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Vibrations clandestines: Roman
Vibrations clandestines: Roman
Vibrations clandestines: Roman
Livre électronique260 pages9 heures

Vibrations clandestines: Roman

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À propos de ce livre électronique

Bien que d'origine extra-terrestre, Zarek, alias Diego, ressemble trait pour trait à un Indien issu de la civilisation Maya. Quand il est « largué » quelque part dans le sud de la France avec pour mission de retrouver la trace de son compatriote Moïse, il ne se doute pas un seul instant que celui-ci, en passe de devenir un dangereux psychopathe, va rendre sa tâche périlleuse et bouleverser sa vie ainsi que celle de Natacha, la jeune voyante qu'il vient de rencontrer. Alors, trouvera-t-il la réponse à une des questions qui le taraude depuis son arrivée sur Terre ? Quel était le dessein des Anciens de Juma en envoyant Moïse sur cette planète et que cachent-ils à leur docile population ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Auteure de La mémoire des pierres paru aux Éditions de l'Onde, de La grève des lutins aux Éditions Édilivre et de Pensées dangereuses aux éditions Le Lys Bleu, Patricia Lartigue propose aujourd'hui Vibrations clandestines.
LangueFrançais
Date de sortie27 sept. 2021
ISBN9791037737793
Vibrations clandestines: Roman

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    Aperçu du livre

    Vibrations clandestines - Patricia Lartigue

    Patricia Lartigue

    Vibrations clandestines

    Roman

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    © Lys Bleu Éditions – Patricia Lartigue

    ISBN : 979-10-377-3779-3

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Vendredi 3 août 2007, quelque part dans le sud de la France

    Diego, c’est le prénom qu’il porte depuis son arrivée sur Terre, observe le ciel, pensif. Cela fait plus d’une semaine qu’il a atterri ici et pour l’instant rien ne se passe comme il le voudrait. Bien sûr, c’était à contrecœur qu’il avait accepté cette mission, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Même si on avait voulu lui en donner l’impression, la décision, en réalité, ne lui appartenait pas et il avait bien dû se résoudre à quitter sa planète. Mais pourquoi avait-il donc fallu que son tuteur et les Anciens de Juma le désignent, lui, Zarek, pour la mission ?

    Quand Natacha entre dans la bibliothèque, Diego lui tourne le dos, il est en train de saisir un livre sur un rayonnage. Les yeux de la jeune femme s’attardent sur lui. Lorsqu’il se retourne, leurs regards se croisent un instant et Natacha doit se retenir à la table qui se trouve près d’elle.

    Diego la détaille brièvement. Une jeune femme qui possède certainement, au goût des Terriens, de nombreux attraits d’ordre physique. De beaux cheveux mi-longs d’un blond cendré et doré à la fois et une frange qui souligne joliment des yeux verts tirant vers le gris. Élancée, vêtue d’un simple jean et d’une tunique bariolée, elle affiche une grâce et une classe qu’elle ne saurait devoir à sa tenue. Diego ne lui donne pas plus de vingt-cinq ans. Il ne pourrait dire s’il la trouve particulièrement belle mais quelque chose chez elle retient son attention. C’est sûrement son regard, ce regard qui le fixe étrangement. Et en ce moment, il en est sûr, elle se pose exactement les mêmes questions que lui, même si, à priori, elle n’est pas censée pouvoir lire ses pensées.

    Si cela s’avérait être le cas, le hasard faisait bien les choses. Cette jeune femme arrivait vraiment à point nommé, juste au moment où il commençait à désespérer des facultés extra-sensorielles des Terriens. Car, si sur sa planète, il parvient aisément à communiquer par télépathie avec les siens, sur la Terre, c’est une autre paire de manches. En effet, depuis son arrivée, il n’est pas encore parvenu à utiliser ce mode de communication avec les hommes et les femmes qu’il croise, comme si certaines de leurs facultés étaient en sommeil et rendaient, de ce fait, toute possibilité de connexion avec eux impossible. Autrement dit, ils ont le matériel mais ne savent pas s’en servir ou n’ont pas encore compris qu’il fallait appuyer sur le bouton « marche » pour lancer la machine.

    Et tout haut :

    Elle se met à rire et reprend :

    Natacha a posé cette question sans même s’en rendre compte. Elle s’en trouve déstabilisée pendant un court instant et se reprend rapidement :

    Diego l’interrompt :

    Natacha est quelque peu interloquée :

    Natacha lui tend la main, Diego la serre énergiquement comme il l’a vu faire, lorsqu’il était en période d’observation Terrienne depuis Juma. La jeune femme porte soudain la main à son oreille gauche tandis qu’elle lâche la main de Diego. Un sifflement aigu et strident lui vrille le tympan.

