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L'ultime récital d'un écrivain maudit
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L'ultime récital d'un écrivain maudit
Livre électronique268 pages4 heures

L'ultime récital d'un écrivain maudit

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À propos de ce livre électronique

Qui, mieux que Jean-Pierre Raison, peut nous parler de son maître en écriture, Edmond de La Vergnaie ? Ne fut-il pas son premier disciple, et son plus fidèle ami ? Il voyait en cet homme son père spirituel. Edmond et lui partageaient une même idée de la France. De cette France « d’avant » aujourd’hui décédée, si l’on en croit l’avis d’obsèques diffusé sur Internet, le 2 novembre 2008 : « Nous avons la douleur de vous faire part de la disparition de la France. Elle était originaire de la Gaule. Elle allait avoir 1 500 ans […]. »
Cette attristante nouvelle est le point de départ symbolique de l’ouvrage d’Edmond de La Vergnaie, intitulé L’ultime récital d’un écrivain maudit. Qui aurait pu croire que la France allait mourir ? Elle était aimée, respectée, généreuse, elle avait tout pour elle. Hélas ! au fil du temps, « notre cher pays » a beaucoup décliné. Edmond de La Vergnaie ne peut pas l’admettre. Il est trop entier pour se résigner et se taire. Alors, il s’insurge verbalement. Pour s’apaiser, sinon, pour se venger, il nous propose un texte drolatique et cinglant, émouvant et féroce, que certains jugeront démentiel. Mais, quel baroud d’honneur ! Et surtout, quelle verve !
LangueFrançais
Date de sortie17 avr. 2019
ISBN9782312065984
L'ultime récital d'un écrivain maudit

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    Aperçu du livre

    L'ultime récital d'un écrivain maudit - Jean-Pierre Raison

    cover.jpg

    L’ultime récital

    d’un écrivain

    maudit

    DU MÊME AUTEUR

    LA BALLADE D’UN IDÉALISTE

    Les Éditions du Net, 2017.

    QUAND J’ÉTAIS CHÔMEUR

    Les Éditions du Net, 2015.

    QUAND LE BONHEUR SE FAIT CHAGRIN

    Les Éditions du Net, 2014.

    L’ÉCRITURE EST UNE DROGUE DURE

    Les Éditions du Net, 2013.

    LE QUOTIDIEN D’UN O.S. DU JOURNALISME

    ou l’édifiant témoignage

    d’un correspondant de presse nantais

    Éditions du Petit Pavé, 2011.

    RETROUVAILLES À L’ANSE ROUGE

    Éditions du Petit Pavé, 2009.

    LE RETOUR DE L’ABBÉ FOURNIER

    Éditions du Petit Pavé, 2007.

    AU-DELÀ DES APPARENCES

    Éditions Opéra, 2002.

    POUR QUELQUES MOTS DE TROP

    Éditions Opéra, 1997.

    L’ARLEQUINE

    Media France Éditions, 1994.

    La gloire est un plat qui se mange froid,
    et « Lui », mon seigneur et maître,
    Edmond de La Vergnaie,
    n’a pas eu le privilège d’y goûter.
    Qu’importe ! Les nourritures terrestres
    n’étaient pas sa tasse de thé.
    Et c’est sans doute pour cela
    que cet écrivain rarissime
    est si chaud à mon cœur.

    J.-P. R.

    Couverture

    Conception et illustration : © Jean-Pierre Raison.

    Jean-Pierre Raison

    présente

    L’ULTIME RÉCITAL

    D’UN ÉCRIVAIN

    MAUDIT

    Un pamphlet de

    Edmond de La Vergnaie

    Ce livre est une œuvre d’imagination

    sans lien direct ni évident

    avec la réalité qui, comme chacun sait,

    dépasse toujours la fiction

    Ces gens de bonne foi, qui croiraient se reconnaître dans certains passages de cet ouvrage, auraient bien tort. Ils commettraient ainsi un fort regrettable péché d’orgueil. En la matière, mieux vaut se fier aux sciences exactes qu’à la science infuse, et surtout pas à soi-même, d’autant qu’on ne peut pas être à la fois juge et partie. Cela étant, comme dirait le biologiste éclairé : « Il y a toujours une différence entre un clone et son double génétique. »

    Par exemple, la célèbre brebis Dolly, née le 5 juillet 1996, qui fut le premier mammifère cloné de l’histoire, n’avait pas tout à fait le même matériel génétique que son modèle. En revanche, deux vrais jumeaux (ou jumeaux monozygotes) ont un génome identique. Bref, quels que soient le clonage et le clone, il ne faut pas se perdre en conjectures, et encore moins se mettre à épiloguer sur l’inné et l’acquis.

