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Ce Diable qui me Possède: Rois de Brooklyn, #1
Ce Diable qui me Possède: Rois de Brooklyn, #1
Ce Diable qui me Possède: Rois de Brooklyn, #1
Livre électronique277 pages3 heures

Ce Diable qui me Possède: Rois de Brooklyn, #1

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À propos de ce livre électronique

Jacob

Mon père est sur son lit de mort, et on m'a appelé à Brooklyn pour prendre sa place à la tête de la mafia italienne. Après sept ans d'absence, je dois prouver ma loyauté en épousant la petite-fille du chef de la pègre irlandaise. Je n'ai peut-être aucune envie d'une épouse, mais je tuerai quiconque essaie de lui faire du mal.

 

J'espère seulement qu'elle ne s'attend pas à un mariage d'amour. Je ne peux et ne veux pas l'aimer. Jamais. Ce n'est pas dans ma nature.

Brenna

Toute ma vie, il a été question de devoir. Quand mon grand-père signe un contrat de mariage, je deviens un simple pion dans une alliance entre les Irlandais et les Italiens. Une fois de plus, je dois faire mon devoir.

 

J'ai toujours été invisible, effacée dans le décor, et pourtant, peu à peu, mon nouveau mari commence à vraiment me voir.

 

C'est le roi de Brooklyn, mais nos ennemis anéantiront-ils ma chance de devenir sa reine ?

LangueFrançais
ÉditeurLK Shaw
Date de sortie29 avr. 2024
ISBN9798224301454
Ce Diable qui me Possède: Rois de Brooklyn, #1
Auteur

LK Shaw

LK Shaw is the bestselling author of sexy, sinful suspense. She resides in South Carolina with her high maintenance beagle mix dog, Miss P. An avid reader since childhood, she became hooked on historical romance novels in high school. She now reads, and loves, all romance sub-genres, with dark romance and romantic suspense being her favorite. LK enjoys traveling and chocolate. Her books feature hot alpha heroes and the strong women they love. Want a FREE short story? Be sure to sign up for her newsletter and download your copy of A Birthday Spanking, a short story set in the Doms of Club Eden world! http://bit.ly/LKShawNewsletter

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    Aperçu du livre

    Ce Diable qui me Possède - LK Shaw

    PROLOGUE

    — Par les pouvoirs qui me sont conférés par l’État de New York, je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée.

    Je me fige, parée à l’assaut. À la place, ses lèvres effleurent à peine les miennes puis il nous fait nous retourner pour faire face à la petite assemblée composée de ma famille et des deux hommes que je suppose être ses acolytes. J’entends le prêtre parler derrière moi, mais de nouveau, je ne perçois pas ses paroles. Ma mère est en pleurs et mon père, assis à ses côtés, reste stoïque. Je ne parviens pas à regarder mes frères et ma sœur. Mon regard vient plutôt se poser sur grand-père. Il arbore une expression satisfaite. Pourquoi en serait-il autrement ? Il a eu ce qu’il voulait.

    Il se lève de sa chaise.

    — Venez dans mon bureau.

    Il tourne sur ses talons et s’attend à ce que nous le suivions tous.

    Mon – je déglutis avec difficulté – mari pose une main au bas de mon dos et je tressaute en sentant ce contact avec ma peau. Comme un agneau qu’on mène à l’abattoir, je sors de la salle de musique et pénètre dans l’antre de mon grand-père. Je me poste près du bureau, à l’écart de son chemin. Je suis surprise de constater que les seules personnes qui arrivent derrière moi sont mon nouveau mari et cet homme immense et terrifiant.

    Mon grand-père prend un air renfrogné en voyant son apparence.

    — Vous pouvez partir.

    L’homme ignore cet ordre et se positionne contre le mur, les bras croisés, une expression agacée transparaît sur son visage. J’ouvre une bouche presque béante devant cet acte de désobéissance manifeste.

    — Je crains que Pierce n’accepte d’ordres de personne d’autre que moi, dit sèchement mon mari d’une profonde voix grave.

    Une veine se met à pulser près de la tempe de mon grand-père et son visage devient aussi écarlate qu'une tomate bien mûre. Personne ne lui désobéit, du moins pas sans en subir les conséquences. D’une voix faussement calme, il s’approche de son bureau et prend un stylo posé sur une feuille de papier. Mes yeux atterrissent dessus. Certificat de mariage.

    — Signe, dit-il en levant le stylo devant moi.

    Je reste figée, incapable de bouger. Une fois que j’aurai signé, tout sera définitif. Il n’y aura aucun retour en arrière possible.

