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Drusilla: Théâtre
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Livre électronique207 pages2 heures

Drusilla: Théâtre

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Le destin de Drusilla, soeur de Bérénice et fille d’Agrippa Ier, provisoirement oubliée par l’Histoire.

Il y a près de 350 ans paraissait la tragédie historique de Jean Racine, Bérénice. Œuvre classique par excellence du théâtre français, c’est à partir de cette trame que Jean‑Luc Marchand a décidé de dévoiler le destin de Drusilla, soeur de Bérénice et fille d’Agrippa Ier, provisoirement oubliée par l’Histoire. Au prix d’un investissement sans failles et de nombreuses recherches sur les événements et protagonistes de l’époque, l’auteur est parvenu à transposer en alexandrins les péripéties de la jeune Drusilla. En ce temps-là, au royaume de Chalcis, la princesse Drusilla va rencontrer le jeune Épiphane, fils du roi de Commagène, auquel elle a été promise lorsqu’ils étaient enfants. Elle en tombe immédiatement amoureuse, mais le complot des hommes en a décidé autrement. En parallèle, bien des intrigues se trament au palais. Avec talent, Jean-Luc Marchand parvient ainsi à nous transporter en l’an 49, « là où l’ancien royaume d’Alexandre et le nouvel Empire romain se chevauchent ». Au cœur d’une fiction historique peu commune, alliant forme traditionnelle et pensée d’aujourd’hui, il remet au goût du jour l’art classique de la tragédie antique.

Grâce à la plume habile de Jean-Luc Marchand, voyagez jusqu'en l'an 49 et plongez au cœur d’une fiction historique peu commune, alliant forme traditionnelle et pensée d’aujourd’hui, il remet au goût du jour l’art classique de la tragédie antique.

EXTRAIT

            Oui, je ne suis venu rencontrer Agrippa
            Seulement en effet pour en arriver là.
            Je savais en venant qu’avec la Palestine
            Je pourrais contenir la puissance latine.
            Mais c’est insuffisant à suivre mes menées.
            Car sans l’appui gagné des souverainetés
            De la Babylonie à la mer Hyrcanienne87
            Je ne puis retrouver la royauté ancienne.
            C’est plutôt la Parthie qui désormais m’agite,
            Me laissant indécis sur la bonne conduite
            Qui pourrait aboutir à notre réussite.
            En effet si le sort entre deux rois88 hésite
            Aucun des prétendants ne saurait renoncer
            Au sortir des combats, à son autorité.
            Et bien que notre sang offre tous les mérites
            Je sais l’avidité que le pouvoir suscite.
            Si malgré mes efforts pour éviter la guerre,
            En mariant Épiphane avec une héritière,
            Princesse de Parthie, je ne puis contrôler
            Ce bout de Séleucie, je doute d’un succès ;
            Car même les Romains respectent leurs armées
            Qui surent se couvrir d’honneur dans le passé.
            Je songe à Surena89 et ses cataphractaires
            Qui combattant Crassus90 à Carrhes91 dévastèrent
            Des armées aguerries en nombre supérieur,
            Tuant le triumvir dans un moment trompeur92.

LangueFrançais
Date de sortie19 oct. 2018
ISBN9782876836419
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    Aperçu du livre

    Drusilla - Jean-Luc Marchand

    drusilla-theatre-hd

    Jean-Luc Marchand

    Drusilla

    La Compagnie Littéraire

    Catégorie : théâtre

    www.compagnie-litteraire.com

    PRÉFACE

    Titus renvoya Bérénice en Judée juste après la mort de Vespasien. Le nouveau maître n’était pas ainsi compromis par un amour que les Romains auraient blâmé. Racine en a fait un chef-d’œuvre, mettant alors en scène Antiochus le roi de Commagène en rival sans espoir du nouvel empereur.

    Par quelques allusions, le poète a offert de furtifs aperçus des événements qui avaient précédé, plusieurs années auparavant, ce cruel dénouement pour les protagonistes.

    Bérénice n’était plus une jeune fille lorsque Titus la prit pour maîtresse. Elle avait déjà été mariée trois fois, et des rumeurs circulaient sur les relations incestueuses qu’elle aurait entretenues avec son frère, le roi Agrippa II.

    L’Antiochus de Racine était en fait le fils du roi Antiochos IV de Commagène. Il avait été le compagnon d’armes de Titus pour mater la rébellion des zélotes juifs, qui aboutit à la destruction en l’an 70 du second temple de Jérusalem.

