L'Anse Rouge

Par Séverine Pann

La plage de l’Anse Rouge. Quel drôle d’appellation quand on connaît l’évènement qui vient de s’y produire. Qui aurait cru un jour, faire une découverte de la sorte là-bas. Cette crique aux couleurs harmonieuses et aux senteurs de pins pouvait-elle accueillir un cadavre ? Pourquoi ce tableau radieux s’est soudainement obscurci ? A vrai dire, Gwen se posait les mêmes questions. Et c’est justement pour cela qu’elle décida de se pencher sur le problème. Mais arrivera t-elle à percer le mystère du meurtre, sans se laisser perturber par des flashs étranges et obsessionnels ? Entre rêves et réalité, parviendra t-elle à connaître la vérité ?

• Langue: Français
• Éditeur: Les Éditions du Net
• Date de sortie: 30 mai 2012
• ISBN: 9782312003597

Aperçu du livre

978-2-312-00359-7

Chapitre N° 1

La plage de l’Anse Rouge, dominée par une superbe pinède, est un lieu vraiment charmant. En effet, ses rochers, ses voiliers, ainsi que sa tour très célèbre à Noirmoutier, créent un décor atypique que l’on voudrait immortaliser en peinture.

Mais l’atmosphère de cette paisible crique, ne fût plus la même lorsqu’un individu déclara avoir été témoin d’une surprenante découverte.

L’homme, grand et brun, sûrement la quarantaine, a pour habitude selon lui, de s’oxygéner chaque matin dans la pinède. Il affirma donc s’être avancé au bord de la falaise, afin de mieux y contempler l’océan et, à sa grande surprise, aperçu au pied des rochers, un corps inanimé.

L’homme dévala en vitesse l’escalier permettant d’accéder à la plage puis s’approcha.

Le corps écrasé gisait à terre. Il eut un moment de recul en observant la scène puis retourna le cadavre d’un geste empressé. Un haut-le-cœur lui vint subitement.

Le visage pâle ressemblait étrangement à celui de son ami.

C’était malheureusement bien lui.

L’homme, accroupi, se redressa violemment et quitta la plage en courant.

Chapitre N° 2

La plage avait en une demi-heure rassemblée une troupe de policiers.

Le témoin avait pris l’initiative de les avertir.

– Quand avez-vous découvert le corps, Monsieur ?

– Il y a une heure.

Des larmes envahissaient ses yeux.

– C’était mon meilleur ami. Comment cela lui est-il arrivé !

– C’était votre ami, dites-vous ? Demanda le policier.

– Oui, ma femme et moi, sommes en congés chez lui. Le plus atroce, c’est que sa compagne n’est pas au courant. Je n’ai vraiment pas la force de lui annoncer.

– C’est compréhensible.

– Et où habitait-il ?

– Cette villa, voyez ! Celle près de la tour.

L’homme désigna de son doigt, une somptueuse demeure enfouie dans la pinède.

En effet, cette fameuse tour fut un ancien phare, et ce n’est que bien des années plus tard, que les propriétaires en firent un lieu habitable. Elle deviendra vite, la tour culte de l’Ile de Noirmoutier, et embellira sa petite plage.

– Bon… nous procéderons dans un premier temps à l’examen du corps. Vous comprendrez que votre aide nous sera très précieuse, Monsieur.

– Comptez sur moi, je mettrai tout en œuvre pour élucider cette mort tragique…

Ce matin, aucun cri d’enfants, aucun bruit de moteur de zodiacs n’était au rendez-vous. Rien, même si cela pouvait être justifié par le fait qu’il était seulement 9 heures et demie, pour un samedi d’avril.

En effet, la plage ne ressemblait plus qu’à une pièce de théâtre sinistre et sans public.

La seule vague musicale n’était autre que l’écume claquant sur ses rochers.

Cette toile si lugubre, laissait apercevoir un peu plus loin vers l’estacade, une silhouette de femme accroupie sur un rocher.

Cette jeune personne songeuse devant cette vaste nappe bleue turquoise, se nomme Gwen. Étudiante en criminologie, elle se consacre depuis quelques semaines à la préparation d’une thèse de fin d’année. Thèse qu’elle doit argumenter grâce aux actions menées au sein d’un commissariat de l’Ile, en tant que stagiaire.

Habitant la ville de Noirmoutier depuis bientôt 5 ans, elle partage ses émotions, ses fous rires et son appartement avec sa meilleure amie, Léa.

Malgré un laps de temps passé sur cette Ile, Gwen se laisse encore surprendre par le charme qu’elle dégage. Elle se sentit soudainement submergée et rattrapée par ses souvenirs d’enfance. Un passé qui a toutefois enclavé des épreuves difficiles et assez perturbatrices. Gwen a longtemps perçu la vie comme un souterrain renfermant injustice, vengeance et illusions. La rêverie et l’écriture sont alors devenues pour elle une sorte d’échappatoire au quotidien, lui permettant d’exorciser certains événements.

En effet, cette femme sensible ne peut s’efforcer de croire que ce monde détient des phénomènes explicables. Son imagination et son vécu lui démontraient chaque fois le contraire.

Lorsque quelqu’un la reprenait en lui faisant une remarque sur sa personnalité, celle-ci argumentait en expliquant que la candeur, la curiosité et l’imaginaire sont de loin des pêchés. Juste une facilité pour accéder à l’autre rive. La rive du monde paradoxal qui existe seulement aux yeux de ceux qui veulent bien y croire. C’était évidemment la réponse qui faisait sourire et qui n’était guère crédible et compréhensible pour les autres. Mais cela l’est en tout cas pour Gwen. Elle s’obstine également à penser que chacun peut se fondre dans son malheur ou son bonheur, entourés de ronces ou de fleurs, acceptant noirceur ou couleur. Il existe, pour chacun, plusieurs façons de voir les choses et de soulager son esprit. Pour Gwen, le remède et la vitamine qu’elle absorbe chaque jour, ne sont en fait que de l’évasion et du courage…

Mais soudain… des bruits provenant d’un peu plus loin, lui firent reprendre conscience de la réalité.

Gwen se tourna vers la tour et aperçu derrière les rochers des personnes qui visiblement n’avaient rien à faire dans le décor. Comme si que vous contempliez une fabuleuse peinture