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Courage, fuyons

Printemps 2019, Michael Taylor se trouve chez lui, dans le Massachusetts, lorsqu’il entend sonner son téléphone. Cet ancien membre des forces spéciales de l’armée américaine, les fameux « bérets verts », est entre deux boulots. À l’autre bout du fil, il reconnaît la voix d’un ami, un homme d’affaires libanais avec qui il a déjà travaillé. Celui-ci, que Taylor nous présente comme « Ali », le contacte pour lui parler d’un « gars », « proche de nous », « qui s’est fait prendre dans un traquenard au Japon ». Michael pourrait-il donner un coup de main pour le tirer d’affaire? Oui, bien sûr, répond-il, ce serait possible, mais il aurait besoin d’en savoir un peu plus sur le dossier.

Michael Taylor, 59 ans, a l’habitude de recevoir ce genre de demandes. Il a longtemps dirigé une agence militaire privée spécialisée dans les situations risquées et l’exfiltration d’individus. En deux décennies, les spectaculaires missions de sauvetage qu’il a menées tout autour du monde lui ont valu une belle réputation. La plupart du temps, c’est le FBI (le contre-espionnage) ou le département d’État américain (les affaires étrangères) qui l’engagent de façon non-officielle. Il a rapatrié des enfants kidnappés par leur père au Proche-Orient, sauvé des adolescents jetés en prison au Costa Rica après de simples accidents de la route. Entre la fin des années 1980 et celle des années 2000, il a mis en place une bonne vingtaine d’opérations de ce type, rémunérées entre 20 000 dollars et 2 millions de dollars (un dollar vaut 0,84 euro), sachant que quelques-unes nécessitent des années de préparation. Taylor a fini par être surnommé « Captain America » et sa vision du monde est strictement binaire: il y a les patriotes d’un côté, les traîtres de l’autre, « les gars de chez nous » contre « les salauds d’en face ». Lorsqu’on l’écoute, Michael donne l’impression d’être un super-héros et ses aventures sont toujours épiques, démesurées. Y compris celle dans laquelle Ali lui propose de se lancer.

Taylor l’a rencontré en 2004 lorsque ce dernier s’est installé en Irak, alors en pleine guerre, pour y vendre des assurances. L’ancien béret vert avait réuni une flotte de 4x4 pour l’escorter dans ses déplacements, notamment sur le chemin qui séparait l’aéroport de Bagdad de la « zone verte » américaine, une route connue à l’époque pour être la plus dangereuse au monde. Quinze ans plus tard, Ali l’appelle de Beyrouth. Comment Michael voit-il le projet ? Quel plan faudrait-il monter ? Et combien ça coûterait ? À ce moment-là, il n’en sait rien : faire sortir clandestinement quelqu’un d’une île aussi densément peuplée et strictement gouvernée que le Japon – pas vraiment

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