    Il a décidément bien retenu les leçons apprises pendant son stage d’observation.

    Diego prend le petit bristol et le met dans sa poche. Il aura tout le temps de le regarder après.

    Après avoir quitté Natacha, Diego déambule, pensif, le long du trottoir et dirige machinalement son regard vers la vitrine du magasin sur sa gauche. En voyant son reflet dans celle-ci, il comprend mieux le choix des Anciens. Son aspect physique est semblable à celui des Terriens. Sa taille moyenne, ses cheveux noirs, son teint légèrement hâlé et le regard perçant de ses yeux noirs en amande lui confèrent une ressemblance certaine avec un indien du Mexique, de sorte que la plupart des gens qu’il croise seraient surpris d’apprendre qu’il y a quelques jours encore, il vivait dans un autre système solaire. Pourtant cette ressemblance ne saurait être le fruit du hasard. Mais comment pourraient-ils imaginer, ces Terriens, que les habitants de Juma (c’est le nom de sa planète) avaient été en relation, à une époque lointaine, avec la civilisation Maya et qu’un contact avait pu s’établir entre ces êtres d’origine tellement différente ? Tout simplement parce que ce peuple Maya savait comment canaliser l’énergie cosmique, voilà pourquoi cette relation à l’échelle interplanétaire avait pu se nouer. Ensuite, les rapports étaient devenus de plus en plus étroits et à la fin, un certain nombre de ces hommes et ces femmes Mayas avait accepté de partir avec eux sur Juma sans espoir de retour. Alors, Jumariens et Terriens Mayas avaient fondé une nouvelle civilisation sur Juma qui avait poursuivi son évolution jusqu’à maîtriser, capter parfaitement les énergies et ondes cosmiques. Toutefois, malgré le fait d’avoir dû s’adapter à leur nouveau milieu, les anciens Mayas, appelés maintenant Jumayens, n’ont subi pratiquement aucune altération de leur matériel génétique. La volonté des Jumariens est que deux races bien distinctes se perpétuent sur Juma, alors pas question de se « mélanger ». D’ailleurs, pour l’instant, personne n’y trouve rien à redire. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, si ce n’est que depuis quelques années, la stagnation a fait place au progrès. Bien sûr, en matière de communication les Jumariens, comme les Jumayens, ont une longueur d’avance sur les Terriens puisqu’ils sont capables de « converser » par télépathie et n’usent plus trop leurs cordes vocales. Ils ne connaissent ni les guerres et la famine ne sévit nulle part sur leur planète ; tout est cadré, aseptisé, les corps comme les esprits. Pourtant, depuis quelque temps, les Anciens se posent des questions. Tout devient trop automatique, plus personne ne sait faire preuve d’intuition, ce mot même a été banni du langage. La devise sur Juma est « laissons faire le Grand Tout ». Ils pensent que tant que leurs énergies seront reliées convenablement au cosmos, rien de fâcheux ne pourra leur arriver. Un certain point leur pose malgré tout problème : à l’heure actuelle, sur leur planète, ne subsiste plus aucun « médium » (pour parler en langage Terrien). Ils sont donc dans l’impossibilité de communiquer avec leurs morts, ne trouvant plus personne capable de se connecter à la fréquence des âmes des disparus. Cette maîtrise des âmes qui leur échappe commence sérieusement à les inquiéter, comme les interpelle également le fait que les Terriens, en ce moment, ont l’air de faire n’importe quoi et ne se servent pas de leurs facultés à bon escient. La soif de matérialisme, chez eux, va tout détruire s’ils n’y prennent pas garde. Cela serait bien dommage d’autant que les Anciens de Juma aimeraient bien faire de la Terre, une annexe de leur planète, celle-ci commençant à se faire vieille.

    C’est la raison pour laquelle, il y a un an, ils ont décidé d’envoyer un des leurs sur la Terre pour tenter une expérience dont la raison « officielle » est la suivante : un Jumarien peut-il s’adapter à la vie et à « l’esprit » Terrien ? Un Jumarien, rebaptisé pour l’occasion Moïse, avait donc été « largué » sur Terre, muni au préalable d’un capteur/émetteur d’ondes vibratoires et de tout ce qu’il faut pour passer inaperçu. Il ne restait plus au pseudo-Moïse qu’à se trouver du travail. Or, depuis quinze jours maintenant, l’équipe scientifique de Juma n’a plus de nouvelles de lui. On en arrive donc au motif de la mission de Diego : retrouver Moïse en se faisant aider d’une femme « médium » qu’il devra, une fois la mission terminée, ramener avec lui sur Juma afin qu’elle les aide à relancer le processus médiumnique sur leur planète.

