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Sur les pas… de ma Silhouette
Sur les pas… de ma Silhouette
Sur les pas… de ma Silhouette
Livre électronique210 pages3 heures

Sur les pas… de ma Silhouette

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À propos de ce livre électronique

« Sur les pas… de ma silhouette est le récit rocambolesque d’un homme, son portrait robot psychologique, interpellé, voire persécuté de manière récurrente, par sa conscience morale. Une conscience qui se révolte, en s’exprimant à travers la manifestation intempestive de sa propre silhouette. Omar, c’est son nom, vivait sous la double frustration d’une équation faite d’un statut social envié de cadre moyen, qu’il voudrait coute que coute sauvegarder d’une part ; et les assauts répétés de sa silhouette de le voir s’impliquer davantage dans l’effort d’émancipation et de changement, devenus inéluctables, d’une société rurale croulant sous le poids des injustices, des inégalités, et vivant sous le joug dominateur du clan : Le chef du village et son « comité des sages », d’autre part.
Un vrai dilemme cornélien que Omar tentera de démêler, en faisant appel tantôt à son intelligence et son intuition, tantôt en restant à l’écoute de sa conscience…
Saura-t-il, en effet, sauter le pas et succomber aux chants de sirène de sa propre silhouette, qui veut l’entrainer dans le giron de « la famille qui avance » Ou, au contraire, préfèrera-t-il, pour des intérêts étroits, fermer les yeux et vivre, comme un gagne-petit, dans le sillage de « la famille qui recule ». C’est à voir…
LangueFrançais
Date de sortie15 oct. 2020
ISBN9782312077390
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    Aperçu du livre

    Sur les pas… de ma Silhouette - Bouhafs Chadli

    cover.jpg

    Sur les pas… de ma Silhouette

    Bouhafs Chadli

    Sur les pas… de ma Silhouette

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2020

    ISBN : 978-2-312-07739-0

    Préambule

    Oh mon dieu ! Qu’ai-je donc fais pour mériter un tel sort ? Suis-je condamné à rester indéfiniment caché, sujet aux railleries des uns et à la vindicte des autres ? Prisonnier de cette « chose » immonde, de cette créature malfaisante ; et pris en otage de ses caprices. N’avais-je pas le droit, comme mes semblables, de déambuler librement dans les rues ? De profiter de la clarté éblouissante du ciel bleu, et de la chaleur réconfortante du soleil ?

    Quel blasphème ou sacrilège avais-je, volontairement ou non, commis, pour vivre un tel cauchemar ? Suis-je condamné à fuir indéfiniment, tel un vampire, la lumière du jour. Et à ne trouver un semblant de répit et de normalité, que dans la grisaille du ciel, ou le voile protecteur de l’obscurité ?

    Cette chose si banale, insignifiante jadis, anodine pour le commun des mortels, est en train de transformer mon quotidien en cauchemar. Pourtant, jusqu’ici, ma vie était indissociable de la sienne. Nos destins tellement fusionnels que nous n’en faisions, elle et moi, qu’une seule et unique entité. Nos humeurs tellement compatibles et empreintes de complicité qu’elles se confondaient en une seule et unique attitude. Nous partagions les bonnes comme les mauvaises choses dans une complicité presque enfantine. Mon destin était le sien, et son sort dépendait entièrement du mien. Sa fidélité sans faille, n’avait d’égale que celle de ma chienne « Lisa ». Autant l’une est envahissante, pleine de tendresse à mon égard, et n’hésitait jamais à me l’exprimer de manière ostentatoire ; autant l’autre, pour marquer son indépendance, restait taciturne, froide, presque fluette et insaisissable. Mais pourtant toujours présente, et obéissant à son « Maître » au doigt et à l’œil. Je la traînais, bon gré mal gré, partout où je vais. Même dans les endroits les plus intimes, ou les fréquentations les plus insolites et les peu recommandables. Pour vous dire le degré de soumission qui caractérisait naguère nos rapports. Elle faisait partie de moi-même, partageant en toute confiance tous mes secrets. Lorsque, pressé par le temps, je m’appliquais à vouloir soigner, une dernière fois, ma coiffure ou mes fringues, cédant au passage à mon côté narcissique, je me fiais entièrement à elle. Lui confiant le soin, en l’absence de l’indispensable miroir, de corriger les possibles imperfections qui auraient échappé à mon champ visuel. Je me mettais, pour ce faire, en face du mur le plus proche, de manière à ce que le reflet d’un lampadaire, ou celui du soleil levant, vienne projeter les contours de mon corps sur le plan de la façade. Plus qu’une compagne, elle fut ma confidente, le reflet de mon narcissisme, celle qui me tendait la main, lorsque, pour une raison ou une autre, tout le monde me faussait compagnie. Je la tenais, par moments, pour plus fidèle que Lisa, ma chienne. C’est elle : Ma silhouette

