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Scytopolis et les femmes de la Colline du Chêne: Roman historique
Scytopolis et les femmes de la Colline du Chêne: Roman historique
Scytopolis et les femmes de la Colline du Chêne: Roman historique
Livre électronique327 pages5 heures

Scytopolis et les femmes de la Colline du Chêne: Roman historique

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À propos de ce livre électronique

Découvrez la vie de Levana, crainte et honorée de tous sur la Colline du Chêne, maîtresse et prisonnière du Temple.

On dit que sur la Colline du Chêne des femmes, qui se font appeler "les prêtresses d’Ashéra", partagent une vie vouée à l’austérité et au recueillement, mais qu’elles s’unissent parfois à des hommes au cours de banquets nocturnes. Levana nous révèle la vérité sur cette communauté qu’elle a dirigée pendant de longues années. Mais elle nous dévoile aussi ses doutes : s’agit-il de la meilleure forme d’existence pour les femmes de son temps ? Et vont-elles pouvoir survivre aux menaces du fanatisme religieux qui sévit en Galilée, imposé par les souverains hasmonéens qui règnent sur le pays ?

Un récit passionnant, construit dans un contexte historique précis, sur la vie d'une prêtresse de Galilée, ses croyances, ses doutes et ses peines.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Barbara Weil est née à Paris, où elle a étudié la philosophie. Puis elle s'est installée à Jérusalem et s'est passionnée pour l'histoire d'Israël et la mystique juive. Elle enseigne le yoga, et pratique la méditation kabbalistique ; elle s'intéresse aussi à l'astrologie et au Yi Jing. Depuis sa fondation, en 1998, elle est l'éditrice du site internet du Judaïsme (http://judaisme.sdv.fr) dans lequel elle a rédigé de nombreux articles.  

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie21 oct. 2021
ISBN9791023620719
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    Aperçu du livre

    Scytopolis et les femmes de la Colline du Chêne - Barbara Weill

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    SCYTOPOLIS

    et les femmes de la colline du Chêne

    Barbara Weill est née à Paris, où elle a étudié la philosophie. Puis elle s’est installée à Jérusalem et s’est passionnée pour l’histoire d’Israël et la mystique juive. Elle enseigne le yoga, et pratique la méditation kabbalistique ; elle s’intéresse aussi à l’astrologie et au Yi Jing. Depuis sa fondation, en 1998, elle est l’éditrice du site internet du Judaïsme d’Alsace et de Lorraine (http://judaisme.sdv.fr) dans lequel elle a rédigé de nombreux articles.

    Retrouvez la sur la page du livre : http://abpw.net/scytopolis/

    Barbara Weill

    SCYTOPOLIS

    et les femmes de la colline du Chêne

    zipori-v

    REPERES

    Chère lectrice, cher lecteur,

    Vous trouverez ici quelques repères historiques et géographiques qui vous permettront de mieux suivre les événements évoqués dans ces pages.

    Mais avant tout, sachez que cette histoire est un rêve, merci de la lire comme telle.

    Le royaume hasmonéen

    La dynastie des Hasmonéens, ou Maccabées, parvient au pouvoir en Judée au cours de la révolte contre les Séleucides et leur souverain Antiochus Epiphane, que Mattathias déclenche en 168-167 a.C.n. et à laquelle se joignent les Hassidim.

    Mattathias meurt un an après le début de la révolte. Son fils Judas Maccabée lui succède. Après plusieurs batailles, il parvient à s’emparer de Jérusalem et rétablit le culte juif dans le Temple (-164).

    Son successeur Jonathan (152-142 a.C.n.) se fait ainsi accorder non seulement des titres à la cour séleucide, mais aussi la fonction de grand prêtre (à laquelle il n’avait aucun droit) et d’ethnarque (chef du peuple) des Juifs, c’est-à-dire l’unique interlocuteur du pouvoir royal. Profitant de la paralysie du royaume séleucide, il entreprend sur le champ une politique de conquête, qui sera poursuivie par tous ses successeurs.

