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Thárros (Français)
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Livre électronique629 pages7 heures

Thárros (Français)

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À propos de ce livre électronique

Elpida, tome 2

Lycéen de dernière année, Michael Sattler mène une vie de rêve. Ou presque. Il a de bons amis, des parents qui l’aiment tel qu’il est et c’était un champion de courses de haies jusqu’à ce que quelqu’un abîme son genou lors du kidnapping de son petit-ami. Pourtant, Michael est déterminé, malgré sa blessure, à faire partie des sélectionnés pour l’USATF.

Christy Castle représente tout pour Michael. Guérissant après des années d’abus et après son enlèvement par un prédateur, il se retrouve à cacher un nouveau secret bien qu’il essaie de se reconstruire une vie. Ensemble, Michael et Christy tentent de se remettre de leurs blessures à temps pour aller au bal de promotion et obtenir leur diplôme d’études secondaires. Pour compliquer les choses, Christy est étonné d’apprendre qu’un de ses compagnons, victime également, a survécu. Il ne reculera devant rien pour le faire venir aux États-Unis afin de le mettre en sécurité.

Mais le procès du kidnappeur de Christy occupe une place importante dans leurs vies et sa lutte pour qu’elle devienne normale ne fait qu’empirer. Son passé continue de les hanter. Lorsque le procès tourne mal et que la nouvelle vie de Christy s’effondre, seuls leur courage implacable et leur détermination pourront les sauver du cauchemar qui menace de détruire leur avenir commun.

LangueFrançais
Date de sortie11 juil. 2017
ISBN9781640800106
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    Aperçu du livre

    Thárros (Français) - C. Kennedy

    Thárros

    Par C. Kennedy

    Elpída, tome 2

    Lycéen de dernière année, Michael Sattler mène une vie de rêve. Ou presque. Il a de bons amis, des parents qui l’aiment tel qu’il est et c’était un champion de courses de haies jusqu’à ce que quelqu’un abîme son genou lors du kidnapping de son petit-ami. Pourtant, Michael est déterminé, malgré sa blessure, à faire partie des sélectionnés pour l’USATF.

    Christy Castle représente tout pour Michael. Guérissant après des années d’abus et après son enlèvement par un prédateur, il se retrouve à cacher un nouveau secret bien qu’il essaie de se reconstruire une vie. Ensemble, Michael et Christy tentent de se remettre de leurs blessures à temps pour aller au bal de promotion et obtenir leur diplôme d’études secondaires. Pour compliquer les choses, Christy est étonné d’apprendre qu’un de ses compagnons, victime également, a survécu. Il ne reculera devant rien pour le faire venir aux États-Unis afin de le mettre en sécurité.

    Mais le procès du kidnappeur de Christy occupe une place importante dans leurs vies et sa lutte pour qu’elle devienne normale ne fait qu’empirer. Son passé continue de les hanter. Lorsque le procès tourne mal et que la nouvelle vie de Christy s’effondre, seuls leur courage implacable et leur détermination pourront les sauver du cauchemar qui menace de détruire leur avenir commun.

    Table des matières

    Résumé

    Dédicace

    REMERCIEMENTS

    REMERCIEMENTS POUR BÉNÉDICTE GIRAULT

    Épigraphe

    Θάρρος. Thárros.

    PROLOGUE

    I

    II

    III

    IV

    V

    VI

    VII

    VIII

    IX

    X

    XI

    XII

    XIII

    XIV

    XV

    XVI

    XVII

    XVIII

    XIX

    XX

    XXI

    XXII

    XXIII

    XXIV

    XXV

    XXVI

    XXVII

    XXVIII

    XXIX

    XXX

    XXXI

    XXXII

    XXXIII

    XXXIV

    XXXV

    XXXVI

    XXXVII

    XXXVIII

    XXXIX

    XL

    XLI

    XLII

    XLIII

    XLIV

    XLV

    XLVI

    XLVII

    XLVIII

    XLIX

    L

    LI

    LII

    LIII

    ÉPILOGUE

    NOTE DE L’AUTEUR

    Extrait Exclusif

    D’autres livres par C. Kennedy

    Las critiques de Ómorphi

    Las critiques de Thárros

    Biographie

    Par C. Kennedy

    Visitez Harmony Ink Press

    Droits d'auteur

    Pour tous ceux qui endurent,

    Puissent votre liberté et votre bonheur

    S’amplifier chaque instant de chaque jour

    REMERCIEMENTS

    CE LIVRE est très spécial pour moi et j’ai une énorme dette de gratitude envers beaucoup de personnes. Merci à Elizabeth North, Anne Regan, Ariel Tachna, et à tous les gens merveilleux de chez Dreamspinner/Harmony Ink Press qui ont rendu ce livre possible.

    Merci à mes fantastiques éditeurs et bêta-lecteurs, pour vos avis précieux et pour ne pas les réfréner.

    À Sophia Kontes Helm, merci pour votre patience infinie, pour votre aide avec le grec et pour me rappeler que « les gens ne parlent pas comme ça. C’est trop formel. »

    À Reese Dante, je te remercie pour la belle couverture.

    Merci à Mel pour ton soutien inestimable et pour me garder constant.

    Par-dessus tout, merci à Timmy d’avoir le courage de revivre.

    Un autre grand merci au Docteur Margaret Harp pour des connaissances inestimables et sa prompte assistance.

    Merci à tous pour votre soutien et pour avoir permis à ce livre de prendre vie.

    REMERCIEMENTS POUR BÉNÉDICTE GIRAULT

    IT IS the task of the translator to release in his own language that pure language that is under the spell of another, to liberate the language imprisoned in a work in his re-creation of that work.

