Les dissidents: Les voleurs de corps, #3
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À propos de ce livre électronique
Hans, Lukas et Sara l'ont échappé belle. Croyant que le roi démon Viktor est toujours à leur poursuite, les trois rescapés se réfugient à Miradore, une cité fortifiée et contrôlée par l'armée de l'ancien empereur.
Lukas parviendra-t-il à convaincre Mina Kovicha, la présidente de la République, de céder des terres à l'Église des Survivants ? La promesse de réparer les dommages causés par le virus informatique de Sara sera-t-elle suffisante ? Comment Mina réagira-t-elle à la demande de l'Église ? Acceptera-t-elle de négocier avec Lukas ou se dirige-t-il tout droit vers la catastrophe ?
Le résultat de ces pourparlers pourrait avoir des répercussions plus importantes que Lukas ne l'imagine.
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Aperçu du livre
Les dissidents - Marilyn Boissonneault
De la même auteure :
LES VOLEURS DE CORPS (romans)
♦Volume 1 : Les affamés
1ère édition : Lanoraie : Les Éditions de l’Apothéose, février 2023. (épuisé)
2e édition : Autoédition, mars 2024.
♦Volume 2 : Les survivants. Autoédition, février 2024.
♦Volume 3 : Les dissidents. Autoédition, avril 2025.
CARNETS ROUGES (nouvelle)
♦ Mon ange
autoédition, octobre 2023
20 VERSIONS DE NOËL (nouvelles)
♦Joyeux Noël (p.151)
Éditions Dreams Workshop, novembre 2024 – janvier 2025
Réseaux sociaux :
Facebook : Marilyn Boissonneault - auteure
Instagram : Marilyn.boissonneault_auteure
www.marilynboissonneault.com
Cette histoire constitue une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, ainsi que des endroits réels, relève du hasard.
« L’enfer, c’est les autres. »
Jean-Paul Sartre (Huis clos, 1944)
CHAPITRE 1
Hans
––––––––
— Hans ! Tu bouges trop ! Je n’arrive pas à viser !
La pédale au plancher, Hans zigzaguait entre les automobiles, tandis que Sara déchargeait son pistolet sur le gros VUS noir qui les pourchassait. Il empoigna le volant à deux mains pour éviter de percuter une minifourgonnette qui lui bloquait la route.
— Merde ! Dégage, sale con !
Le conducteur de la camionnette intima à Hans de ralentir à grands gestes. Le démon avait très envie de l’emboutir, mais se raisonna : ce serait stupide d’abîmer davantage sa belle voiture sport. Enragé, il donna un coup de volant vers la droite et s’engagea sur l’accotement de gravier afin de devancer l’énergumène.
— Fais attention ! J’ai failli tomber ! s’écria Sara, en s’accrochant au rebord de la fenêtre.
Lorsqu’il fut à sa hauteur, Hans adressa un doigt d’honneur avec le majeur encore intact de sa main droite à l’imbécile conduisant la minifourgonnette. Il appuya ensuite sur l’accélérateur pour le dépasser et revint sur la route asphaltée, loin devant.
— Comment veux-tu que je vise comme il faut si tu conduis n’importe comment ? le critiqua Sara.
Quelques instants plus tard, Hans vit avec satisfaction dans son rétroviseur la fourgonnette se faire emboutir par l’imposant camion noir qui leur collait au cul depuis la dernière station-service.
— Oh non ! se désola Sara en constatant que la camionnette et ses passagers piquaient du nez dans un fossé.
Le camion de leurs poursuivants rugit et fonça à nouveau vers eux, à peine ralenti par l’impact.
— Qu’est-ce que tu fiches ? Vise les pneus ! hurla Hans pour se faire entendre par-dessus le bruit du moteur des deux véhicules et des coups de feu.
— Qu’est-ce que tu crois que j’essaie de faire depuis tout à l’heure ? se défendit Sara.
— Qu’est-ce qui t’a pris de leur voler cette valise ? Tu vois la merde dans laquelle tu nous as mis !
— Tais-toi et regarde où tu vas !
Tenant le pistolet du démon à bout de bras, Sara tenta à nouveau d’atteindre les roues du camion des trafiquants. Hans se faufila habilement entre les autres automobiles, parvenant tant bien que mal à minimiser les dommages que ces débiles causaient en mitraillant sa précieuse voiture.
