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Bye, Bye la police!
Bye, Bye la police!
Bye, Bye la police!
Livre électronique277 pages4 heures

Bye, Bye la police!

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À propos de ce livre électronique

Le jeune Bernie Matte a toujours rêvé de devenir détective privé depuis qu’il a lu la collection de romans policiers américains de son père signés Mickey Spillane. Il devient plutôt policier à Montréal, mais il est rapidement déçu, car le travail est monotone et routinier. Pour assouvir sa passion secrète, il se met à enquêter sur les criminels qu’il côtoie quotidiennement et note dans un petit carnet noir tout ce qui les concerne. Ces agissements vont rapidement attirer l’attention du Milieu montréalais et faire de lui la cible d’une agression mystérieuse. Ses patrons de la police vont rapidement être agacés par ses agissements non orthodoxes et lui faire une offre qu’il ne pourra pas refuser: quitter la police discrètement et obtenir facilement sa licence de détective privé. Le soir de l’ouverture de son agence, il se fait tirer dessus. Mais qui lui en veut à ce point?
LangueFrançais
Date de sortie24 oct. 2017
ISBN9782897861636
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    Aperçu du livre

    Bye, Bye la police! - Bernard Tétrault

    Copyright © 2017 Bernard Tétrault

    Copyright © 2017 Éditions AdA Inc.

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

    Éditeur : François Doucet

    Révision linguistique : Daniel Picard

    Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Émilie Leroux

    Conception de la couverture : Mathieu C. Dandurand

    Mise en pages : Kina Baril-Bergeron

    Illustration de la couverture : Getty Images

    ISBN papier 978-2-89786-161-2

    ISBN PDF numérique 978-2-89786-162-9

    ISBN ePub 978-2-89786-163-6

    Première impression : 2017

    Dépôt légal : 2017

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives nationales du Canada

    Imprimé au Canada

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC)

    pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Conversion au format ePub par:

    www.laburbain.com

    Du même auteur

    Johnny Aspiro, détective très privé Des histoires d’infidélité, Éditions AdA, 2017.

    Matricule 728 Servir et se faire salir Mon histoire, Éditions AdA, 2015.

    Me Jean-Pierre Rancourt Les confessions d’un criminaliste, Éditions Stanké, 2015.

    Claude Poirier 10-4,

    Éditions Stanké, 2013.

    Confidences d’un agent double En mission à 14 ans,

    Éditions Publistar, 2009.

    Claude Poirier Sur la corde raide,

    Éditions Stanké, 2007.

    Prologue

    Bernie Matte allait se souvenir toute sa vie durant le soir du 25 novembre. Il venait d’atteindre son but. De réaliser son rêve d’enfance. Non seulement avait-il obtenu et déjà encadré son permis de détective privé en règle, mais il venait d’inaugurer sa propre agence d’investigation. Avec une partenaire faite sur mesure pour lui. Une amie d’enfance, blonde comme le blé, âgée de 27 ans et taillée au couteau qui lui faisait battre le cœur et enjolivait ses nuits, même s’il devait se contenter d’en rêver.

    Ils avaient fêté ça en grand avec parents et amis à leurs bureaux loués pas trop cher sur la rue Saint-Paul dans le Vieux-Montréal. Une aubaine qui leur était tombée du ciel. Ce qui était assez rare merci dans ce coin de la ville. Ils étaient restés les derniers au bureau après la fête. Pour ramasser un peu et tout bien fermer à clé. Il avait secrètement espéré étrenner leur nouveau canapé en cuir rouge vin, car il avait vu à ce que ce soit un sofa-lit. Après tout, un détective privé célibataire, ça couche souvent au bureau et des fois en bonne compagnie, s’était-il dit en fantasmant. C’était en tout cas comme ça dans les romans policiers. Mais il avait dû se contenter d’en rêver. Il n’avait pas osé aller plus loin avec sa superbe associée, constatant bien qu’elle n’en était pas là. Mais vraiment pas.