    Le roi de Commagène Antiochos IV, avait jadis promis son fils (nommé Antiochus¹ par Racine) à Drusilla, la fille de son ami et complice Agrippa Ier, le roi de Judée, père également d’Agrippa II, de Bérénice et d’une troisième sœur, Mariamne. Drusilla ne l’épousa pas ; lui tomba amoureux de Bérénice. Le refus de la circoncision servit de prétexte pour éviter cette union imaginée par des pères alors décédés. Drusilla, dont la beauté était saluée par tout l’Orient, fuit quelque temps après avec le procurateur romain de la Judée, Félix. Ce fut un scandale à l’époque.

    Ces événements se sont déroulés dans un Orient et dans un monde en cours de transformation profonde. La Judée ou la Palestine étaient à plusieurs croisées de l’espace et du temps : entre les empires Romains et Parthes contemporains des personnages, mais aussi au carrefour des empires passés Séleucide et Lagide. Depuis que l’histoire en est connue, Israël, par sa géographie, a toujours été à l’intersection de puissances de l’Est et de l’Ouest, aux volontés régulièrement hégémoniques.

    Mais ces personnages se trouvaient également au carrefour du temps et des idées : la religion juive, prépondérante dans la vie quotidienne, se trouvait isolée au milieu du Zoroastrisme des Perses, des croyances polythéistes gréco-romaines, ou de croyances moins connues telle le culte de Baal. Par ailleurs, les sectes et les prédicateurs annonçant la fin du monde ou l’arrivée du messie étaient très nombreux, créant un climat de prosélytisme intense qui allait déboucher sur la révolte des zélotes en 66 et la destruction du second temple de Jérusalem. Dans cette même période, Saint Paul concevait pour le monde non juif un nouveau monothéisme.

    Mais tout cela n’est qu’un contexte. L’histoire de Drusilla et de son frère et de ses sœurs mérite qu’on la rappelle, avec fidélité aux faits historiques connus et en cohérence avec la pièce de Jean Racine.

    Je ne pouvais imaginer de faire parler Bérénice en prose.

    Frise historique :

    Empereurs romains

    14-37 Tibère

    37-41 Caligula

    41-54 Claude

    54-68 Néron

    68-69 Galba, Othon, Vitellius, Vespasien

    79-82 Titus

    Gouvernement de la Judée

    37 av. J.-C. à 4 av. J.-C. Hérode le Grand (roi)

    41-44 Agrippa 1 (roi)

    44-48 Cupus Fadus (procurateur)

    48-52 Ventitius Cumanaus (procurateur)

    52-60 Antonius Félix (procurateur)

    61-63 Porcius Festus (procurateur)

    64 Lucceius Albinus (procurateur)

    Événements famille de Bérénice (Judée-Palestine)

    11 : Naissance d’Agrippa Ier

    26 : Mariage d’Agrippa Ier avec Cypros (Nabatéenne)

    28 : Naissance d’Agrippa II

    29 : Naissance de Bérénice

    33 : Naissance de Mariamne

    38 : Naissance de Drusilla

    41 : Agrippa Ier nommé roi de Judée

    41 : Hérode, frère d’Agrippa Ier est nommé roi de Chalcis

    Mariage de Bérénice avec Marcus Alexander

    43 : Fiançailles de Drusilla et Épiphane

    44 : Mort d’Agrippa Ier

    46 : Mariage de Bérénice avec son oncle Hérode, roi de Chalcis

    48 : Mort d’Hérode, roi de Chalcis

    Agrippa II devient roi de Chalcis

    53 : Rupture des fiançailles de Drusilla-Épiphane

    53 : Redistribution des territoires par Néron

    Agrippa perd Chalcis

    54 : Bérénice épouse puis quitte Marcus Antonius Polemo II

    (roi de Cilicie)

    Mariamne quitte son mari Archelaüs, pour Démétrius,

    Alabarque d’Alexandrie.

    Drusilla fuit avec le procurateur Félix

    66 : Révolte des zélotes

    70 : Destruction du temple de Jérusalem

    74 : Bérénice rejoint Titus à Rome

    79 : Renvoi de Bérénice

    Éruption du Vésuve

    Introduction

    Le vaste empire d’Alexandre III de Macédoine dit « le Grand » s’étendait jusqu’à l’Inde. Après sa mort², ses généraux se sont affrontés pour se partager cet empire immense : ce furent les guerres des diadoques. Les territoires conquis par le Macédonien ont alors été divisés, morcelés, déchirés. Plusieurs rois ont dominé cette partie du monde. Les généraux d’Alexandre se nommaient Lysimaque, Antigone, Séleucos ou Ptolémée ; tous fondèrent leur dynastie : les Attalides, les Antigonides, les Séleucides, les Lagides. Les descendants de Ptolémée en l’Égypte récupérèrent même le titre prestigieux de Pharaon.

