à son aise. Usés, les planchers de bois craquaient sous les pas des visiteurs. Les vétustes stores vénitiens flanquant chaque fenêtre tamisaient la lumière extérieure, créant une ambiance feutrée. Les aquariums se succédaient les uns après les autres sur de simples étagères de métal boulonnées aux planchers.

    Il n'y avait rien de luxueux, pourtant, la nature même de son commerce lui conférait un certain statut. L'aquariophilie d'eau de mer était un véritable loisir de riches pour les habitants de Manhattan, mais progressivement, leurs voisins de Brooklyn commençaient à s'ouvrir à cette passion.

    Comme tous les mardis, les abords du Prospect Park ne comptaient que de simples personnes s'adonnant au jogging. La Flatbush Avenue, quant à elle, était obstruée par de nombreux véhicules, sans qu'aucun semble vouloir s'arrêter devant l’échoppe de Matt Roy. À cet instant de la journée, le propriétaire d'une trentaine d'années se moquait éperdument de l'absence d'acheteurs. Chaque matin, un ménage de sa boutique s'avérait nécessaire : des aquariums à siphonner, des coraux à nourrir ou de nouveaux articles à étager. Pourtant, après une heure de corvée quotidienne, Matt s'accouda sur son comptoir de verre et soupira. Ce n’était pas dans ses habitudes de se plaindre, mais sa journée s'annonçait pénible sans qu'il puisse se l'expliquer…

    Il regarda longuement son café fumant qui l'attendait et se décida à en boire une gorgée. Le macchiato avait terriblement bon goût, mais ce matin-là, quelque chose ne tournait pas rond. Sa boisson matinale favorite ne le satisfaisait pas, et il la vida dans l’évier.

    Matt secoua la tête et tenta de se motiver. Il se dirigea vers l'aquarium phare de son magasin et contempla toute la vie qui y grouillait. Les verres zigzaguaient sur les pierres vivantes tandis que les poissons rivalisaient de couleurs en ondulant sous les lumières dernier cri. Chaque fois qu'il se postait devant la vitre de cet écosystème miniature, Matt perdait toute notion du temps. Il demeurait immobile, observant chaque fait et geste de ses protégés. Pourtant, cette journée ne ressemblait à aucune autre. Quoi qu'il fasse, il éprouvait un réel manque d'intérêt !

    Il délaissa ses animaux préférés pour retourner derrière son comptoir. Il n'espérait pas recevoir de visites avant la fin de la journée. Peut-être serait-il gratifié par le passage d'une personne qui lui prendrait deux heures de son temps pour finalement ne pas dépenser une seule pièce dans sa boutique. Ce genre de visites était monnaie courante, spécialement durant les heures de travail des différents bureaux de la ville.

    Il guetta le moindre mouvement de la porte d'entrée, puis se résigna à demeurer seul dans son magasin. Son regard balaya les différentes étagères à la recherche d'une quelconque attraction. Ses pupilles eurent beau scruter le moindre recoin de sa boutique, il n'avait absolument rien à se mettre sous la dent… Soudain, il aperçut le magazine qu'un de ses clients avait oublié la journée précédente, non loin du fauteuil placé à côté de l'entrée.

    Quelques secondes plus tard, Matt Roy se plongeait dans la Revue astronomique de Brooklyn. À la une, la planète Jupiter et ses satellites. D'un geste rapide, il tourna les pages les unes après les autres. La revue n’était qu'une succession d'articles scientifiques qu'il comprenait à peine. Alors qu'il s'apprêtait à la refermer, ses yeux s'arrêtèrent sur une simple photographie : celle d'une étoile, une nova, qui avait été observée le 19 mars de l'année 2018, un mois avant la parution de l'article. Ses doigts tapotèrent sur la longue table de verre sous laquelle des photos de poissons des différentes mers du monde se trouvaient collées.

    À plusieurs reprises, Roy leva les yeux au plafond, puis une idée farfelue lui traversa l'esprit. Et si cette étoile n'en était pas une. Si cette simple observation était en fait celle d'un ovni. Brusquement, il rit aux éclats. Cette idée était complètement farfelue, et cela lui plaisait !