    Simon (142-134 a.C.n.) est le frère de Jonathan. En -140, lors d’une assemblée générale à Jérusalem, et à la suite d’un décret voté par cette grande assemblée, il est proclamé Grand prêtre, stratège et ethnarque à titre héréditaire. On présente Simon comme un souverain équitable et bienveillant.

    Jean Hyrcan Ier (134-104), deuxième fils de Simon, lui succède. Après avoir mené une vaste campagne de conquêtes en Transjordanie, il part en guerre contre les Samaritains. L’année suivante, Jean Hyrcan entreprend des conquêtes en

    Idumée (au nord du Néguev), dont les habitants seront convertis de force au judaïsme. Scytopolis est conquise en 108

    a.C.n. et ses citoyens non juifs sont expulsés.

    Dans le vaste territoire contrôlé par les Hasmonéens qui ont su profiter de la faiblesse des Séleucides, la religion juive est loin

    d’être majoritaire, si bien que le pays gouverné par Jean Hyrcan a plus les caractéristiques d’un royaume grec que celles d’un Etat juif.

    Notre héroïne, Tamar/Levana serait née en -126.

    À la mort de Jean Hyrcan, une lutte dynastique s’élève entre ses deux fils 

    Aristobule règne pendant un an, de -104 à -103, avec le titre de Basileus (roi) et conquiert la Galilée qu’il judaïse. L’Etat hasmonéen, devient alors un royaume hellénistique, avec une armée largement constituée de mercenaires, une monnaie imitée des Grecs, une cour, des palais. Aristobule est aussi appelé Philhellène, c’est-à-dire ami des Grecs ou "ami de

    l’hellénisme". Malgré la présence du Temple, qui reste dominante, toute l’organisation du pouvoir civil et militaire se

    fait sur des modèles grecs. Cela choque profondément les Hassidim qui avaient soutenu les Maccabées dans leur révolte contre les Hellénistes. On assiste à une rupture de fait entre ces Hassidim que l’on nomme désormais les Pharisiens, et les Hasmonéens.

    Alexandre (Jonathan) Jannée [Yanaï], l’autre fils de Jean Hyrcan règne de -103 à -76. Il est proclamé "Grand Prêtre et Roi de Judée" (c’est le premier à se donner officiellement le titre de roi). Sous son règne l’opposition se cristallise entre les Pharisiens et le pouvoir monarchique. Le roi fait mettre à mort

    les rebelles juifs par centaines, et il utilise des soldats grecs pour combattre les Pharisiens. Il s’appuie désormais sur un autre parti juif, celui des Saducéens.

    Vers -75 le royaume hasmonéen atteint une étendue comparable à celle qu’aurait eue d’après la Bible le royaume de Salomon.

    Salomé Alexandra (76-67), épouse d’Aristobule Ier puis d’Alexandre Jannée va lui succéder.

    -63 : Campagne de Pompée à Jérusalem. La Palestine devient province romaine.

    Hassidim, Pharisiens et Saducéens au 1er siècle a.C.n.

    Les Hassidim

    Ces croyants, ou hommes pieux sont les membres d’un groupe dont l’origine est incertaine. Ils se distinguent par leur observance sans compromis de la loi juive. Ils sont animés d’une haine profonde envers l’esprit étranger, grec, et envers leurs frères juifs

    qui s’hellénisent. Ils exercent un pouvoir et une autorité

    considérable parmi le peuple.

    Les Hassidim se joignent à la révolte des Maccabées contre les Séleucides, pour imposer la liberté religieuse et combattre le paganisme. Dépourvus d’ambitions politiques, ils se détacheront des Maccabées dès qu’ils auront regagné leur liberté religieuse.

    Plus tard, ils tomberont en défaveur et se fondront dans le mouvement des Pharisiens.

