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L’Abomination du lac Crystal
L’Abomination du lac Crystal
L’Abomination du lac Crystal
Livre électronique156 pages2 heures

L’Abomination du lac Crystal

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À propos de ce livre électronique

Marco, Catherine et Pépé sont fébriles. Après tout, c’est leur dernier camp d’été avec la troupe avant que le groupe ne se sépare. Mais ils ignorent que la base de plein air du lac Crystal, où ils vont passer une semaine, a été le théâtre d’un massacre sanglant vingt ans plus tôt. Et la chose à l’origine des meurtres sommeille au fond du lac Crystal. De son côté, Big Bang, sauveteur et moniteur d’astronomie sur la base de plein air semble cacher un lourd secret. Aurait-il un lien avec le massacre? Une chose est sûre, personne n’est à l’abri de l’Abomination du lac Crystal. Scouts toujours prêts? Ils ont intérêt à l’être...
LangueFrançais
Date de sortie17 févr. 2020
ISBN9782897868581
L’Abomination du lac Crystal
Auteur

Pierre-Alexandre Bonin

Pierre-Alexandre est titulaire d’un doctorat en études littéraires de l’UQAM. Il est tombé dans l’univers de la littérature jeunesse à la librairie Monet, où il a été libraire jeunesse durant cinq ans. Maintenant à l’emploi de Communication-Jeunesse, il s’amuse avec les mots pour offrir des histoires aux petits et aux grands lecteurs, incluant ses trois enfants. Il a écrit une dizaine de livres et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin!

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    L’Abomination du lac Crystal - Pierre-Alexandre Bonin

    0

    Tout le monde à bord !

    « L’autobus jaune roule à bonne vitesse sur la route bordée de conifères. À l’intérieur, le chauffeur tient le volant de la main droite, l’autre bras étant appuyé sur la fenêtre baissée du minibus. Un courant d’air embaumant le sapin atténue légèrement la canicule de juillet, tout comme le petit ventilateur qui vrombit sur son tableau de bord. Son gros ventre est coincé sous le volant et il fredonne une chanson de Paul Daraîche qui joue à la radio.

    Toutes les banquettes sont remplies par le 74e groupe de scouts de Saint-Isidore. La troupe est mixte, mais sur la dizaine d’adolescents, il n’y a que quatre filles. Ils ont à peu près tous le même âge et en sont à leur dernière année avec la troupe. Ce camp est spécial pour eux, parce qu’à l’automne, ils passent tous aux pionniers et il n’y aura plus d’éclaireurs à Saint-Isidore, faute de nouvelles inscriptions. Les jeunes comptent donc profiter au maximum de leur semaine. De leur côté, les animateurs veulent que ce dernier camp de la troupe soit inoubliable.

    Et il le sera, même si ce n’est pas de la manière dont ils l’espèrent. Mais vous vous en doutez déjà, n’est-ce pas ?

    À la droite, dans la première rangée du véhicule, les deux responsables de la 74e troupe de scouts de Saint-Isidore et leur aide de camp discutent en riant. Antilope et Troubadour sont au début de la trentaine et se connaissent depuis plusieurs années. Leur complicité est évidente. Michaël, plus jeune, en est à sa deuxième année comme aide de camp. Il a eu vingt ans cet hiver, et prend son rôle très au sérieux.

    Les deux bancs à leur gauche sont occupés par deux garçons et une fille. Il y a Marco, qui a posé ses béquilles d’avant-bras entre ses jambes. Il souffre d’arthrogrypose (une maladie congénitale qui fait en sorte que ses genoux ne plient presque pas), et est incapable de marcher sans elles. Ses parents l’ont inscrit aux scouts quand il avait sept ans, pour l’aider à socialiser, et c’est là qu’il y a rencontré ses amis. Plus sérieux que les autres membres de sa bande, il refuse de laisser son handicap l’empêcher de pratiquer ses activités favorites.

    Assis à côté de lui, c’est Pierre-Philippe, que tout le monde appelle Pépé, le bon vivant du groupe. Son surpoids ne l’empêche pas d’adorer le plein air et de pratiquer plusieurs activités. À leur gauche, il y a Catherine, l’unique fille de la bande, au caractère fonceur. Plus grande que ses amis, elle a l’habitude d’attirer les regards curieux. Les gars la considèrent comme une sœur et se moquent gentiment de sa taille dès qu’ils le peuvent.