    ― Walter Benjamin, Illuminations: Essays and Reflections

    Le travail qu’implique la traduction d’un livre est un véritable test pour les compétences d’un traducteur, sa volonté et ses nerfs. Ce n’est pas seulement traduire les mots littéralement, mais également traduire la « voix » de l’auteur. C’est de rendre l’intention initiale des mots de l’auteur et, avant tout, de capturer les inflexions dans la narration de l’histoire. C’est un véritable art.

    Merci, Bénédicte, pour tes efforts inlassables et tes magnifiques mots – et par-dessus tout, pour avoir mis tout ton coeur dans Thárros. Encore une fois, vous avez excellé.

    Cody Kennedy

    Los Angeles, California

    Mai 2017

    Le courage, c’est de résister à la peur,

    de maîtriser la peur,

    et non l’absence de peur.

    —Mark Twain

    PROLOGUE

    Quartier général de la police hellénique

    Glyfada, sud d’Athènes, Grèce

    Avril 2012

    LE GÉNÉRAL Aniketos « Nicos » Sotíras jura en raccrochant brutalement le téléphone et en boutonnant rapidement sa veste d’uniforme. Il était brigadier général à la Direction des Crimes Violents pour la police hellénique depuis ces seize dernières années. Il avait été sélectionné pour une promotion au grade de major général et les arrestations qu’il était sur le point de faire allaient sceller cette nomination et sa deuxième étoile durement gagnée.

    — Apostolos ! cria-t-il en sortant de son bureau. Que l’hélicoptère soit prêt !

    Le colonel bondit de sa chaise et lui répondit d’un bref « oui, monsieur ! » avant de partir en courant.

    Le Général Sotíras cria des ordres alors qu’il traversait le service et se dirigeait vers les escaliers qui conduisaient à l’héliport installé sur le toit du bâtiment.

    — Envoyez le FCFC ¹, l’HRT et le SAR au côté sud de l’île d’Aegina ! Prévenez l’hôpital d’Hippokration de se tenir prêt à accepter au moins dix victimes de multiples crimes violents ! Et dites aux gardes-côtes d’envoyer un avion dans les airs !

    Il désigna des hommes.

    — Vous trois, venez avec moi !

    Il prit l’escalier d’assaut avec ses trois chefs de service sur ses talons.

    Le Général Sotíras grimpa dans l’hélicoptère EC 135, mit son casque et fit signe à ses chefs de service de faire la même chose. Alors que l’hélicoptère décollait, il parla dans le micro du casque.

    — Apostolos, avez-vous pris l’ordre ?

    — Oui, monsieur.

    Apostolos se retourna sur le siège du copilote qu’il occupait et le remit au Général Sotíras.

    Il lut l’ordre présidentiel une dernière fois et observa le sceau apposé sous la signature. Aujourd’hui, il était porteur d’une autorisation expresse du Président de la Grèce qu’il tenait entre ses mains. Il en aurait besoin. Il s’apprêtait à arrêter quelques-unes des personnes les plus puissantes du pays. L’une d’entre elles était son patron : le chef de la police hellénique, le Lieutenant Général Takis Colonomos. Il plia soigneusement l’ordre et le mit dans sa poche.

    — Il était temps qu’ils localisent le yacht, dit le Général Pavlos Kokkinos.

    Sotíras étudia l’homme aux cheveux argentés, coiffés en brosse, qui avait émis le commentaire. Le Général Kokkinos était à la tête des Affaires Internes. Sotíras n’appréciait pas vraiment l’homme, mais ils étaient sur le point d’emmener un des leurs en détention et il avait besoin qu’il soit présent durant l’arrestation.

    — Nous le surveillons depuis deux semaines.

    Kokkinos fut immédiatement irrité.

    — Pourquoi n’avons-nous pas agi plus tôt ?

    — Ils viennent seulement de jeter quelqu’un par-dessus bord.

    Le visage aigri de Kokkinos prit une teinte verdâtre.

    — Combien de personnes sont à bord, sans compter l’équipage ?

    Cette question venait du Général Gavril Megalos, directeur du FCFC, l’équivalent grec du SWAT américain. C’était un homme qui était aussi large qu’un tonneau et quelqu’un que Sotíras respectait.

    — D’après le système de surveillance, nous estimons les invités au nombre de vingt-cinq, quinze membres d’équipage et trois de plus en tant que gestionnaires des garçons, incluant une femme. Nous n’avons pas été capables d’évaluer le nombre de jeunes à bord parce que nous n’en avons vu que très peu sur le pont, répondit sèchement Sotiras.

    Megalos tira son téléphone portable de la poche de poitrine de son uniforme et envoya un message. La réponse fut immédiate.

    — Trois artilleurs des gardes-côtes, un Cessna F406 et sept hélicoptères d’évacuation sont en route, annonça-t-il.

    Sotíras hocha la tête en signe d’approbation pour l’équipement envoyé, tout en priant qu’ils n’aient pas besoin d’autant d’hélicoptères. Il se rassit dans son siège et songea à la manière dont cette affaire avait commencé, il y a plus de quatorze ans… Le dossier avait commencé par un soupçon – un soupçon qui avait lentement brûlé et s’était transformé en une haine viscérale au cours des années.