    Ils étaient sortis de leur bureau vers 22 h 30. Il le fallait. Mère célibataire, Shirley devait passer chercher sa petite de sept ans, Amélie, chez sa mère avant d’entrer chez elle. Ils s’étaient dirigés en zigzaguant vers le stationnement payant où il avait laissé sa Corvette rouge Ferrari, plus fatigués qu’étourdis par l’alcool, se taquinant et riant joyeusement. Deux êtres grisés par le succès et en apparence seuls au monde. Mais ils n’étaient pas vraiment seuls. Tapie dans le noir, une ombre s’approcha en douce alors que Bernie sortait ses clés. Il n’y vit que du feu. Comme dans un rêve, il entendit vaguement trois détonations. Mais surtout des cris de femme en détresse. Tout se mit à tourner, à tourner. Puis… black-out total ! Il se réveilla à l’urgence de l’Hôpital Saint-Luc. Trois jours plus tard. C’était la deuxième fois qu’il se retrouvait là. Inconscient sur une civière en l’espace de quelques semaines. Dans des conditions par trop similaires à son goût. Ça s’appelait pour le moins mal commencer sa carrière de privé…

    Première partie

    Un policier écornifleur

    – 1 –

    Bernie mit deux mois avant de savoir pourquoi, précisément, on semblait prendre un malin plaisir à l’expédier ainsi à l’hôpital. Ce qui l’aida à comprendre, c’est quand son ami Costas le mit au courant d’une réunion secrète tenue à son club de danseuses Chez Aphrodite durant laquelle on avait discuté de son cas. Et ce n’était pas exactement des couventines qui assistaient à cette réunion.

    Costas Kostasdakis, un sympathique immigré grec, était aussi bien acoquiné avec les représentants des forces de l’ordre que de celles du mal. Installé dans le secteur de La Main depuis des années, il y était une véritable institution à lui tout seul. Il avait auparavant été propriétaire d’un bar appelé Le Club, situé à quelques pas de Chez Aphrodite, rue Sainte-Catherine Est à Montréal. Ce bar allait devenir plus tard le fameux Bar Apollon, couru par ces dames pour ses beaux danseurs nus. Des fiers-à-bras avaient assassiné une danseuse à coups de pied et à coups de poing au Club. Costas se trouvait derrière le bar ce soir-là. Mais il n’avait rien vu. Rien entendu. C’est du moins ce qu’il avait juré au procès des assassins plus tard. Pourtant, il les connaissait très bien. Ils fréquentaient régulièrement son bar. Ils s’étaient même cachés dans un chalet lui appartenant pendant des mois avant d’être arrêtés par la police. Sa mémoire défaillante lui avait valu le respect à vie des gangsters de tout acabit.

    Un détective, membre de l’Escouade des homicides de Montréal, Méo Lafleur, était tellement souvent Chez Aphrodite que les clients pensaient que la place lui appartenait. Ce qui n’était pas le cas. Les plus assidus le savaient. Ils étaient aussi bien au courant qu’il ne fallait pas toucher à Gina, la barmaid favorite du patron, qui était sa maîtresse depuis des lustres. Les membres du Milieu ne fréquentaient pas l’endroit régulièrement. À cause de la présence du policier des Homicides et de ses semblables. Mais, pas bêtes les gars, ils y tenaient leurs réunions secrètes les jours de congé de Gina. Assurance qu’il n’y aurait pas de forces de l’ordre dans la place. Garantie de sécurité contre leurs ennemis puisque la place était reconnue comme étant sous la protection de la police. Costas leur réservait toujours la pièce du fond où se jouaient les plus grosses parties de cartes en ville. Ils pouvaient s’y faufiler, et le faisaient tous, par la porte qui donnait sur la ruelle d’en arrière une fois leurs voitures stationnées à plusieurs rues de là. Pour ne pas attirer l’attention.

    Ce soir-là, toute la grosse gomme interlope de Montréal était à la réunion. Tous les représentants des quatre secteurs bien délimités de la ville, l’est, le nord, l’ouest et le centre. La réunion était dirigée par Luigi Costello, chef incontesté de la ville et top jeton du gang appelé du centre. Il était le Parrain de la mafia montréalaise. Son quartier général était le chic restaurant Chez Luigi. Le restaurant portait son nom, pas seulement parce qu’il était vantard, et comment !, mais surtout parce que c’était la seule entreprise enregistrée légitimement à son nom dans le quartier italien situé dans le nord de la ville. Ce soir-là, en plus de ses habituels gorilles de service, il avait un invité spécial à présenter.

