Le caractère éphémère de l’empire d’Alexandre le Grand n’a jamais cessé de faire débat. L’ampleur et la rapidité de ses conquêtes, sans précédent dans l’Antiquité, n’ont en effet d’égal que la brièveté de son règne et la division quasi immédiate des territoires à sa mort par ses successeurs, les Diadoques (voir encadré). On peut même se demander comment une construction politique mort-née, en quelque sorte, a pu alimenter à ce point le mythe du Conquérant macédonien décédé à 33 ans à Babylone, en 323 av. J.-C. Comment expliquer la dissolution si rapide de l’empire d’Alexandre au regard de son aura intemporelle?
Un chantier inachevé
Les bases de l’Empire macédonien sont jetées en 336, quand le jeune Alexandre hérite de son père Philippe II le titre de roi de Macédoine et une armée efficacement réformée. Il empoche aussi l’hégémonie sur la Grèce arrachée à Chéronée: en 338, l’écrasante victoire, à laquelle le jeune prince contribue activement, met fin à la quatrième guerre sacrée et permet le démantèlement de la Seconde Confédération navale athénienne. Réunis à Corinthe, les États grecs (excepté Sparte) adhèrent désormais à la Ligue de Corinthe et à l’idée de paix commune sous tutelle de Pella. Alexandre hérite enfin de relations complexes et conflictuelles entre la Grèce et la Perse, ce qui le pousse à reprendre à son compte le projet paternel d’invasion de l’Asie.
L’épopée conquérante se compose de deux grandes phases aux objectifs complémentaires. Il s’agit d’abord d’abattre la dynastie achéménide et de prendre sa