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Signe des temps
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Livre électronique142 pages1 heure

Signe des temps

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À propos de ce livre électronique

Signe des temps raconte la vie d’un enfant né à la campagne. Ici, la plupart des péripéties se déroulent après la Seconde Guerre mondiale, dans des conditions de vie limitées, en l’absence totale des moyens de confort d’aujourd’hui.
N’ayant aucune conscience de la guerre, cet enfant, André Jérémie Crobe, s’épanouit et découvre le monde au sein d’une famille aimante et heureuse. S’il est vrai que l’argent est indispensable, pour lui, il ne fait pas le bonheur.


À PROPOS DE L'AUTEUR


André Jérémie Crobe fait une rétrospection de sa vie et nous promène à travers son enfance parsemée de faits historiques.
LangueFrançais
Date de sortie10 févr. 2022
ISBN9791037746870
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    Aperçu du livre

    Signe des temps - André Jérémie Crobe

    Chapitre 1

    La libération

    Si la liberté et l’égalité n’existent pas, il nous reste la fraternité.

    Un internaute

    J’ose ajouter : à pratiquer !

    Tout ce que je vais écrire sur la libération n’est pas forcément exact.

    Que signifie la libération pour un jeune de moins de 20 ans aujourd’hui ?

    Il est nécessaire d’avoir un minimum de culture historique. Il faut savoir que l’Allemagne nazie, par la force de ses armées, avait amené sous son autorité nombre de nations européennes dont la France.

    À partir de 1943, les évènements tourneront au désavantage des nazis qui, sous la poussée des forces alliées, perdront une à une leurs conquêtes jusqu’à l’effondrement total de ce régime hideux basé sur le mépris de l’autre.

    Ma famille, bien malgré elle, a vécu ces évènements tragiques que je vais tenter de narrer au mieux.

    Il s’agit de souvenirs d’évènements racontés par mon père en particulier. Les enfants sont souvent friands de connaître ce qui se passait dans leur petite enfance, et donc on ne se lassait pas des mêmes récits.

    J’en ai tellement entendu raconter, qu’en rêve, et je précise bien en rêve, j’ai vu les troupes allemandes défiler devant la maison !

    Mes parents habitaient dans le village de Loriol dans le département de la Drôme mais participaient à l’exploitation familiale. C’était une petite ferme située au bord de la Drôme quelque part entre la ligne de chemin de fer et le Rhône.

    Quelques détails pour mieux comprendre l’environnement. Il existait une digue datant des années 20 à 30 environ, qui partait du pont de chemin de fer et allait à peu près jusqu’au quartier Les Ventis. Cette digue protégeait plusieurs fermes des colères rares mais violentes de la rivière. Plus tard en 2002, un des cinq pompiers mortellement blessés, à la suite d’un accident sur l’autoroute, tombera dans la rivière, en crue à ce moment-là. On trouvera son corps dans le Rhône plusieurs années plus tard.

    Un accès à cette digue a été prévu près de la maison de mes grands-parents. C’est une sorte de plan incliné. À quelques détails près, cette configuration n’a que très peu changé.

    Pour ralentir la retraite allemande et lui créer des difficultés, le 17 août 1944, le maquis fait sauter une arche du pont de Livron. Impossible de passer par le pont, les véhicules qui tentent de passer dans le lit de la rivière s’embourbent, c’est l’embouteillage sous le mitraillage des Américains. Certains détails, si ce sont des détails, font la différence. Le génie allemand pouvait installer un pont provisoire de 23 m tandis que le génie américain pouvait en créer un de 27 m, ce qui était suffisant dans le cas particulier.

    Les Allemands vont donc chercher d’autres points de passages et ils trouveront ainsi ce chemin près de ce qui va devenir la maison familiale.

    Ce chemin ne sera pas forcément facile. Le lit de la rivière Drôme est fait de galets et de sable où un véhicule s’enlise facilement. Tout le matériel ne passera pas, et quelque 20 ou 30 ans plus tard, on retrouvera des restes de cette traversée périlleuse pour l’armée allemande.

    Cette traversée déjà bien compliquée sera rendue encore plus délicate car un orage éclatera dans les montagnes du Diois et provoquera une arrivée d’eau inattendue. Cette mini crue ajoutera aux difficultés. Les Allemands penseront que les vannes d’un barrage situé en amont avaient été ouvertes pour leur créer des complications. Ce barrage n’a jamais existé. Mère nature aurait choisi son camp ? Les Allemands vont donc chercher toute sorte de matériaux pour consolider un passage. Néanmoins ils abandonneront du matériel, des véhicules, des armes, des obus.