    C’est à l’endroit même où avaient été captées pour la dernière fois les vibrations émises par Moïse que Diego avait atterri. Mais plus ce dernier y réfléchit, plus il se demande si les Anciens ont fait le bon choix en choisissant Ismak (c’est le nom que portait Moïse sur Juma) pour cette mission.

    Dans un autre système solaire, sur la planète Juma et plus précisément dans une pièce ronde aux parois vitrées, règne une certaine effervescence qui ne se traduit pourtant par aucun bruit de voix. Un dialogue muet s’est instauré entre trois hommes, copies quasi conformes de Terriens, à la différence qu’ils ne possèdent pas de système pileux. En fait, la population de Juma est divisée en deux « ethnies », comme le diraient les Terriens, dont les différences sont essentiellement d’ordre physique. Tout d’abord celle des Jumariens, peuple d’origine, majoritaire sur la planète. Ces hommes et femmes affichent une grande taille, un corps maigre, aucun système pileux et des yeux bleu pâle aussi clairs que le cristal. L’autre partie de la population se compose de Jumayens. Leur physique se caractérise par une certaine ressemblance avec leurs ancêtres, les Mayas, dont ils ont conservé les traits principaux. Et pour que les descendants de ces deux ethnies conservent leurs traits et leur héritage génétique, Jumariens et Jumayens ne doivent en aucun cas avoir de rapports sexuels.

    Cela choque toujours autant les Jumariens de constater l’importance que revêt la parole chez un Terrien. Sur Juma, on « parlait » beaucoup aussi autrefois, il y a très très longtemps, mais on avait fini par conclure que tout cela ne servait qu’à gaspiller de l’énergie, d’autant plus que, sur leur planète, les Jumariens naissent avec des cordes vocales légèrement différentes de celles des Terriens, peu adaptées à une diffusion correcte de la parole. Aussi, petit à petit chacun avait-il pris l’habitude de communiquer autrement. Au départ, cela s’était avéré difficile et puis, au fil du temps, la télépathie avait fini par devenir un moyen comme un autre de communication qui se substituait très souvent à la parole. Aucune anarchie des pensées ne règne pourtant sur Juma. Sur cette planète, rien ne se fait dans le désordre et surtout pas les communications. Il n’est pas question et même imaginable que qui que ce soit veuille s’immiscer dans les pensées d’autrui. Tout est codifié. Une personne qui souhaite s’entretenir avec une autre lui envoie un signal, une vibration, et, à ce moment-là seulement, le dialogue peut s’instaurer. Bien sûr, ils utilisent la parole également. Ils avaient, d’ailleurs, bien été contraints de le faire pour préparer Ismak (Moïse) et ensuite Zarek (Diego) à leur voyage. Un système de mémorisation avait même été créé à cette occasion pour leur permettre d’assimiler les langues parlées sur la Terre. Il faut dire que les Jumariens savent utiliser à bon escient les circuits renfermés dans les cellules de l’univers et s’en servent comme moyen de transport de l’information. Des capteurs de vibration avaient également été installés il y a des années sur la Terre, et plusieurs voyages d’études avaient été nécessaires avant de pouvoir envisager la mission qui les occupe actuellement.

    Les trois Anciens, comme on les nomme sur Juma, se dévisagent, pensifs. Ce sont eux les instigateurs de la mission. Ils continuent de se poser des questions quant au bien-fondé d’avoir envoyé Ismak (Moïse) sur Terre. D’autant plus que cet homme d’une trentaine d’années, Jumarien « pure souche » n’avait encore jamais eu l’occasion de « sortir » de leur système solaire. Bien sûr, cela concordait avec la raison officielle qu’ils avaient fournie à la population de Juma : envoyer quelqu’un vierge de toute image préconçue de la planète Terre pour tester ses facultés d’adaptation dans un milieu étranger. Mais en réalité, s’ils avaient choisi Ismak, c’était pour une tout autre raison, assez obscure et que seuls ces trois hommes connaissent. Il faut dire que l’homme qu’ils avaient désigné leur donnait du grain à moudre. Il faisait partie d’une minorité de Jumariens qu’ils étudiaient depuis pas mal de temps et qui leur causait du souci. Heureusement, la petite pilule bleue qu’ils lui faisaient avaler quotidiennement, comme à tous les habitants de Juma, empêchait son caractère particulier de prendre une tournure quelque peu excessive.