    Bien qu’il n’ait jamais été en mesure de le prouver, il était certain que Vasilis Spyros Kakios Castlios, magnat de l’immobilier et l’homme le plus riche de la Grèce, avait fait assassiner sa femme et son fils dans un accident de voiture, qui n’avait été qu’une mise en scène. Puis des rumeurs avaient commencé à se propager concernant le décès d’une fille. Quand des allégations de mauvais traitements et de meurtres s’étaient retrouvées sur son bureau venant d’épaves qui se prostituaient dans les rues, Sotíras avait lentement et soigneusement compilé un profil. Vasilis Castlios était devenu le pire cauchemar d’Athènes, venant en second, juste après Antonis Daglis « l’Éventreur d’Athènes ». Au fil des ans, trois garçons correspondant au profil des victimes de Vasilis furent retrouvés morts, échoués, et dix-sept garçons et jeunes hommes avaient disparu. Les plaintes venant des enfants de la rue continuaient, mais le pédophile violent avait plus de la moitié des forces de police et des juges dans sa poche. Les crimes répétés de Vasilis avaient toujours réussi à rester hors de portée du radar de ses supérieurs, et Sotíras était celui qui devait s’occuper de tout nettoyer. « Malades » était un mot pathétique pour des hommes tels que Vasilis.

    Puis, un an plus tôt, Sotíras avait reçu un appel téléphonique qui avait radicalement changé sa vie. À l’étonnement général, le fils de Vasilis, Christophoros, avait, en fait, survécu à l’accident de voiture quatorze ans plus tôt. Vasilis l’avait littéralement enlevé de l’hôpital et avait payé des gens pour falsifier son dossier et son acte de décès. Cela faisait seulement un an depuis que Sotíras avait sauvé le jeune homme des griffes diaboliques de Vasilis. Se basant sur son état de quasi-mort, la Haute Cour avait ordonné que Vasilis soit maintenu en prison, sans possibilité de caution, jusqu’à son procès. Puis le bâtard avait eu la témérité de mourir d’une crise cardiaque pendant sa détention, faisant de Christophoros, jeune homme alors âgé de dix-huit ans, la personne la plus riche de Grèce.

    Après la mort de Vasilis, de nouveaux rapports sur les mauvais traitements et les tortures indicibles subis par Christophoros lorsqu’il était aux mains de son célèbre père avaient montré à quel point les actes de ce dernier étaient impardonnables, scabreux et vils, mais avaient aussi prouvé que rien n’était sacré pour la presse. Des membres de l’hôpital, des journalistes, et même quelques-uns de ses propres officiers de police avaient vendu des photos et des informations. Certains de ces articles avaient été carrément écœurants. Cela n’avait pas aidé que la mère de Christophoros ait été un mannequin de mode dont il avait hérité les cheveux blonds et la beauté. Christy, comme il se faisait désormais appeler, était terriblement photogénique et la presse avait refusé de le laisser tranquille. Le seul fait agréable que les médias avaient rapporté était que le nom de Vasilis Spyros Kakios Castlios lui allait comme un gant, parce qu’il signifiait « roi des mauvais esprits ». En effet…

    Christy avait passé trois mois à l’hôpital l’année dernière, puis avait fui aux États-Unis, à la recherche d’un peu de vie privée et de soins auprès d’un établissement spécialisé dans le traitement d’enfants maltraités. Il avait changé son nom de famille pour Castle et avait fait de remarquables progrès au cours de l’année écoulée. Son larynx écrasé avait guéri, il avait trouvé l’amour et fréquentait même un lycée maintenant. À toutes fins utiles, Christy s’était façonné une vie pour lui-même à partir de presque rien et d’une montagne d’horreurs. Sa résilience et sa détermination à vivre une vie à pleine capacité étonnaient encore Sotíras. Il admirait et se souciait de Christy bien plus qu’il ne le devrait. Et tout cela, chaque fichu morceau de ce que Christy s’était construit au cours de l’année passée avait presque été détruit il y a deux semaines, quand il avait été enlevé par un des agresseurs de son passé. Yosef Sanna avait eu l’intention de le ramener en Grèce afin de lui faire reprendre une vie d’esclavage sexuel. Avec l’aide de la police de New York, du FBI et du petit ami de Christy, Michael, ils l’avaient sauvé, mais pas avant qu’il souffre horriblement des mains de son agresseur.

    Le coup de grâce était arrivé quand Christy avait révélé à Sotíras que Vasilis, en plus d’abuser de lui et de le torturer, l’avait également cédé à ses partenaires d’affaires. Certains d’entre eux avaient osé parler publiquement à ce sujet, comme si l’abus était monnaie courante et ne représentait pas grand-chose. L’arrogant magnat des transports maritimes grec, Petros Sanna, père du kidnappeur de Christy, et propriétaire du yacht qui était sur le point de se faire assaillir, avait été particulièrement virulent.

    Les informations obtenues de Christy les avaient amenés à surveiller le yacht Sanna. Baptisé Ékstasi, qui naviguait sur la mer Égée et n’était rien d’autre qu’un enfer flottant pour garçons et jeunes hommes. Avec l’aide de plusieurs membres officiels du gouvernement – ou du moins, leurs yeux détournés – Yosef avait poursuivi les crimes odieux de Vasilis et assassinait souvent des victimes en les jetant par-dessus bord, en pleine mer. Les entrailles de Sotíras se nouèrent à la pensée de ce qu’il savait trouver à bord.

    Un coup sur son épaule le tira de ses sombres rêveries. Le Lieutenant Colonel Katina « Kiki » Katsaros travaillait pour leur département de médecine légale et il savait qu’elle serait diligente avec la scène de crime qu’ils étaient sur le point de trouver. Elle sourit, ses yeux vert émeraude l’étudiant pensivement avant qu’elle parle.

    — Excusez-moi, Général, puis-je me permettre… ?

    Il lui fit signe de poursuivre.