    Mon père m’a raconté qu’au milieu de ce pseudo-pont ainsi constitué, l’armée allemande, après avoir traversé, placera un chapelet d’explosifs pour rendre dangereux le passage de l’adversaire américain. Curieux, papa s’était approché. Un G.I., un grand costaud lui a fait comprendre qu’il était préférable de partir.

    Pendant plusieurs années, on trouvera des restes de ces évènements. Mon père faisait brûler du bois de taille de ses arbres fruitiers contre la digue. De temps en temps, quelques balles abandonnées terminaient leur vie dans un dernier éclat. Curieusement mon père en riait et disait qu’il n’y avait pas de danger, tout en nous imposant de reculer de 2 ou 3 m. Il est vrai que pour être efficace, une balle doit être placée dans le canon d’un fusil.

    Le milieu des années 60 verra la construction de l’autoroute. Cette construction demandera beaucoup de gravier, gravier prélevé dans le lit de la rivière. Il faut estimer que sur 1 m d’épaisseur 100 m de large et 3 km de long sera pris la quantité de gravier nécessaire au fondement de la chaussée. Du fait de l’enlèvement massif de matériau et de l’érosion aléatoire, on verra apparaître entre autres choses un câble et des obus. Hélas, un garçon passant par-là, récupérera un obus, voudra le manipuler. Ce garçon mourra dans explosion de l’obus.

    Quant au câble, j’ai pu en déterrer une bonne longueur, environ 15 m. Je n’ai pas pu le déterrer en entier. Je l’ai scié. Il était tellement lourd que j’ai dû aller chercher le tracteur paternel pour le tirer jusqu’à la maison. C’est un récupérateur de métaux qui par la suite en a fait son affaire. Il était inutile pour nous.

    Certains éléments de l’histoire m’échappent complètement. Ils n’ont pas été notés, et je n’ai que la mémoire d’un enfant pour en parler.

    Je sais qu’un de mes cousins a « entendu » une balle perdue lui passer sous le nez. Un détail, si ça en est un : il n’avait pas deux ans, et à quelques centimètres près, il aurait pu mourir.

    Comment et pourquoi des soldats allemands étaient dans la cuisine de ma grand-mère ? Je ne sais. Mais voilà qu’un de ces soldats sort pour satisfaire un besoin pressant. Une balle l’atteindra et il viendra se vider de son sang et mourir dans la cuisine de ma grand-mère.

    Certains soldats, qui avaient très bien compris que l’Allemagne avait perdu la guerre, las également d’une vie qui ne devait pas être facile pour eux, voulaient se rendre. Oui ! Mais aux Américains. Je pense qu’ils avaient peur des maquisards qui avaient aussi soif de vengeance et qui probablement n’avaient pas la capacité de garder des prisonniers. La solution de facilité dans ces cas-là : une balle bien placée, et le problème est réglé. Et ça, personne ne le sait. Mort au combat…

    Une personne participant au maquis m’a raconté l’histoire suivante : une troupe allemande remontait à pied vers le nord. Un de ces garçons avait très soif. Il s’est présenté à une maison pour demander de l’eau. On l’a fait entrer, puis à un moment propice, le père de famille l’a assassiné en criant à chaque coup que c’était pour venger son fils.

    Un autre maquisard m’a raconté avoir surpris un soldat allemand, tranquillement occupé au bord d’une rivière à taquiner quelques poissons malchanceux. C’est le soldat qui sera malchanceux. Il n’avait pas d’arme, le maquisard le menacera d’un révolver et l’obligera à le suivre. Ce soldat était d’origine tchèque. La conclusion du récit donnée par le maquisard : « Il n’a pas revu son pays » puis il a ajouté à ma demande : « Ce n’est pas moi qui l’ai tué ».

    Triste époque où un pauvre type désarmé pouvait mourir en raison de la couleur de son pantalon !

    Cela explique pourquoi une vingtaine de soldats rencontrent mon oncle et se rendent. Mon oncle les conduit vers les Américains, qui veulent embarquer aussi mon oncle comme prisonnier ! Quelques explications, et le problème se règle. À la réflexion, il y avait trois langues différentes, et pour se comprendre, ce ne devait pas être facile (américain, allemand et français).

    Et moi dans tout ce fatras ?

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