Le substitut de l'or noir
Par Christian Sauli
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Aperçu du livre
Le substitut de l'or noir - Christian Sauli
Le substitut
de l’or noir
Christian Sauli
Le substitut de l’or noir
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2022
ISBN : 978-2-312-08868-6
Avant-propos
Sur une île isolée de l’Atlantique sud, une organisation criminelle a crée un procédé révolutionnaire, une ressource énergétique inépuisable qui va bouleverser l’économie de la planète. Les plus grandes puissances mondiales chercheront à conquérir cette incroyable invention. Le célèbre agent du contre-espionnage français, Cristobal Sorelli vicomte d’Alata, dit Cris Sorel, est sollicité par le patron de la DCRI pour anéantir l’organisation criminelle OTERO et rapporter en France la formule du substitut du pétrole.
Chapitre 1
Mazères-Lezons, France
C’était ce qui s’appelle « péter les plombs » !
La Porsche boxter noire filait rapidement et sûrement dans les rues désertes. Que s’était-il passé dans sa tête ? Ça roulait plutôt pas mal. Son boulot d’animateur tournait bien. Avec Estelle, c’était l’amour passionné. Alors ? Pourquoi avoir claqué la porte à l’animation, aux soirées, aux défilés de mode, aux spectacles ? Pourquoi subitement, ce changement si radical dans son existence ? Comment expliquer qu’à la quarantaine bien tassée, il ait brusquement plaqué son boulot qu’il faisait avec amour et passion pour suivre une nouvelle voie ? Qu’est-ce qui avait bien pu le pousser à présenter, et réussir le concours d’Officiers de Police ?
21 h 00. Il faisait nuit, rue des Tilleuls. Sur le mur des maisons, l’ombre de la Porsche rutilante oscillait comme un feu follet. Cris stoppa devant le numéro 4.
Pourquoi, enfin, à l’issue des 18 mois de formation à l’École Nationale Supérieure des Officiers de Police (l’ENSOP) de Cannes-Écluses s’était-il orienté vers le contre-espionnage Français ? Pourquoi était-il entré à la DCRI la Direction Centrale du Renseignement Intérieur, le FBI Français ?
Rien ne le prédisposait à cela.
Bien que doté d’une conscience et d’une morale professionnelles irréprochables, il était plutôt du genre râleur, coléreux et impatient. Il était donc peu enclin pour évoluer dans le monde opaque et fermé du contre-espionnage, malgré une intelligence et une persévérance plutôt au-dessus de la moyenne.
Seul dans son loft, avachi dans le fauteuil du salon, il retournait dans sa tête les événements de ces dernières semaines.
Il s’assoupit quelques secondes et rêva des vacances en Corse à Solenzara, chez sa tante Rose.
Solenzara, Corse du Sud
« Dans la vie, il y a des moments où il faut savoir ne rien faire. » Pensait Cristobal à demi endormi à l’ombre des mûriers du jardin. Et ça Cristobal Sorelli d’Alata, dernier né d’une lignée aristocratique Bonapartiste, avait toujours un mal fou à l’admettre, même si au prix de gros efforts, il finissait par y parvenir plutôt bien.
Cristobal n’était pas prétentieux. De tempérament plutôt réservé, il avait choisi un pseudonyme plus concis afin de simplifier sa vie de tous les jours en évitant d’étaler ses titres de noblesse. Donc, Cristobal Sorelli Vicomte d’Alata préférait le nom de Cris Sorel. Vicomte… oui, mais de la bourse plate ! Pensait Cris avec dérision. Il y avait belle lurette que ses illustres prédécesseurs avaient dilapidé la fortune et les biens que leur ancêtre le Commandant Ange Toussaint Sorelli avait hérité des guerres Napoléoniennes. Il lui restait ce titre que personne ne pouvait lui contester mais qui aurait pu prêter à sourire en regardant de plus prés son compte en banque et le Castellu di l’Alba la vieille demeure familiale en ruine.