— Hans ! Ils ralentissent ! Je crois qu’ils abandonnent ! s’exclama soudain Sara.
Dans son rétroviseur, Hans constata que le VUS avait effectivement pris ses distances. Il était cependant trop tôt pour crier victoire. L’un des passagers s’extirpa d’une fenêtre en pointant un lance-missile dans leur direction.
— Merde !
Hans agrippa la robe de Sara et la tira à l’intérieur de la voiture au moment même où le bazooka éjectait un obus. Il se mit en cinquième, appuya sur un bouton sur son volant et enfonça l’accélérateur. Nez abaissé et coffre relevé, le bolide frôla en quelques secondes les 350 kilomètres à l’heure, clouant le conducteur et sa passagère hystérique à leurs sièges.
Alors qu’il bifurquait à nouveau sur l’accotement de gravier pour échapper au missile, la voiture d’à côté explosa, pulvérisant le véhicule et ses passagers. La déflagration propulsa les restes des occupants ainsi que des débris métalliques sur le pare-brise et la vitre du côté de Hans, qui vola en éclats. Hans se jeta sur Sara pour la protéger, les coussins gonflables se déployèrent, et l’automobile, hors de contrôle, exécuta plusieurs tonneaux, menaçant de basculer dans le fossé à cause du souffle de l’explosion.
Heureusement, celle-ci retomba sur ses roues, et Hans parvint à immobiliser la voiture en toute sécurité. Le camion de leurs poursuivants les dépassa à vive allure.
— T’as rien ? demanda-t-il à Sara, recroquevillée dans ses bras.
— Non, ça va ! Beurk ! grimaça-t-elle en retirant de ses cheveux noirs et bouclés un bout de chair gluant impossible à identifier. Oh non ! Tu es blessé !
— Depuis quand tu t’inquiètes pour ma santé, princesse ? railla Hans, le dos et le bras gauche transpercés d’éclats de verre.
— Depuis que c’est toi qui conduis !
Elle leva la main pour le frapper mais arrêta son geste, interrompue par le crissement strident des pneus du véhicule des trafiquants, qui faisait demi-tour. Hans contempla la possibilité de sortir de la voiture pour leur casser la gueule, mais il ne pouvait pas prendre le risque que Sara soit blessée durant la bagarre, aussi se résigna-t-il à demeurer dans l’auto.
— Tu vas le regretter s’ils nous suivent jusqu’à la planque ! menaça le démon en crevant le coussin gonflable qui bloquait l’accès au volant à l’aide d’un de ses couteaux.
— Je n’ai pas peur de toi, répliqua la jeune femme en tentant d’atteindre la boîte à gants, obstruée par le dispositif de sécurité, pour y dénicher un chargeur plein.
— Tu devrais ! dit Hans en poignardant le coussin du côté passager.
Sara lui tira la langue et s’empara d’un nouveau chargeur. Roulant sur l’accotement de gravier, le couple mal agencé croisa le camion des vendeurs de drogues qui arrivait en sens inverse. Celui-ci dut faire demi-tour à nouveau. Leur gros VUS noir semblait aussi enragé qu’eux.
La jeune femme s’appuya sur la fenêtre et fit feu, dans l’espoir de crever les pneus de leur voiture.
— Ils ne veulent vraiment pas lâcher le morceau ! cria-t-elle entre deux coups de feu.
— Et c’est la faute à qui, hein ? Balance-leur la valise qu’on en finisse !
— Jamais de la vie !
Voyant dans son rétroviseur que le type au bazooka tentait à nouveau de les viser, Hans donna un coup de volant et s’engagea dans l’une des voies inverses, heureusement désertes, et profita de cette piste d’accélération inespérée pour distancer les trafiquants.
— C’est vraiment très difficile de viser quand tout le monde bouge autant ! C’est toi le tireur, ici, pas moi ! lui reprocha Sara, en fouillant dans le coffre à gants pour y prendre un nouveau chargeur.
— Je peux pas tout faire !
— Ce serait plus simple si tu me laissais conduire !
— Non !
— Pourquoi ? T’es vraiment con quand tu veux !
Hans évita de justesse un camion de marchandises qui arrivait en sens inverse. Il réduisit sa vitesse et se résigna à revenir sur la bonne voie. Les deux fugitifs constatèrent alors que le VUS noir les rattrapait. Sara reprit place dans la fenêtre en râlant, offrant la vue de ses appétissantes cuisses dorées au démon, qui n’avait pourtant pas le luxe d’être distrait.