    Ils discutent tranquillement, en ignorant leurs amis plus bruyants qui remplissent le reste du minibus.

    1

    En route les scouts !

    (Marco, Catherine et Pépé)

    — J’me demande ce que Troubadour et Antilope ont prévu pour nous cette semaine, s’interroge Pépé, avant de se mettre une poignée de Smarties dans la bouche.

    Marco regarde son ami, d’un air vaguement dégoûté.

    — Ça te tenterait pas d’arrêter de parler la bouche pleine ? C’est pas l’fun à voir.

    Pépé est sur le point de répliquer, mais Catherine fait signe à ses amis de se taire et pointe l’avant de l’autobus. Curieux, les deux adolescents remarquent que le chauffeur appelle leurs animateurs.

    — Élise, Dereck, faut que je vous parle.

    Les trois jeunes voient les deux adultes se regarder, clairement surpris. Puis, ils s’avancent vers le chauffeur. Lorsque Catherine constate que Michaël regarde dans leur direction, elle lui fait son plus beau sourire. L’aide-moniteur le lui rend et s’intéresse au reste du groupe.

    Les adolescents, curieux, en profitent pour écouter la conversation du chauffeur et des deux animateurs.

    — Qu’est-ce qui se passe ? demande Troubadour.

    — L’aiguille de la jauge commence à monter dans le rouge. J’ai peur que le moteur surchauffe.

    — Qu’est-ce qu’on peut faire ? ajoute Antilope, inquiète.

    — On n’aura pas le choix, va falloir s’arrêter au prochain garage.

    — On en profitera pour faire une pause-pipi surprise, suggère Troubadour.

    Les deux moniteurs retournent à leur banquette et les trois adolescents tentent de suivre la nouvelle conversation. Une fois Michaël au courant, il regarde de nouveau vers l’arrière de l’autobus.

    — Voulez-vous que j’avertisse les jeunes ?

    — Pas besoin, d’après Robert, on devrait croiser une station-service dans quelques minutes, explique Troubadour.

    Lorsqu’Antilope jette un coup d’œil dans leur direction, les trois adolescents font mine d’être plongés dans une discussion passionnante à propos de la dernière lecture de Catherine, même si les garçons ne partagent pas son goût pour l’horreur et le macabre.

    — Sérieusement, les gars ! Le dernier roman de Patrick Sénécal est juste malade ! Y’a du monde qui meurt à toutes les trois pages, pis c’est super gore en plus !

    Au lieu de répondre, Pépé engouffre une énorme poignée de Smarties qu’il mastique avec application. À côté de lui, Marco roule des yeux, autant à cause de la goinfrerie de son ami que des goûts littéraires de l’adolescente.

    — Mouais. Je continue à croire qu’Asimov et Bradbury sont les meilleurs. Mais écoute, qui suis-je pour te juger dans tes choix de lecture ?

    Ce qui devait simplement servir de distraction pour éviter qu’Antilope comprenne que les trois amis avaient entendu leur conversation avec le chauffeur s’est trans-formé en discussion sur leurs lectures respectives. Heureusement pour Pépé, qui ne comprend pas comment on peut rester des heures le nez plongé dans un livre, le chauffeur s’engage dans une sortie à demi masquée par des arbres.

    Les branches trop longues frottent contre le minibus en produisant un grincement macabre qui fait frissonner l’adolescent. Il se tourne vers ses amis, mais ils sont plongés dans leur conversation et ne semblent pas conscients du changement d’itinéraire. Pépé lève sa boîte à la hauteur de sa bouche et l’incline pour en faire tomber les derniers bonbons. Il est déjà à sec et ils ne sont même pas arrivés sur la base de plein air.

    Lorsque la station-service apparaît à travers le pare-brise, Marco et Catherine lèvent la tête, surpris par le ralentissement du minibus. Le véhicule s’arrête près des pompes et les trois amis voient un employé sortir lentement d’un petit bâtiment à la peinture écaillée qui doit servir à la fois de caisse et de dépanneur. Troubadour et Antilope se retournent vers le groupe pour leur expliquer la situation.

    — On va s’arrêter ici quelques minutes, le temps de faire des vérifications sur le moteur du minibus.

    — Profitez-en si vous avez besoin d’aller à la toilette ou vous dégourdir les jambes.

