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Abysses: La voix d'Alyha
Abysses: La voix d'Alyha
Abysses: La voix d'Alyha
Livre électronique262 pages3 heures

Abysses: La voix d'Alyha

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À propos de ce livre électronique

La découverte de l'existence des sirènes sonnera sans doute la fin de l'ère humaine...

US Nautile 4 au large des côtes de la Nouvelle Zélande huit heures et des poussières - heure locale - notre monde vient de basculer et nous n'avons encore aucune idée de l'étendue des conséquences de cette fabuleuse découverte. Homo Sapiens n'est pas la seule forme de vie intelligente de l'univers... pas même de sa planète ! Les trois corps étendus sur mes tables d'autopsie l'attestent : Primatus Aquatis existe. Les sirènes sont réelles et elles n'ont rien à voir avec l'image que notre folklore a gardé d'elles.
Alyha, leur dirigeante vient de lancer son ultimatum à l'humanité. Nous avons vingt-quatre heures pour délibérer et moi Jean-Baptiste Martin biologiste à la tête du projet gouvernementale top secret Primatus Aquatis, je trépigne. Le travail de toute ma vie porte
enfin ses fruits... mais à quel prix ? Ça, nous avons vingt-quatre heures pour le découvrir !

Ils n'ont que vingt-quatre heures pour sauver l'Humanité... Un roman passionnant, mêlant sciences et fantasy, que vous ne pourrez pas lâcher !

EXTRAIT

Je regardai l’horloge murale incrédule. Qu’avions-nous bien pu faire pour perdre autant de temps ? Presque quatre heures s’étaient déjà écoulées depuis la prise de contrôle des médias par la voix. Le porte-avions sur lequel nous nous trouvions était en effervescence, seulement à présent ce n’était plus l’unique présence des trois corps de Primatus aquatis qui rendait les militaires nerveux. Les Russes n’allaient pas tarder à arriver sur le bâtiment flottant emmenant à n’en pas douter un bon lot d’ennuis avec eux. Je ne retins pas un énième soupir. Nous manquions cruellement de temps ! Bientôt, les Soviétiques viendraient chambouler l’équilibre précaire qui empêchait les marins de sombrer dans l’hystérie.
Je n’écoutais pas aux portes, cependant je n’étais pas sourd non plus. Les soldats avaient peur et je les comprenais. Bien que mon cerveau n’ait qu’une pensée depuis notre arrivée sur le navire, une part de moi commençait à redouter l’échéance de l’ultimatum annoncé par la voix.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Rachel Dubois est née en décembre 1987 à Morges en Suisse. Tombée dans les livres étant petite, elle dévore les romans Bit-lit et Fantasy depuis l'adolescence et encore plus depuis que son mari lui a offert une liseuse électronique pour son anniversaire. Le pauvre, il ne savait pas dans quoi il se lançait !
Ancienne caissière de supermarché, elle a d'abord commencé à écrire pour combler ses pauses de midi, puis c'est devenu une nouvelle passion. Soutenue par ses amis et son chéri, elle décide alors de publier son premier roman HERITAGE de la série en cours Chamanes via la plateforme d'auto-édition d'Amazon en mai 2016. La saga compte actuellement quatre tomes et a reçu un bon accueil et de bonnes critiques de la part de blogueuses littéraires connues sur la toile.
LangueFrançais
Date de sortie7 nov. 2019
ISBN9791037700162
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    Aperçu du livre

    Abysses - Rachel Dubois

    Remerciements

    Merci aux personnes qui ont cru en moi et qui m'ont soutenue tout au long de cette aventure.

    À toute l’équipe du Lys Bleu Editions : un immense merci pour votre soutien, votre professionnalisme et vos conseils.

    À Michel, mon mari : merci d'avoir supporté mes heures d'écriture et de relecture.

    À David Perez Sid, artiste talentueux qui est le créateur de l’image de couverture de ce livre. Merci pour ta disponibilité et ton travail au top !

    À Virginie mon adorable belle-sœur qui a eu la gentillesse de créer la couverture de ce livre.