    Les Pharisiens

    Le mot pharisien, d’origine grecque, désigne ceux que l’on appelle en hébreu les Peroushim, les séparés (séparés de tous

    ceux qui ne connaissent pas ou n'appliquent pas la Torah), mais ce

    mot peut aussi signifier les exégètes. En effet, ce sont des tenants de la loi orale, qui pensent que les décrets divins peuvent

    être influencés par la liberté humaine. On compte parmi eux des

    maîtres distingués, de grands interprètes de la Torah, par exemple

    Shimon ben Shatah (le frère de la reine Salomé) et Yehouda ben Tabaï, cités dans le premier chapitre des Maximes des Pères. Ce sont les précurseurs du Talmud.

    Ce sont pour la plupart des hommes d’affaires de classe moyenne, qui entretiennent des liens étroits avec le peuple, et qui jouissent

    donc d’une plus grande considération que les Saducéens auprès des gens ordinaires. Ils représentent une minorité au Sanhédrîn (l’assemblée législative et le tribunal suprême d’Israël) et ils occupent un nombre minoritaire de sièges en tant que prêtres. Toutefois, il semble que ce sont eux qui l’emportent dans les

    prises de décision du Sanhédrîn, parce qu’ils ont les faveurs du peuple.

    Lorsque Jean Hyrcan accède au pouvoir, ils apparaissent comme un groupe déjà solidement organisé, qui revendique l’autonomie du champ religieux. Sans contester l’autorité politique de Hyrcan, ils lui demandent de renoncer à la charge de grand prêtre : en effet, sa mère avait été captive des Séleucides à Modiîn, et le fils

    d’une captive ne peut pas exercer cette fonction. Cela leur vaudra

    de lourdes persécutions, qui s’accroîtront encore sous le règne d’Alexandre Jannée. Pourtant, sur son lit de mort, celui-ci conseillera à son épouse Salomé de gouverner avec les Pharisiens car elle bénéficiera ainsi de l’appui du peuple.

    Les Saducéens

    Les Saducéens (Tsedoukim) se considèrent comme "les

    descendants de Tsadok", le premier grand prêtre qui officiait dans

    le Temple de Salomon Ils sont moins connus que les Pharisiens, et

    les informations à leur propos proviennent souvent de sources qui

    leur sont hostiles. On dit qu’ils constituent une aristocratie minoritaire, à la ville comme au Temple où ils occupent des

    fonctions élevées, y compris celles de prêtre et de sacrificateur. On les décrit comme hautains, sectaires, et prêts à pactiser avec

    l’hellénisme qui règne à la cour, au profit de leurs intérêts

    politiques et économiques. Leurs adeptes se recrutent dans les

    classes fortunées de la société.

    Les Saducéens sont partisans de la seule autorité de l’Écriture : tout ce qui saint est écrit, tout ce qui est écrit est saint, la loi orale n’est donc pas légitime. Ils reprochent aux Pharisiens d’observer des règles qui ne sont pas écrites dans les cinq livres de Moïse (la Torah), et réfutent leurs croyances dans la résurrection des corps, l’immortalité personnelle, l’existence des anges et des démons,

    parce que ces thèmes ne sont pas mentionnés par la Torah, mais

    seulement dans les livres suivants (les Prophètes et les

    Hagiographes).

    Ce sont les Saducéens qui exercent les fonctions de grands prêtres jusqu’à -175. Mais c’est seulement sous le règne de Jean Hyrcan qu’ils se constituent en instance politique : lorsque le roi rompt

    avec les Pharisiens, il se tourne vers le parti adverse, celui des Saducéens à qui il réserve la majorité des sièges au Sanhédrîn,

    bien que leur nombre soit inférieur à celui de leurs opposants.