    Je ne peux pas le faire.

    Je sens un mouvement furtif suivi d’une douleur aveuglante. Les larmes coulent sur mes joues, provoquées par l’impact de la main de grand-père de nouveau venue heurter mon visage, suivi d’un hurlement de rage. Je tourne la tête juste à temps pour apercevoir mon grand-père plaqué contre le mur, qui enserre la main de mon mari serrée autour de sa gorge.

    — Je n’en ai rien à foutre du pouvoir que vous croyez détenir. Si vous touchez encore une fois à ma femme, je vous trancherai la gorge et irai enterrer votre corps là où personne ne le retrouvera jamais. C’est compris ? grogne-t-il.

    Le visage de grand-père prend une teinte pourpre. Il parvient à esquisser un bref signe de tête… et mon mari le lâche. Il tousse, s’étouffe et essaie désespérément de chercher de l’air. Sans aucune considération pour lui qui essaie de reprendre son souffle, mon mari se retourne et vient se poster devant moi en un battement de cils. Il me surplombe, et je dois tendre le cou pour le regarder. Un relent de brutalité assombrit son regard. Il tend le bras, et malgré moi, je tressaille… encore une fois. Il se contente de prendre le stylo que mon grand-père a laissé tomber et me le tend.

    — Notre mariage n’est qu’un arrangement d’affaires, alors je comprends que tu t’y opposes. Nous ne voulons ni l’un ni l'autre nous marier, mais je peux te promettre une chose : je ne lèverai jamais la main sur toi de colère.

    Le ton rauque de sa voix me fait frissonner. Une seconde… s’il ne veut pas m’épouser, lui non plus, alors pourquoi est-ce qu’il l’a fait ? Mon regard parcourt son épaule pour se fixer sur mon grand-père, qui se frotte encore le cou et me dévisage. Ils s’avancent ensuite vers l’homme à la corpulence massive qui reste tapi dans l'ombre au coin de la pièce. Il fixe grand-père. Son silence ininterrompu et son regard dur comme l’acier m’irritent. Son corps semble alerte et prêt à passer à l’action, comme s’il était paré à intervenir à tout moment pour son patron. Enfin, je tourne les yeux vers mon mari qui tient toujours son stylo à la main.

    Je l’observe à nouveau. Ses cheveux sombres sont retroussés au niveau de son front, et ses sourcils forment une courbe sévère au-dessus de ses yeux qui me transpercent. Ils ont la couleur du cognac préféré de mon père. Malgré la férocité qu’il a laissé apparaître il y a seulement quelques instants, ses yeux me paraissent presque doux à présent.

    Je fais un mouvement qui me surprend, tends le bras et prends le stylo. Nos mains s’effleurent. Avant de changer d’avis, je gribouille ma signature au-dessus de mon nom imprimé sur la feuille. Je sens le regard de mon mari posé sur moi. Il me prend le stylo d’entre les doigts et sa peau glisse contre la mienne. La chair de poule remonte tout le long de mon bras. Confuse par ma réaction, je m’empresse de faire un pas en arrière tandis que mon mari, Emilio, signe le papier et écrit son nom à côté du mien.

    Il enroule le certificat et le fourre dans la poche intérieure de son costume. C’est définitif, je viens par cette signature de confier ma vie à un inconnu, un homme qui il y a à peine quelques instants m’a montré à quel point il était brutal. En dépit de la promesse qu’il m’a faite, je ne sais pas si je peux lui faire confiance.

    Bon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ?

    CHAPITRE 1

    JACOB

    Une légère note de fragrance océane flotte au vent. Elle me rappelle ma mère, et tous ces voyages que nous faisions à Coney Island quand j’étais gosse, pendant lesquels je pouvais oublier ma destinée l’espace de quelques heures, cette fameuse destinée que j’ai fuie ces sept dernières années. L’exil que je me suis imposé à moi-même ne va pas durer éternellement. Tôt ou tard, et même incessamment sous peu, mes responsabilités vis-à-vis de la famiglia vont me rappeler chez moi, bien avant que je ne sois prêt à les assumer.

    Je repose mes avant-bras sur la rambarde du balcon au deuxième étage de ma propriété et fixe la vaste étendue de terrain qui s’étale devant moi jusque dans la vallée en contrebas où est nichée la petite ville de Pinegrove, en Caroline du Nord. La rude brise de printemps pénètre mon costume et mon maillot de corps pour venir glisser le long de ma peau, et j’inhale l’air imprégné de sel. Ici, tout est silencieux. On n’entend pas les bruits des klaxons, des sirènes de police, rien que la nature.

