Un nouveau voisin
RÉSUMÉ : Gustave a toujours été très solitaire. Menuisier à la retraite, il ne sort qu’une fois par semaine, pour faire ses courses. Il préfère passer son temps auprès des marionnettes qu’il fabrique avec passion. Aussi lorsque Zach, son jeune voisin nouvellement arrivé dans l’immeuble, vient sonner chez lui pour lui demander du gruyère, il est un peu contrarié. Mais quand il revient avec une charlotte au chocolat, Gustave lui ouvre sa porte. (Voir Veillées n° 3503.)
La mine radieuse, Zack suivit Gustave jusqu’à la cuisine, déposa la charlotte sur la table. Cependant, à la seconde où le garçon pénétra chez lui, le retraité sentit la nervosité le gagner. Il n’avait jamais reçu d’invité sous son toit. Il ne savait que faire ni que dire. Il restait là, les bras ballants, un reste de méfiance encore fiché au coin de l’œil. Après tout, il ne savait pas grand-chose à propos de ce garçon. Peut-être que sa gentillesse était juste feinte ? qu’elle dissimulait des intentions moins louables ? Les journaux regorgeaient de faits divers au sujet de personnes âgées dont la confiance avait été abusée par de soi-disant bienfaiteurs. La voix de Zack le sortit de ses ruminations.
– Vous les rangez où, vos assiettes et vos couverts ?
D’un geste lent, qui tranchait avec la vivacité du garçon, Gustave prit deux assiettes ébréchées et dépareillées sur l’étagère du placard, puis deux cuillères et un couteau dans le tiroir de ce dernier. Ils s’installèrent l’un en face de l’autre tandis que Zack servait à chacun une généreuse part de charlotte.
– Vous allez voir, vous allez vous régaler ! affirma-t-il en lui offrant son sourire-dents-du-bonheur.
Dès la première bouchée, les papilles de Gustave exultèrent. Il n’avait rien mangé d’aussi délicieux depuis des millénaires. Cela le changeait des boîtes de conserve et des yaourts aromatisés qu’il ingurgitait à longueur d’année. Le moelleux des biscuits imbibés de rhum, mêlé à la saveur onctueuse de la garniture au chocolat, fut une explosion de douceur contre les parois de son palais. Chaque fois qu’il déposait un bout de gâteau