    Sources historiques

    Cette période du 1er siècle avant notre ère est mal connue et peu

    de sources en témoignent. Nous citerons les principales :

    Livres des Maccabées

    Le premier Livre des Maccabées relate leur histoire depuis le déclenchement de la révolte en Judée contre les souverains séleucides et jusqu’au règne de Jean Hyrcan. Il couvre une période d’environ quarante ans entre -175 et -135.

    Cet ouvrage a été écrit par un juif anonyme, fervent partisan de la dynastie hasmonéenne. Il a été composé aux alentours de 100 a.C.n., après la mort de Simon. Il s’agit de la traduction en grec d’un ouvrage en hébreu, peut-être le Rouleau des Hasmonéens, dont Flavius Josèphe témoigne qu’il était lu à l’époque du second Temple par ses contemporains.

    Les Livres des Maccabées, n’ont pas été inclus dans la Bible hébraïque, alors que, dans les canons chrétiens catholique et orthodoxe, ils font partie des livres deutérocanoniques.

    Les écrits de Flavius Josèphe

    Joseph fils de Matthatias le Prêtre "Yossef ben Matityahou HaCohen", plus connu sous son nom latin de Flavius Josèphe, est né à Jérusalem en 37/38 p.C.n et mort à Rome vers l’an 100. C’est un historiographe romain juif d’origine judéenne du Ier siècle. Son œuvre ‒ écrite en grec ‒ est la source principale, on peut même

    dire l’unique source sur l’histoire des derniers rois hasmonéens.

    Dans son introduction à la Guerre des Juifs, commençant à

    Antiochus Epiphane, il donne un résumé assez court des

    événements qui se sont déroulés jusqu’à l’intervention romaine. Mais le chapitre XIII de ses Antiquités judaïques présente un compte-rendu détaillé de cette période.

    Le fait qu’il soit le seul auteur classique à retracer les règnes des

    rois hasmonéens, et ceci plus de cent ans après les événements évoqués, suscite des interrogations sur sa fiabilité auprès des historiens contemporains.

    L’œuvre de Flavius Josèphe a été transmise par les Romains, puis par les chrétiens Les juifs eux-mêmes ne s’y sont intéressés qu’à partir du XVIe siècle. Elle ne sera traduite en hébreu qu’au XIXe siècle. Il est assez peu populaire chez les juifs qui le considèrent comme un traître parce qu’il a pris fait et cause pour les Romains contre son peuple et qu’il n’a pas protesté lors du siège de

    Jérusalem. Cependant, l’archéologue Yigaël Yadin, qui a effectué les fouilles de Massada, disait de lui : Flavius Josèphe fut un très mauvais juif, mais un très bon historien.

    Les sources juives

    On trouve dans le Talmud quelques échos du règne de ces rois. Mais ces textes ont été rédigés au 6e siècle de notre ère, ce qui met à nouveau en question leur exactitude historique.

    Le massacre des Pharisiens est évoqué dans le Traité Kiddoushin [66a]. Le roi Yanaï [Jannée], a invité tous les sages d’Israël ¹ à un festin.

    "Or, il y avait là un homme railleur au cœur vil, nommé Eléazar ben Pouéra. Et Eléazar ben Pouéra dit au roi Yanaï :

    ‒ O roi Yanaï, les cœurs des Pharisiens sont tournés contre toi.

    ‒ Que dois-je faire ?

    ‒ Présente-toi à eux couronné du diadème de grand prêtre ².Le roi Yanaï suivit ce conseil. Un vieillard, nommé Juda ben Gréda, se trouvait là. Il dit au roi :

    ‒ O roi Yanaï ! Que la couronne royale te suffise, laisse la couronne sacerdotale à la descendance d’Aaron.

    Le bruit courait en effet que la mère du roi avait été captive à Modiîn ³.

    On a fit une enquête, cette rumeur ne fut pas confirmée. Le roi, fort en colère, renvoya les sages d’Israël.

    Eléazar ben Pouéra dit au roi :

    ‒ O roi Yanaï ! Te laisseras-tu juger comme un simple particulier, toi, qui es un roi et grand prêtre ?