    En fait, Jumariens et Jumayens sont drogués à leur insu. D’où leur apparente apathie, l’inexistence de leurs émotions. En fait, les seules personnes, pouvant vivre naturellement sans qu’une parcelle de leur esprit soit bridée perpétuellement, sont les Anciens dont Liko, Arzak et Kozna font partie. Tout est dirigé par eux, ils établissent les règles de la société communautaire et ont la main mise sur toute la planète. Aussi, sont-ils curieux de savoir de quelle manière va réagir Moïse au contact d’une civilisation « débridée ».

    — Et si nous nous exercions un peu à parler ? lance Kozna d’une voix éraillée, à peine audible.

    Les autres le regardent, interdits.

    Les quatre autres n’ont pas l’air d’être d’accord avec lui.

    Moïse est complètement déboussolé, il pensait pourtant être libre sans son capteur/émetteur d’ondes vibratoires mais c’est loin d’être le cas. Au contraire, depuis qu’il s’en est débarrassé, il se sent perdu.

    Le petit appareil revêtait le même aspect qu’une montre. Il lui avait donc suffi de le détacher pour s’en débarrasser. Puis, il l’avait tout simplement jeté dans une poubelle de son quartier.

    Moïse était arrivé un an plus tôt par une belle nuit d’été. Grâce au système supraluminique mis au point par les scientifiques de Juma, son vaisseau, muni d’un générateur d’hyper propulsion, avait permis à lui et un autre passager de rejoindre la planète Terre en utilisant l’hyperespace, en deux jours seulement. À peine Moïse déposé sur Terre, l’autre passager avait réenclenché la procédure pour retourner sur Juma. Moïse s’était retrouvé seul, dans un champ, près d’une grande ville dans le sud de la France. Heureusement, la mission avait bien été préparée au préalable sur Juma. Pendant trois années, il avait étudié les langues, le mode de vie et même les religions Terriennes. En plus, muni de son capteur/émetteur d’ondes vibratoires, il pouvait être localisé depuis Juma et, en appuyant sur un petit bouton intégré au système de l’appareil, il lui était même possible d’envoyer un message codé aux Jumariens, un message qui serait, en quelque sorte, téléporté sur sa planète. En repensant à tout cela, il se maudit de l’avoir jeté sur un coup de colère. Car s’était bien la colère qui l’avait conduit à faire ce geste inconsidéré. Qu’est-ce qu’il croyait en venant sur Terre, que tout allait marcher comme sur des roulettes, qu’il lui suffirait d’avoir un emploi, un appartement et qu’aussitôt il serait intégré à la population ? Il n’avait pas assez bien réfléchi à sa mission avant. Si cela avait été aussi simple, on ne l’aurait pas « expédié » sur cette Terre justement pour tester les possibilités d’adaptation d’un Jumarien à la vie Terrienne. Depuis qu’il est arrivé dans cette ville française, il ne s’est fait aucun « ami », comme disent les Terriens. Il travaille comme laveur de carreaux dans une société de nettoyage. Ce travail lui convient assez bien car il lui permet d’être plus ou moins en contact avec le ciel. Les bâtiments de verre de Juma lui manquent horriblement. Ici, tout est sombre, il y a des toitures presque partout, des volets, les portes ferment « à clef », autant de choses qui n’existent pas sur sa planète. Et puis, les gens ont l’air méfiants, ils le regardent toujours d’une drôle de façon. C’est sûrement à cause de son absence de cheveux et de sourcils. Ils doivent penser qu’il est malade. C’est dans un moment de révolte qu’il avait décidé de se débarrasser du capteur, pensant qu’en coupant le cordon avec les siens, il aurait beaucoup plus de chance de devenir un vrai Terrien.

    C’est samedi et il ne travaille pas. Ce matin, il s’est levé tôt pour tenter de voir le soleil se lever. Il est maintenant presque midi. Dans le jardin public, il croise des gens, les uns rient, d’autres se disputent. Deux jeunes filles se demandent si elles ne vont pas aller au cinéma dans l’après-midi pour revoir « La Guerre des Mondes ».

    Dans l’après-midi, comme prévu, Moïse se rend au cinéma de son quartier où La Guerre des Mondes est à l’affiche. Quand il en sort, deux heures plus tard, on ne peut pas dire que son moral ait remonté. Au contraire, le film ne lui a pas plu du tout, il serait même plus en colère que le matin.