    À Aurore – amie fidèle qui a cru en moi dès le début. Ce roman ne serait pas le même sans tes heures de relecture Merci d'être à mes côtés ma chérie !

    À Rahel – relectrice de génie – merci pour ton travail et ta disponibilité.

    À mes parents : merci d'être vous !

    Et enfin et surtout, merci à vous lecteurs qui je l'espère avez eu autant de plaisir à lire cette aventure au cœur des abysses que j'en ai eu à l’écrire.

    Prologue

    Peuple de la Terre,

    Aujourd’hui marque la fin d’une ère. Depuis des millénaires, nos deux races se sont côtoyées de manière pacifique car la vôtre ignorait les preuves de l’existence de la nôtre.

    Oui, nous existons. Non, nous ne ressemblons en rien à l’image que vous vous êtes forgée de nous. Comme tout ce qui régit votre monde, votre imaginaire nous a créés narcissiquement semblables à vous. Pire ! Objet de fantasme et de consommation, notre peuple serait composé uniquement de femelles désirables, aux bustes dénudés et affublés d’une queue de poisson. Grotesque ! Nous sommes des mammifères, nulle écaille n’habille notre peau.

    Bien que nos ancêtres fussent communs, nos formes actuelles ne se ressemblent pas. Alors que vous n’êtes toutefois pas si différents de nos ancêtres primates : bipèdes, poilus, munis de pouces opposables et capables de raisonnement basique, nous avons évolué. Restés dans le milieu aquatique, nous avons perdu tous nos poils, ainsi ne croiserez-vous jamais l’une des nôtres poitrine à l’air et crinière blonde au vent.

    Nos yeux se sont également adaptés à l’eau salée et à l’obscurité des profondeurs. Notre cornée est donc plus épaisse et nos pupilles plus mobiles. La structure de notre peau est en quelques points similaire à celle des autres mammifères marins. Différente néanmoins au niveau du spectre de couleur. Inutile cependant que je vous l’énumère à vos yeux terrestres et primitifs, nous sommes gris. Consciente de briser un mythe, je vous l’annonce sans détour, nous n’avons pas de queue ! Comme vous, nous sommes bipèdes et si les membranes de peau entre les doigts de nos extrémités sont plus développées ce n’est pas grâce à elles que nous nageons mieux que vous. En bonne personne de la terre, vous m’imaginez actuellement chauve, la peau luisante et grise avec des yeux noirs globuleux ainsi que des mains et des pieds palmés. Vous n’auriez peut-être pas tort, vos yeux primitifs ne peuvent voir le reste.

    Si en ce jour je vous parle tandis que ces mots s’affichent simultanément sur tous vos écrans, c’est que comme annoncé précédemment, nous vivons la fin d’une ère. En effet, aujourd’hui mon peuple ne peut plus vivre caché du vôtre.

    Parce qu’il y a dix ans j’ai pris le risque d’épargner la vie de l’un des vôtres échoué en mer, votre armée s’est lancée dans une traque sans précédent.

    Parce qu’il y a vingt-quatre heures, dans les eaux peu profondes du Pacifique, vos soldats ont abattu trois de nos jeunes en chasse d’initiation et notre chef Tyrr, mon père.

    Parce qu’en cette heure vous et vos gouvernements réalisez que nous maîtrisons vos technologies, vos langages et vos systèmes d’écriture aussi bien que vous, si ce n’est mieux.

    Parce que oui, femmes et hommes du Peuple de la Terre, ce que vos scientifiques nomment en secret depuis dix ans les primates aquatiques existe et que contrairement à vos idées reçues de suprématie de votre race, notre peuple est bien plus évolué que le vôtre.

    Aujourd’hui gens du Peuple de la Terre, vous avez un choix à faire : la paix ou la guerre.

    Contrairement à vous, bien que technologiquement plus avancés, nous n’avons jamais ressenti ce besoin de domination qui régit les vôtres.