    ‒ Que faire? demanda le roi.

    ‒ Si tu veux mon conseil, écrase-les.

    ‒ Mais qu’adviendra-t-il de la Torah ?

    ‒ Regarde, elle est écrite sur un rouleau et déposée dans un endroit visible. Rien n’empêche quiconque de l’étudier.

    Selon Rabbi Nahman ben Isaac, c’est à ce moment même que le doute s’est installé dans l’esprit du roi. Il aurait dû répondre en effet : "cette solution est possible pour la Torah écrite, mais qu’adviendra-t-il de la Loi orale ? ⁴ " Alors Eléazar ben Pouéra fit éclater le mal. Tous les Sages d’Israël furent massacrés et le monde demeura dans la consternation jusqu’à la venue de Simon ben Shetah, qui rétablit l’autorité de la Torah dans sa gloire originelle. »

    On lit aussi dans le Traité Berakhoth [48b] :

    "Le roi Yanaï et sa reine mangeaient en tête à tête. Comme le roi avait tué tous les rabbis, ils n’avaient personne pour réciter la bénédiction de la fin du repas. Le roi dit à sa femme :

    ‒ Comment nous procurer quelqu’un qui dirait pour nous les grâces ?

    ‒ Jure-moi que si je te trouve quelqu’un, tu ne lui feras pas de mal.

    Il le lui jura. Elle fit venir Simon ben Shatah, son frère. Le roi le fit asseoir entre eux :

    ‒ Vois comme nous te faisons honneur, lui dit-il.

    ‒ Ce n’est pas toi qui me fais honneur, dit Simon, c’est la Torah, car Si tu l’exaltes elle t’élèvera, elle t’honorera, si tu l’embrasses (Proverbes 4, 8).

    ‒ Tu vois comme ils respectent peu l’autorité royale, dit le roi à la reine.

    Il lui servit un verre [de vin] pour la bénédiction. Le rabbi lui dit :

    ‒ Comment dois-je formuler cette action de grâces ? Dois-je dire : Sois béni de ce que Yanaï et les siens ont mangé ce qui T’appartient ?

    Et il but la coupe. On lui en servit une autre et il récita la bénédiction. »

    La traduction des textes du Talmud est extraite de l’ouvrage : Aggadoth du Talmud de Babylone - ‘Ein Yaakov, ed. Verdier coll. Les Dix Paroles, 1983.

    Les mois de l’année juive :

    - Nissan : entre mars et avril

    - Iyar : entre avril et mai

    - Sivân : entre mai et juin

    - Tamouz : entre juin et juillet

    - Av : entre juillet août

    - Eloul : entre août et septembre

    - Tishri : entre septembre et octobre

    - Heshvân : entre octobre et novembre

    - Kislév : entre novembre et décembre

    - Téveth : entre décembre et janvier

    - Shevath : entre janvier et février

    - Adar : entre février et mars

    Repères Géographiques :

    - Scytopolis : aujourd’hui Beith Shean

    - Tsipori (Sephoris) : porte le même nom aujourd’hui

    - Ptolemaïs : aujourd’hui Akko ou Saint-Jean d’Acre

    - Le lac de la Harpe : le lac de Tibériade

    - La mer de Sel : la Mer morte

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    Le royaume hasmonéen (en gris foncé)

    à l’époque d’Alexandre Jannée.

    I

    Bientôt je vais quitter ce monde. En cette fin d’après-midi, alors que le ciel transparent se pare déjà de teintes rosées, traversés par les nuages mauves, j’offre mon corps à la caresse du vent d’automne, et je dis merci.

    Je remercie le Ciel de m’avoir offert une si belle et si longue vie. Merci de m’avoir fait vivre parmi ces femmes admirables, de m’avoir fait connaître des hommes qui m’ont comblée. Et merci, par-dessus tout pour la rencontre de Hadassa, ma mère spirituelle, qui a su avec une infinie bonté m’enseigner tout ce que je sais aujourd’hui.

