Le chasseur et la veuve
Derrière la mairie du Vernet, village de 1 900 habitants dominant Vichy (Allier), au milieu du petit cimetière de campagne à la grille rouillée, la tombe de Christophe Doire est encombrée d’ornements funéraires faisant référence à la chasse. Un cerf, gravé dans le marbre gris, semble se dresser fièrement vers un soleil déclinant. Une plaque, représentant des hommes armés de fusils traquant le gibier, déplore : « La mort l’a ravi au printemps de sa vie. » Au premier plan de la pierre tombale, incongrûment encadrées de deux cochons roses sur le dos semblant se gausser, ces paroles de Prévert chantées par Montand : « Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi. » Et une épitaphe qui aurait pu être anodine mais fait aujourd’hui froid dans le dos : « À mon époux ».
L’enquête ouverte en 1995, à la suite de la découverte le jour de Noël par deux chasseurs du corps sans tête de Christophe Doire, 28 ans, le long de la départementale 121, qui serpente dans la forêt du Vernet à Busset, vient de connaître un rebondissement spectaculaire. Ce cold case, sur lequel juges et enquêteurs s’étaient depuis vingt-sept ans cassé les dents, restait échoué sur la thèse d’un règlement de comptes entre chasseurs. Avec un suspect principal : Dominique Maillet, ancien équipier de la victime, placé deux fois en garde à vue mais toujours relâché sans charges.
Cette semaine, coup de tonnerre dans cette macabre affaire, dont l’ombre n’a pas cessé de planer sur cette région verte et tranquille. Maria M., pèsent sur elle : de l’ADN, retrouvé sur les vêtements de la victime lors de l’exhumation de son corps le 15 avril dernier, et des dans ses déclarations, apparues aux enquêteurs lors d’une analyse fine de plusieurs milliers de procès-verbaux de cet énorme dossier, regroupés dans une dizaine de cartons.
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