    Pour se sortir de ce fameux dilemme entre fiction et réalité, écoutons le sage : « Rien n’est jamais pareil. » Il y a toujours une dissemblance entre les êtres humains, même si elle n’apparaît pas à l’œil nu. Personnellement, je ne m’en suis jamais aperçu, mais je dois admettre que mon métier n’est pas de créer des mutants plus vrais que nature, seulement de donner naissance à des livres de tous les genres.

    [Pour les mordus de clonage, voir les pages 62 et 142-144.]

    © Les Éditions du Net, 2019

    ISBN : 978-2-312-06598-4

    SOMMAIRE

    Présentation

    Résumé introductif

    Commentaire de l’auteur sur son livre

    PREMIÈRE PARTIE

    L’ultime récital d’un écrivain maudit

    (un pamphlet de Edmond de La Vergnaie)

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    DEUXIÈME PARTIE

    Après le défunt Edmond de La Vergnaie

    De la part de votre fils spirituel

    TROISIÈME PARTIE

    Des articles étonnants  pour un « blog » détonant

    Avertissement

    Préambule  L’exutoire de l’exécuteur testamentaire

    « La race vendéenne » (et les mal rasés ou les barbus de tout poil !)

    Le phénomène Macron

    C’est pas gai tout ça, et pourtant…

    Qu’attend la France pour annexer Monaco ?

    Maman ! C’est quoi « L’union nationale ? »

    Eurêka ! J’ai trouvé un sujet de livre.

    « Une bonne guerre mondiale  ou un bon dictateur français ? »

    Houellebecq vs BHL (extrait d’un combat singulier)

    « La France n’est pas la Gaule [occupée], mais De Gaulle, c’était la France [libre] » (Edmond de La Vergnaie.)

    Houellebecq & Raison,  les deux pourraient faire la paire,  mais la paire de quoi ?

    Conclusion

    Présentation

    Que dire, et comment parler, d’un « phénomène » comme Edmond de La Vergnaie ? Phénomène au sens de génie créatif. Un inventif à nul autre pareil ! Aucun confrère ne lui arrive au tendon d’Achille.

    En cet hiver 2019 qui n’a rien de folichon, pour se réchauffer la couenne ou se muscler le bulbe rachidien, on pourrait évoquer l’écriveur impénitent qu’il fut : cru, cash, et survolté, en trois syllabes « sans filtre ». Encore que, en marge de ses romans déjantés et de ses libelles autofictifs, l’on serait bien inspiré de se pencher sur ses lettres qui ne manquent pas de cachet, qui sont la marque d’un épistolier ô combien affûté.

    Ce flamboyant personnage était mon père spirituel, mon parrain, mon ami. Aujourd’hui, je ne suis pas là pour le glorifier ni pour le réhabiliter (rachète-t-on un prosateur qui n’a jamais fauté, fût-ce un orfèvre dans les tournures finement léchées ?), je représente ce commun des mortels à qui il échoit d’être l’exécuteur testamentaire, voire le légataire universel du susnommé Edmond de La Vergnaie. Ce dernier ne m’a rien donné, j’ai tout eu d’office. L’affaire s’est réglée de son vivant, et devant notaire, s’il vous plaît ! Me voilà donc l’exécuteur à vie d’un homme mort qui avait tout prévu. Comme quoi, tout en se fichant du monde, La Vergnaie, le célibataire impulsif, savait anticiper et fondait quelque espoir sur la postérité. En vérité, la postérité n’était pour lui qu’une fumisterie pour trouillard sans filiation, disons un moyen de se raccrocher aux branches de sa généalogie. Car c’est quoi la postérité ? C’est ce qui restera quand on sera tous ratiboisés : des centres de stockage numérique des données (data centers), gigantesques bunkers souterrains quasi indestructibles ; puis des millions de m³ de déchets radioactifs (dont 1,50 million de m³ sur le territoire français) emmagasinés dans des « dépôts en couches géologiques profondes » (une installation située dans le sous-sol géologique), à l’abri des missiles, jusqu’à aujourd’hui. Mais demain, dans cent ans ou un millinéraire, quand notre planète explosera, tout ira pour le mieux dans le meilleur des univers. La faute à qui ? La faute à tous, notamment à ces actuels habitants de la France, fouteurs de bordel innommables.