    Sur la Colline du Chêne. J’étais crainte et honorée de tous. On m’appelait la bonne sorcière, car je savais guérir les maux les plus graves, je pouvais rendre au vieillard sa vigueur de jeune homme, et les habitants de la ville venaient me voir au grand jour pour recevoir mes soins. Les juifs nous pourchassaient et nous appelaient les putains, mais ils se pressaient aux portes de notre Maison dès qu’ils avaient besoin d’aide.

    Je présidais aux fêtes où les prêtresses s’unissaient à des hommes initiés, dans des étreintes savantes que je leur avais enseignées, et j’y prenais ma part. Je portais des robes de voile aux couleurs brillantes, des bijoux en or et en pierres précieuses ornaient mes poignets, mon cou, ma taille, mes chevilles, mon front. On me disait belle. Je n’avais pas la grâce des jeunes filles, mais je savais attirer à moi les hommages. La musique, les chants, les danses, le parfum des fleurs et de l’encens, tel était mon univers. Enchanté.

    J’ignore ce qu’est devenue notre Maison depuis que je l’ai quittée brusquement, avec un grand chagrin. J’évoque le visage de mes compagnes, leurs sourires, leurs corps agiles, et je leur

    souhaite tout le bonheur possible là où elles se trouvent aujourd’hui.

    Soudain le soleil se pare d’un rouge flamboyant et s’enfonce peu à peu dans l’horizon. Je vois se lever Noga, l’étoile de l’amour, bientôt rejointe par un mince croissant de lune qui l’entoure comme pour l’enlacer. Chaque soir, à cet instant, mes pensées se tournent vers l’homme que j’aime et qui reste niché dans mon cœur.

    Es-tu encore vivant ? Es-tu plus heureux sans moi ? Dans la brise du soir je tends l’oreille de toutes mes forces pour entendre l’écho de ta voix. Voici que vient voix de mon amant ! Le voici, il vient ! Il bondit sur les monts, il saute sur les collines dit notre Cantique que j’ai chanté si souvent. Mais le souffle du vent ne m’apporte aucun message. Je dois me résigner : sur cette terre, nous ne nous rencontrerons plus.

    Seuls mes souvenirs me permettent de sentir encore un peu ta présence. Mes doigts frôlent ta peau si pâle et les replis de ton corps comme si tu étais toujours à mes côtés. Mes seins se gonflent encore sous tes caresses, et malgré mon âge avancé, je sens une humidité sourdre de moi, comme si j’étais prête à t’accueillir.

    C’est pour être encore avec toi que je vais écrire ces lignes. Un jour peut-être quelqu’un déterrera les jarres dans lesquelles j’enfouirai ces feuilles de papyrus, et saura que nous nous sommes aimés, et que si ma vie a connu bien des péripéties, c’est ta rencontre qui en fut le point culminant.

    Pour toi je n’étais plus une prêtresse, plus une magicienne, j’étais simplement une femme nue. Et quand tes doigts, tes lèvres, parcouraient mon corps, j’oubliais tous les charmes dont je savais user avec d’autres hommes, je devenais une jeune vierge. Ce dépouillement auquel tu m’as contrainte m’a fait éprouver la vraie joie : celle qui unit le corps, le cœur et l’esprit. Je t’en remercie chaque jour.

    Je sais que je te reverrai là où je vais aller, et que nous serons unis pour l’éternité, sous la protection d’Ashéra, la déesse heureuse, celle qui veut le bonheur de tous.

    C’est la déesse qui m’a guidée pendant toute ma vie, avant même que je connaisse son existence. Elle a fait de moi, la fille du prêtre de Jérusalem, sa servante dans le sanctuaire que nous lui avons élevé. Elle m’a dévoilé les plaisirs charnels et ceux de l’amitié, et m’a enseigné la pratique de la médecine. A présent c’est elle qui va me conduire dans ce passage vers une autre lumière. A ses côtés je ne crains rien ; j’ai confiance.

