Au cœur du mensonge

Toute identité a, par essence, une histoire et donc une part de potentielle fiction. Mais il faut prendre garde lorsque cette dernière prend le pas sur la réalité des individus. Certains, ou en l’espèce certaines, la journaliste Sonia Kronlund. Qui voit immédiatement là un sujet de film, ou de livre. Car le dénommé Alexandre, pour d’autres femmes, s’appelle Daniel, Alexander, Carlos ou Ricardo – son « vrai » prénom – et se présente en tant que ou comme Entre autres cartes de visite, et ce de la France à l’Amérique du Sud, en passant par la Pologne. Comment toutes celles, nombreuses (Nicole, Kasia, Carolina, et d’autres…), qui ont croisé son chemin ont-elles pu se faire berner? C’est l’un des enjeux de , document d’une grande justesse psychologique, qui décortique les techniques très perfectionnées de manipulation de cet Si le récit de ses origines peut varier, ce menteur patenté sait mieux que quiconque rendre crédible un rendez-vous avec des proches qui n’aura pas lieu, faire appel à un certain fictif, ou emprunter de « petites » sommes d’argent sans que cela suscite le moindre doute. S’interrogeant elle-même sur sa démarche et sur sa fascination, tel Emmanuel Carrère avec , Sonia Kronlund enquête donc sur le passé de cet individu, pour comprendre les événements qui ont façonné sa personnalité cynique. Et ira jusqu’à le rencontrer – quitte à utiliser les méthodes de « triche » de cet affabulateur. Un retour à l’envoyeur? Et ce qu’on a lu est-il la vérité?