    J’allais donc laisser la politesse à mon aîné bientôt sexagénaire, ce pauvre Edmond qui se savait condamné, quand j’ai été à deux doigts de disparaître le jour même de mon intronisation. Il avait si bien préparé son coup que j’en tombai sur le cul en apprenant qu’il m’avait fait héritier à part entière. Déjà, ce geste impérial n’avait pas de prix, mais que s’y ajoutât une cassette bourrée de papiers parcheminés tenait du miracle. En m’emparant, légalement, de ce magot littéraire, je faillis m’évanouir. Rien ne manquait, j’avais l’usus, le fructus et l’abusus, ces trois éléments constitutifs de la propriété. Non seulement c’était trop vrai pour y croire, mais voir mon donateur, qui n’était pas avare de générosité, se défaire de son seul et unique trésor m’émouvait à l’extrême. Plus je regardais ce « coffre-fort » rectangulaire en aluminium anodisé, où ce cachottier d’Edmond conservait ses pépites littéraires, plus j’avais envie de l’ouvrir et hâte d’en dévorer le contenu. Curieusement, je me sentais, en même temps, grugé et béni des dieux. Quel émoi dans mon for intérieur, quel coup dans mon plexus solaire, alors que lui était resté de marbre, détaché, presque étranger à ce que je ressentais. Le dialogue entre nous, qui avait été court, aurait pu durer une éternité tant, pour moi, la symbolique de ce moment avait pris d’ampleur. Edmond ne m’avait pas paru du tout exalté. Il était resté d’une sérénité d’enfer pour me passer le témoin.

    Flash-back :

    « Mon cher Jean-Pierre, quand mon cœur lâchera, ce sera à toi de « prolonger » mon œuvre, dit mon chaleureux maître, en me montrant le coffret sacré.

    – Mais j’arrive tout juste à écrire la mienne ?

    – La tienne, mon fils, elle te vaudra bientôt d’être à la tête de notre « Villa Bocagino® » qui n’a d’égale que « l’Académie Mavendéa® ».

    Ce fut alors comme si le mythique Saint-Graal m’était tombé sur le crâne.

    Mon auguste Edmond, qui, à cette époque-là, était en train de perdre pied, et moi qui me trouvais sur le point de disjoncter, nous ignorions ce que représentait vraiment le rôle d’un exécuteur testamentaire. Si, par bien des côtés, cette mission était flatteuse, au bout du compte, elle revenait à une corvée administrative. En théorie, c’était une mission illimitée : on l’acceptait pour toujours et sans espoir de retour en arrière. Être un exécuteur jusqu’à en finir avec soi-même, fatalement, ça me faisait peur, mais comment refuser ce cadeau à son écrivain de prédilection ? Le plus simple était de considérer que, si Edmond m’avait désigné pour accomplir cette mission, c’est qu’il me jugeait digne de la remplir. C’était sa volonté, je ne pouvais que dire amen aux desiderata d’un catholique comme lui (quoique peu à cheval sur certains principes et sacrément vache avec les grenouilles de bénitier), mais j’eusse préféré que cette tâche incombât à un pur bureaucrate plutôt qu’à moi, l’auteur éclectique.

    Bref, pour une fois que la loi donnait pouvoir à un écrivain sans statut particulier, en lieu et place d’un fonctionnaire dûment habilité, je me fis héritier-testateur (?). Mes testicules auraient pu en trembler, mais je n’étais pas homme à décevoir son cher parrain. Bien au contraire, la fierté s’empara de moi, car je vis dans cette nomination une sorte de consécration, et comme un appel du destin.