    — Non pas que je n’apprécie pas la reconnaissance, monsieur, mais pourquoi m’avez-vous choisie pour ce raid, à la place de mon général ?

    C’était une question valable, mais il ne tenait pas particulièrement à y répondre.

    — Vous êtes un excellent technicien médico-légal, Colonel, et nous avons besoin d’une femme dans l’équipe au cas où il y aurait des victimes de sexe féminin à bord.

    Ses yeux étincelants perdirent de leur éclat et ses cheveux d’un rouge sauvage parurent plus brillants à la lumière du soleil matinal qui filtrait à travers la cabine. Elle déglutit difficilement et lutta visiblement pour ne pas détourner son regard du sien.

    — Les rapports font mention de victimes âgées de cinq à seize ans.

    Sa voix tremblait à peine, et il l’admira de conserver son sang-froid alors qu’il hochait sombrement la tête. Son tressaillement était pratiquement indiscernable.

    — Combien d’hélicoptères d’évacuation avez-vous dit qu’il y avait en vol, Général ? demanda-t-elle à Megalos, sans éviter le regard de Sotíras.

    — Sept, répondit Megalos.

    Là, elle l’esquiva.

    Le pilote effectua un mouvement de rotation de la main, dirigée vers le bas, puis la releva, écartant ses cinq doigts, signalant qu’ils débarqueraient dans cinq minutes. Sotíras écouta les conversations entre les pilotes des hélicoptères et l’avion des gardes-côtes qui tournaient en rond au-dessus de leurs têtes. Leur appareil atterrirait le premier, puis s’éloignerait pour permettre à celui transportant une équipe complète d’officiers de police et d’agents médico-légaux de se poser.

    Sotiras n’avait besoin de rien d’autre que de l’insigne Diefthynsi Antimetópisis Eidikón Eglimáton Vías qui ornait fièrement l’hélicoptère comme autorisation pour atterrir sur le yacht. Le DAEEB dépendait de l’armée et ils pouvaient se poser partout où bon leur semblait – qui plus est aujourd’hui, puisqu’il était détenteur du pouvoir présidentiel.

    Megalos détacha le petit plateau de la coque de l’appareil, tira des plans du yacht de sa mallette et les étala. Il se mit à lire :

    — Construit par Blohm & Voss, sept ponts, approximativement cinq-cent-trente pieds de long sur soixante-trois de large, propulsion à hélices jumelées, une gamme de quatre-vingt-cinq miles nautiques avec une vitesse maximale de vingt-six nœuds.

    Sotíras jeta un coup d’œil par le hublot au yacht massif et siffla doucement entre ses dents. Il était plus grand qu’un terrain de football. Un petit hélicoptère luxueux occupait le second héliport sur le pont avant. Megalos et lui avaient décidé de le garder ouvert pour les engins d’évacuation.

    — L’héliport avant est occupé.

    — Il ne le sera plus pour longtemps. Un de mes hommes le fera décoller dès que nous aurons atterri.

    Il poursuivit son rapport sans la moindre inflexion.

    — Deux barques d’évacuation de vingt pieds, deux héliports, sept jacuzzis, deux piscines, des hébergements pour soixante-douze invités dans quarante-quatre cabines avec un équipage total de quatre-vingt-huit personnes. Il a également son propre mini sous-marin.

    Sotíras se sentit immédiatement inquiet, mais avant qu’il puisse parler, Megalos leva une main pour le faire taire.

    — J’ai envoyé une équipe de plongeurs pour le désactiver et l’ancrer, dès que j’aurai reçu votre ordre d’y aller.

    Sotíras se détendit. Il aurait dû s’en douter plutôt que de s’inquiéter à propos de Megalos. L’homme avait toujours une pensée d’avance.

    — Nous piloterons le bateau en direction du rivage après les arrestations, et tous ceux qui seront à bord le resteront jusqu’à ce que nous obtenions votre autorisation indiquant qu’ils sont libres de débarquer.

    Megalos eut un sourire en coin, visiblement satisfait de son plan.

    — Une prison flottante.

    Une prison infernale pour les victimes, pensa amèrement Sotíras.

    — Les cales ?

    Megalos déroula le plan.

    — Ici, ici et ici.

    Il montra les trois zones indiquées en rouge.

    — Ce sont les seuls compartiments sécurisés à bord. Ils sont sur le pont inférieur, à proximité de la salle des machines et des ballasts.

    — Seigneur, il doit faire plus chaud qu’en enfer là-dedans !

    Megalos hocha la tête et jeta un coup d’œil à Kiki.

    — Si quelques victimes sont détenues là-bas, elles seront sévèrement déshydratées.

    Elle fit un signe de compréhension.

    Kokkinos, qui était resté silencieux pendant leur échange, se mit à parler.

    — Qu’attendez-vous de moi, une fois que vous aurez mis le Général Colonomos en garde à vue ?

    — Que vous retourniez à Athènes avec lui et le placiez en cellule de détention, ordonna sèchement Sotíras.

    Ils avaient un groupe sélect de détenus en col blanc, confinés dans une prison moins dure, avec des cellules peu meublées et cela lui portait sur les nerfs que, patrons ou pas, des pédophiles puissent avoir droit à un tel traitement de faveur.

    Alors qu’ils étaient sur le point d’atterrir, un petit bateau fila loin du yacht. Sotiras n’était pas inquiet. La liberté du fuyard serait de courte durée.

    Megalos aboya des ordres dans son casque et le Cessna, qui faisait des cercles incessants au-dessus du bateau, descendit en direction de l’embarcation rapide, la pourchassant en direction des rivages d’Athènes. Un navire des gardes-côtes l’encercla, lui coupant la route et elle ralentit.