    Il parcourut l'article qui se résumait au témoignage de l'observateur de ce phénomène astral, puis passa à la page suivante. Cette dernière le fit sourire. Des quatre coins de la feuille, les photographies floues se superposaient les unes sur les autres avec de simples dates comme légendes. La dernière page de la revue servait de babillard pour tous les chasseurs d'ovnis. Les apparitions les plus folles s'y trouvaient commentées avec, en bonus, une multitude de fautes d'orthographe. Pourtant, ces différents récits touchèrent quelque peu Matt. Selon lui, ces gens croyaient dur comme fer entrevoir des visiteurs de l'espace. Parfois, un agroglyphe était décrit depuis un avion, tantôt un homme jurait s’être fait aveugler par un disque lumineux se baladant dans le ciel ou, summum de la rubrique, un homme décrivait son enlèvement par les martiens.

    Il ferma finalement le magazine et le rangea sous son comptoir sur le dessus d'une pile de dépliants commerciaux. Il jeta un dernier coup d’œil dans sa direction et se demanda quel serait l'effet d'un canular. Que se passerait-il si un homme, qui plus est, un scientifique reconnu, déclarait que les extraterrestres se sont manifestés et viennent à la rencontre des habitants de la Terre ?

    Les scénarios les plus fous s'enchaînèrent dans sa tête pour finalement disparaître quelques secondes plus tard. Tout ceci n'avait aucun sens, et Matt délaissa ces idées.

    La journée se poursuivit sans grand encombre. Un client vint demander conseil sur l'introduction des coraux et repartit du magasin avec trois animaux plongés dans des sacs de plastique gonflés à l'oxygène afin de permettre un transport prolongé. Un autre fit l'acquisition d'un aquarium vitré sur ses six faces et repartit les étoiles plein les yeux en pensant à ses futurs achats.

    Tout au long de la journée, Matt repensa à sa lecture matinale. L'idée du canular lui plaisait bien, tout au moins, cela l'extirpait de sa routine.

    Le soleil termina sa trajectoire au-dessus de la ligne d'horizon et disparut. Le rideau de fer se déroula devant la vitrine, puis les serrures se verrouillèrent. Au moment où son doigt s'apprêtait à appuyer sur l'interrupteur de la lumière, son regard entrevit la pile de journaux. Il hésita, puis se dirigea d'un pas rapide vers le comptoir. Cinq minutes plus tard, la lumière s’éteignait, et Roy gravissait les marches le menant à son appartement situé à l’étage supérieur.

    Attablé devant une lasagne surgelée, Matt combattait son ennui. Non loin de lui, la revue d'astronomie attendait d’être prise dans ses mains. Il haussa les épaules, puis s'en empara.

    À dix heures du soir, l'ordinateur éclairait encore son bureau. Les comptes terminés, Roy s'adonnait à son passe-temps favori : Internet. Il parcourait les forums d'aquariophilie, distribuant ici et là des conseils à des débutants, contredisant des passionnés chevronnés, puis terminait son périple par la visualisation de clips musicaux.

    La musique s’échappait à présent des haut-parleurs tandis qu'il sirotait lentement une bière. Il n'avait pas l'habitude de boire, mais appréciait de temps à autre la compagnie d'une blonde. C’était d'ailleurs la seule présence féminine dans son appartement. Depuis la fin de son adolescence, ses conquêtes se résumaient à quelques noms listés sur une feuille rangée parmi sa liste de regrets. Il n'avait pas consacré assez de temps à ces jeunes femmes qui, au fil des mois, s’étaient totalement désintéressées de lui.

    La bouteille de verre émit un tintement lorsque le culot heurta le meuble informatique. Le dernier clip vidéo de la vedette de pop aux hanches de gazelle s'acheva, et Matt se rendit sur la page du plus célèbre des moteurs de recherche. Il soupira, puis se résigna à prendre du plaisir, au moins pour la soirée, afin d'achever cette journée ennuyeuse de la bonne manière.

    U-F-O. Les trois lettres se succédèrent pour former un résultat de plus de deux cent trente millions de résultats. Parmi tous ces sites, le deuxième attira son regard.

    « Le gouvernement vous ment ! »

    Le nom évocateur semblait tout droit sorti de la bouche d'un anarchiste, néanmoins, Matt le trouvait approprié. Et si après tout ces gens disaient vrai ! Et si le président mentait à la population ?

    Contrairement à la pensée populaire, les Américains ne vivaient pas au centre du monde, mais figuraient bien au beau milieu de cette immensité spatiale tel un insignifiant grain perdu dans l'Univers !