Un bruit sec d’éclatement égratigna les oreilles de Hans. Sara hurla de joie; elle avait enfin réussi à crever un de leurs pneus, et le camion des trafiquants de drogue dérapait dans tous les sens. De son rétroviseur, Hans vit le véhicule sortir de la route et piquer du nez dans un fossé. Quatre hommes armés de mitraillettes et de lance-roquettes s’en extirpèrent et tirèrent dans leur direction en hurlant, mais le duo était déjà hors de portée.
La jeune femme en robe fleurie reprit place sur le siège du passager, un sourire triomphant collé au visage.
— On a réussi ! déclara Sara en contractant les biceps. Pas mal pour une fille qui a appris à se servir d’un pistolet il y a à peine deux jours, hein ?
— T’as eu de la chance ! Un peu plus et je te balançais dehors avec ta valise !
— Tu ne l’aurais pas fait ! Toi aussi, tu veux ton fric !
— Pfff !
Hans voulut l’étrangler, mais il devait rester concentré sur la route. Il ralentit l’allure de la voiture, car le réservoir d’essence était presque vide. Sara ôta le chargeur du pistolet, remit le cran de sécurité et le rangea dans la boîte à gants. Puis, elle déposa la valise qui gisait à ses pieds sur ses genoux. Elle retira une des barrettes de ses cheveux, appuya sur l’une des extrémités et utilisa le minuscule rayon laser qui en jaillit pour forcer la serrure.
— Y a quelque chose que tu sais pas faire ? maugréa le démon.
— Oui, te faire taire.
Sara ouvrit la mallette et examina les sacs de spark qu’elle contenait avec l’enthousiasme d’une enfant de cinq ans qui déballe ses cadeaux de fête.
Tout ça pour de la dope.
Elle fouilla sous les paquets et en écarta un petit cube en métal. L’objet produisait des bips à intervalles réguliers.
— C’est quoi, ce bidule ?
— Un émetteur, l’informa la jeune femme en le jetant hors du véhicule en marche.
Satisfaite, elle referma la précieuse valise et la reposa à terre.
— Alors ? Est-ce qu’on arrive bientôt ?
Hans consulta le plan que lui avait envoyé Lukas Skelis, le prêtre de l’Église des Survivants qui les avait engagés tous les deux. Il sélectionna mentalement le fichier stocké sur son implant cérébral et les indications du trajet s’affichèrent à même son œil droit, se superposant à la chaussée qui défilait devant lui. Hans réajusta ses lunettes fumées et abaissa le pare-soleil pour éviter d’être ébloui par l’astre déclinant.
— Ouais, il reste moins de deux heures de route à faire, mais on doit s’arrêter pour faire le plein.
— Ça tombe bien, je dois aller aux toilettes, bâilla Sara.
Les formes aguichantes de la talentueuse pirate informatique, qui s’étirait langoureusement sur le siège passager, faillirent lui faire manquer la courbe. L’estomac de Sara gargouilla, suivi immédiatement par celui du démon. Elle dévissa la branche du sommet de la croix en or qui pendait à son cou et s’envoya une dose de spark dans la narine droite.
— Tu en veux ? lui proposa Sara.
Hans ne se gêna pas pour en inhaler lui aussi, car il ne pourrait plus garantir la sécurité de sa passagère, advenant que la faim s’impose davantage. Revigoré par la dope qui lui coupa momentanément l’appétit, il guetta la prochaine sortie. Elle se présenta environ 30 minutes plus tard, et Hans engagea sa voiture sur une petite route de campagne isolée. Il suivit plusieurs minutes le chemin d’asphalte étroit et mal entretenu, bordé de fossés profonds envahis par les hautes herbes, et tomba enfin sur une station-service, construite sur une parcelle de terre aplanie, à l’orée d’une forêt.
Hans se gara à la seule pompe à essence de l’endroit. Sara et lui sortirent du véhicule troué de balles, observés par l’adolescent boutonneux assis derrière le minuscule comptoir-caisse, à l’intérieur du commerce. Hans jura en constatant les dégâts à sa carrosserie.
— Tu es blessé, lui fit remarquer Sara, en désignant son bras gauche. Tu as aussi plein de morceaux de vitre dans le dos. Ne bouge pas, je vais te les enlever.