    Au moment où je vous parle, des scientifiques de votre peuple inspectent les corps rapportés en trophées par vos seals. Ils se préparent avec délectation à disséquer nos honorables défunts. Par ma voix, les miens en tant qu’individus du genre humain civilisé selon vos propres critères réclament que les dépouilles de nos amis assassinés nous soient rendues là où ils nous ont été pris.

    Femmes et hommes du Peuple de la Terre, vous avez vingt-quatre heures pour choisir votre avenir.

    Alyha, fille de Tyrr

    Sage du Peuple des Abysses

    H-23

    J-B

    Alors que je continuais à noter scrupuleusement mes observations, dans mon carnet vert, j’entendais l’effervescence dans les couloirs de la base flottante. Quelle histoire ! Voilà une dizaine d’années que moi Jean-Baptiste Martin, dit J-B pour les intimes, j’appartenais à cette équipe de recherches top secrète. Enfin confidentielle avant huit heures dix-huit ce matin, car c’était actuellement un peu compromis.

    En tant que chercheur en biologie marine à la prestigieuse Université Pierre et Marie Curie de Paris, j’avais été surpris lorsque l’armée française m’avait contacté. Après un entretien avec deux hauts gradés représentants de leur armée respective la Française – la mienne du coup – et l’Américaine, je m’étais vu confier une mission digne d’un film de science-fiction. J’avoue volontiers avoir en premier lieu pensé à une arnaque du genre caméra cachée, mais non l’Amerloque avait été des plus sérieux, son homologue français également. On avait obtenu la preuve d’une autre forme de vie de type humanoïde : le Primatus aquatis ! Et ils comptaient sur moi pour le retrouver.

    En effet, un pilote détaché de la marine américaine jurait avoir été secouru d’une noyade certaine par ce qu’il nommait une sirène. Une fois la batterie de tests psychologiques passée avec succès, le marine allait pourtant dire adieu à sa belle carrière. Personne ne voulait d’un fou dans ses rangs, pas même les Amerloques ! C’était compter sans l’intervention de la copine du soldat. Une brillante pirate informatique qui avait hacké le système des satellites universels et pas uniquement ceux de l’armée. Notre dévouée experte en informatique, TJ, la femme de Tad – notre fameux marine donc – avait fourni la preuve en image que personne n’attendait. La fameuse sirène…

    Cette découverte était restée un secret de polichinelle. Imaginez le mouvement de panique ! argumentaient les gouvernements, enfin ceux membres de l’OTAN. Les Ricains n’allaient pas partager l’info avec les autres…

    Donc, depuis dix ans, TJ, notre hackeuse, Tad, le témoin zéro et bras musclé de notre petite équipe, Yoël notre spécialiste en géologie marine et moi-même sillonnions les mers à bord d’un sous-marin de l’US Navy. Nous étions en permanence entourés d’une petite armée. Ces soldats étaient mis dans la confidence, mais pour la plupart d’entre eux nous n’étions qu’une bande d’illuminés soutenus par des lobbies puissants.

    Il fallait admettre que jusqu’à ce jour nous n’avions fait aucune découverte majeure. Débarqués en catastrophe sur ce porte-avions de l’US Navy ce matin, nous avions constaté avec excitation qu’il ne s’agissait pas d’un autre fake. Nous avions bien à faire à trois corps de Primatus aquatis. En tant que biologiste de l’équipe, il me revenait l’honneur de pouvoir pratiquer l’autopsie des corps. Enfin, j’avais eu l’honneur, car pour l’instant Anya ma nouvelle assistante et moi-même n’avions plus le droit de toucher à rien. « Touchez avec les yeux » avait lancé le Président, enfin l’Américain, le mien s’était contenté d’un « faites comme il a dit ». Bref encore une fois la politique mettait un frein à la science !