    Depuis la fin de ses études, ses idées révolutionnaires n’ étaient plus qu'un vague souvenir boutonneux de sa lointaine puberté.

    Matt ricana, puis se décida à entrer sur le site des contestataires. La page d'accueil présentait la célèbre photographie de l'extraterrestre de Roswell disséqué par les scientifiques américains accompagnée de la légende : « Ce n’était pas un mensonge ».

    La communauté de ce site comptait plusieurs milliers de membres éparpillés à travers tous les États. L'administrateur se vantait même que les cinquante États du pays étoilé y étaient représentés.

    Matt lut les articles les plus consultés et fut surpris de constater combien ceux-ci pouvaient être écrits d'une belle façon. Contrairement à ce qu'il pensait, la langue y était bonne, mais le contenu penchait du côté… douteux. Il avait beau lire chacune des théories énoncées, il n'y croyait pas une seule seconde. Pourtant, les témoignages et les photographies ne manquaient pas, mais son esprit cartésien ne parvenait pas à céder la moindre parcelle de son cerveau aux idées extra-terriennes. Non, les ovnis n’étaient que le reflet de la société : un miroir déprimant de l’état culturel du pays.

    L’époque des grandes conquêtes était révolue, et les gens se perdaient en de fausses conceptions du monde. Selon Matt, l'homme avait déjà assez de mal à apprivoiser la nature et toutes ses richesses pour se voir cohabiter avec des bestioles verdâtres venues du ciel.

    Il regarda son reflet projeté sur la bouteille de bière et haussa les épaules. Il était temps de s'amuser !

    Il avait passé deux heures à naviguer sur ce site, et le logiciel de traitement de texte était ouvert devant lui. Il ne restait plus qu’à composer…

    Matt se surprit à coucher les mots avec une aisance déconcertante. Lui qui n’était pas littéraire rivalisait à présent dans son délire avec les plus grands maîtres du monde du roman à suspense.

    Devant lui, la photographie de l’étoile en état de surbrillance lui servait de source d'inspiration. Dans sa tête, les grandes déclarations se succédaient tandis que les affirmations scientifiques servaient à légitimer sa théorie. Roy n'y allait pas de main morte et accusait le gouvernement de maintenir un bandeau sur les yeux de ses concitoyens alors que la vie extraterrestre avait été constatée depuis l'atterrissage en catastrophe d'une soucoupe volante en 1947, près de la ville de Roswell.

    À grands coups de recherches Internet, Matt nourrit sa réflexion avec différents témoignages trouvés sur des blogues. Son but était simple : faire de cette photographie le centre de son récit. Celle-ci trônait maintenant au-dessus de son écran d'ordinateur. Ses yeux plongèrent dans cet univers galactique, et il se perdit en réflexions au beau milieu de ce paysage noir et terriblement froid.

    L'espace d'un instant, il crut réellement que cette nova n'en était pas une. À trop lire ses écrits, la réalité et ses convictions s’éloignaient de lui comme les gens des moufettes.

    Un long soupir secoua la pièce. Matt se leva et se dirigea d'un pas nonchalant vers sa cuisine. Une tasse de café noir à la main, il posa son regard sur la fenêtre et contempla le ciel. La nuit semblait calme et empreinte de sérénité. Un tapis d’étoiles illuminaient la silhouette des nuages qui se baladaient au gré des vents. Son regard se concentra sur la constellation de la Grande Ourse, et sa matière grise s'emballa. Pourquoi l'homme serait-il seul dans cet univers ?

    L'océan à lui seul réservait encore une multitude de curiosités au regard des bipèdes. Matt le savait bien pour avoir étudié l'océanographie durant deux années d'université.

    Ses épaules effectuèrent un léger mouvement, puis il vida le contenu de la tasse dans sa gorge. Non, tout ceci n’était qu'un canular. Il ne tomberait pas dans le panneau. Tout n’était que rigolade, et lorsqu'il se retrouva de nouveau nez à nez avec son écran, Matt amplifia ses théories farfelues. Les extraterrestres prenaient la direction de la Terre pour terminer l'année 2018.

    Matt perdit son sourire en relisant ses dernières lignes. Cela tenait plus du discours d'une secte que d'un article scientifique… Peu importe, de toute façon, il se noierait dans la masse. Des déclarations comme les siennes se trouvaient par milliers sur les forums, alors pourquoi s'inquiéter ?

    Le gros de l'article tenait en une seule page dans le système de traitement de

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