Hans s’affaira à retirer les éclats de verre de son bras avec ses ongles pointus, tandis que Sara s’occupait de déloger ceux coincés dans son dos à l’aide de pinces dénichées dans sa trousse de premiers soins. Un agaçant pincement de douleur l’assaillait chaque fois qu’une de ses plaies se refermait et son estomac grondait avec de plus en plus d’insistance.
— Fais le plein pendant que je vais nous chercher à bouffer, ordonna-t-il à Sara lorsque tous les morceaux de vitre furent extraits.
— N’oublie pas de me rapporter quelque chose, demanda la jeune femme en saisissant le pistolet à essence.
— Bien cuit ou saignant ?
— Très drôle.
Sara activa la pompe, tandis que Hans se dirigeait vers le dépanneur. L’adolescent derrière le comptoir n’avait d’yeux que pour elle, alors il ne prêta pas du tout attention à l’inquiétant quadragénaire en complet gris qui entra dans le commerce.
♦
Hans retira les os rongés de son dernier repas du grand sac de plastique noir, rangé dans le coffre de la voiture, et y fourra le cadavre éventré du caissier de la station-service. Pendant ce temps, adossée contre la porte du passager avant, Sara mangeait avec appétit le contenu d’un sac de viande séchée et but d’un trait sa bouteille d’eau.
Le démon referma le coffre et donna un coup de pied sur les restes de son repas précédent, les envoyant se briser dans un fossé en bordure de la route, plusieurs mètres plus loin. Pendant que Sara engloutissait les lanières de viande, Hans balaya les débris de verre des sièges de sa voiture.
Ça va coûter une fortune pour la faire réparer. Je dois aussi racheter des munitions. J’ai même pas encore le fric de Skelis que je dois déjà le dépenser ! Tout ce bordel à cause de cette idiote.
— Qu’est-ce que t’as ? demanda Hans en l’entendant renifler. Pourquoi tu chiales encore ? Je t’ai rapporté à bouffer, des bonnes protéines, en plus ! Pourquoi t’es pas contente ?
Sara le regarda avec de grands yeux humides, et un deuxième appétit agita alors son entrejambe. Hans lui arracha le sac de viande séchée des mains et l’obligea à se coucher à plat ventre sur le capot de la voiture.
— J’vais te donner une bonne raison de chialer, petite pute, grogna-t-il en débouclant sa ceinture.
Elle se débattit, mais il lui tordit un bras dans le dos pour la maintenir contre le capot. De son autre main, il lui releva la jupe et baissa ses culottes.
— Lâche-moi, sale brute ! s’exclama-t-elle. Tu me fais mal ! Tu vas me casser le bras ! Lâche-moi !
— Ta gueule ! T’as eu ta dope et de la bouffe, c’est à mon tour d’avoir ce que je veux.
Il cracha sur sa verge en érection et s’introduisit brusquement en elle, lui arrachant un hoquet de surprise et de douleur. S’ensuivirent de vigoureux coups de hanches, le démon se délectant des plaintes de la jeune femme soumise à sa volonté. Et, comme il s’y attendait, l’intimité de Sara ne tarda pas à s’humidifier.
Petite pute ! Putain que c’est bon !
Voir son mandrin durcir davantage, entrant et sortant avec aise du sexe détrempé de la fille, combiné aux râles qui la secouaient, eut rapidement raison de lui. Il ne chercha pas à se retenir et se répandit en elle à peine quelques secondes plus tard.
Satisfait, il lui claqua une fesse, relâcha son bras et se retira d’elle. Il introduisit un doigt dans l’antre frémissant d’où s’écoulait sa semence, s’imaginant la remplir de foutre jusqu’à ce que son ventre devienne rond comme un ballon. Hans s’attarda ensuite à lui lécher le fondement, et Sara ne put retenir de petits couinements de plaisir. Quelques instants plus tard, ce fut à son tour de jouir. Il adorait entendre cette fille avoir du plaisir et il nourrissait l’espoir qu’à force de la baiser, l’odeur insupportable de métal de Viktor, qui lui collait à la peau depuis leur fuite de Drares, finirait un jour par disparaître.
— Tu n’es qu’un sale monstre, geignit Sara, les joues roses.
— C’est ça qui te fait mouiller autant, railla-t-il en se léchant les doigts, couverts de sperme et de cyprine.