    II

    Autrefois je ne m’appelais pas Levana, mais Tamar. Je suis née à Jérusalem au mois de Tamouz, au cœur de l’été. Mes chers parents m’ont donné le nom du fruit de la datte pour évoquer le verset du chant de David : le sage grandira comme le dattier ⁵. Pourtant ma mère avait hésité : pensant à Tamar, qui se prostituait au bord de la route pour séduire son beau-père, elle avait senti une ombre passer... Mais quel plus beau nom donner à une petite fille, que celui de ce fruit délicieux ?

    Mon père était un prêtre du Temple, c’est-à-dire un descendant d’Aaron et de la tribu de Lévi, qui était habilité à procéder aux sacrifices, et qui siègeait au tribunal rabbinique qu’on appelle le Sanhédrîn. On l’appelait Rabbi Yehuda HaCohen, et quand il traversait les rues de la cité, tous s’inclinaient devant lui, ce qui me rendait très fière.

    Seule fille au milieu de cinq frères, j’étais très choyée par mes parents et l’on consacra le plus grand soin à mon éducation. Ma mère Miriam, une femme dont la piété n’empêchait pas la largesse de vues me fit enseigner le tissage, la musique, les onguents nécessaires aux soins corporels et au maquillage. Elle me transmit aussi les secrets permettant de guérir certains maux. Mon père m’enseigna l’hébreu et même un peu de grec, ce qui me permit d’assister aux leçons que recevaient mes frères, qui étudiaient nos textes sacrés et la loi d’Israël sous la férule d’un précepteur.

    J’aimais plus que tout assister aux grandes fêtes du Temple, lorsque toute la ville se rendait en foule sur la montagne sainte, pour se joindre aux Juifs qui venaient en pèlerinage de tout le pays. Dans la cour des femmes, serrée contre ma mère qui me tenait fermement par la main dans la foule dense, je pouvais distinguer mon père au loin, vêtu de la toge blanche à la large ceinture de pourpre brodée d’or, et coiffé de sa tiare majestueuse,

    qui se tenait en haut des marches, pour présider aux cérémonies en compagnie de ses pairs.

    Je ne comprenais pas pourquoi les femmes et les petites filles étaient reléguées à l’arrière, dans l’ombre des portiques. Moi aussi j’aurais voulu m’approcher de l’autel et du Saint des Saint, ce lieu sacré et un peu effrayant. Je m’imaginais officiant, vêtue des vêtements sacerdotaux. Mais quand je faisais part à ma mère de ces pensées, elle se contentait de sourire, comme si j’avais demandé la lune.

    Ma fête préférée était celle de Soukoth, à l’automne, qui marque la fin des vendanges. Mes frères construisaient sur le toit de la maison une cabane au toit recouvert de branchages, dans laquelle la famille s’installait pendant huit jours. Nous étions réunis dans cet espace réduit, qui créait une chaude intimité. Les gens s’interpellaient d’un toit à l’autre, on pouvait humer les fumets de la nourriture des voisins, et on avait l’impression que toute la ville participait au même festin.

    Bientôt venait la fête de la Libation d’eau, la plus belle réjouissance célébrée à Jérusalem. Le Temple, éclairé de milliers de torches, semblait vibrer au son de la musique et des chants. Des jongleurs émerveillaient la foule en lançant des flambeaux en l’air. Les pèlerins se pressaient sur l’autel pour l’arroser d’eau et de vin. Au début de la soirée, hommes et femmes dansaient séparément, mais, plus tard, ils se répandaient dans les rues et se rejoignaient tous en joyeuses farandoles, où jeunes gens et jeunes filles échangeaient des sourires et des plaisanteries. Ainsi s’exprimait l’espoir du peuple d’Israël pour que l’année à venir soit bénie par des pluies abondantes.

