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Résurgence: Roman policier
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Livre électronique194 pages2 heures

Résurgence: Roman policier

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À propos de ce livre électronique

Quelle est l'identité de cette mystérieuse noyée dont personne n'a déclaré la disparition ?

Une femme est retrouvée noyée depuis bien trop longtemps pour être identifiable. Aucune déclaration de disparition, même ancienne, ne correspond. La brigade de gendarmerie se doit de trouver son identité avant de se mettre à la recherche de son meurtrier, car il ne s’agit certainement pas d’un suicide, on se suicide rarement avec les mains et les pieds attachés.

Plongez-vous dans ce roman policier des plus sombres qui recèle bien des surprises...

EXTRAIT

Au moins, voilà un point de vérité à la romance de Jean-Michel Bournet. Si un détail est vérifié, il y a de grandes chances que le reste soit vrai. Le mari a-t-il eu le temps de rentrer avant sa femme ? Apparemment pas, car s’il avait trouvé le mot de rupture, il aurait fait un esclandre d’après M. Bournet. Il a pu être plus malin et très retors, ne rien laisser paraître et garder cette preuve pour leur ressortir au moment opportun, c’est-à-dire maintenant. Une telle attitude dénoterait un homme froid et calculateur, prévoyant le pire. Mais elle en a vu d’autres, des tordus, et demande à La Première.
- Mme Marchand, avez-vous envoyé à l’analyse la lettre de rupture d’Isabelle Colin ?
- Oui, et les résultats viennent d’arriver. C’est bien elle qui l’a rédigée, sans aucun doute possible, mais, car il y a un, mais, l’encre est beaucoup plus ancienne. Le degré de séchage et les particules déposées dessus remontent à bien plus de trois mois. Il va en avoir des choses à nous expliquer lors de sa déposition. Nous verrons bien si « monsieur réponse à tout » reste tempéré et impassible, bon camarade comme dit son patron. J’ai appelé le centre de détention d’Eysses, Mlle Colin n’est jamais venue voir son frère. Il faut croire qu’ils avaient cessé toute relation. Il leur reste un prisonnier qui a partagé un temps la cellule d’Arnaud Colin, je lui rendrais une petite visite demain. Je tiens à en apprendre le maximum sur cet homme qui semble avoir disparu de la circulation. Toujours pas de nouvelles du véhicule de Mlle Colin ?
La question, posée à la cantonade, tombe à plat : pas de réponse.
- C’est quand même un monde ! elle n’a pas pu s’évaporer et personne ne va voler une Ford Fiesta, surtout de cet âge. Rappelez la police municipale et étendez les recherches, JE VEUX CETTE VOITURE !!! s’énerve Ève.
- J’ai déjà lancé un avis de recherche sur toute la France, on va bien finir par mettre la main dessus, à moins qu’elle ne soit dans un garage fermé, ou désossé pour la revente en pièces détachées. J’ai vérifié moi-même la liste de toutes les voitures envoyées à la destruction depuis le 15 décembre, j’ai même fait les véhicules incendiés, ceux du Premier de l’an notamment. Si elle est sur la voie publique, nous la retrouverons, renchérit Vincent.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Sandrine Larrouzet est autodidacte. Passionnée de lecture, elle a commencé à écrire sur le tard, quand la vie lui a laissé un peu le temps. Résurgence est son troisième roman.
LangueFrançais
Date de sortie26 sept. 2019
ISBN9791037700124
Résurgence: Roman policier

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    Aperçu du livre

    Résurgence - Sandrine Larrouzet

    1

    Quelques années auparavant, quand on trouvait une allumette, on ne pouvait que relever les empreintes si nécessaire, en déduire suivant sa combustion si l’on a à faire à un fumeur de cigarette, pipe ou cigare. Si elle n’a pas été allumée, elle appartient peut-être à un ancien fumeur qui n’aime pas le chewing-gum et se calme en mâchouillant ce bout de peuplier.

    Maintenant, vous envoyez votre bout d’allumette à la scientifique, ils vous donnent éventuellement le profil ADN, mais aussi la marque de la boite, la situation géographique du bois et l’âge de l’arbre. On est loin de la police de Maigret, où seule la réflexion comptait. Avec beaucoup de chance et un peu de jugeote, on pouvait inculper un coupable.

    À l’heure actuelle, il s’agit plus d’un travail de groupe où chacun a sa spécialité, de celui qui relève les indices au roi de l’informatique, en passant par la brute qui va effrayer le suspect lors des interrogatoires.