    Sotíras ramena son attention vers le yacht. Ils furent contraints d’en faire de nouveau le tour, afin de laisser la place pour la descente du Cessna.

    — On dirait un putain de palais flottant, murmura-t-il alors que les patins de l’hélicoptère touchaient le sol, et il guida son équipe sur le yacht.


    ¹ FCFC : Hellenic Force of Control Fast Confrontation, équivalent du SWAT américain, ou encore le GIGN ou GIPN chez nous.

    HRCT : Hellenic Rescue Team, équivalent du SMUR (Service Mobile d’Urgence et Reanimation) chez nous.

    SAR : Hellenic Coast Guard : gardes-côtes grecs

    I

    Hôpital Sainte Elizabeth

    État de New York

    Avril 2012

    LE GENOU de Michaël le brûlait et de la sueur perlait sur sa poitrine, puis roula sur ses abdominaux alors que ses jambes soulevaient le poids ridicule de cent-soixante kilos pour la quinzième fois. Déterminé à hisser deux cents kilos pour sa troisième série, il retira les ergots, ajouta deux plaques de vingt kilos sur le portant et reprit. Alimentées par sa rage et sa haine pour Yosef Sanna, les tractions vinrent facilement, un satisfaisant « clang » remplissant l’air chaque fois qu’il poussait la plaque à ses limites. Avec chaque propulsion de ses jambes provenant de sa fureur, venait une autre idée, un autre plan de ce qu’il aimerait faire à l’homme qui avait enlevé et abusé son petit ami. Le même homme qui avait explosé son genou, envoyé son meilleur ami, Jake, à l’hôpital avec une sévère commotion cérébrale et qui avait défiguré de manière permanente la petite amie de celui-ci. Il ferait tout ce qu’il fallait pour s’assurer que ce connard pourrirait en prison. Il n’échouerait pas.

    Il termina la quinzième poussée, ajouta encore vingt kilos et entama sa dernière série. Au deuxième mouvement, son genou se mit à céder. Il ne s’en soucia pas. Plus cela le brûlait, plus il devenait déterminé. Il était résolu à tout faire pour que son petit ami arrive à se reprendre et redevienne lui-même. Quand ils sortiraient de ce fichu hôpital, il emmènerait Christy sur le front de mer afin qu’il puisse monter sur la grande roue autant de fois qu’il le voudrait. Puis, il lui ferait faire du shopping pour qu’il puisse acheter et choisir le vêtement qu’il voulait pour le bal de promo. Ils iraient au bal. Ils obtiendraient leurs diplômes d’études secondaires. Il n’échouerait pas.

    Il avait remercié sa bonne étoile un bon millier de fois que cela ait été sa jambe gauche, celle qui franchissait les haies, qui avait pris le coup de batte de baseball durant l’enlèvement. Sinon sa carrière de coureur de haies aurait été finie. Ainsi que sa bourse pour Oxford. Pour l’instant, ils avaient accepté de la maintenir, mais il ne voulait pas prendre de risques. Être le champion de course de haies de New York n’était pas suffisant. Il devait se rendre à l’entraînement de l’USATF cet été. Il n’échouerait pas.

    Peter, son physiothérapeute, était appuyé contre le mur, les bras croisés sur la poitrine, et l’observait. Il avait appris très tôt à ne pas interférer avec la détermination de Michael de revenir à cent pour cent. Arrivé à la cinquième série, son genou était prêt à capituler et il cria sa frustration au plafond.

    Peter s’éloigna de la paroi, ramassa une serviette propre et la lui apporta.

    — Tu as terminé ?

    Michael prit la serviette offerte et essuya la sueur de son visage et de ses abdominaux.

    — Je reviendrai dans quelques heures.

    — Non, tu ne le feras pas.

    Michael dévisagea le grand homme costaud, afro-américain, prêt à riposter.

    — Le doc veut te parler. Ainsi que Monsieur Santini.

    Le médecin de Michael s’avérait également être son père et Monsieur Santini, un avocat, celui de Jake. S’ils voulaient tous deux discuter avec lui, c’était que quelque chose se tramait. Michael pria silencieusement que cela concerne les nouvelles qu’il attendait depuis le sauvetage de Christy, il y a deux semaines : que le président de la Grèce avait révoqué l’immunité diplomatique de Yosef Sanna afin que les États-Unis puissent l’arrêter et le poursuivre en justice pour l’enlèvement de Christy. Il enroula la serviette autour de son cou et démonta la machine.

    — Assure-toi de faire tremper ton genou pendant trente minutes, lui indiqua Peter alors qu’il vérifiait les bandes Velcro sur l’attelle de Michael.

    — Merci, Peter.

    John, son garde de la sécurité personnel, l’attendait à la porte de la salle de musculation. Il n’aurait jamais pu deviner qu’il aurait eu un jour besoin d’un garde du corps, mais avec le kidnapping et les médias, Monsieur Santini avait insisté à ce sujet. Maintenant, il traînait un garde de la sécurité avec lui, partout où il allait. Bon sang, ma vie a tellement changé durant ces six dernières semaines.

    — Prêt ? demanda John.

    Michael hocha la tête et boita dans le couloir donnant sur l’ascenseur qui les emmènerait à l’étage où il partageait une chambre d’hôpital avec Christy, juste à côté de celle que Jake et Sophia occupaient.