    — Messieurs, dit-il cérémonieusement, vous avez ce soir un rare privilège. Un des représentants de la grande famille de New York à laquelle on est associé, Tony Moreno, s’est déplacé pour vous exposer en personne le plan dont je vous ai parlé la dernière fois : importer d’un seul coup 50 millions de dollars de cocaïne qui aura, une fois coupée à notre manière, une valeur de 500 millions de dollars sur la rue. De quoi satisfaire tout le monde pour un bon moment. À condition que tout le monde participe au financement à parts égales.

    — Mais auparavant, permettez-moi de vous présenter à lui.

    — D’abord, Tony, voici Normand « Norm » Giguère. Il dirige le gang de l’est de Montréal. Norm sort du pénitencier, mais il n’a jamais perdu le contrôle des rackets de son secteur tellement ses gars lui sont fidèles. Spécialiste de vols de banque, il s’est recyclé dans à peu près tout ce qui est payant, dont la drogue, bien sûr. Son quartier général est le Resto-bar de l’Est, un endroit qui reçoit des artistes connus toutes les semaines. Ce qui lui a permis de se monter une clientèle fidèle et payante dans le milieu artistique local. Et on le sait tous ici, les artistes, ça consomme !

    — Le taureau à côté de lui, c’est Gérard « Gerry » Jarry. Il vient du quartier Rosemont et mène le gang du nord. Leur siège social, c’est le Bar-café du Nord à Montréal-Nord, un immense club semi-chic reconnu dans tout son secteur pour ses groupes rock et parce qu’il est fréquenté les jeudis, vendredis et samedis soir par les plus belles poupées du coin. Gerry, qui a fait 10 ans de pénitencier à partir de ses 16 ans, car, à l’époque, on envoyait même les adolescents au pénitencier, a fait fortune en investissant dans un laboratoire d’amphétamines. On les produit légalement ici et on les vend illégalement en Floride, où on en est friand.

    — Finalement, voici Joseph « Joe » Horvath, chef du gang de l’ouest ou gang des Anglais comme les autres les appellent. Joe n’a jamais fait de prison. Il a un diplôme de McGill en criminologie. C’est pourquoi son groupe est le seul qui fournit les milliers d’étudiants de cette université réputée à travers le globe. Ses gars se spécialisent dans les gros vols à main armée. Surtout les attaques contre les camions blindés et les camions de marchandises. Ils contrôlent aussi la drogue dans les bars de l’ouest de la ville. Rue Crescent et environs. Leur lieu de rendez-vous préféré est le bar Four Clover du West-End qui lui appartient. C’est situé à l’extrême ouest de la ville, adjacent à un motel de 200 unités qui offre des chambres à l’heure et qui ne sert pas qu’à dormir et à bavarder sur le temps qu’il fait dehors. Tu comprends ce que je veux dire !

    — Tous ces commerces, tu t’en doutes, Tony, ne sont évidemment pas à leurs noms. Sauf dans le cas de Joe qui n’est fiché nulle part. Pur hasard évidemment, leurs gérants sont tous de nationalité italienne et membres de notre belle et grande famille…

    Après s’être fait servir des bouteilles de cognac à 200 dollars la copie par le patron du bar lui-même, car il n’était pas question que quelqu’un d’autre les voie là, Luigi donna la parole au représentant du Parrain new-yorkais qui ne mâcha pas ses mots.

    — Le plan, messieurs, est bien simple. Nous, de la famille, investissons 35 millions de dollars : 20 millions de nous autres à New York et 15 millions du gang à Luigi. Puis, vous autres, vous investissez chacun 5 millions. Où allez-vous prendre les 5 millions ? Ça, c’est votre problemo. Nous, on a le cash. On n’attend que le vôtre pour fermer le deal. Je sais, c’est gros, puis on va ramasser plus que vous autres. Mais c’est nous autres qui avons le contact en Colombie. C’est nous autres qui allons tout organiser. Vous n’avez qu’à collecter puis à vous bourrer la face.

    — Combien de temps avons-nous pour réunir ce montant ? demanda Norm Giguère.

    — À qui va-t-on confier une telle somme ? ajouta Gerry Jarry.

    — Vous voulez tout ça en argent comptant ? dit Joe Horvath.

    — On a 30 jours pour y arriver de répondre le mafioso de New York. Je sais, je sais, c’est court. Mais c’est le marché qu’on vous offre. On n’a pas à vous dire pourquoi. C’est ça, c’est tout. Puis oui, on veut tout en comptant. C’est Luigi, votre patron, qui va faire la banque. D’autres questions ?

