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L'écriture est une drogue dure
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Livre électronique139 pages2 heures

L'écriture est une drogue dure

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À propos de ce livre électronique

L’écriture est une drogue dure est un titre à prendre au premier degré, puisque l’homme dont on va parler y est accro au dernier degré. Enfant, Jean-Pierre Raison ne s’est jamais rêvé en écrivain. Vocation tardive, le goût d’écrire ne s’est emparé de lui qu’au régiment (à 25 ans !), pour ne plus jamais le quitter. Au fil du temps, sa passion pour l’écriture n’a fait que s’amplifier. Le phénomène a empiré, au point de tourner à l’addiction. Ce qui aurait pu n’être qu’un plaisir parmi d’autres, et un penchant assumé, s’est transformé en vice suprême, quasi irrépressible. Dangereux la vie d’artiste quand l’écriture devient drogue dure ! Jusqu’à prendre le pas sur tout, y compris sur le travail, pour faire de vous un chômeur de longue durée. Jusqu’à constituer une raison de vivre en concurrence avec la femme aimée. Jean-Pierre Raison en est à ce stade ultime quand, pour s’en sortir, sinon pour sombrer un peu plus, mais peut-être en beauté, l’idée lui vient de conter sa dérive en se racontant lui-même. De mettre ses tripes sur la table pour crever un abcès aux allures de tumeur. Ce livre pourrait s’intituler « Le cancer de l’écriture », car il y est question de rechute et de rémission, d’enfer et de damnation, de salut et de rédemption.
LangueFrançais
Date de sortie18 oct. 2013
ISBN9782312014890
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    Aperçu du livre

    L'écriture est une drogue dure - Jean-Pierre Raison

    Couverture_L'écriture-est-une-drogue-dure_R

    L’écriture est une drogue dure

    Jean-Pierre Raison

    L’ÉCRITURE EST UNE DROGUE DURE

    témoignage

    DU MÊME AUTEUR

    LE QUOTIDIEN D’UN O.S. DU JOURNALISME ou l’édifiant témoignage d’un correspondant de presse nantais, Éditions du Petit Pavé, 2011.

    RETROUVAILLES À L’ANSE ROUGE Éditions du Petit Pavé, 2009.

    LE RETOUR DE L’ABBÉ FOURNIER Éditions du Petit Pavé, 2007.

    AU-DELÀ DES APPARENCES Éditions Opéra, 2002.

    POUR QUELQUES MOTS DE TROP Éditions Opéra, 1997.

    L’ARLEQUINE Media France Éditions, 1994.

    Illustration de couverture : photo de l’auteur ; droits réservés.

    © Les Éditions du Net 2013

    ISBN : 978-2-312-01489-0

    « Dans ce milieu-là, celui des pratiquants de l’écriture, et des valeurs sûres de la littérature, il n’y a pas de trafiquants, ni de dealers, ni même de consommateurs.

    L’écrivain fabrique sa drogue lui-même, et ne fait pas grand-chose pour l’écouler. Ça ne l’intéresse pas vraiment de la vendre. Ce qui compte pour lui, c’est de produire et de se shooter tout seul, jusqu’à en crever. Et Dieu sait qu’il en crève ! »

    Un illustre inconnu.

    Avant-propos

    L’idée, et l’envie, d’écrire ce livre me sont venues alors que la campagne présidentielle battait son plein.

    Je n’ai pas pris le train électoral en marche, puisque mon objet n’était pas de gloser sur cet événement médiatique, au demeurant important. Mon projet était de vous parler de moi, « sujet autrement captivant », forcément. Pas de moi, en soi, ni de ma petite personne, mais de moi, l’écrivain, celui dont la vie se confond avec son œuvre.

    Voilà pourquoi le 13 mars 2012, je me suis mis à l’écriture de ce qu’il est convenu d’appeler une autofiction, autrement dit un semblant de fiction reposant sur du réel et du vrai. Cette définition posée, nous ne sommes pas plus avancés, il faudrait aller plus loin, en dire plus, et préciser le projet, sans déflorer le sujet. L’ennui, c’est qu’une autofiction n’a pas vraiment de sujet, elle emprunte assez à l’improvisation. Une improvisation maîtrisée, et travaillée, un peu comme dans le « stand-up » des comiques actuels, sauf que je ne suis pas un bouffon – même si je traite de choses sérieuses, parfois en plaisantant –, plutôt un « humeuriste » à la Sempé.