    Il essuya la sueur sur son front et son cou, appuya sur le bouton d’appel de l’ascenseur, et remercia encore une fois mentalement sa bonne étoile parce qu’ils aillent tous bien. Jake avait survécu à un coup de batte de baseball en pleine tête et à une opération d’urgence de sa boîte crânienne, ne gardant comme séquelles que de légers tremblements dans une main et aucun souvenir de leur soirée juste avant l’enlèvement. Les blessures de Sophia étaient superficielles, le couteau n’ayant eu pour but que de défigurer son beau visage et son corps afin de ruiner sa carrière de mannequin. Christy, d’un autre côté, n’avait pas été aussi chanceux. Roué de coups et écrasé par une voiture, il avait eu les deux jambes fracturées, des côtes cassées et des centaines de points de suture aux mains. Et, dans un acte de suprême cruauté, Yosef avait rouvert la cicatrice qui traversait déjà son cou, souvenir de l’abus précédent qu’il avait enduré. « Connard » murmura Michael entre ses dents tandis que la porte de l’ascenseur s’ouvrait et qu’il faisait un pas de côté pour laisser des gens sortir.

    Un médecin lui jeta un bref coup d’œil, après avoir entendu son juron.

    — Désolé, dit tranquillement Michael avant de prendre l’ascenseur avec John.

    Michael écouta la musique diffusée dans la cabine et trouva ironique que « Another Day in Paradise » (un autre jour au Paradis) de Phil Collins soit parfaite, eut égard à ce qu’il ressentait en cet instant.

    — Vous allez bien ? demanda John, une fois que la porte fut refermée et qu’il ait pris place contre le mur, les mains jointes devant lui.

    Michael hocha la tête tandis que l’ascenseur vacillait et commençait son ascension.

    — Savez-vous de quoi mon père et Monsieur Santini veulent me parler ?

    — Non, je suis désolé, je ne sais pas.

    Ils se hissèrent en silence. Avec les endorphines provenant de sa séance d’entraînement traversant toujours son corps, Michael prit de lentes et profondes inspirations, dans un effort pour rester calme.

    John pressa un bouton de sa montre, annonçant une communication d’un autre garde, action avec laquelle Michael était devenu bien trop familier. John appuya soudain sur le bouton d’arrêt et l’ascenseur stoppa brusquement.

    — Ils sont aux prises avec un journaliste. Cela va prendre un moment.

    La colère de Michael à l’encontre de Yosef se démultiplia de manière exponentielle, comme elle le faisait toujours quand il songeait à leur perte de vie privée en plus de tout le reste. Les médias s’étaient montrés enragés depuis l’enlèvement et la découverte de l’identité de Christy. John appuya de nouveau sur le bouton de sa montre et relâcha celui d’arrêt de l’ascenseur. Celui-ci recommença à monter.

    — Savent-ils comment il est arrivé jusqu’à l’étage ? demanda Michael.

    — Il est habillé comme un aide-soignant.

    La fureur de Michael décupla. Combien de fois cela était-il arrivé depuis qu’ils étaient arrivés ici ? Dix ? Vingt ?

    John s’avança pour protéger Michael, juste avant l’ouverture de la porte. Après avoir vérifié que la zone autour des ascenseurs était dégagée, il le guida dans le couloir, empoignant gentiment, mais fermement son bras. Procédure standard.

    Michael tourna au coin du corridor pour trouver le journaliste aux mains de deux gardes de la sécurité. Il ignora la bagarre et continua à avancer dans le couloir.

    — Michael ! Michael ! Le procureur a déposé des accusations criminelles contre vous ce matin pour avoir agressé Yosef Sanna. Avez-vous des commentaires à faire ? cria le reporter.

    Un sentiment de rage envahit toutes les fibres de son être et il se retourna brusquement, pour demander de quoi diable le gars parlait.

    La poigne de John se resserra sur son bras.

    — Laissez courir, Michael.

    Le jeune homme secoua son bras et le libéra, puis se précipita dans sa chambre, ignorant la douleur cuisante dans son genou, éprouvant un petit sentiment de satisfaction à l’idée que John doive trotter pour rester à sa hauteur. Il fit irruption en franchissant la porte, et regarda le lit de Christy. Il était vide et il se tourna vers son père.

    — Où est Christy ? demanda-t-il.

    — Je l’ai envoyé passer une radio, répondit sereinement Mac.

    — De quoi diable ce connard, là, dehors, parle-t-il ?

    — Michael…

    La pointe d’avertissement contenue dans la voix de son père lui fit crisper la mâchoire tandis qu’il luttait pour maîtriser sa hargne.

    — C’est bon, Mac. Il a tous les droits d’être en colère, dit calmement Nero Santini.

    Nero était l’un des hommes les plus grands que Michael ait jamais vus, aussi bien en hauteur qu’en largeur, et était tout, sauf réservé.

    — Dites-moi, Monsieur Santini, dit-il à travers ses dents serrées.

    — Grâce au Général Sotíras, l’immunité diplomatique de Yosef a été révoquée ce matin et le FBI l’a arrêté.

    Cette nouvelle était un baume pour le cœur de Michael et fit beaucoup pour apaiser son irritation. De stratégiques interférences avaient empêché l’avion de Yosef de décoller du terminal privé de l’aéroport JFK. En réalité, Yosef avait été emprisonné dans son avion, sur le tarmac, pendant que le Général Sotíras attendait la décision du président grec.

    — Ont-ils arrêté ses gorilles, les gars qui nous ont attaqués ?

    — Oui, continua Nero. Il y aura une audience de libération sous caution mardi matin…

    Michael explosa.

    — Vous vous foutez de moi ! Yosef aura droit à une caution ? Il ne peut pas bénéficier d’une libération sous caution ! Il va quitter le pays !