    Après avoir observé quelque six mois d’intense recueillement, j’ai jugé qu’il était temps d’honorer le défunt en exhumant ce que j’estimais être l’un de ses meilleurs écrits. Car je les connaissais quasiment tous, sinon comment aurais-je pu me prévaloir d’être son fils spirituel, son filleul et son très fidèle ami ? Excellent présage, ledit texte inédit, comme tant d’autres (Edmond de La Vergnaie avait publié nettement moins d’ouvrages qu’il en avait rédigé), était tout en haut de la pile des documents archivés dans la cassette.

    Curieusement, notre Vendéen qui vantait si bien la langue française (et le patois bocain), avait retenu pour ce manuscrit un titre en anglais. Certes l’English, était la langue de William Shakespeare, mais elle traînait avec elle un conglomérat appelé Commonwealth qui ne semblait pas très pur. Or, notre Edmond provincial n’était pas mondialiste, en d’autres termes il ne souffrait pas trop les mélanges, et les acculturés (ceux dont la culture a été boulottée par une autre culture gonflée aux hormones polymorphes… ce qui n’a pas trop sens, mais c’est tellement jubilatoire à déclamer !). Au fond, Edmond se voulait protectionniste moins par crainte de voir la culture vendéenne disparaître, que par crainte de la savoir absorbée par une « sous-culture ». « Sous-culture », un vocable cher au matamore picrocolesque Jean-Edern Hallier, pour dénoncer le manque de culture des journalistes. Pour ma part, je suis moins négatif que lui, en mettant en exergue leur « vernis culturel ». Et Dieu sait si ce vernis-là touche beaucoup de monde. Il apparaît même chez une majorité d’enseignants qui ignorent tout du grec et du latin, notamment les plus anticléricaux d’entre eux, fâchés avec la messe dominicale et les injonctions papales.

    Ce qui m’amène à saluer le bon Jean XXIII, l’initiateur du concile de Vatican II (1962-1965) et le promulgateur de l’encyclique Pacem in Terris (Paix sur la Terre], mais à critiquer ceux qui, en 1966, ont lancé la révision de la version française du Pater Noster, qui consista à substituer le « nous » au « tu ». Cette traduction incongrue me déplut. Last but not list, « ils », et surtout « Elles » viennent de faire pis en corrigeant l’Avé Maria. Il a fallu qu’elles outragent la Vierge, ces garces ! Mais Dieu soit loué ! « Elles » ne l’emporteront pas au Paradis. À bas les féminuscules, ce sont des(z)obsédées ridicules !

    Non, je ne suis pas un apôtre de feu Monseigneur Lefebvre, ni un fidèle de la Fraternité Saint-Pie-X. Comment serais-je opposé à Jean XXIII, quand, en 1950, mon vrai père (pas mon Edmond littéraire), conseiller municipal de la ville des Herbiers, eut l’immense honneur de baiser l’anneau de ce futur Pape – alors nommé Mgr Roncelli –, nonce apostolique venu inaugurer le petit séminaire herbretais, dont je ne fus pas élève, lui préférant le pensionnat Saint-Gabriel de Saint-Laurent-sur-Sèvre, également en Vendée. Après ce mémorable rappel catholique et historique, le retour aux incultes s’avère périlleux, et pourtant il s’impose. Car les pires des sous-cultureux, se sont encore les cadres d’entreprise, formatés comme des ânes bâtés, et qui du coup sont nuls en ouverture d’esprit.

    Jean-Edern – écrivain, polémiste, pamphlétaire, journaliste, critique littéraire et animateur de télévision – a mille fois raison, nous sommes entourés de constipés du cervelet. [Voir son ouvrage intitulé Bréviaire pour une jeunesse déracinée, qui débute comme ça : « Ma jeunesse a été une longue maladie, une anémie pernicieuse de l’âme, dont j’ai passé quinze ans à me remettre. J’ai un souvenir humilié de ces années de détresse – et des reculs qu’elle a engendrés en mon équilibre moral et social. À s’éloigner des rivages enchantés de l’enfance, on n’en devient pas pour autant le prince de l’existence. »]