    J’entends quelqu’un se racler la gorge derrière moi. Je ferme brièvement les yeux, inhale une dernière longue bouffée d’air frais et salé, puis expire. Il n’y a qu’une seule personne qui oserait interrompre ma solitude. Je me tourne pour faire face à une masse de muscles durs comme le béton d’un mètre quatre-vingt-quinze. Les yeux rouges comme les flammes de l’enfer du tatouage tête de mort qui lui recouvre la gorge en intégralité me fixent par le col ouvert de sa chemise. Ce petit con de Pierce est déjà intimidant en temps normal, mais aujourd’hui, son expression est encore plus sombre qu’à l’accoutumée.

    — Vous avez un appel.

    — Qu’il vous laisse un message.

    Il secoue la tête.

    — C’est Sal.

    On dirait bien que le moment est arrivé.

    Calmement, je me dirige à l’intérieur de la pièce et vais m’asseoir à mon bureau en bois de cerisier massif. Pierce se positionne contre le mur, les bras croisés, et attend. Incapable d’attendre plus longtemps l’arrivée du verdict qui m’attend, je laisse échapper un souffle avant de décrocher le téléphone.

    — Bonjour, Père.

    — Le moment est venu que tu rentres à la maison.

    Est-ce de la fatigue ou une note de douleur que j’entends dans sa voix ?

    — Je crois qu’Oncle Paulie et toi vous débrouillez très bien sans moi.

    — Emilio… Jacob… je suis mourant.

    L’air contenu dans mes poumons se fige à sa déclaration, en entendant mon nom. Pas une seule fois mon père ne m’a appelé Jacob en l’espace de trente-six ans, même si c’est comme cela que m’appelait ma mère, à son grand désarroi. Mon nom sur ses lèvres résonne comme une supplication. Salvatore Ricci ne s’est pas hissé à la tête du syndicat de Brooklyn en suppliant pour obtenir quoi que ce soit.

    — Combien de temps te reste-t-il ?

    — Les médecins m’ont dit entre trois et six mois selon les traitements.

    — Est-ce que quelqu’un d’autre est au courant ?

    Si la nouvelle s’est répandue que mon père est malade, on ne peut pas savoir ce que nos ennemis peuvent prévoir de faire.

    — Non, seul Paulie le sait.

    Il s’interrompt un instant.

    — Pour l’instant.

    Paulie Lasco, mon oncle adoptif et consigliere de mon père depuis trente ans. Je ferme les yeux et compte jusqu’à dix avant de les rouvrir.

    — Pierce et moi prendrons le prochain vol pour New York.

    L’homme appuyé contre le mur se redresse en entendant son nom.

    — Paulie te retrouvera à l’aéroport. Il va tout t’expliquer avant ton arrivée.

    — Oui, monsieur.

    — Emilio… je serai ravi de te voir.

    J’ouvre la bouche, la referme. Je marque un temps d’arrêt avant de la rouvrir.

    — Je ferais mieux d’aller boucler ma valise.

    Je raccroche. Un rugissement sort du plus profond de ma poitrine. D’un seul mouvement, je bondis sur mes pieds et balaie à terre dans un grand fracas tout ce qui se trouve sur mon bureau. Je m’effondre de nouveau dans mon fauteuil et ma respiration laborieuse résonne dans le silence de la pièce.

    — Je vais appeler Agnes pour nettoyer tout cela.

    Pierce s’avance vers la porte pour appeler ma gouvernante.

    — Non, aboyé-je, je vais m’en occuper.

    Il pivote de nouveau vers moi.

    — Qu’est-ce qui se passe, Jacob ? Hormis le fait que nous repartons à New York.

    Il n’y a pas une seule âme sur terre en qui j’aie davantage confiance que l’homme qui se tient à l’autre bout de la pièce. Il a choisi de s’exiler avec moi il y a sept ans, juste après avoir massacré l’ennemi qui avait fait du mal à Francesca. Nous avons été meilleurs amis toute notre vie.

    — Mon père est mourant.

    Pierce vient s’asseoir sur la chaise en face de moi.

    — Quoi ?

    — Il est temps pour moi de faire mon grand retour et de prendre mes fonctions de chef du syndicat.

    Il laisse échapper un souffle irrégulier et glisse une main le long de son visage.

    — Bon Dieu, je n’arrive pas à y croire. Je croyais que Sal nous enterrerait tous. Combien de temps lui reste-t-il ?

    — Pas plus de six mois.