    Nero leva une main de la taille d’un battoir, dans un geste voulant dire « laisse-moi finir ».

    Michael déglutit difficilement, chaque nerf de son corps tendu par sa fureur, et il ravala les mots qui menaçaient de franchir ses lèvres.

    — C’est une formalité. Vu les preuves, aucune caution ne sera fixée. Ils vont rester en garde à vue.

    Le système nerveux de Michael bourdonnait tellement qu’il se sentit défaillir.

    — Assieds-toi, Michael, dit calmement Mac.

    — Fantastique ! C’est tout simplement fantastique ! Mais de quoi ce journaliste parlait-il ? demanda-t-il tandis qu’il s’asseyait sur le bord de son lit et attendait que Nero continue.

    — Petros, le père de Yosef, a fait une déclaration publique comme quoi tu aurais agressé Yosef dans l’avion pendant le sauvetage de Christy. Par conséquent, le bureau du Procureur des États-Unis est confronté à la pression des médias et à celui de certaines factions politiques. Andrew Gordon, le procureur américain qui va poursuivre Yosef, t’a chargé d’une accusation de voies de fait et d’agression au cinquième degré.

    — Ce ne sont que des putains de conneries !

    — C’est une manière de parler puisqu’il n’a aucunement l’intention de te poursuivre pour ça ni pour les autres accusations portées contre toi.

    Michael marqua une pause, sa colère se calmant peu à peu.

    — Je ne comprends pas.

    — Disons qu’il a fait ça pour sauver les apparences.

    — C’est un trompe-l’œil pour faire en sorte que la presse soit heureuse ?

    — Et pour des raisons politiques.

    Son énervement reflua un peu plus.

    — Et qu’en est-il d’Oxford ? Ils peuvent me retirer ma bourse si je suis accusé d’un crime.

    — J’ai parlé avec eux et ils comprennent les circonstances, dit doucement Nero.

    Michael se détendit un peu plus.

    — D’accord. Merci. Quand Christy va-t-il revenir, papa ?

    — Sous peu, maintenant. J’aimerais que tu envisages la possibilité de voir un psychiatre, Michael. Tu as subi une violente attaque et tu as beaucoup de mal à gérer ta colère.

    Michael se frotta le visage d’une main.

    — Non. Je vais bien, papa. C’est juste… Je déteste simplement tout ça.

    — Je vais accepter ta réponse pour l’instant. Qu’as-tu fait à ta main ?

    — De quoi parles-tu ?

    Il baissa les yeux vers ses mains bandées. Il avait eu droit à plusieurs points de suture après son escalade de la même clôture de fils de fer barbelés aiguisés que Christy avait franchie dans sa tentative pour échapper à Yosef. Ils avaient tous les deux eu les mains recousues, et du sang s’infiltrait maintenant à travers la gaze d’un de ses pansements.

    — Je me le suis probablement fait en ajoutant des poids à la machine.

    — C’est à ça que sert un physiothérapeute, le réprimanda Mac tout en appuyant sur le bouton d’appel pour une infirmière.

    En quelques secondes, elle apparut, Mac indiqua la main de Michael et lui demanda de changer son bandage. Elle repartit silencieusement et revint quelques instants plus tard avec les fournitures nécessaires.

    — Nero aimerait te demander quelque chose, dit Mac.

    Michael regarda l’homme dans l’expectative, tandis que l’infirmière retirait le pansement de sa main. Il serra les dents lorsqu’elle nettoya sa paume avec de l’alcool, puis la tendit vers son père pour qu’il puisse l’inspecter. Mac hocha la tête en guise d’approbation et elle refit le bandage.

    — Comment se comporte Christy avec les cauchemars ? demanda Nero.

    Christy avait travaillé de toutes ses forces pendant un an à essayer de passer au-delà de ses cauchemars et Michael détestait Yosef d’autant plus de l’avoir ramené à son point de départ. Ils étaient très fréquents et horribles à nouveau, Christy revivant l’enfer de son passé, se réveillant toutes les nuits en hurlant. Michael le tenait toujours, le rassurait et frottait son dos jusqu’à ce qu’il se rendorme.

    — La nuit dernière a été la première qu’il a passée, sans en faire depuis son enlèvement. Pourquoi ?

    Nero soupira profondément.

    — Le Général Sotíras a pris d’assaut le yacht des Sanna et Petros Sanna a été mis en garde à vue ainsi que plusieurs autres personnes.

    C’était une nouvelle encore plus agréable pour Michael. Le père de Yosef, Petros, avait également abusé de Christy.

    — Ils ont trouvé plus de victimes qu’ils ne s’y attendaient. Il a envoyé des photos et aimerait que Christy puisse les identifier s’il peut.

    — Ils ne peuvent pas le faire eux-mêmes ?

    — Ils sont morts.

    II

    MORTS. MICHAEL marqua une pause, ses entrailles se tordant. La seule pensée que ces criminels auraient pu assassiner Christy menaçait de le submerger. Et il était sacrément certain qu’il ne voulait pas qu’il regarde des photos de personnes mortes.

    — Christy a quitté la Grèce depuis un an. Comment pourrait-il savoir qui ils sont ?

    — D’après ses propres dires, au moins neuf d’entre eux étaient sur le yacht avec lui quand il était à bord, répondit Nero.

    Il adressa un coup d’œil méfiant à l’avocat.

    — Ce ne serait pas bon pour Christy de voir ces photos, surtout après le kidnapping.

    Nero hocha la tête.

    — Tu as probablement raison. Dis-moi, t’a-t-il parlé d’autres victimes ?