    Imaginez ce texte lu à haute voix par André Malraux ! C’est à pleurer d’émotion. Si cet incipit n’emballe pas les inhibés que vous êtes, sachez qu’un écrivain éminemment célèbre a porté au pinacle l’ouvrage de notre ami Jean-Edern. J’ai nommé l’académicien Jean Bruno Wladimir François de Paule Le Fèvre d'Ormesson, alias Jean d'Ormesson. Oui, Jean d’O soi-même, n’y est pas allé avec le dos de sa cuiller en argent doré, en portant ce jugement irrévocable : « En son noir romantisme, Jean-Edern Hallier est d'emblée le meilleur écrivain de sa génération. » Qu’aurait-il dit de ce prétendu pamphlet sur lequel je rame et peine à jouir ?

    L’ami Edmond ne s’embarrassait pas d’autant de laïus pour se faire comprendre, mais c’est peut-être pour cela qu’il passait pour un incompris. Avec l’âge, et les contrariétés, il était focalisé par l’authenticité et la moralité, qu’il élevait au rang de vertus, et gagné par un inquiétant repli sur soi. Sur la fin, il n’aimait plus rien, ni le bon vin ni les valeureux humains. À force d’enfiler les stéréotypes et les tautologies, il devenait pontifiant. « Chacun chez soi, et les aborigènes seront bien gardées » disait l’ex-gentleman farmer qui, dans ses moments d’égarement, donnait libre cours à ses penchants haïssables et ses mauvaises pensées. En somme, EDLV (acronyme qui sonne le glas) avait tout d’un hobereau dépité. Méconnaissable, le gentilhomme de petite noblesse naguère si attaché à ses terres, sombrait dans les idées noires. On le sentait prêt à jeter l’éponge, à « se carrer la particule dans le derrière jusqu’au coude » [sic], en voyant son domaine campagnard réduit à un champ de vigne.

    Après ça, ne me faites pas dire que mon Edmond tape un peu fort sur les Aristos désaxés et les Anglos-Saxons encanaillés, il ne fait jamais que s’autoflageller. Et moi, pris de miséricorde, je cède à la facilité, je dis des mots qui tintent faux, comme si j’avais le souffle coupé et le cœur amoché. Passe ton chemin, exécuteur de malheur !

    Revenons plutôt à William S. et à Sa Majesté la reine, Élisabeth 1re, qui était une fanatic du big dramaturge anglais. Pourquoi cet engouement ? Parce qu’à travers son théâtre plein d’horreurs, de violences, de folies, de haines et de meurtres, W. Shakespeare traînait la monarchie anglaise dans la boue. Les rois, les nobles, les calotins en prenaient pour leur grade.

    Comparé aux personnages shakespeariens, Edmond fait figure de saint. L’antithèse de cette garce d’Élisabeth qui, comme Giscard en 1974, voulait instaurer une ère nouvelle. Tout en étant à cent lieux de l’esprit moyenâgeux, elle plaidait et elle prêchait pour un rapprochement entre le peuple et la bourgeoisie. Foutaises ! Vœux à la noix ! Écoutons notre vénérable Edmond remettre toute cette clique en place (c’est moi qui cause, mais c’est lui qui me souffle ces paroles d’évangile que j’actualise dans les grandes largeurs) : « Chez nous, en Vendée, on n’aime pas trop ce type d’alliance. Il n’est pas recommandé de nous jouer du pipeau avec cet air-là, mieux vaut éviter ce genre de provocation. Les technocrates ne l’emporteront jamais sur les pecnocrates. La fausse noblesse alliée aux faux-derches du Tiers-État ne nous rebaiserons pas comme en 93. Ces gens-là, qui nous prennent pour des glands, sont tous des enfoirés (pas vrai Coluche, toi qui savais parler aux cons, et pour cause, t’étais pas le dernier !). Dans le bocage, le vicomte du Puy du Fou est l’un de ces beaux monsieurs que nous idolâtrons à s’en crever le bidon. Celui-là, c’est un filou de première, et un imposteur. Mon premier acolyte et moi, on l’a dans notre collimateur. Mais, chut ! le phénix de Villiersland qui a bel et bien chuté, s’est déniché des parachutages, et pourrait encore nous enfumer. »