    Dans la brigade, c’est souvent Ève qui prend naturellement le rôle du méchant. Bien qu’étant une femme, donc physiquement moins impressionnante qu’un homme, elle peut les liquéfier rien qu’en les regardant. À croire que l’expression fusiller du regard vient d’elle.

    C’est aussi le commandant de brigade du petit groupe qu’elle encadre. Elle déteste la qualification de « chef » et le dernier qui l’a appelée ainsi lors de leur première rencontre s’en souvient encore. Après un respectueux :

    — Bonjour, chef !

    Il a vu un bloc de glace, figé, lui répondre :

    Pas de chef, pas de patron non plus, vous m’appelez madame Marchand, ou Ève, ou commandant, ou comme il vous plaira. Vos collègues vous mettront au courant, bienvenu à la brigade.

    Ce pauvre Vincent Ligles en est resté interloqué et se souviendra tant de son arrivée que du nom de sa patronne.

    Elle connaissait bien les blagues sur son patronyme, la plus courante étant « Marchand de rêve » qu’elle traînait comme une malédiction depuis la maternelle. Mais qu’elle mouche avait donc piqué ses parents pour lui donner ce prénom, ils n’ont pas dû réfléchir à la corrélation. Ève Marchand prête moins le flanc aux jeux de mots imbéciles.

    Depuis son plus jeune âge, elle s’était donc habituée à garder les yeux bien ouverts, attentive à tout et à tous, se faisant un point d’honneur à se souvenir du moindre détail, un malin plaisir à prendre en défaut tous les médisants de son entourage. Qualités et habitudes qui lui rendent de grands services dans sa fonction d’enquêtrice, cause ou effets, on ne le saura jamais.

    Elle s’aperçoit très vite que ses hommes (bien qu’il y ait deux femmes dans l’équipe, il n’y a pas de mots pour la mixité) l’appellent entre eux « la Première ». Bien qu’elle n’ait pas encore trouvé son Adam et ne croque pas dans la pomme tous les matins, ce surnom la suit et la poursuit dans sa vie professionnelle.

    À quarante ans, elle est toujours célibataire, se contentant d’aventure d’un soir. Son métier absorbe son temps et son énergie. Pas un conjoint ne supporterait ses horaires irréguliers et à rallonge, une femme qui côtoie indifféremment les malfrats et les morts, qui n’a en tête lors d’un dîner aux chandelles que l’enquête en cours. Cette situation lui convient parfaitement, son hyperactivité est comblée, son amour de la justice satisfait dans la majorité des cas.

    C’est le contact avec la population qui l’a poussée à demander cette mutation dans une petite structure. La campagne lui faisait un peu peur, craignant un manque de culture, musées, bibliothèques, cinéma, synonyme d’un ennui profond. Mais nos petits villages dégagent une telle douceur de vivre que les balades et les discussions entre voisins ou au marché compensent amplement, elle gagne tous les jours en sociabilité. Elle sait se fondre à la population, mais pour le jardinage, elle n’est pas encore prête à se salir les mains. Elle préfère se jeter dans un bon livre lors du peu de temps dont elle dispose.

    Le cadavre, repêché ce matin même dans la Molide, la rivière locale, ne va pas arranger ses loisirs. Fini le samedi tranquille, la sieste de l’après-midi s’éloigne à tire d’ailes.

    C’est à priori une femme qui macère depuis quelques mois. Elle dirait deux par expérience, sait aussi que les empreintes seront inexploitables, l’ADN ne servira pas à grand-chose si elle n’est pas répertoriée dans les fichiers. Cela arrive plus souvent qu’on ne le croie, tout le monde n’est pas repris de justice et seules les dents peuvent identifier un corps tellement gonflé, méconnaissable au point de ne pouvoir se faire une idée de la silhouette de départ.

    Le médecin légiste est souvent un magicien, mais ne pourra certainement pas les éclairer sur la couleur des yeux, les globes oculaires ayant été mangés par les poissons. Ces petites bêtes adorent les corps mous, mais ont quand même attaqué à divers endroits,comme une souris grignoterait un morceau d’Emmental, décider le meilleur angle d’attaque.

    Le pêcheur qui a remonté cette pauvre dame ne va pas être d’une grande utilité. Du peu que Steve a pu le faire parler, il démarrait sa saison de pêche. Deuxième week-end du mois de mars, ouverture de la truite, immanquable pour notre homme qui cherche des coins où personne ne se risque. Des endroits broussailleux, du bois flottant, lieux où se cache le poisson, mais que peu aiment, rien de tel pour perdre hameçons et bouchons accrochés à une branche immergée. Mais lui y va, loin de la foule qui se presse sur les berges dégagées, un pêcheur tous les deux mètres en moyenne. Monsieur Dubourg pêche à la mouche, qu’il fabrique lui-même, précise-t-il. Il se targue de viser parfaitement, aime débusquer les truites sous les arbres tombés.