    Tout le monde sait ce qu’impliquera la mort de mon père. Il y aura une guerre civile entre les familles, un contrat sera signé pour m’éliminer, et nos ennemis vont s’allier pour détruire tout ce que mon grand-père a construit.

    Pierce est resté constamment en contact avec Paulie pendant toutes ces années. À l’exception de la maladie de mon père, il en sait certainement plus long que moi sur l’état actuel de notre organisation à Brooklyn. Il est bien mieux préparé à prendre le relais de mon père que moi. Il n’a pourtant aucune envie de prendre les rênes. J’ai été formaté pour assumer cette fonction dès l’instant où j’ai poussé mon premier cri.

    — Vous savez que certains vont remettre en question votre droit de prendre la place de votre père.

    Cela ne fait aucun doute dans ma tête. Quelques-uns ne rêveraient pas mieux que d’usurper mon titre, en particulier en raison de ma longue absence.

    — Ils peuvent toujours essayer, ils n’y arriveront pas.

    Je n’ai peut-être pas envie d’assumer le rôle qui m’a été assigné à la naissance, mais je dois tout de même prendre possession de mes fonctions avec le décès de mon père qui se profile à l’horizon. Je tuerai tous ceux qui essaieront de me prendre cette place.

    — Ils vont exiger que tu prouves ta loyauté, pas seulement envers ton père, mais envers le syndicat dans son ensemble. Cela fait longtemps que tu t’es éclipsé. Les choses ont changé, les alliances ont changé. Nos ennemis ne sont plus ceux qu’ils étaient à une époque.

    — C’est pour cette raison que tu es là, à mes côtés. J’ai confiance en toi et je sais que tu vas me raconter tout ce que tu sais pendant le vol qui nous ramène en ville. Oncle Paulie va nous retrouver à l'aéroport.

    Pierce se lève de sa chaise.

    — Je vais appeler le pilote pour lui dire à quelle heure il doit nous attendre. La voiture sera prête dans une heure.

    J’acquiesce d’un air absent. Je repose mes avant-bras sur mon bureau et les retourne pour fixer mes paumes de mains, couvertes de sang. Son sang à elle. Je vois encore son corps qui gît en plein milieu du lit.

    Pâle.

    Froid.

    Je revois les draps rouges qui quelques heures auparavant étaient d’un blanc éclatant. Je serre les poings comme si je pouvais essorer le sang qui les macule. Comme d’habitude, ça ne marche pas. Il est toujours là, à se moquer de moi, à me rappeler ce souvenir.

    Je me lève de ma chaise, ramasse un par un tous les objets que j’ai fait tomber par terre et retourne à mon bureau. Je traverse ensuite la maison à grandes enjambées et entre dans ma chambre, mon domaine privé. Je déploie mon étui à costumes sur le lit et en empile plusieurs à l’intérieur. Méthodiquement, je mets dans ma valise mes affaires de toilette. J’ouvre le premier tiroir de ma commode et mets de côté mes maillots de corps soigneusement pliés. Dans les sombres recoins du tiroir, mes doigts agrippent une petite pochette en velours.

    D’un mouvement précautionneux, je tire sur la ficelle et renverse le sac sur le côté. Un flacon presque vide de parfum féminin en sort. Je le porte à mon nez et en inhale une bouffée. Je distingue les notes de lilas de la fragrance. Je le lui ai acheté pour son anniversaire il y a huit ans. C’est la seule chose d’elle qu’il me reste. Je remets le flacon dans sa pochette en velours et le range dans mes bagages.

    Mes sacs à la main, je descends les escaliers en bas desquels Pierce se tient. Il me les prend sans dire un mot et sort par la porte pour se diriger vers la citadine qui nous attend. Je ressens une myriade d’émotions explosives, et il le sent. Je reste planté là un instant avant de le suivre dehors. J’ai des responsabilités et suis à la tête d’une dynastie que je ne peux plus ignorer.

    Moins de deux heures plus tard, le jet privé dérape sur la piste d'atterrissage avant de ralentir à la vitesse d’un escargot. Il glisse lentement vers la rangée de hangars qui en bordent le périmètre et la citadine noire postée devant. Deux silhouettes se tiennent à l’extérieur du véhicule. L’avion s’arrête avec quelques secousses. L’un des hommes s’avance pour nous saluer lorsque nous descendons les escaliers.

    — Emilio, ravi de te voir.

    Paulie me serre dans ses bras et me gratifie de plusieurs tapes dans le dos.

    — Ravi de te voir également.

    — Viens, nous allons discuter dans la voiture. Ton père est impatient de te voir.

