QUAND ON N’A QUE LES MOTS...
LES MOTS SONT LES MÉDAILLES DE LA PÉNURIE
Ce n’est pas le moindre paradoxe de ces mots que l’on moque volontiers pour leur futilité: à l’instar de celle que nous traversons, les époques troublées leur vont bien au teint. En témoigne l’attente impatiente des allocutions gouvernementales, quand on n’en espérerait pas de miracles: la parole, en temps de guerre réelle ou fantasmée, relève moins de l’information que de l’incantation et vise d’abord à bercer notre cœur d’une langueur monotone.
Les mots rassurent. Quand on ne sait plus à quel saint se vouer, il importe de se cramponner, comme à un grigri, à une formule magique. Qu’elle ne veuille rien dire, voire dire le contraire de ce qu’elle devrait signifier, n’est en rien rédhibitoire. Ce qui compte, c’est qu’on puisse se la répéter dans le secret de ses doutes. Voyez la merle promu geste barrière faute de grives. Le bidule est assez ronflant pour impressionner (Diafoirus, pas morts!) et recèle juste ce qu’il
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