    Soyez tranquille, mon cher Edmond ! Ledit Le Jolis Philippe de Saintignon [patronyme amputé suite à une demande express du Who’s Who, du Bottin mondain et de l’Annuaire du gratin], n’est pas près de faire un come-back. Ou alors, il replongera illico presto, grâce à nous, les cavaliers de la Délivrance (descendants directs des cavaliers de l’Apocalypse), qui lui mettrons des bâtons dans les roues ou lui casserons les pattes. Même ses adulateurs s’en plaignent. Comme il adore le vélocipède, il fait suer tout le monde en allant constamment à la selle, jusqu’à dérailler, parce que ses roues pètent. Oh qu’ça fait du bien de se défouler sur un bouc-émissaire, pas vrai ? À dire vrai, nous sommes tous des boucs-émissaires, de même que Daniel Cohn-Bendit était, est et restera un juif allemand.

    Par pitié, ne me laissez pas embrayer sur Mai-68, je serais fichu de faire une grossesse nerveuse alors que je ne suis pas favorable à la PMA (Procréation médicalement assistée), et, bien sûr, fermement opposé à la GPA (Grossesse pour autrui). Pour moi, c’est simple : pas de gestation pour les truies et les grosses cochonnes. En revanche, dans un domaine périphérique au ventre de ces dames, et relevant de la création littéraire, je suis accro à la PAO (Publication assistée par ordinateur) qui a révolutionné l’édition. Là, par exemple, je me défonce comme un hippie pour mettre en page le pamphlet de mon maître, et je n’ai besoin de personne pour conduire mon Harley Davidson, même pas du mec jauni sous le harnais qui s’est fait la malle le 5 décembre 2017.

    Pour Sylvie et lui, la vie a bien commencé, et Johnny en a fait toute une chanson en 1963. Ils se sont mariés en 1965, et la roue a vite tourné, mais c’était ainsi dans les années 60, il y avait du jazz et de la java dans l’air. On dansait à gogo : rock’n’roll, twist, jerk, madison, hully gully, etc. Eh oui ! c’était comme ça avant, pas mieux ni pire que maintenant où l’on danse autant. Du moins, c’est ce qu’on dit, mais on parle souvent sans savoir, alors je me tairai pour ne pas paraître plus bête que la moyenne des blablateurs spécialistes du show-biz, qui racontent tellement de sottises.

    Quant à moi, pas de débuts marquants dans la chanson, mais une entrée opportune dans l’édition, en avril 1989. J’y découvre la PAO qui – après une période de formation aux logiciels de traitement de texte et de mise en page –, sera une composante clé de ma fonction d’« assistant d’édition ». J’ai toujours eu un certain mal à définir cette « publication assistée par ordinateur » qui porte pourtant bien son nom. Les plus médiocres savent aujourd’hui que l’électronique, l’informatique et le numérique ont fini par donner naissance au micro-ordinateur et aux logiciels de « pet à eau » : Word, QuarkXPress, PageMaker, Photoshop, Illustrator, OmniPage, pour ne citer que les grands aînés de la fratrie éditoriale. Côté hardware, Apple/Macintosh régna en maître jusqu’à ce que Microsoft/Windows se pointe. La suite, beaucoup la connaissent, ou font semblant d’être initiés, alors que leur savoir a été pompé dans Wikipédia, le puits de science accessible à tous. Entre nous, j’espère que vous faites un don chaque année à cette encyclopédie universelle et multilingue. Pour ma part, je leur refile dix balles (un paquet de clopes, donc des clopinettes) et je ne le crie pas sur les toits, seulement ici, dans ce livre qu’un nombre très incertain de personnes liront.

    Au final, retenez ceci : la PAO est à moi (le mâle), ce que la PMA est à elle (la femelle) : l’un bande en écrivant son œuvre ; l’autre balise en attendant son enfant. Oui, c’est tiré par les cheveux et ça ne pisse pas loin, mais il en va toujours ainsi entre un homme et une femme aux positions si extrêmes qu’ils en perdent leurs moyens.

    Pour ne pas rester sur cette note fantaisiste, je vais consentir à vous livrer une définition de la PAO telle qu’on l’entend

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