Cris Sorel faisait parti de ces quadragénaires en pleine possession de leurs moyens physiques et intellectuels. Quarante trois ans, mince, musclé et de taille moyenne, ses cheveux bruns taillés courts étaient souvent en bataille. Des yeux verts dorés soulignés par de longs cils, lui donnaient à la fois un regard qui, soit vous transperçait soit vous séduisait irrésistiblement selon la circonstance. Son élégance naturelle finissait de vous attendrir… était-ce cette touche aristocratique innée qui lui donnait ce charme certain ? Athlétique et sportif il pratiquait les arts martiaux, surtout le karaté depuis 15 ans et où il était ceinture noire. Malgré un caractère impétueux parfois difficile, mais d’esprit vif et doté d’une bonne dose d’humour, Cristobal n’en était pas moins homme de cœur, courageux et fidèle en amitié.
Cris rêvait, la tête renversée sur le dossier de sa chaise longue. Il était en vacances avec Estelle à Solenzara, ou plus exactement en week-end prolongé de cinq jours chez sa tante Rose propriétaire d’une magnifique villa en bord de mer à deux pas d’une plage de sable blanc. Décidément, il aimait les week-ends qui se prolongent.
Cris, après ces dernières semaines de stages et de travail ininterrompu, savourait un cocktail à la main, cette sensation délicieuse d’un emploi du temps vacant. Mais il affectionnait, par-dessus tout, l’idée de se savoir, depuis hui mois déjà agent du contre-espionnage Français avec un salaire de fonctionnaire au-delà de ses espérances. D’où cette idée de ce week-end impromptu en Corse. Mais cette sérénité, s’envola bien vite.
Drrring… drrring… drrring…
Cris Sorel jura que dès demain, il jetterait son nouveau téléphone portable à la mer. Il détestait le téléphone, surtout à cette heure précise de l’apéro dans ce long week-end du mois de juillet.
Estelle s’avança vers Cris, le téléphone dans une main, l’autre masquant le micro.
– Pierre Michel… articula-t-elle à s’en décrocher la mâchoire alors que, paradoxalement, aucun son ne semblait sortir de sa bouche.
Cris se leva de sa chaise longue. Il prit le téléphone dans sa main gauche et eût soudain une envie irrésistible de raccrocher sans autre forme de procès. Mais il n’en fît rien. Pierre Michel était le Directeur central organique du renseignement intérieur, son supérieur hiérarchique direct. Enfin bref, il prit le portable.
Airbus A320 d’Air France, vol 711
Le lendemain matin, Cristobal Sorelli abrégeant son séjour à Solenzara, attrapa le premierr vol de 06 h 55 pour Paris Orly. Dans l’avion, il jeta un regard mi-déconcerté, mi-moqueur à son voisin de droite, un homme gros, tête rasée, moustachu, en treillis camouflé accoutré d’un tee-shirt kaki qui mâchait un chewing-gum bruyamment. Il ne lui manquait plus que le casque lourd sur la tête, le porte cartouches et le fusil pour partir à la guerre ! pensait Cris qui esquissa un sourire narquois. Enfin il se cala dans son fauteuil et attacha sa ceinture profitant de cette heure de vol pour faire un peu le point sur sa situation.
Depuis presque un an, Sorel était au service de la DCRI, avec à sa direction Pierre Michel cinquante trois ans, de taille moyenne, et très cultivé. Homme intègre, brillant, blond aux yeux bleus, toujours élégant, les cheveux très courts, il se déplaçait lentement mais d’un pas sûr. Cris Sorel était chargé de la sécurité au cours des processus de fabrication et de la confidentialité des procédures de mise en œuvre liées à la conception de technologies avancées novatrices. C’était sa spécialité. Il ne manquait pas de missions en ces temps redoutables d’espionnage industriel de la part de nations émergeantes incapables d’innover mais avides de productions massives à moindre coût.
Il avait quitté non sans regret son précédent métier d’animateur. Était-ce l’approche de la quarantaine, ou son boulot qui l’usait et qui était parfois assez aléatoire, ou le fait de se sentir obligé d’appeler trois fois par semaine son agent artistique pour connaître l’avancée de ses salaires ou encore d’avoir souvent maille à partir avec les ASSEDIC qui égaraient continuellement des documents indispensables pour le renouvellement de son statut d’intermittent du spectacle ou bien tout cela à la fois ? Pourtant, Cris disait souvent à propos de son travail : « Je m’épanouis dans mon boulot, je suis très professionnel et très consciencieux. L’animation est toute ma vie. Mais lutter contre la criminalité est une noble mission non dépourvue de risques… et j’aime le risque et l’autorité ».