    Michael secoua la tête.

    — Jamais.

    — Des enfants ou d’autres jeunes hommes apparaissent-ils dans ses peintures ?

    Christy était un artiste incroyable et une partie de sa thérapie consistait à peindre ou à dessiner. Il avait plus de vingt chevalets dans son loft, la plupart d’entre eux montrant des représentations de la mer. Mais il y avait d’autres tableaux – des toiles macabres de ce qu’il avait enduré et il les gardait recouvertes par des draps. Ceux-ci seraient utilisés comme preuves dans un procès contre les agresseurs de Christy.

    — Je n’en ai remarqué aucun, mais je n’ai pas vu toutes ses peintures.

    — N’a-t-il jamais parlé de ses tortionnaires ?

    Michael réfléchit à la question.

    — Quand il m’a montré les cicatrices sur sa cuisse intérieure, il m’a dit que les lettres marquées au fer rouge étaient les initiales de ses assaillants et que son père ne se souciait pas de ce qu’ils lui faisaient. Puis, quand le Général Sotíras est venu ici, il y a deux semaines, il a dit que le patron du général était sur les tableaux.

    — N’a-t-il jamais mentionné une femme ?

    — Non. Pourquoi ?

    — Ils ont arrêté une femme qu’ils pensent être la personne qui s’occupait des victimes. Le Général Sotíras craint que ce soit un problème beaucoup plus vaste qu’un simple réseau de pédophilie mis en place par quelques politiciens puissants et hommes d’affaires influents.

    — Un cartel de trafiquants ? demanda Mac.

    Nero hocha sombrement la tête.

    Et les coups continuent simplement de tomber. Michael secoua lentement la tête. Il ne savait pas pourquoi cela le surprenait. Les hommes – les animaux – qui avaient abusé de Christy étaient les criminels les plus odieux auxquels il pouvait penser. Il avait voulu le protéger à partir du moment où il l’avait rencontré et avait vu l’horrible cicatrice autour de son cou. Sa seule mission était de garder Christy en sécurité, de le prendre dans ses bras, de le protéger de tout le mal de ce monde et de faire en sorte qu’il ne lui arrive jamais rien. Et j’ai échoué.

    — Ce ne serait pas bon pour Christy de voir ces photos, Monsieur Santini. Pouvons-nous… au moins lui laisser un peu de temps pour se remettre de son enlèvement avant que vous lui demandiez de les regarder ?

    — Le Général Sotíras ne peut pas retenir la femme sans une déclaration de quelqu’un et il est trop tôt pour interroger les victimes qui ont survécu.

    Les intestins de Michael firent à nouveau des nœuds avec un sentiment d’angoisse simultané pour Christy et une recrudescence de sa haine à l’égard de Yosef. Christy avait du mal à faire face à ses mauvais souvenirs et il s’effrayait facilement, il ne pouvait alors pas se défendre lui-même. Quand il avait peur, une forme de catatonie prenait le dessus et il se retirait en lui. Son regard se perdait dans le vague et il se réfugiait dans un endroit où il ne pouvait pas entendre Michael – et dont il ne pouvait pas toujours revenir sans l’aide médicale de son père. Et à cause de cela, Michael se sentait totalement impuissant. Qu’il soit damné s’il allait laisser quelque chose bouleverser Christy et il ne voulait plus jamais se sentir aussi inutile. Jamais.

    — Il est beaucoup plus fort qu’il ne l’était et il est déterminé à aller mieux, peu importe les circonstances, mais l’enlèvement a ramené tout cela à la surface. C’est à nouveau très douloureux et difficile. Avez-vous interrogé Rob à ce sujet ?

    Comme si c’était le signal qu’il attendait, Rob Villarreal, le psychiatre de Christy, entra dans la chambre.

    — Quand on parle du diable… dit Mac pour l’accueillir gentiment tandis qu’ils se serraient la main.

    — L’êtes-vous ? répondit Rob avec un sourire.

    — Michael venait juste de parler de vous.

    Rob serra la main de Nero avant de se tourner vers Michael et d’étreindre gentiment son épaule.

    — Michael.

    — Hey, Rob. Nous avons besoin de vos conseils.

    Nero expliqua succinctement la situation.

    Rob haussa les sourcils avec consternation.

    — Quelle horrible nouvelle.

    — Sans déconner ? dit amèrement Michael.

    Les petites lignes autour des yeux de Rob se plissèrent très légèrement au juron de Michael.

    — Christy a beaucoup évolué au cours de l’année écoulée et il est devenu nettement plus fort depuis qu’il a rencontré Michael, mais je ne peux pas prévoir quelle sera sa réaction.

    Rob marqua une pause avant de poursuivre.

    — Ceci étant dit, il sera furieux si vous lui cachez cette information et qu’il le découvre plus tard.

    Les entrailles de Michael se retournèrent un peu plus. Il aurait dû penser à ça.

    — Exactement.

    — Je préfèrerais que Nero l’interroge ici où j’ai tout ce dont j’ai besoin sous la main pour lui venir en aide, dit Mac.

    — Quand pensez-vous pouvoir le relâcher ? demanda Rob.

    — Sauf complications imprévues dans les radios de ses jambes, j’espérais les libérer demain matin.

    — Sérieusement ? demanda Michael, ses intestins se relâchant légèrement et son esprit s’éclaircissant.

    — Je pense que oui. Tu n’as pas besoin de rester à l’hôpital pour continuer ta rééducation.

    C’était la meilleure nouvelle que Michael ait entendue de la journée.

    — Et qu’en est-il de Jake et de Sophia ?

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