    Après la tempête qui a ravagé le sud-ouest le 24 janvier, ce n’est pas le bois arraché qui manque et c’est une chance, plutôt une guigne pour lui, qu’il ait jeté son dévolu sur cet endroit précis. En ramenant son fil, il a senti une résistance, mais pas celle du poisson qui se débat pour retrouver sa liberté. Pensant avoir accroché une branche flottante, il a ramené tout doucement, surtout ne pas casser la ligne, et a vu remonter dans cette eau trouble, comme une touffe de poils. Il dit touffe, car il ne trouve pas d’autres mots.

    Vous comprenez, il n’y en avait pas partout, des cheveux, je croyais relever un animal crevé, blaireau ou autre. Mais je me suis dit qu’il valait mieux le sortir de là, pas le raccrocher plus bas. Dès que je me suis aperçu qu’il s’agissait d’un macchabée, Dieu le garde, j’ai pris mon portable et je vous ai appelé.

    Steve connaissait la suite, il était de garde ce samedi matin et avait pris lui-même la communication. Le calme de son interlocuteur et la nouvelle annoncée ne concordaient pas, il a failli ne pas le croire. Après avoir alerté son chef, qui a elle-même prévenu le commandant de compagnie du chef-lieu, il s’est déplacé quand même, comme son devoir l’exige, pour se trouver devant ce pêcheur expérimenté, dans tous les sens du terme, un de ces anciens comme il en reste peu, un visage marqué et buriné, des yeux toujours pétillants, pas le genre à s’affoler sans raison. Il relève ses coordonnées, pouvoir le joindre si nécessaire, le laisser finir sa journée de pêche.

    Je crois plutôt que je vais aller boire un coup, je ne verrais plus jamais le poisson de la même manière, déclare-t-il en guise de salut.

    Steve est le plus ancien de la brigade, un vieux de la vieille et son expérience déforme sa vision des gens. Il connaît leur hypocrisie, leur méchanceté, leur haine et leur désir de vengeance. Il est désabusé par l’humanité et impassible quoiqu’il arrive, s’attendant à tout, donc au pire. C’est pourquoi on l’envoie souvent constater et interroger les témoins, patient avec les excités, un brin paternel avec les angoissés, il tire toujours le meilleur de chacun. Quand il est passé, pas besoin de recommencer l’audition, on peut être sûr que tout a été dit.

    Ses origines anglaises, Leftorn n’est tout de même pas un nom du Sud, lui ont laissé ce flegme proverbial. On ne l’a jamais vu en colère, personne n’y tient, car c’est un grand gaillard, de qui émane une certaine puissance, malgré un léger embonpoint dû à l’âge.

    La brigade est maintenant au bord de l’eau et met en place un périmètre de sécurité en attendant le procureur et la brigade de recherche (la scientifique) pour les premières constatations et qui prendra normalement la suite de l’enquête. Le maire est également présent sur les lieux, comme à chaque décès suspect sur sa commune. Mais il n’y a pas grand-chose à délimiter, aucun curieux dans les parages. Le passage de la civière dans ces broussailles sera un moment épique.

    Ils ne touchent à rien avant que le légiste voie le corps et commence les premières observations. Ils emballeront ensuite chaque main dans un sachet noué aux poignets, sans conviction. L’eau de la rivière aura nettoyé les restes sous les ongles, les prélèvements systématiques pour retrouver des cellules ou des fibres en cas de bagarre ou de geste de défense se révéleront négatifs.

    — La scientifique risque de ne pas servir à grand-chose sur ce coup, murmure Milou à Steve.

    La petite Mathilde est restée au standard, mais il est quasi impossible qu’il tombe deux affaires urgentes au même moment. Un noyé sur la commune va faire du bruit, autrement plus que les querelles de voisinage et autres accrochages routiers. Les affaires de drogue, en général de la marijuana, font partie du plus gros coup de la brigade. Un réseau de revendeurs, tous consommateurs, a été démantelé l’an dernier,mais il serait bien étonnant que tous aient arrêté de fumer et « cent fois sur le métier il faut remettre son ouvrage » dirait madame Marchand, qui énonce volontiers des proverbes comme des sentences. C’est là une des bases du travail.