Elle se redressa en se frottant le bras, puis remonta sa culotte et remit sa robe en place. Tandis que son agresseur fumait une cigarette, Sara ramassa le sac de viande séchée qu’il avait jeté par terre et mangea les miettes qui restaient. Les larmes continuaient à couler discrètement sur les joues de la jeune femme.
— Arrête de chialer, t’aime ça quand je te baise, dit-il en expulsant un nuage de fumée.
— Qu’est-ce que tu en sais ? bouda-t-elle en froissant le sac vide pour le jeter dans la poubelle, près de la pompe à essence.
— Tu peux rien me cacher, princesse, dit-il en tapotant son nez.
Elle lui tira la langue, et il lui répondit avec son plus charmant sourire. Hans jeta son mégot, essuya le sang du caissier de son menton, et Sara et lui reprirent place dans la voiture.
— J’espère que Lukas est déjà là-bas, ronchonna Sara en croisant les bras sur sa poitrine. Je n’arrive pas à le rejoindre depuis que nous sommes partis de Drares. J’espère qu’il est toujours vivant et qu’il a l’argent qu’il nous a promis !
— Il a intérêt.
— Oui. J’en ai assez de toi.
Hans mit le contact. Le ronronnement du moteur l’apaisa, comme toujours.
— Pourquoi tu ne me laisses pas conduire, pour une fois ? lui demanda Sara. J’ai mon permis, tu sauras.
— J’ai jamais laissé personne conduire ma bagnole.
— Pourquoi ?
— Mes choix de vie t’intéressent ?
— Ça va, laisse tomber.
Hans rebroussa chemin et guida la voiture vers la route principale. Environ une heure plus tard, il emprunta une bretelle de sortie, puis bifurqua sur une petite route sinueuse, qui s’enfonçait davantage dans la campagne de Denne. Le soleil baissait à l’horizon, projetant sa lumière diffuse sur un paysage composé de plaines parsemées de champs multicolores, divisés en sections rectangulaires bien définies, et s’étendant à perte de vue. Hans reconnut plusieurs sortes de céréales dont il oubliait les noms.
— Les humains bouffent vraiment trop.
— Parle pour toi ! riposta Sara. Je me souviens clairement de la quantité astronomique de poches de sang vides que je devais ramasser chaque matin, quand je nettoyais ton bureau au ministère des Transports, Monsieur le sous-ministre adjoint.
— C’est ça ou on vous aurait exterminés il y a dix ans.
— Et vous n’auriez plus rien eu à manger, c’est stupide, observa-t-elle en s’accoudant sur le rebord de la fenêtre.
— J’ai jamais dit qu’on était des génies.
Suivant toujours le plan du prêtre, Hans ralentit l’allure et engagea la voiture sur un petit chemin de gravier, qui séparait des champs de fleurs rouges et bleues, baignés dans la lumière orangée du soleil couchant. La route cahoteuse lui faisait serrer les dents à chaque trou dans lequel un de ses pneus s’enfonçait, craignant que le véhicule, déjà sévèrement endommagé, ne percute quelque chose ou s’enlise. Il ne s’imaginait pas trouver une dépanneuse dans ce bled perdu.
Skelis est mieux d’être là avec mon pognon ou je casse tout.
Le chemin menait à la lisière d’une forêt; Hans appuya sur le champignon afin de convaincre la voiture récalcitrante que c’était effectivement là qu’ils devaient aller. Sara fronça les sourcils et se pinça les lèvres, mais se garda d’émettre un commentaire.
Au bout d’une heure à sillonner l’étroite route de terre serpentant à travers le boisé, et prenant soin de tourner aux endroits indiqués sur le plan affiché sur son œil droit, Hans et sa passagère débouchèrent enfin sur une clairière. Un bâtiment en pierres grises de deux étages, croulant sous le lierre, se dressait au milieu des hautes herbes. L’immeuble semblait abandonné depuis longtemps. Hans avait-il mal suivi les instructions ? Étaient-ils tombés dans un piège ? Sara froissa le bas de sa robe. Le démon poussa la voiture parmi les hautes herbes, puis se gara près du bâtiment. Il n’y avait pas d’autre véhicule dans les parages. Où était Skelis ?
— Tu es sûr que c’est bien ici qu’on devait se rendre ? osa enfin demander la jeune femme.
Hans étira le bras et s’empara du pistolet rangé dans la boîte à gants. Son regard croisa celui de Sara un bref instant – il y avait encore de la colère et de la peur dans ses grands yeux verts.
