1 L’ARRIÈRE-PLAN
Les Parthes sont présentés par les sources grécoromaines comme des cavaliers d’origine « scythe» – comprendre : des pasteurs nomades d’Asie centrale. Entrés sur le plateau Iranien dans les années 240-230 av. J.-C., à une époque où l’Orient est dominé par les héritiers d’Alexandre le Grand, ces tribus parviennent à conquérir progressivement les territoires de l’ancien Empire achéménide, et finissent par s’emparer de la Mésopotamie au tournant des IIe et Ier siècles av. J.-C. Les premiers contacts avec Rome remontent aux années 90 av. J.-C. Le roi parthe, issu de la dynastie des Arsacides, est alors « l’ami de la République », notamment contre la coalition formée par l’Empire pontique de Mithridate Eupator et l’Arménie de Tigrane le Grand. Lorsque ces deux puissances sont vaincues par Pompée, en 66 av. J.-C., l’alliance romano-parthe périclite, et les généraux romains convoitent les territoires situés à l’est de l’Euphrate.
En 58 av. J.-C., une crise dynastique éclate en Iran; c’est le contexte rêvé pour une intervention. M. Licinius Crassus reçoit la charge de proconsul de la province de Syrie et cherche à tirer avantage de la situation. La seconde campagne qu’il lance en Mésopotamie, en 53 av. J.-C., aboutit à la désastreuse bataille de Carrhes (voir G&H nº 4), dont la mémoire sert de justification à plusieurs autres entreprises agressives: expédition avortée de Jules César, campagne infructueuse de Marc Antoine en Médie… C’est finalement Auguste, fondateur du régime impérial, qui parvient à réparer l’affront par la voie diplomatique. En 20 av. J.-C., les enseignes perdues par les légions de Crassus sont restituées aux Romains. L’événement, célébré par la propagande impériale, met en sommeil les grands projets impérialistes. L’antagonisme se recentre autour du royaume d’Arménie, qui devient le théâtre d’affrontements indirects. En 66, au terme d’une guerre conduite par le légat Corbulon sous les auspices de l’empereur Néron, le « traité » de Rhandeia spécifie que le roi d’Arménie sera dorénavant choisi mais qu’il recevra le diadème de l’empereur romain.
Loin de permettre un apaisement durable, ce compromis laisse aux deux puissances le temps de fourbir leurs armes. Sous les Flaviens, qui règnent entre 69 et 96, de nouvelles orientations se dessinent. La présence romaine en Orient est consolidée par l’annexion de plusieurs royaumes alliés, ainsi que par l’agrandissement des provinces de Cappadoce et de Syrie. Le réseau routier est réorganisé. Des unités sont déplacées sur l’Euphrate. Difficile de ne pas voir dans ces mesures les signes annonciateurs d’hostilités à venir.
2 LE CASUS BELLI
ifficile de dire si Trajanenvisage déjà, en 106, d’envahir les territoires des Arsacides. Tout du moins l’empereur prend-il dès l’année 111 des dispositions qui ressemblent fort à des préparatifs de guerre. Les thèmes des monnayages se font décide de le destituer et d’imposer son neveu Parthamasiris pour lui succéder.