Toujours est-il que, depuis quelques mois, Cris avait l’impression de vivre dans la monotonie et que tout cela manquait de piment. Il rêvait d’aventures mais pour l’heure ses seules expériences en contre espionnage se cantonnaient à la récupération de documents administratifs douteux. Il aurait pu résumer son cursus de la sorte : « Parti de pas grand chose, pour arriver nulle part ». Donc Cris restait sur sa faim. Pourtant le changement s’était opéré rapidement, comme poussé par l’urgence. Il en avait été d’ailleurs le premier surpris. Une sorte d’enchaînement de faits, de concours de circonstances, d’opportunités.
Donc, il avait embrassé sa nouvelle carrière avec une préparation particulièrement minutieuse. Après 18 mois d’école, de formation et de stages, le voilà aujourd’hui propulsé « agent des services secrets Français ».
Dans l’avion qui le menait à Paris, Cris sentit son oreille droite se déboucher. Le voisin avait déchaussé son pied gauche et continuait à mâcher bruyamment son chewing-gum. L’agent secret regarda de l’autre côté tentant, en vain, de mettre un espace olfactif entre le pied du gros et ses narines, puis reprit le cours de ses pensées.
Cristobal ne connaissait toujours pas les détails du nouveau dossier qui l’attendait. Pierre Michel lui en avait dévoilé seulement les grandes lignes par téléphone. Cependant, une phrase l’avait intrigué : « Réunion de crise demain à mon bureau à 09 h 00, nous allons avoir besoin de vous pour identifier et peut-être contrecarrer les plans ou les activités d’un groupe encore inconnu de nos services, installé sur l’île de Tristan da Cunha ».
Le rendez-vous fut pris et confirmé dans la foulée. 09 h 00.
Paris, Cris lança son sac de voyage à l’arrière d’un taxi et grimpa à bord du véhicule. Le chauffeur, un rouquin au visage blafard, visiblement marqué par la vie tumultueuse parisienne, se tourna vers l’agent secret et lui demanda d’un ton blasé sa destination.
– Rue de Villiers à Levallois-Perret je vous prie, annonça Cris d’une voix calme et sereine.
Un immeuble ultramoderne entièrement vitré et entouré d’une immense grille noire en fer forgée, abritait le siège de la DCRI. La direction centrale du renseignement compte plus de 1600 fonctionnaires entièrement dévoués à la sécurité intérieur de l’État.
09 h 00, Cristobal était pour une fois à l’heure. Il salua le planton à l’entrée du bâtiment. Sorel lui présenta sa carte professionnelle. Il monta quatre à quatre les quelques marches qui le séparait du grand hall situé au rez-de-chaussée, puis se dirigea vers l’ascenseur pour le troisième étage. Cris longea un long couloir en direction du bureau du grand patron. Il frappa à la porte. Un « entrez » tonitruant retentit dans ses oreilles. L’agent pénétra lentement dans le bureau du directeur central organique de la DCRI. Pierre Michel était assis à son bureau. La lumière éclatante du plafonnier illuminait durement la pièce, révélant un visage renfrogné du directeur adjoint.
Le patron du contre espionnage affectionnait les regards froids, les attitudes impassibles, sévères, pourtant, il n’en était pas moins un charmant garçon. Il s’exprimait toujours calmement, sans jamais élever la voix. A l’énoncé de la tâche qu’on attendait de lui, l’agent secret ressentit un léger frisson parcourir tout son corps.
– Je suis dans le contre-espionnage depuis moins d’un an, sans avoir acquis vraiment d’expérience en la matière dit-il comme à regret en baissant les yeux. Je suis novice, plaidait donc Cris à son directeur, disposé même à refuser la mission qu’on voulait lui confier.
– Mais quel parcours et quels états de service, mon cher ! Lâcha d’une voix de stentor Pierre Michel élogieux.