    Tous se sont dits d’accord sans un brin d’hésitation. Aucun d’eux n’hésitait jamais devant le Parrain. Pour ne pas éveiller ses soupçons, car il était très soupçonneux. Pour ne pas se ramasser sur sa liste noire, car on ne savait comment il réagirait. Il faut dire que leurs rackets, chacun dans son secteur, rapportaient à peu près les cinq millions exigés chaque mois. Sans impôt évidemment. Cet argent, provenant de la prostitution, du prêt usuraire, du vol et du trafic quotidien de tous les stupéfiants imaginables, était en plus investi dans plusieurs commerces légitimes. Surtout des entreprises de services. Des bars, des restaurants, des blanchisseries, des entreprises de collectes d’ordures, des salons de bronzage. D’aucuns de pures façades, mais d’autres, très lucratifs. Cette offrande, qui ne se présentait pas souvent, comment lui tourner le dos ? Dix fois la mise. Cinquante millions de retours pour un investissement de cinq millions, ça ne se refuserait même pas à un non-Parrain !

    — Buvons à notre entreprise, chantonnèrent-ils en chœur ! Oui, salut, salute, cheers ! Aux honnêtes travailleurs !

    — Maintenant, dit Luigi, Tony va nous quitter. Sa limousine et ses gardes du corps l’attendent dehors. Il retourne immédiatement dans la Grosse Pomme. Nous autres, on a de la business locale à discuter.

    — Oh ! Avant de partir, demanda Tony, en s’emparant d’une des fioles de cognac, je peux amener ça pour la route, les gars ?

    Tous acquiescèrent. Qui allait oser le contredire ?

    Une fois le mafioso de l’oncle Sam parti, Norm, Gerry et Joe remercièrent chaleureusement celui qui chaque semaine relevait 20 pour cent de tous les revenus de leurs rackets, leur patron Luigi. Ils lui portèrent toast par-dessus toast, tout en rêvant tout haut aux beaux 45 millions de dollars de profit net qu’ils allaient chacun faire grâce à lui. Après s’être entendus pour le versement de leurs parts, Norm Giguère demanda le silence.

    — Patron, on a un petit problème qui pourrait devenir gros. C’est pourquoi je vous en parle tout de suite.

    — Quoi encore ? dit Luigi.

    – 2 –

    Le chef du gang de l’est se racla la gorge. S’adressant avec respect au patron de la pègre de Montréal, il se mit à raconter dans son langage pour le moins coloré ce qui le tracassait.

    — Un de mes vendeurs de drogue, puis plusieurs ensuite ont commencé à me parler d’un policier de mon secteur qui commence à leur tomber sur les rognons. J’ai fait ma petite enquête pour voir ce qui en retournait et j’ai pu identifier l’écornifleur en question.

    — L’écornifleur ? Qu’est-ce que tu veux dire ? questionna le mafioso. Parles-tu d’un gars qui se met le nez où il n’a pas d’affaire ?

    — Ça en a bien l’air, Don Luigi. Écoute bien ça et dis-nous ce que tu en penses. Le gars en question ne dérange jamais personne du gang quand il est en service et patrouille en uniforme. Ni les prostituées sur les coins de rue ni les revendeurs de drogue. Tout ce qu’il fait, il les observe, il écrit des notes dans un petit calepin noir et il continue sa tournée comme si de rien n’était. Pas un mot, pas un geste.

    — Ça ne me semble pas bien grave ce que tu nous dis là, commenta Luigi.

    — Attends, ce n’est pas tout. Là, je t’ai parlé des fois où on le voit durant ses heures de travail. Mais il ne fait pas que cela.

    — Ah non ?

    — Non.

    — Alors ?

    — Plusieurs de mes employés et de mes contacts m’ont rapporté qu’ils voient régulièrement le même gars dans les bars et brasseries où nous avons en permanence des revendeurs et des filles qui vendent du rêve. Mais là, il n’est plus en uniforme. Il est habillé en play-boy, il conduit une vieille Corvette rouge des années 70 et il fait la tournée. Il n’est jamais accompagné et ne boit presque pas. De temps en temps une bière, souvent des Perrier citron. Il ne parle qu’aux belles filles, qu’aux canons. Mais je me demande si c’est vraiment cela qui l’intéresse. Tellement que j’ai décidé de savoir qui il était au juste. Au cas où…

    — Une Corvette rouge, hein, de remarquer Luigi ?