    Mon ouvrage se présente comme un vrai-faux monologue, qui tourne au dialogue quand je mêle le lecteur à ma conversation. Il va au-delà de l’autofiction nombriliste, puisque le « héros » du livre n’est pas tant moi le beau parleur que lui, mon double « l’écriveur ». Plus qu’une autofiction ou un récit autofictif, il s’agit donc, ici, d’un témoignage sur l’activité d’écrivain, assorti d’une réflexion sur l’écriture, prenant appui sur mon expérience personnelle et mon vécu. Un témoignage qui tourne à la confession, vu le lien cordial que j’établis avec le lecteur complice (malgré lui). Qui plus est la confession émouvante d’un écrivain dépendant de son goût d’écrire, mais ne trouvant de plaisir que dans l’écriture. Un écrivain direct et chaleureux qui se livre et se confie avec franchise et générosité, sur son art et sur lui. Un homme un tantinet « réac » aux prises avec une France qu’il ne reconnaît plus, et mal à l’aise dans un pays lui-même à la croisée des chemins.

    Bref, ce texte combine l’autofiction d’un homme lassé d’en découdre, à l’autoportrait d’un écrivain plus combatif que jamais.

    En d’autres termes, et en paraphrasant Coluche, on dira que ce livre est « l’histoire d’un mec qui écrit ». Sauf que mon histoire est plus kantienne que coluchienne, et ma chienne de vie plus une antienne qu’une philosophie. Et plus qu’une antienne, ma confession tourne au cantique. Pas le Cantique de la racaille façon Vincent Ravalec, le cantique d’un écrivain désenchanté qui néanmoins consacre un ouvrage « à la gloire de l’écriture ». Cette écriture qui lui a autant apporté qu’elle l’a quelque peu mené à sa perte. Mais cet homme dans la soixantaine, qui s’est laissé embarquer dans cette aventure de l’écriture, se trouve aujourd’hui bien dans sa peau, et il assume tout. Au point de s’en ouvrir librement à son lecteur, auquel il se raconte en « exposant son cas ». Ce faisant, il écrit un livre. Un livre aux allures d’autofiction, le livre d’un extraverti sachant aussi pratiquer l’introspection.

    Puis il y a tout le reste, qui n’est pas que littérature…

    1

    Mardi 13 mars 2012, on fête la Saint-Rodrigue. Comme le héros cornélien, j’ai du cœur à l’ouvrage et j’entends, ô lecteurs ! vous le prouver sur l’heure, en l’occurrence 10 heures. Est-ce bien digne du Cid d’attaquer son labeur en milieu de matinée ? Le couche-tard que je suis, ne saurait se lever aux aurores, et risquer de s’assoupir en pleine intrigue, foi de Rodrigue.

    Dehors, il fait beau, il y a du soleil. Après une nuit plus sombre qu’un jour morose, j’étais parti pour vous raconter des choses moches et bizarres, et j’ai changé d’avis. Ma vie reste la même, mais ma manière de voir connaît une embellie. Pourvu qu’il ne pleuve pas, j’en ai marre de vivre enfermé. On va fêter ça, mais avant, permettez-moi d’aller me raser. J’en profiterai peut-être pour me passer de la crème sur le front. On ne sait pas s’il s’agit d’un psoriasis ou d’une simple dermatite, mais la peau desquame. La peau pèle, devrais-je dire, c’est plus joli, et c’est presque un nom de maladie : l’apopèle.

    Attendez-vous à lire des bribes dans le goût de ce qui précède. De bonne humeur, je sautille, je grappille, j’apostille. J’improvise, je chantonne, je claironne. Je jubile de plaisir ou je rouspète de joie. Ce laisser-aller me sied, et je crois qu’il va vous plaire. L’allègre incertitude qui va régner, le suspense qui va s’ensuivre, ne peuvent que vous agréer. L’écriture, mon écriture, peut-être pas. On y reviendra, sur l’écriture, car l’important, à présent, c’est moi, ma vie et mon combat contre le désœuvrement. Qu’est-ce qu’il va m’arriver ? Telle est l’interrogation. Pourquoi se soucier de ce qui ne m’arrivera pas, et dont vous ne saurez jamais rien ? Donc, ça va aller, on ne devrait pas s’ennuyer, sauf si le temps change. Encore que l’ennui soit moins lié au temps qu’aux événements. Chez moi, l’ennui est lancinant, quasi viscéral. Beaucoup de vices prennent leurs sources dans l’ennui. Entre autres (bonnes ?) raisons, j’écris sans doute pour tromper mon ennui. N’est-il pas préférable de se morfondre entre quatre murs que de se languir au boulot ou de dépérir au bistrot ?

    Ça y est, je suis rasé de frais, mais je suis mal rasé. Ça ne se voit pas ? Tant mieux. Je dois acheter de nouvelles lames, et qui sait ? un rasoir à tête pivotante. Moi aussi j’ai une tête pivotante. J’espère que vous ne me trouvez pas rasoir. Pas déjà. Vous croyez que je fais de l’humour ? Pas du tout, je suis comme ça, j’ai de l’esprit. Avoir de l’esprit, c’est pas donné à tout le monde. On ne peut pas tout avoir. Les uns ont de l’esprit, d’autres ont de l’argent, les plus déshérités n’ont rien. J’ai pas choisi mon camp, mais je suis bien tombé. L’argent, c’est provisoire, ça se dépense, parfois vite, et après ça manque. L’esprit, c’est inépuisable. Du moins, le mien.