    Il est tellement pensif, qu’il bouscule, sans s’en rendre compte une femme qu’il croise sur le trottoir.

    Moïse l’observe un instant. Quelle vulgarité se dégage de cette personne ! Il n’a pas encore compris pourquoi les Terriennes éprouvent le besoin de se maquiller de cette façon. Quelle différence avec les Jumariennes et les Jumayennes, des femmes qui, à l’image de leur planète, sont la discrétion même, portant toutes de grands bandeaux blancs et de longues tuniques amples d’une blancheur immaculée. En fait, le blanc est la teinte de prédilection sur Juma. Il n’y a pas de place pour la fantaisie là-bas. Quant aux maisons, elles seraient qualifiées par les Terriens de temples voire de pyramides. Faites de matériaux ressemblant au verre, au cristal et à l’argent, leurs dômes sont orientés vers le ciel afin d’être reliées à l’énergie cosmique. Les êtres comme les maisons sont transparents. Là-bas, rien ne se cache, pas d’individualisme, l’ensemble du peuple œuvre pour la communauté. Perdu dans ses pensées, il s’aperçoit qu’il a dépassé son appartement et se trouve devant une des cathédrales de la ville.

    Pris d’une impulsion soudaine, il décide d’entrer dans la cathédrale. C’est la première fois qu’il le fait depuis son arrivée. Lorsqu’il en franchit le seuil, il est saisi tout d’abord par la différence de température avec l’extérieur. En effet, en regard de la chaleur étouffante qui règne en ville, l’intérieur de l’église est un havre de fraîcheur.

    Il porte un regard étonné sur les vitraux, puis ses yeux se posent sur le chœur.

    Il avance d’un pas lent le long de la travée centrale et se dirige vers l’autel. Après avoir gravi trois marches, il se rapproche de celui-ci et, alors qu’il pose ses deux mains à plat sur le tissu qui le recouvre, sent une main lui toucher l’épaule. Il se retourne brusquement et se trouve face un homme de taille moyenne vêtu d’une veste sombre, qui arbore une petite croix d’or au revers de celle-ci.

    Et tout haut :

    S’apercevant soudain que le prêtre est en train de le fixer bizarrement, Moïse se dit qu’il vaut mieux qu’il quitte ce lieu qui lui inspire tout sauf l’amour d’un quelconque dieu. Le prêtre le voyant se diriger vers la sortie l’apostrophe :

    Le curé paraît un instant décontenancé mais se ressaisit bien vite :

    La chaleur du dehors le surprend et quelques instants plus tard, des gouttes de sueur perlent déjà à son front. Il est déçu. En fait, tout le déçoit : les Terriens, leur mode de vie, et maintenant leur Église. Il se demande ce qu’il fait là. S’il le pouvait, il quitterait cette Terre immédiatement. Mais malheureusement, même s’il a jeté son capteur d’ondes vibratoires, il ne peut se résoudre pour autant à abandonner sa mission.

    Et ses pas le ramènent vers le jardin public tandis qu’il se demande encore si un Jumarien est vraiment capable de cohabiter avec un Terrien, et un religieux de surcroît.

    Natacha est dans sa salle de bain, c’est samedi et ce soir Guillaume l’emmène au restaurant. Ce n’est ni son petit ami, ni particulièrement son type d’homme, mais plutôt que de rester à la maison regarder la télévision. Et puis, elle a surtout envie de se faire belle pour quelqu’un, vérifier si son potentiel de séduction est toujours intact. Même si elle n’est âgée que de vingt-cinq ans, elle a eu pas mal de petits amis déjà. Mais depuis qu’elle a rompu avec le dernier en date, six mois plus tôt, elle mène une vie quasi monacale. Il faut dire que son travail la passionne et la monopolise tellement qu’elle en oublierait presque qu’il y a une vie en dehors de la voyance. Enfin, c’était quand même un de ses « flashes » qui lui avaient permis de savoir que son ex-petit ami la trompait. Aussi, depuis, elle n’accorde plus sa confiance aussi facilement.

    Après s’être regardée dans le miroir, elle décide de les relever et les enserre dans une grosse pince. Elle laisse s’échapper volontairement une fine mèche qui vient frôler le coin externe de son œil droit.

    Une touche de fond de teint doré, un peu de mascara sur les cils, du rouge à lèvres couleur abricot, et voilà Natacha fin prête. Elle se contemple une dernière fois dans le miroir et, satisfaite de son image, gagne sa chambre pour attraper des chaussures. Elle opte pour des sandales à lanières dorées qui se nouent à la cheville et

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