    OK ! J’étais peut-être un peu de mauvaise foi, mais tout de même, rester à côté de ces trois magnifiques spécimens sans pouvoir en apprendre davantage, c’était très frustrant pour le grand enfant de trente-deux ans que j’étais. À côté de moi, Anya aussi était tendue. Il fallait dire qu’à dix-neuf ans, elle avait la fougue de la jeunesse pour elle. Moi j’étais juste pitoyable ! Un grand gamin, même si je voyais bien que mes tempes commençaient à grisonner. Au moins, n’étais-je pas chauve ! Cette constatation me ramena indubitablement aux corps sur la table d’autopsie. Ils étaient chauves tous les trois. Leur peau était quant à elle lisse, imberbe et grise. Leurs pieds et leurs mains étaient légèrement palmés. Je ne pus m’empêcher de penser que la voix les avait parfaitement décrits. Leurs défunts… Son père, avait-elle dit. Je frissonnai. Ces spécimens que j’étais si excité de disséquer étaient les proches de quelqu’un. Quelque chose ?

    Alors que je notais ma description de Primatus aquatis numéro 1 dans mon carnet – le vert, car le rouge et le bleu étaient réservés aux spécimens deux et trois – je m’interrogeai. Aucun de ces trois corps n’avait l’air plus âgé que les autres, aucun ne paraissait avoir l’âge d’être le père de quelqu’un. Quelque chose… Était-ce là une propriété de cette peau étrange et grise ? Ça chauffait dans mon cerveau qui déjà fourmillait d’hypothèses à ce sujet. Sagement assise sur un fauteuil dans un coin de la pièce, Anya tapotait sur son laptop. Bien qu’elle soit de mon temps, j’évitais autant que possible cette technologie bien trop facile à pirater. Rien ne valait un carnet et un stylo ! Oui, j’étais devenu un peu parano depuis ma rencontre avec TJ. Anya, elle pouvait cependant utiliser toute la technologie qu’elle souhaitait, notre hackeuse nous assurait un excellent pare-feu. Enfin, c’était avant que la voix ne pirate l’ensemble des haut-parleurs, écrans de télévision et d’ordinateur du monde entier moins d’une heure plus tôt.

    Sous l’ordre du commandant du bâtiment sur lequel nous étions et de monsieur le président américain himself, TJ s’évertuait à comprendre comment leur système intranet avait pu être corrompu. Ce porte-avions avait été coupé du monde extérieur exactement dix secondes après que son commandant ait appelé notre équipe. Soit moins de trois minutes après que ses hommes aient repêché les trois spécimens morts. Le navire était donc en quarantaine numérique depuis presque vingt-quatre heures lorsque la voix était intervenue. Inutile de préciser que TJ était sur le pied de guerre. S’étant elle-même autoproclamée « the best hackeur ever », elle ne pouvait pas laisser la voix lui voler son titre.

    Notre informaticienne n’était pas la seule à être en effervescence, tout le bâtiment vibrait d’une agitation inhabituelle. Les marines étaient en surnombre dans les couloirs, sur le pont et même devant la porte de la morgue improvisée où Anya et moi-même nous nous trouvions.

    — Professeur Martin ?

    Anya attendait manifestement une réponse de ma part, cependant, pris dans mes pensées jusqu’ici, je ne l’avais pas entendue. J’observai alors mon assistante qui me dévisageait de ses grands yeux bleus.

    Véritable génie, Anya était l’archétype de la blonde sexy, mais elle ne semblait pas le savoir. Timide comme tout, elle baissa le regard sous l’insistance du mien. Ah ! Si seulement j’avais été plus jeune !

    — Pardonnez-moi, que disiez-vous mademoiselle Singer ?

    Ses joues rosirent alors que mon regard s’attardait sur ses beaux yeux bleus.

    — Excusez-moi professeur, loin de moi l’idée de vous déconcentrer dans vos observations, mais le commandant vous fait demander.

    Alors seulement, je remarquai le jeune marine dans l’embrasure de la porte. Il faisait de son mieux pour ne pas loucher sur les courbes parfaites d’Anya, c’était tout à son honneur, je n’avais moi-même pas cette prétention.

    — Euh… oui, merci, mademoiselle.