    Je vous ai menti. Au lieu d’aller me raser, j’ai réécrit mon premier paragraphe. L’incipit, ce nom savant qu’on donne au tout début d’une œuvre littéraire, c’est déterminant. Il peut se limiter à une seule phrase. Parmi les plus (cu)cultes, on cite souvent celui-ci : « Ce matin, tonton Edmond a fait un accident vasculaire cérébral dont il ne se remettra pas, ou alors avec de graves séquelles. » Mon préféré : « Si ma vie était à refaire, j’en mourrais. » Initialement, j’avais écrit un truc dans cette veine-là, et je croyais tenir le bon filon. Erreur, j’avais surestimé mon talent, j’ai dû en rabattre, tout en assurant. Assurer ? Ce verbe est devenu un leitmotiv. Il faut assurer partout, en toutes circonstances : dans sa profession, dans sa fratrie, dans sa patrie, avec ses amis, ses ennemis, et entre gens de bonne compagnie. Il faut assurer à pied, à cheval, à vélo, en voiture, et dans les transports en commun. On n’en finit plus de devoir faire face, d’être à la hauteur, devant n’importe qui et pour n’importe quoi. C’est usant, énervant, tuant. Sans faire profil bas, j’ai donc choisi la simplicité, et attaqué ce livre en douceur, tel un gentil candide porté par une météorologie engageante. Des cuistres branchés diraient que j’ai opté pour la béate attitude, et des exégètes patentés, friands de formules incantatoires leur répondraient : « Heureux les (souverains) pontifiants, leur place est au Vatican. » Quel bel incipit, ça ferait ! Ou quelle insipidité, ce serait ! Non, l’incipit ne mérite pas autant d’éloge ni autant d’indignité. J’ai refermé des centaines de livres après avoir lu leurs seuls incipit, et je n’en tire aucune fierté. Je respecte trop mes frères en écriture pour décider ainsi de mes lectures. Je donne un maximum de chances à tout ouvrage dont ma main s’est emparée, en l’examinant sous toutes les coutures, et le dos carré collé a intérêt à valoir une bonne reliure. Le texte figurant sur la quatrième de couverture, appelé « prière d’insérer », doit lui-même avoir de l’allure et briller par sa tessiture. Les passages relevés en feuilletant l’ouvrage devront aussi faire bonne figure. Il n’en demeure pas moins que l’incipit va prévaloir, qui donne le ton et la mesure. Autant d’exigences, de nature à refroidir l’écrivain débutant, qui, à mon stade, ne sauraient constituer des obstacles. « N’ayez pas peur », nous a intimé le bienheureux Jean-Paul II. Je ne peux que confirmer en ajoutant : « Ne cherchez pas à plaire ». Faites comme moi, écrivez avec envie, bille en tête ou fleur au fusil, et ne craignez pas de dire des idioties, ni de revenir en arrière pour rectifier.

    Tout n’est pas permis, mais papillonner n’est pas contre-indiqué. Éviter cependant de trop musarder, ou de trop digresser. De peur de perdre le fil ? De peur d’agacer le lecteur. Si, à cet instant, je stoppais net pour aller uriner (Ô prostate ! Épargne-moi tes caprices !), vous protesteriez : « Il nous fatigue avec ses petits pépins de sexagénaire », et vous n’auriez pas tort. Moi qui suis mon premier lecteur, je pense comme vous en me relisant, et si j’étais un écrivain conséquent, je bifferais ces lignes. Mais c’est tout le charme de l’autofiction que de dévoiler les dessous de la création. Alors, continuons.

    Oui, cessons ces enfantillages et arrêtons de tergiverser, je vais m’absenter une fois pour toutes. Je reviendrai tout propre et bien habillé, car là, je porte un pyjama élimé avec, par-dessus, un peignoir délavé, et j’ai des sueurs. La température, 20°, n’y est pas pour grand-chose, même si la pièce que j’occupe est exiguë et mal ventilée. J’ai chaud parce je suis moins cool que tout à l’heure. Je ne suis pas claustrophobe ni cyclothymique (quoique prompt à la réaction), je stresse en sachant que vous êtes dans mon dos en train de lire ce que j’écris. J’angoisse d’autant plus que je vous cache l’essentiel. Je n’écris pas dans ma salle de séjour ni dans ma chambre, j’écris dans ma cuisine, qui fait office de bureau entre les repas. Je suis cerné par un frigo à compression, une cuisinière électrique et une chaudière à gaz, et des serpillières qui me font la

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