    Ils l’appellent « la petite », car c’est une femme menue, pas bien grande, d’où son surnom, mais surtout, Mathilde Ela est toute jeune, vingt-cinq ans tout au plus, mais on lui demande toujours sa carte d’identité pour rentrer en discothèque. C’est son premier poste, frais émoulu après son année à l’ESOG de Montluçon, suite à des études de sociologie, branche dans laquelle elle n’a pas trouvé d’emploi. Elle se demande encore pourquoi on laisse tant d’étudiants dans ces filières bouchées, « les touristes de l’université » comme elle les appellent. Son désir d’indépendance l’a poussée à partir de chez papa et maman, parents adorables au demeurant, et la gendarmerie offrait des postes d’accès rapides, où son hobby d’analyse des mœurs de ses contemporains serait assouvi. Pour l’instant, elle observe surtout les us et coutumes de ses collègues, très protecteurs à son endroit, essayant de lui cacher les vicissitudes de la vie, jusqu’à la laisser au téléphone plutôt que de la mettre en présence d’un cadavre. Elle aurait bien aimé y aller, elle, savoir si son estomac aurait supporté le spectacle. Il va bien falloir, un jour, qu’elle soit confrontée au pire si elle veut faire carrière dans ce métier. Elle est têtue et compte bien rester.

    Les premières constatations démontrent qu’il ne s’agit pas d’un accident, encore moins d’un suicide. On a rarement vu un suicidé avec les mains et les pieds liés. La corde est rentrée profondément dans la peau, comme incrustée, gonflements obligent, et est rompue net très exactement dix-huit centimètres sous le nœud qui enserre les chevilles. La première idée est qu’un arbre a du tomber entre le corps et le poids destiné à le garder au fond, choc si violent qu’une partie des chairs s’est arrachée, laissant l’os à nu. C’est un miracle que l’articulation ait tenu, que les pieds ne se soient pas désolidarisés de leur propriétaire. La propriétaire en question s’en fiche un peu, elle ne va rien en faire de plus, mais cela peutêtre important pour l’enquête. Le nœud n’a pas glissé, bien qu’il s’agisse d’un cordage en Nylon torsadé. Mais il est question, après observation, d’une manière bien particulière de nouer, une espèce de nœud plat, emberlificoté, que Milou s’empresse de photographier sous toutes les coutures possibles sans rien endommager.

    Ce photographe amateur et féru d’informatique n’est pas un chien connu et tient son surnom, non pas de ses cheveux frisés, bien trop courts pour qu’on s’en aperçoive, mais de son nom, Mouloud Benarbia, qui fait un peu trop arabe de service politiquement correct à son goût. Il ne veut pas représenter la « minorité visible », est aussi français que les autres, son grand-père était harki, au moins autant que Steve. Ce n’est pas qu’il a honte de ses origines, bien au contraire, mais le fait qu’il les cache dans son métier l’aide quelque peu. Dans ces petits villages, loin de l’immigration massive, il suffit d’un noir ou d’un Bédouin bronzé, donc repérable, pour stigmatiser un racisme latent et incompréhensible.

    Bien que la brigade soit dessaisie de l’enquête, rien ne l’empêche de faire des recherches de son côté.

    Il reprendra donc ses clichés plus tard pour vérifier si ce type d’attache a déjà été relevé lors d’une enquête, à quoi il correspond. Ils lui font vaguement penser à la main d’un marin, bien qu’il n’ait jamais mis les pieds sur un bateau. Né à Argenteuil, ayant grandi en HLM, dans un appartement de trois pièces, il n’a vu la mer qu’à sa majorité lors d’une virée entre copains. Il garde cette crainte de l’eau que ressentent les gens qui ont appris à nager sur le tard, se mettre en maillot, donc à moitié nu, devant tout le monde ne lui semble pas naturel et le met systématiquement mal à l’aise. C’est un homme pudique, discret, qui déteste l’extravagance. Le port de l’uniforme lui convient parfaitement, outre le prestige qu’il procure, tous sont vêtus pareil.

    Sa dissension avec Vincent est connue, mais jamais il ne laissera transpirer le moindre ressentiment. Bien qu’ils aient sensiblement le même âge, le même grade de maréchal des logis, ils ont des caractères incompatibles. On dirait deux pôles, le plus et le moins se repoussant incessamment, automatiquement, comme incapables de cohabiter.

    Le positif étant Vincent Ligles, que l’on pourrait surnommer « monsieur plus ». Dans l’excès en tout, il parle fort, raconte des histoires drôles à qui veut les

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