    Déjà, je rejoignais l’officier et lui emboîtai le pas tout en refermant la porte sur mon précieux trésor. Primatus aquatis évidemment ! Pas Anya. Non, mon assistante était bien trop jeune pour moi. Elle était la plus brillante des étudiantes en anthropologie et spécialiste de la préhistoire tout juste diplômée d’une prestigieuse université américaine dont j’avais déjà oublié le nom. Ses études et l’amour des défis avaient amené cette jeune orpheline du Midwest à examiner des ossements datant du sixième siècle avant J.-C., retrouvés il y avait peu de temps sur une petite île inhabitée des Cyclades grecques.

    Anya, la jeune diplômée fraîchement débarquée du département de recherches de son université qui l’avait embauchée avait remarqué ce que les meilleurs spécialistes de sa branche avaient raté : les ossements n’étaient pas humains, pas tout à fait du moins. De ses observations, ma nouvelle assistante avait déduit qu’il s’agissait d’une toute nouvelle espèce d’humanoïde préhistorique ayant une masse osseuse et un alignement des vertèbres différents d’Homo sapiens. Elle en avait conclu que ces différences physiologiques résultaient d’une vie en milieu aquatique, ou tout du moins amphibie. Big Brother qui surveillait tout ce qui touchait de près ou de loin au projet Primatus aquatis, lui avait mis le grappin dessus. Elle avait alors rejoint notre petite équipe en tant que mon assistante pour commencer, et quel début ! Anya n’était arrivée parmi nous qu’une semaine plus tôt ! Elle avait dix-neuf ans et un bel avenir devant elle, enfin si la voix en laissait un à l’espèce humaine.

    Je m’interrogeai à ce sujet, le Peuple des Abysses avait-il véritablement les moyens de déclencher une guerre, ou cela était-il une forme de bluff ?

    Après avoir longé un couloir interminable, puis être descendus d’un étage, le jeune officier et moi-même nous trouvions à nouveau dans l’un de ces couloirs insipides, grouillant de soldats en uniformes. Que la vie terrestre et mon petit appartement me manquaient parfois !

    Alyha

    Mon père était mort, cela ne faisait aucun doute. Près de moi passait un kaos, un magnifique oiseau blanc qui détonnait dans ce milieu coloré. Ces volatiles de mer arrivaient régulièrement jusqu’aux grottes sous-marines dans lesquelles nous vivions en s’infiltrant dans de petites cavités rocheuses sur les îles en surface. Ils faisaient la joie de nos enfants, si rares. Je me souvenais très bien de lorsque quelques décennies plus tôt, je courais après les kaos sur les rives de nos lacs souterrains poissonneux.

    Aujourd’hui, assise sur un rocher bleuté nervuré d’un vert luminescent, je ne leur prêtais qu’une toute petite attention. En effet, des préoccupations plus sombres occupaient mes pensées : l’avenir de mon peuple. Comme ceux des deux jeunes chasseurs, l’esprit de mon père m’était devenu insondable dès les premiers instants de l’attaque dont ils avaient été victimes. Les Homo sapiens avaient beau avoir mentionné leurs morts comme accidentelles dans leur rapport, je connaissais la réalité.

    Alors qu’un souffle d’air venu des mêmes cavités que celles qu’empruntaient les oiseaux blancs faisait bruisser la flore luminescente et multicolore de cette partie de l’immense grotte sous-marine dans laquelle logeait mon clan, le kaos fendit la surface du lac. L’eau qui semblait rose violacé à cause des algues qui peuplaient le fond du lac, s’agita, puis redevint calme lorsque le volatile s’éloigna avec sa proie. Sur la rive d’en face, Kaleb et Dyra, les deux seuls enfants de notre clan s’élancèrent à sa poursuite. La nostalgie me gagna, le temps de l’innocence était bel et bien terminé pour moi !

    Avec lenteur, je me levai et lissai ma tunique vert d’eau. Alors que je me dirigeais déjà vers l’ouverture qui menait à la voûte principale, je perçus les émotions de la nourrice, déchirée entre la compassion et l’angoisse que je lui inspirais. Je me retins de grimacer et m’en allai d’un pas égal, luttant contre l’envie de courir.