    Trois siècles et demi plus tard, toute cette grandeur, tous ces combats, n’étaient plus qu’un vague souvenir pour les peuples et leurs souverains. Les guerres, les alliances, les trahisons, les invasions avaient bien sûr continué dans cet Orient qui devenait complexe. Du vaste empire d’Alexandre, il ne restait que des fragments, multitude de provinces et de petits royaumes, que se disputaient de lointains héritiers, des ambitieux ou des belliqueux.

    Rome entre temps avait grandi et conquis une partie du monde. La Pax Romana tentait de maintenir de vastes provinces sous le contrôle de l’empire. C’était désormais Rome qui décidait de destituer ceux qui ne lui convenaient pas et de confier le pouvoir à des rois locaux, à des préfets ou à des procurateurs qui gouvernaient en son nom. Claude, empereur des Romains, avait succédé à Caligula. Évaporé et inconséquent, il n’en était pas moins le maître. Avec parfois peu de discernement, il éliminait amis ou ennemis supposés ou véritables. Il venait même d’accepter l’assassinat de sa scandaleuse épouse Messaline³.

    Là où l’ancien royaume d’Alexandre et le nouvel empire de Rome se chevauchaient, les agitations et les complots ne s’étaient pas arrêtés. Mais désormais, tous savaient qu’il fallait se soumettre à la fin aux volontés de l’empereur romain, sous peine d’en répondre par les armes.

    La Commagène était l’un de ces nombreux petits royaumes d’Orient, débris de l’empire d’Alexandre et désormais sous la coupe du nouvel ordre romain. Par la grâce de Caligula, elle fut en l’an 38 remise aux mains d’Antiochos le IVe du nom en Commagène. Antiochos avait été élevé à Rome. Il y avait fréquenté la cour et était devenu un proche du futur empereur Caligula, puis de Claude. Au carrefour de la Grèce, de l’Arménie, de la Parthie et de la Syrie, les souverains de Commagène avaient naturellement conclu au fil des années de nombreuses alliances par mariage. Les rois de Commagène avaient des aïeux royaux dans toutes les dynasties de l’Orient. Aussi Antiochos IV de Commagène se revendiquait-il légitimement comme un héritier de toutes ces lignées⁴.

    La Judée, quant à elle, n’était aussi plus qu’un fragment de l’empire d’Alexandre. Alternativement sous la domination des Séleucides ou du royaume Ptolémaïque après la mort du conquérant. À la mort d’Hérode, dit le Grand⁵, roi de la grande Palestine nommé par Octave (l’empereur Auguste), Rome dut reprendre le contrôle. Préfets et procurateurs se succédèrent jusqu’à ce qu’Agrippa Ier récupérât en très peu de temps ce royaume de Judée. Son ami Caligula lui donna ensuite le titre de roi. Puis Claude étendit encore ses territoires. Mais son règne ne dura que trois ans. Il décéda⁶, probablement empoisonné, et n’eut pas le temps de laisser son royaume à son fils, Agrippa le second, trop jeune pour une province aussi rebelle. Pourtant après quelques années, le jeune Agrippa fut désigné par l’empereur Claude comme roi de Chalcis, petite province de Palestine, à la suite du décès de son oncle (nommé aussi Hérode) qui régnait sur ce tout petit territoire. Sa sœur Bérénice, épouse de cet oncle, devenait veuve pour la seconde fois.

    Restée aux côtés de son frère, elle semblait continuer à régner avec lui. Agrippa et Bérénice avaient deux sœurs, Mariamne et Drusilla. Cette dernière fut jadis promise par son père à Épiphane, fils d’Antiochos de Commagène.