— Reste ici, commanda-t-il à la jeune femme en s’extirpant du véhicule.
— Tu veux que j’aille où ? C’est toi qui as les clés de la voiture.
Le démon verrouilla les portes à distance, ignorant les simagrées que lui adressait Sara. Il était près du but, il le savait. Hans sentait l’odeur des vingt millions de dramhs qui l’attendaient. L’idée de participer à la chasse qui aurait lieu à Cuxkau dans deux jours lui remplissait déjà la bouche de salive. Il pourrait bouffer autant qu’il le voudrait, mais surtout, il pourrait tuer d’autres soldats-démons et devenir encore plus fort. Il secoua la tête pour chasser le sentiment de profond désarroi qui lui comprimait la poitrine en se remémorant la mise à mort de Karl.
J’suis pas une mauviette.
Les sens en alerte, et brandissant son pistolet devant lui, Hans s’engagea dans les hautes herbes et se dirigea vers la résidence, qui baignait dans le noir le plus total. La forêt entourant la propriété formait un épais mur végétal, qui pouvait cacher toutes sortes de dangers pour un humain. Il tendit l’oreille; rien ne semblait suspect de prime abord. Il percevait seulement le bruit discret d’animaux foulant le sol tapissé de feuilles mortes et d’épines, le bruissement des ailes des oiseaux qui cherchaient un refuge pour la nuit et le vent frais secouant les branches des arbres. Il s’attarda à écouter les sons provenant de l’intérieur du manoir. Mis à part les couinements discrets des rongeurs peuplant ses murs, rien ne l’alarma. Aucune de trace de Lukas nulle part.
Qu’est-ce qu’il fout ? J’ai pas rien que ça à faire !
Hans abaissa son arme, mais demeura vigilant. La très forte odeur de conifères les camouflerait des potentiels poursuivants de son espèce, certes, mais celle de la chair en putréfaction lui signala un tout autre type de menace – des nagarrs. Ces affreuses chimères les avaient sans doute déjà entendus arriver.
S’assurant que la voie était libre, Hans rangea l’arme à feu dans l’étui sous son aisselle et revint à la voiture.
— Y a personne, ici. Sors, commanda-t-il à sa passagère en lui ouvrant la porte. On va aller voir si on peut dormir dans la maison, en attendant Skelis.
— Personne de plus dangereux que toi, tu veux dire ? bouda-t-elle en sortant du véhicule.
— Ne tente pas le diable, princesse.
La nuit était tombée, et l’air rafraîchissait rapidement. Sara fouilla dans son sac à dos, y dénicha le vieux cellulaire de son père et activa la lumière intégrée pour s’en servir comme lampe de poche. Sa peau parcourue de chair de poule alerta le démon, qui lui offrit son veston.
— Ça va, je n’ai pas si froid, l’avisa-t-elle en refermant son sac.
— T’es presque à poil, et j’ai pas encore été payé, alors pas question que tu chopes une maladie, et que Skelis s’en serve comme excuse pour me donner moins de fric.
Elle empoigna son sac à dos ainsi que sa précieuse valise de spark, puis s’écarta du véhicule pour que Hans en sorte ses bagages à son tour. Constatant qu’elle grelottait, Hans déposa son veston sur les épaules de la jeune femme. Il frotta ses bras pour la réchauffer, mais elle se dégagea vivement.
— Ça va, je te dis, protesta-t-elle, enfilant tout de même le vêtement trop grand. Je ne vais quand même pas tomber malade à cause d’un courant d’air.
Hans examina ses mains, dégoûté; ce contrat de protection était en train de transformer le féroce dragon en preux chevalier. Quelle horreur !
Vivement qu’on en finisse.
— Tu es sûr que c’est sécuritaire, ici ? dit Sara inquiète en considérant le manoir. Cette maison a l’air de tomber en ruines !
— Je t’ai dit que oui. Mon job est de m’assurer qu’il t’arrive rien, alors arrête de chialer. C’est ici que Skelis nous a dit de le rejoindre, alors, tu iras te plaindre à ton prêtre quand il arrivera si ça te convient pas, Madame la marquise.
Sara ramena davantage le veston autour d’elle en bougonnant. Hans prit leurs bagages rangés sur la banquette arrière de la voiture et en verrouilla les portes. Ils s’engagèrent ensuite tous les deux sur le sentier de pierres menant à la bâtisse décrépite, les hautes herbes leur fouettant les cuisses au passage.