    — Oui, une Corvette rouge.

    — Un de nos gars dans le secteur de La Main nous a parlé d’un gars qui va d’un bar à l’autre depuis un moment et qui commence à intriguer bien du monde.

    — Ah oui ?

    — J’ai fait faire une petite enquête, et on m’a dit de ne pas m’inquiéter. Que c’était juste le jeune agent Bernard Matte qui a fait ses premières heures de patrouille dans le bas de La Main. On m’a dit que le soir, il y revient régulièrement se payer du bon temps, tu sais ce que je veux dire…

    Jusque-là, Gerry Jarry du gang du nord et Joe Horvath du gang de l’ouest s’étaient contentés d’écouter sans intervenir. En entendant Corvette rouge et Bernard Matte, ils sursautèrent.

    — Plusieurs de mes associés dans les bars m’ont parlé d’une Corvette rouge qu’on voit régulièrement dans nos stationnements ! de s’écrier Horvath.

    — Mais je le connais, Bernard Matte, d’ajouter Gerry Jarry. C’est un gars que j’ai connu plus jeune. Lui et son frère ont été élevés dans le quartier Rosemont comme moi. On a joué au hockey ensemble. On a fait de la culture physique au même gymnase. On a même fait nos premières expériences avec les mêmes filles faciles à un moment donné.

    — C’est lui, en effet, de confirmer Norm Giguère. J’ai aussi fait mon enquête. Un de mes contacts au poste de police de mon coin, un marginal qui joue un peu trop au casino et est obligé de nous emprunter de l’argent, me l’a confirmé.

    — Mais personne ne l’appelle Bernard, de préciser Gerry Jarry. Bernie qu’on l’appelle. Bernie, tout court. C’est un gars correct. Un bizarre qui a toujours été à part des autres. Nos vieux diraient une vraie tête croche. Lui et son frère Louis se tenaient avec Pop Savard qui est maintenant le chef des Diables de l’enfer

    — Un gars a le droit de s’amuser, même un policier, renchérit Don Luigi. Mais ce sont en effet des agissements bizarres parce que moi aussi j’ai entendu parler du petit calepin noir.

    — C’est quoi cette histoire de calepin, Luigi ? de demander Joe Horvath.

    — Je n’en ai pas parlé tout de suite pour ne pas vous faire paniquer, mais plusieurs de nos associées nous ont parlé d’un client qui, lorsqu’il va aux toilettes des bars, en profite pour griffonner des notes dans un petit calepin noir. On a pensé qu’il s’empressait d’écrire les numéros de téléphone de ses conquêtes. Pour ne pas les oublier. Mais là, avec ce que je viens d’entendre, je commence à me poser de sérieuses questions. Le calepin le jour, le calepin le soir. Je commence à trouver que ça fait un peu trop de conquêtes pour un seul individu. Vous ne trouvez pas, vous autres ?

    — Alors, qu’est-ce qu’on fait, de dire Horvath ?

    — On le surveille chacun dans nos territoires. Disons qu’on met la pédale douce pour le moment. On le laisse prendre ses notes et on en prend nous aussi. À la prochaine réunion, on fait le point. On décidera alors si on va voir de plus près ce qu’il y a dans ce maudit calepin. Avec l’escouade des bras s’il le faut. Mais pour le moment, personne n’y touche. C’est un policier, et ce n’est jamais bon de leur chercher noise.

    Don Luigi prit soin de préciser : « State Fermi ! Ne bougez pas ! Tant que je ne vous le dirai pas. C’est un ordre formel ! »

    – 3 –

    Le policier écornifleur dont ils parlaient, c’était bel et bien Bernard Matte. La Corvette rouge, c’était son bolide. Et le petit calepin noir qui allait passer à un poil de le faire trépasser, c’était son dada. Il était devenu patrouilleur à la police de Montréal et… il n’aimait pas son travail. Rien de surprenant à cela, disait sa mère dont le mari était militaire, il n’avait jamais eu le pas. Bernie ne se gênait pas pour le dire, il n’avait jamais voulu l’avoir. Et il sentait qu’il ne l’aurait probablement jamais de sa vie malgré ce que son père appelait les leçons de la vie. Sa mère lui avait tellement répété qu’il était une

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