    Marco pousse un grognement faussement irrité et ses amis pouffent de rire.

    — On vous demande seulement de ne pas vous aventurer sur la route et de ne pas flâner dans le dépanneur.

    Pépé marmonne en secouant sa boîte vide.

    — Je ne flânerai pas, je vais juste en profiter pour faire le plein…

    Alors que les adolescents sortent dans la chaleur étouffante et le bruit persistant des grillons, le garagiste s’avance pour parler avec le chauffeur d’autobus. L’homme s’essuie les mains avec un torchon sale, et semble mâcher quelque chose. Le trio d’animateurs demeure à proximité pour en savoir davantage. Lorsqu’il arrive à leur hauteur, il ouvre la bouche et crache un long jet brun de tabac à chiquer, détournant à peine la tête et manquant d’éclabousser Antilope. Il en profite d’ailleurs pour la reluquer avec un large sourire à moitié édenté.

    Les jeunes se contentent de s’asseoir dans l’herbe, sous le couvert des arbres, et reprennent les conversations interrompues par l’arrêt du minibus. De son côté, Pépé se dirige vers le dépanneur, suivi par Catherine et Marco. Les trois amis s’arrêtent un instant devant le bâtiment, soudain moins sûrs d’eux. Les fenêtres sales sont couvertes de vieilles annonces de bière et de cigarettes, le papier est jauni par le temps et le soleil. Le moustiquaire de l’entrée est troué à plusieurs endroits et l’ensemble a l’air à moitié abandonné.

    Pépé termine son inspection visuelle et hausse les épaules avant d’entrer, suivi de ses deux amis. À l’intérieur, le revêtement de plancher est gondolé et de nombreux rubans tue-mouches pendent du plafond, comme des guirlandes de Noël, mais constellées de cadavres d’insectes. Le frigo à bière gronde comme s’il allait rendre l’âme d’un instant à l’autre.

    C’est charmant comme endroit, vous ne trouvez pas ?

    Derrière la caisse, une femme dans la cinquantaine est assise. Sa peau est luisante de sueur, malgré le ventilateur qui fonctionne sans relâche à ses côtés. Une énorme verrue orne son double menton et sa robe défraîchie ne parvient pas à cacher ses nombreux bourrelets. Le nez plongé dans une revue à potins, elle ne lève pas la tête quand le carillon de la porte résonne.

    Pépé fait le tour des allées à moitié dégarnies, pendant que ses amis l’attendent patiemment à la caisse, essayant de ne pas laisser paraître leur répugnance. Lorsque l’adolescent a fait son choix, il revient les bras chargés de bonbons, de chips et de jujubes en tout genre.

    La caissière daigne finalement s’intéresser à ses trois clients. Pendant qu’elle facture les nombreux achats, elle leur demande avec curiosité :

    — Où est-ce que vous allez comme ça, les jeunes ?

    — Oh, on s’en va à la base de plein air du lac Crystal pour notre camp d’été, explique Pépé avant d’ouvrir l’emballage d’une barre Mars.

    La caissière sursaute, comme si elle avait été piquée par une abeille. Marco cherche à comprendre ce qui a pu la choquer à ce point.

    — Vous connaissez l’endroit ? Nos animateurs nous ont seulement dit que ça venait tout juste de rouvrir et qu’on sera les seuls sur la base pour la semaine.

    — Disons qu’il y a des… rumeurs à propos de l’endroit. Pis ça me surprend que vos moniteurs en aient pas entendu parler…

    Les yeux de Catherine brillent et elle s’avance vers la caissière. Ses amis reconnaissent les signes : l’adolescente est tombée sur un mystère et elle veut connaître tous les détails.

    — Vous pourriez nous en dire plus ?

    La femme hésite, Catherine n’ose pas insister. Au bout de quelques instants, la caissière se lève, contourne son comptoir et se rend jusqu’à la porte, comme si elle voulait s’assurer que personne ne vienne les interrompre. Puis, elle reprend sa place derrière la caisse et pousse un petit soupir résigné.

    — Ça s’est passé il y a une vingtaine d’années, environ…

    Pépé et Marco se sont rapprochés de Catherine, qui écoute la femme, fascinée par ce qu’elle est sur le point d’entendre.

    — Les journaux ont appelé ça « le massacre du lac Crystal ». C’est une histoire épouvantable qui a secoué toute la

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