— Je n’ai rien demandé, moi, gémit Sara en balayant les alentours avec la lampe du cellulaire. Pourquoi on est ici ? Pourquoi faire tout ce chemin ? Lukas n’est même pas là ! Si ça se trouve, c’était une ruse de sa part et il n’a jamais eu l’intention de nous payer !
Elle faillit trébucher sur une roche.
— Regarde où tu marches ! Tu fais exprès ou quoi ? la gronda Hans en lui prenant le bras.
— Je voulais juste faire un coup d’argent en échange d’un travail facile et qui ne demandait pas que je suce un pénis, pour une fois ! maugréa Sara en se dégageant. C’était vraiment trop demander ?
— Moi non plus, j’ai rien demandé ! Mais on est dans cette merde ensemble, que tu le veuilles ou pas. Dis-toi que c’est grâce au contrat que Skelis m’a fait signer que t’es toujours en vie. C’est à cause de toi si on est ici, tu le sais, ça, au moins ? Si t’avais pas fait ta maline en téléchargeant un virus dans le réseau de la République, on n’en serait pas là !
— Tu n’es qu’un monstre ! ragea-t-elle en tentant de le frapper.
Hans lui saisit le poignet et l’attira vers lui.
— Et toi, j’te signale que t’es loin d’être une sainte.
Sara lui cracha au visage et il la libéra, amusé. La jeune femme se hâta vers la porte d’entrée du manoir, l’homme possédé sur les talons.
Je devrais être en route pour Cuxkau, moi ! Pas être au milieu de nulle part à traîner les bagages de cette idiote !
Elle tourna la poignée de la porte de bois pourri.
— C’est verrouillé. Il y a peut-être une autre entrée quelque part ? Par le garage ou une fenêtre ?
Hans posa la main sur la poignée, qui n’offrit aucune résistance. La porte s’entrebâilla et une nuée de chauves-souris effarouchées se précipitèrent sur eux. Effrayée, Sara se blottit contre son garde du corps, qui chassa d’un geste exaspéré la vermine volante, afin de l’empêcher de se prendre les pattes dans leurs cheveux.
— Ça va, princesse. À part les loups et les nagarrs, je suis le seul qui te mangerait, ici.
— C’est pas drôle ! dit-elle en le repoussant, ce qui eut pour effet de la faire reculer à l’intérieur du manoir.
— Ça fait pas partie de ma description de tâches, que je sache.
Ils pénétrèrent dans la demeure abandonnée. Une vilaine odeur de renfermé assaillit le démon, de plus en plus convaincu que son odorat surdéveloppé était une malédiction plus qu’autre chose. D’inquiétantes coulisses vertes prenant naissance au plafond s’écoulaient le long des murs grisâtres et moisis, lui confirmant que l’air était vicié. Ils se frayèrent un chemin à travers l’abondante végétation ayant envahi le séjour, les planchers de bois traversés d’humidité se lamentant sous le poids de Hans. L’escalier face à l’entrée croulait sous le lierre rampant. Les comptoirs de cuisine jonchés de détritus et de fientes d’oiseaux à leur gauche n’invitaient guère à s’y faire à manger. Une chouette, nichée au sommet d’une armoire, jugeait sévèrement les intrus. Un arbre jaillissait du plancher du salon et tendait ses branches vers un trou béant, menant au deuxième étage. Hans y hasarda un coup d’œil et découvrit qu’il manquait une partie du toit à cet endroit.
Faut pas rester ici trop longtemps.
— Il n’y a pas d’électricité, bouda Sara. Trouve donc de quoi nous faire un feu, dit-elle en s’affalant dans l’un des fauteuils installés devant le foyer, dont le tissu bigarré laissait croire qu’ils avaient un jour été rouges. Il ne fait pas chaud, ici.
— Relis le contrat ! J’suis pas ton laquais !
— Va chier !
— Toi, va chier !
Hans abandonna leurs bagages près de l’arbre, au milieu du salon.
— Qu’est-ce que tu fais ? bougonna Sara.
— Je vais aller voir s’il y a des chambres propres en haut. Bouge pas.
— Je suis censée faire quoi, en attendant ?
— Rends-toi utile et trouve des bûches pour faire ton feu.