    LIVRE I : La visite du roi de Commagène

    Chalcis Sub Lebanum⁷, année 49 

    « Si dans ce haut degré de gloire et de puissance,

    Il vous souvient des lieux où vous prîtes naissance

    Madame il vous souvient que mon cœur en ces lieux

    Reçut le premier trait qui partit de vos yeux. »

    Bérénice, Jean Racine, vers 187-190 »

    Personnages :

    Agrippa II, roi de Chalcis

    Bérénice, reine de Chalcis, sœur d’Agrippa II

    Mariamne, princesse de Judée, sœur d’Agrippa et de Bérénice

    Drusilla, princesse de Judée, sœur d’Agrippa, de Bérénice et

    de Mariamne

    Antiochos, roi de Commagène

    Iotapa, reine de Commagène, sœur et épouse d’Antiochos

    Épiphane, fils aîné d’Antiochos et d’Iotapa

    Thalia, servante de Drusilla

    Hanania, grand prêtre du temple de Jérusalem

    I. Dans les appartements de Drusilla

    1.1 Drusilla, Thalia

    Elle s’était levée tôt, n’ayant pu de la nuit trouver le repos. Elle alla chercher Thalia, sa fidèle servante, qui s’était vite redressée dans sa couche en entendant les pas feutrés de sa maîtresse. Thalia avait elle aussi mal dormi, comme si les impatiences de Drusilla étaient aussi devenues les siennes. Promptement habillée, elle alla aussitôt recueillir les instructions de Drusilla, visiblement agitée. La princesse n’était plus une enfant, Thalia le voyait : elle était devenue une femme ; c’était maintenant évident.

    Drusilla voulait veiller à tous les détails pour réussir cette rencontre qu’elle s’était jouée mille fois. Elle espérait en ce jour devenir l’objet de tous les regards et de l’admiration. Il était enfin temps de montrer qu’elle était prête à tenir le rang qu’on lui annonçait depuis si longtemps. La princesse, consciente de sa trop grande excitation, s’efforça de paraître calme :

    Drusilla

    Prépare-moi un bain et des sels parfumés !

    Apprête mon chiton⁸, qu’il faudra embaumer

    Avec ce nard subtil qui nous vient d’Arménie ;

    Effaçons sur mes traits les tourments de la nuit ;

    … Je ne sais pas comment arranger ma coiffure ;

    … Il me faudra aussi choisir une parure…

    Thalia

    Madame, je vous prie, soyez moins agitée.

    Nous avons plein de temps pour vous bien préparer.

    Domptez l’impatience et la fébrilité.

    Tout semble présager que c’est votre journée.

    L’Orient en ce jour va enfin découvrir

    Que votre dynastie prépare l’avenir.

    Tous les Hasmonéens⁹ retrouveront en vous

    La grandeur d’autrefois. Ils seront à genoux.

    Drusilla

    Suspens là ce discours ; ces propos m’indiffèrent ;

    Leurs espoirs n’aident pas à mener mes affaires.

    Mon sort va basculer durant cette journée ;

    C’est vrai, j’en ai rêvé ; aussi j’en ai pleuré.

    Je ne sais pas vraiment s’il faut me désoler

    Ou bien me réjouir…

    ... Quand tu auras tout fait

    Va prêter attention à ce que dit la suite

    Du roi Antiochos : je veux connaître vite

    Quelle disposition on montre à mon égard.

    Je ne peux seulement dépendre du hasard.

    Nos hôtes venus hier ont pu se reposer ;

    Je sais qu’il ne faut pas me montrer empressée,

    Mais je ne l’ai pas vu depuis bien trop longtemps,

    Lorsqu’enfants nous avions des jeux très innocents.

    Cependant aujourd’hui, plus aucun souvenir

    De ces moments passés ne peut me revenir.

    Tente de m’obtenir un entretien céans

    Avant que ne soient pris quelques engagements.

    Je voudrais découvrir si nos cœurs incertains

    D’un amour qui peut naître en deviendront l’écrin.

    Je chercherai à voir dans son port et sa voix

    Si je puis sans trembler lui confier ma foi.

    En ce jour, Antiochos, le roi de Commagène, rend visite à Julius Marcus Agrippa, le jeune roi de Chalcis, épimélète¹⁰ du temple de Jérusalem et frère aîné de Drusilla. Elle allait revoir ce Seigneur, le père d’Archelaus Antiochius Épiphane¹¹ qui serait bientôt son époux, comme il fût décidé six ans plutôt par un père, hélas depuis décédé. Son frère Agrippa lui avait confirmé qu’il accomplirait le vœu paternel pour sceller l’amitié entre la grande Palestine et la Commagène. Drusilla avait grandi avec cette certitude ; il fallait maintenant confirmer son destin de reine, semblablement à sa sœur aînée Bérénice qui venait de perdre son second mari, Hérode.

    Mais Drusilla craignait que son promis, qu’elle n’avait pas

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