    Une fois le long passage étroit franchi, j’atteignis la grotte principale. Celle-ci n’avait rien à voir avec le calme et la quiétude de la précédente. Ici, le sol de pierre cyan nervuré de bleu plus clair traçait un sillon entre les deux immenses parois de la même roche dans laquelle étaient creusés nos quelque cinquante habitations et lieux communs. En dessus de ma tête la pierre lisse reflétait la douce lumière d’un début de matinée tandis qu’à intervalles réguliers, des monte-personnes desservaient les différents paliers. Les balcons et les passerelles reliant les deux bords grouillaient de l’activité des miens et de leurs pensées toutes affairées à accomplir leurs charges de la journée vinrent effleurer mon esprit.

    Alors que j’avais pour habitude de trouver cela pesant, aujourd’hui cela me calma. La crise que vivait notre peuple n’avait pas d’emprise sur son bon fonctionnement de notre société. C’était une bonne chose. Je franchis le seuil du monte-personne et celui-ci me salua tandis que son moteur se mit à ronronner. En quelques secondes, j’arrivai au tout dernier étage, la boule au ventre. Machinalement, je jouai avec l’étoffe de mon vêtement. Le Conseil m’attendait car c’était à moi de le présider à présent que mon père nous avait quittés. Qu’allais-je bien pouvoir leur dire ? Cela me paraissait si futile.

    Qu’ils soient moins sensibles que moi aux liens qui unissaient les nôtres par l’esprit ne leur aurait pas épargné les derniers instants de ceux qui nous avaient été pris. Mon père s’en était assuré. En effet, même les nanites qui circulaient dans nos veines ne pouvaient soigner de telles blessures. Cependant, j’y avais cru. Rien qu’un peu.

    Comment accepter que l’homme qui avait su conduire notre peuple ces trois derniers siècles ait pu perdre la vie aussi bêtement ? Je l’avais supplié de repousser ce rite initiatique. Les hommes de la terre travaillaient sur leur horreur de métal bien trop proche de Laminae, cette grande étendue d’algues si hautes qu’elles atteignaient la surface de l’océan proche de notre colonie et que notre gibier appréciait. Tyrr était têtu, je le savais après tout j’étais à son image. Trop obstiné pour mourir sous les tirs des soldats terrestres ?

    Malheureusement non ! L’espion était formel, les nanites n’avaient rien pu faire pour sauver les nôtres. À présent, il ne nous restait plus qu’à récupérer les cadavres de ceux qui avaient été miens. Je déglutis péniblement, quelle atroce vérité ! Je me ressaisis, nous devions reprendre les corps, car en eux vivait encore le plus grand secret de mon peuple, les nanites. Ces nano bio-entités robotisées étaient sans conteste la plus brillante découverte de mes semblables. Inventées au trente-troisième siècle après la Séparation alors que les Homo sapiens brûlaient sur le bûcher tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un scientifique, elles faisaient depuis lors partie de nous. Quels sauvages ! Cependant, j’espérais secrètement qu’ils aient assez évolué pour comprendre la nécessité de nous rendre nos morts sans histoire, nous épargnant ainsi à tous une guerre.

    Nos nanites avaient pour but premier de protéger le corps hôte, de le soigner et ainsi de le préserver sur plusieurs siècles. Elles n’étaient pas vivantes au sens humain du terme, elles ne pouvaient donc pas mourir. Cependant, une fois l’hôte décédé, ce qui arrivait rarement, elles devaient être récupérées rapidement pour que nos scientifiques puissent procéder à la sauvegarde de leur mémoire avant de les réinitialiser. En effet, afin de préserver le secret de notre existence, elles étaient programmées pour se décomposer entraînant les tissus et les chairs, rapidement une fois que l’hôte était mort. Notre squelette ressemblait suffisamment à celui des Homo sapiens pour que ceux-ci puissent prendre nos morts perdus pour les leurs. Seule ombre, dans ces quelques rares cas, nous n’avions pas pu récupérer les données contenues

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