Ouais ! « Tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute » pensait Cris indécis, en s’apprêtant à remercier son interlocuteur lorsque entra Sophie, la jeune, séduisante et nouvelle secrétaire attachée de direction que l’agent secret avait déjà remarquée dans les bureaux de la DCRI. Blonde de taille moyenne les cheveux mi-longs et des yeux marron en amande, elle était très tendance, très glamour et s’habillait toujours avec de grandes marques comme Dior ou Burberry. Fille aux formes sensuelles, elle savait se mettre en valeur dans toutes situations. Dotée d’un extraordinaire pouvoir d’analyse et de déduction, elle était intelligente et très douée. Elle portait un plateau judicieusement pourvu de deux tasses de café. Ses jambes longues et fines laissaient deviner un fessier de toute beauté, que Cris mit un certain temps à parcourir du regard alors qu’elle ressortait par la même porte. Il rougit et laissa échapper :
– J’aime les longues jambes chez les femmes…
Puis il pâlit, se rendant compte de l’énormité de son propos, de son caractère parfaitement déplacé lors d’une réunion importante comme celle-ci. C’était parti tout seul. Chassez le nature, il revient au galop !
– La bonne longueur pour les jambes, c’est quand les pieds touchent par terre, lança Pierre Michel dont une partie du répertoire humoristique provenait de Coluche et de Louis de Funès.
Cris eut un petit rire nerveux. Sophie, sur le pas de la porte se tourna légèrement et lui lança une œillade suggestive en esquissant un sourire. Il fallait que l’agent secret rassemble ses esprits et se focalise de nouveau sur le sujet de la réunion. Il se leva et alla se planter devant la fenêtre. Il réfléchissait en contemplant le ciel. Évidemment cette mission serait la plus importante de sa vie, il le savait et il y aurait de nombreux pièges à éviter, cela aussi il en était parfaitement conscient. Mais après tout, il était payé pour ça ! Et puis Pierre Michel ne lui laissait pas vraiment le choix. Cris retourna s’asseoir. Les deux hommes discutèrent encore quelques minutes des détails de l’expédition.
Une heure plus tard, les deux tasses à café étaient vides, la mission acceptée et la secrétaire éclipsée…
Paris, à l’Embuscade
C’est dans un petit restaurant à la mode et bondé que le cinglant Pierre Michel fournit à Cristobal Sorelli quelques éclaircissements supplémentaires sur le travail confidentiel que l’on attendait de lui à la DCRI. Ils avaient choisi un coin discret du restaurant où les tables ne se touchaient pas et où l’on pouvait discuter sans hurler pour se faire comprendre. Sophie, qui les accompagnait, portait une minijupe très seyante. Sur la banquette en simili cuir, sa cuisse nue frôlait celle de l’agent secret.
Cris lui envoya son regard de velours des grandes occasions dans le but de se donner une prestance.
– Vous comprenez mon cher, commença Pierre Michel, sur un ton confidentiel, vous comprenez l’importance de votre mission ?
– Oui dans les grandes lignes, répondit sans détour Cris, qui venait d’apercevoir un petit clin d’œil furtif de Sophie.
Le patron de la DCRI esquissa un sourire de circonstance bien que gêné et haussa les sourcils.
– Humm, reprit Michel, soyons sérieux je vous prie !
– Certainement pas, balbutia Cris à l’attention de Sophie qui lui demandait « si ça ne le gênait pas qu’elle déboutonne le premier bouton de sa jupe parce qu’elle avait trop abusé de dessert ».
– La DCRI, s’entêtait Pierre Michel, avec l’aide précieuse des Services Extérieurs Français, a mis à jour une espèce de complexe, une sorte de laboratoire clandestin sur l’Ile de Tristan da Cunha située dans l’Atlantique Sud. Une île complètement isolée. C’est la raison pour laquelle nous nous intéressons depuis plusieurs mois à l’activité qui y règne. Nous savons qu’une organisation inconnue a construit sur cette île des laboratoires biologiques et chimiques « top secret ». Dans quel but ? Nous pensons qu’un complot terrible et ambitieux se trame dont les conséquences pourraient entraîner le monde dans le chaos.
– Il y a quelques semaines reprit Pierre Michel sur un ton grave, un