L’année 44 av. J.-C. est enfin pour Rome celle de la paix, après cinq ans d’une guerre civile impitoyable entre les partisans de Pompée et ceux de César. Une de plus pour la République romaine: le ier siècle a été ponctué de conflits récurrents entre populares et optimates, mouvances politiques assez abstraites qui ne sont en aucun cas des partis au sens moderne du terme. Si les populares se veulent les porte-parole de la plèbe, ils ne se différencient guère des optimates d’un point de vue idéologique. C’est bien plutôt le jeu entre les ambitions personnelles d’un Marius ou d’un Sylla, d’un Sertorius, d’un Catilina, d’un Crassus, d’un Pompée ou d’un César qui rythme désormais la vie politique romaine.
Marius (Caius Marius, 157-86 av. J.-C.), figure de proue des populares, bat définitivement Jugurtha en Numidie (112 à 105) puis débarrasse Rome de la menace des Cimbres et des Teutons (102 et 101). Polybe en fait le réformateur de la légion romaine autour de l’unité tactique qu’est la cohorte et l’amorce de la professionnalisation de l’armée – affirmations aujourd’hui contestées. Six fois consul entre 106 et 101, Marius domine la vie politique au tournant du Ier siècle, mais sa rivalité avec Sylla fait sombrer la République dans sa première véritable guerre civile.
Au cours de la fête des Lupercales, le 15 février 44 av. J.-C., les deux consuls en poste, César et Marc Antoine, assistent aux festivités. Par deux fois, le second coiffe le premier d’une couronne, laissant ainsi naître la rumeur que César aspire à la royauté. Un mois plus tard, lors des ides de mars, un complot mené par Caius Cassius Longinus et Marcus Junius Brutus aboutit à l’assassinat de César dans la Curie de Pompée, lieu où se réunit le Sénat ce jour-là. Un premier conjuré, Casca, frappe César d’un coup de poinçon, puis le consul est lardé de vingt-trois autres estocades. César agonise, César est mort. Mais pourquoi est-il devenu l’homme à