Hans gravit les escaliers de bois menant au deuxième, dégageant à grands coups de pied le lierre qui cherchait à le faire trébucher. Comme pour le reste de la maison, les planchers de l’étage étaient pourris, et les murs, recouverts de végétaux. L’odeur de renfermé, mêlée à celle d’excréments et de rongeurs en décomposition, lui colla au palais et lui donna la nausée. Il toussa quelques coups, se pinça le nez et examina toutes les pièces à la recherche d’une chambre à coucher utilisable, mais dut rapidement se rendre à l’évidence; Sara et lui ne dormiraient pas dans cet endroit contaminé par la vermine et saturé de spores de champignons.
Résigné, Hans revint au rez-de-chaussée pour trouver Sara devant le foyer, une bûche dans les bras.
— Y a des lits dans les chambres en haut, mais y a des crottes de rats partout, l’informa-t-il. Il est pas question que je dorme ici.
— Et c’est moi, la princesse ? rigola la jeune femme.
Sara déposa la bûche dans l’âtre et rabattit le veston de Hans autour d’elle. Elle grelottait de plus en plus.
Les humains sont tellement fragiles, il leur faudrait tous une putain de nounou !
Lui-même sentait le froid lui mordre les os, ce qu’il se garda bien de laisser paraître.
— Dégage, dit-il à Sara en la poussant dans un des fauteuils.
Ignorant les plaintes et menaces de la jeune femme, il entreprit de placer quelques bûches, empilées à la droite du foyer, dans l’âtre, pour former une petite pyramide. Il y avait de vieux papiers journaux empilés sur le manteau de la cheminée et il s’en servit pour allumer une flamme à l’aide de son briquet. Le feu ne tarda pas à prendre, malgré l’humidité.
— On de la chance, les proprios ont fait ramoner la cheminée juste avant de partir, se moqua le démon en appuyant sur le levier permettant d’ouvrir la trappe du foyer.
Hans songeait à ramoner autre chose, mais garda cette savoureuse réflexion pour lui.
— Pourquoi Lukas n’est pas déjà ici ? s’interrogea Sara, en se frottant les mains l’une contre l’autre. Il n’avait pas dit qu’il nous attendrait ? Qu’est-ce qu’il fait ? Tu es vraiment certain qu’on est au bon endroit ?
— Il est peut-être mort, répondit Hans du tac au tac, une main dans sa poche de pantalon et un tisonnier dans l’autre, remuant les braises naissantes dans le foyer. Il est peut-être embroché sur une des gargouilles de la cathédrale de Drares, lui aussi.
— Tu n’es vraiment pas drôle, marmonna Sara en repliant ses genoux contre sa poitrine.
— Mon contrat n’inclut pas de faire le clown pour Son Altesse.
— Ne parlons pas de clown, tu veux ?
Elle entoura ses jambes de ses bras et appuya son menton sur ses genoux. Une larme perla sur sa joue, au profond agacement du démon.
— Comment quelqu’un d’aussi ignoble peut exister ?
— Viktor est un de mes rois; tu t’attendais à quoi ?
Sara ferma les yeux, laissant planer le silence quelques instants. Hans s’accroupit devant le foyer et souffla à nouveau sur les braises. Le feu lécha les bûches humides, qui s’embrasèrent en produisant beaucoup de fumée.
— Si Lukas est mort, nos contrats sont annulés, non ? songea-t-elle tout haut.
— Ils ne sont pas faits au nom de l’Église ?
— C’est vrai, j’avais oublié ! Peu importe ce qui lui arrive, dans ce cas, on sera payés. C’est tout ce qui compte.
— Ouais.
Sara s’égara dans ses pensées, les yeux rivés sur les flammes ondoyantes. Hans rangea le tisonnier avec les autres outils de foyer et prit place dans l’autre fauteuil, à la gauche de Sara. Faisant fi de la sensation désagréable de s’asseoir sur une vieille éponge mouillée, il s’alluma une cigarette. Il ferma les yeux et se cala dans son siège, savourant la nicotine.
— Je pourrais te voler les clés de la voiture pendant ton sommeil, suggéra Sara en posant les pieds sur le rebord en pierres du foyer. Je pourrais m’enfuir pendant que tu dors et tu ne pourrais jamais me retrouver.
— Tu peux toujours essayer, princesse. Même si tu réussis à te cacher des trafiquants de drogue, de