    Pourtant, la ville n’avait pas toujours été aussi gaie. On rappelait souvent les abominations qui s’y étaient déroulées une quarantaine d’années avant ma naissance : la profanation du Temple par les soldats grecs, la statue de Zeus qu’ils avaient dressée devant le Sanctuaire, les porcs qu’ils avaient obligé les Juifs à sacrifier sur l’autel, les persécutions, les familles déchirées

    entre ceux qui soutenaient les Grecs et ceux qui restaient fidèles aux Juifs. Et tous ces morts ! Le ruisseau qui coulait au pied du Temple ne charriait plus que du sang.

    On m’avait raconté comment la désolation avait pris fin : la révolte courageuse des fils de Mathatias, la victoire remportée par Juda à Emmaüs, malgré le petit nombre de ses soldats et le manque d’entraînement de son armée. Et la reconquête du Temple, sa purification à laquelle avaient participé tous les Juifs de Jérusalem, la fête de l’inauguration. J’aimais écouter ma grand-mère, qui avait assisté à tous ces événements, me raconter comment on avait ramené le feu sur l’autel : lorsque Juda et ses hommes l’eurent rebâti, ils dressèrent un bûcher dessus. Puis ils égorgèrent un mouton et voulurent le poser sur le bûcher pour le calciner ainsi que le commandait la Loi. Toutefois le feu sacré avait disparu, et l’utilisation d’un feu profane était prohibée. Ils implorèrent Dieu, qui fit jaillir une flamme des pierres de l’autel, qui consuma le bois et le sacrifice qui était posé dessus. C’est le même feu qui était encore jalousement conservé dans le Temple.

    Depuis cette grande victoire, on célébrait une seconde fête de Soukoth au mois de Kislev, au cœur de l’hiver. Les réjouissances étaient plus modérées, car à cette époque il faisait généralement très froid, et souvent, même, il neigeait. Mais tous les croyants se rendaient chaque jour au Temple pour y voir allumer le grand candélabre d’or à sept branches qui avait été restauré, à côté duquel on en allumait un autre, à huit branches, qui rappelait la guerre contre les Grecs et qui contribuait bravement à combattre l’obscurité si précoce en cette saison. On chantait sans fin des hymnes de louange.

    Lorsque mon père rentrait le soir, après avoir accompli son service, j’entendais les conversations de mes parents et de leurs invités sans vraiment les comprendre. Mais je savais que mon père appartenait à une très ancienne lignée de prêtres, qui datait du retour du prophète Ezra sur la terre d’Israël. Il faisait partie d’un groupe qu’on appelait les hassidim, les hommes pieux, qui avaient dû se défendre durement pour maintenir leur position dans

    l’enceinte sacrée avant qu’elle ne soit délivrée par le fils de Mathatias. A cette époque un grand nombre des servants pactisaient avec le pouvoir grec et persécutaient ceux qui voulaient maintenir notre tradition dans sa pureté. Mais les hassidim n’en avaient pas moins accueilli les nouveaux dirigeants hasmonéens avec une certaine appréhension. Bien sûr ils les remerciaient de les avoir délivrés de l’oppression de l’abominable Antiochus, mais ils espéraient que les nouveaux maîtres leur permettraient d’administrer le Temple de Jérusalem en toute liberté. Or il n’en fut rien : le roi Jean Hyrcan, se proclama grand prêtre, et ils durent accepter sa domination non seulement sur la Judée, mais aussi sur le Temple.

    Mon père et ses amis étaient de grands savants, qui connaissaient à la perfection nos textes sacrés, et qui cherchaient à adapter les principes de notre Loi à la vie quotidienne. Pour cela ils se fondaient sur une doctrine qu’ils appelaient la loi orale : c’est-à-dire qu’ils débattaient entre eux de chaque cas précis qu’on leur soumettait pour en tirer des instructions qui auraient force de législation dans

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