    Une fois que nous avons tous pris place dans le véhicule, Paulie tend le bras vers le compartiment à boissons. Il nous sert à chacun un verre avant de s’appuyer à nouveau contre le dossier de son siège.

    — Je suppose que Pierce t’a tenu au courant de la situation dans laquelle nous sommes.

    — Oui. Je n’aurais jamais cru voir le jour où Salvatore Ricci tenterait de former une alliance avec les Irlandais, et surtout Colm Donnelly.

    Le chef de la mafia irlandaise a toujours été un pauvre connard sans pitié. La rumeur court qu’il a fait tuer l’un de ses fils.

    — Les Russes sont devenus de vrais nuisibles. Ils semblent avoir oublié leur place, et c’est à nous de la leur rappeler. En nous liguant avec Donnelly, nous envoyons un message à ceux qui pensent qu’ils peuvent débarquer comme cela et prendre ce qui ne leur appartient pas.

    Tout de même, cela reste risqué. Cet Irlandais est froid, calculateur et imprévisible. Je ne crois pas que beaucoup de choses aient changé depuis mon départ de New York. Le moindre petit signe de ce qui pourrait être perçu comme une trahison serait susceptible de faire imploser une alliance.

    — Que va-t-il se passer si Donnelly estime que cette alliance ne sert plus ses intérêts ?

    Paulie et Pierce échangent un regard complice qui ne me fait ni chaud ni froid. Mes yeux font des allers-retours entre les deux hommes.

    — Qu’est-ce que vous me cachez, tous les deux ?

    CHAPITRE 2

    BRENNA

    — Grand-père veut te voir dans son bureau.

    Je relève brusquement la tête du livre appuyé sur mes genoux et regarde mon frère jumeau, Paddy, en plissant les yeux. Il se tient dans l’encadrement de la porte de la bibliothèque. Il sait bien qu’il ne vaut mieux pas m’interrompre lorsque je lis. Mais à cet instant, je saisis véritablement ce qu’il vient de me dire. Grand-père ne demande jamais à me voir. Bordel, même s’il me regardait droit dans les yeux, il ne me verrait pas. Je suis invisible.

    — Je viens dans une minute.

    — Il a dit qu’il voulait te voir tout de suite. Il est de mauvaise humeur, lui aussi.

    Je pousse un soupir agacé, prends le marque-page en tissu que m’avait confectionné ma petite sœur Caitlín et le glisse entre les pages. Je me laisse ensuite tomber sur mes pieds, perchée sur le rebord de fenêtre rembourré qui surplombe le petit jardin que se plaît à entretenir ma mère.

    — Pourquoi est-ce que tu me suis ? demandé-je à Paddy qui me touche presque les talons.

    — On m’a précisément ordonné de t’escorter jusque dans son bureau.

    Je dois mobiliser tout mon courage pour ne pas lever les yeux au ciel. Je suis sûre que les instructions qu’il a reçues n’étaient pas aussi spécifiques que cela. Nous arrivons à la porte du sanctuaire de mon grand-père, et je m’arrête devant, pris d'hésitations à présent que je suis là. Qu’attend-il de moi ?

    — Vas-y, dit Paddy en me poussant doucement l’épaule.

    Je lui donne une claque sur la main, irrité, et lui montre les dents. Je prends une profonde inspiration, tends le bras et entre dans la pièce. Assis derrière un gigantesque bureau en chêne se trouve mon grand-père, Colm Donnelly, le patriarche de l’une des plus puissantes familles de la mafia irlandaise. Malgré le fait que sa tête soit couverte de cheveux blancs, il a une allure effrayante. Sa présence emplit la pièce, même assis.

    — Vous avez demandé à me voir, monsieur ?

    Il lève les yeux et me scrute d’un regard glacial. Je me tiens raide comme un piquet tandis que ses yeux me dévisagent d’un air critique. Il cligne des yeux et se contente de voir à travers moi, jugeant avec dédain que je ne suis personne, comme tous les autres. Un picotement familier qui ne faiblit jamais s’ensuit.

    — Assieds-toi.

    J’essaie de ne pas tressaillir en l’entendant proférer cet ordre autoritaire. Avec précaution, je me perche sur le rebord de la causeuse ornée d’un liseré doré de ce côté de son bureau, les mains serrées sur mes genoux. Grand-père écarte les doigts sous son menton.

    — Emilio Ricci revient à Brooklyn.

    Il marque un temps d’arrêt comme si cette déclaration devait avoir une quelconque signification pour moi.

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