    Partie I

    Signes avant-coureurs

    Nous somme en 1987, le 25 du mois de juillet, mois caniculaire par excellence et… propice aux manifestations supranormales les plus délirantes. Je m’apprêtais à me consacrer, comme chaque matin, à ma promenade matinale, devenue un rituel incontournable, depuis le jour où mon médecin traitant diagnostiqua un début d’arthrose. C’est toujours avec fébrilité et une joie manifeste, que Lisa attendait ce moment de la journée. Elle aboyait et remuait la queue pour manifester son impatience. Dehors, dans l’enceinte du seul parc dédié aux activités de loisirs d’une population plutôt sédentarisée et rurale, les gens déambulaient paresseusement, et semblaient heureux, malgré la canicule qui les accablait, qu’une autre journée ensoleillée soit au rendez-vous. Les plus âgés, en couple, tenaient laborieusement en laisse leurs chiots. Ils sont assis sagement sur des bancs publics, à l’ombre de peupliers majestueux, et conversaient entre eux. Parmi cette masse, crépusculaire et atone, quelques téméraires, voulant braver une dernière fois les stigmates de leur âge avancé, s’octroyaient imprudemment, sous un soleil de plomb, une foulée sur les pelouses verdoyantes du parc public. Préservé comme par miracle de l’inexorable avancée du béton, ce dernier paraissait exigu devant la ruée, sans cesse croissante, des jeunes et des moins jeunes. Ils revenaient, haletants mais visiblement satisfaits, une bouteille d’eau à la main, s’affaler parmi la foule. De l’autre côté de la pelouse, dans ce qui ressemblait à des stands de foire foraine, une foule bigarrée, exubérante, presque aux anges, formait une masse hétéroclite et multicolore, égaillant de ses rires enthousiastes la retenue et la sobriété des plus âgés. Allongés sur la pelouse, de jeunes garçons, se découvrant le torse, offraient fièrement leurs muscles, badigeonnés d’une lotion de protection douteuse, au rayonnement solaire et… aux regards envieux mais discrets de jeunes filles, accompagnées de leurs parents. Lisa, sans se soucier du manège, courait éperdument vers le ballon que je lui lançais, le rattrapait d’un bond, avant de revenir joyeusement vers moi.

    Cédant à un caprice d’adolescence, je résolus d’aller offrir ma nuque en ébullition, au ruissellement sonore d’une eau qui descendait en cascades du haut d’une fontaine publique. Cette dernière, nichée sur les hauteurs en pente douce d’un tertre, semblait n’être accessible qu’aux personnes au meilleur de leur forme. L’eau était fraiche et scintillait agréablement sur ma nuque, pour aller inonder tout mon torse.

    – Monsieur, monsieur !… votre silhouette »

    Je retournais la tête, le visage encore dégoulinant d’une eau rafraichissante : Un homme et une femme se tenaient à bonne distance derrière moi.

    – Pardon ? C’est à moi que vous parlez ? »

    – Ben votre… silh…, renchérissait la bonne dame, dont les joues sont envahies par une poussée soudaine d’adrénaline »

    Encore incrédule, et soupçonnant une mauvaise farce de la part d’un couple « sans scrupules », impatient sans doute de mettre main basse sur la fontaine et son précieux liquide, je remettais la tête sous l’eau, me promettant de leur faire payer le prix de leur insolence. L’eau continuait à ruisseler doucement sur ma tête et mon cou lorsque Lisa, ma chienne, sans préavis, commença à aboyer rageusement. Elle grattait le sol frénétiquement sans savoir réellement ce qu’elle cherchait. Le soleil inondait de ses rayons ardents la masse compacte qui commençait déjà à s’impatienter autour de moi. Des chuchotements à peine perceptibles, menaçants parfois, fusaient de partout, accentuant mon désarroi :

    – Silhouette, sa silhouette… mauvais présage, sorcellerie… ». Je m’éfforcais de rester calme, balayant de mes yeux imbibés d’eau, le sol autour de moi. « … C’était donc ça ! Le couple avait bien raison : Aussi insolite que cela puisse paraître, ma silhouette a pris la clé des champs. Oui, oui… ma silhouette m’a bel et bien quittée. Encore sous le coup de l’émotion, ne sachant quoi faire, je regardais autour de moi pour bien vérifier que je ne rêvais pas. Que cette dernière a bien désertée mon corps. Je réalisais peu à peu l’ampleur de la situation saugrenue dans laquelle je me trouvais. Pris d’affolement, mon premier réflexe fut de vérifier si ma chienne « Lisa » est, elle aussi, sujette à ce phénomène insolite. Mais la « doublure » de mon animal est bien là. Elle mimait naturellement tous ses mouvements et gestes. Ce constat, au lieu de me rassurer, eut pour effet d’accroître mon inquiétude : Je me mis alors à tâter discrètement, de mes deux mains, tout mon corps, pour constater, avec satisfaction, que le phénomène restait, pour le moment, circonscrit à ma seule silhouette. Mon corps, quant à lui, restait compact au toucher, insensible à ce qui se passait autour de lui. En pleine rue, et sous un soleil déjà au zénith, je fus le seul à ne pas être flanqué de sa « doublure ». Dans toutes les positions où je me mettais, je demeurais tragiquement seul, en proie au doute, à la peur. Sur le coup, moi qui ne croyais qu’aux vertus de la science et de la technologie, fus, pour un moment, tenté d’aller confier mon sort entre les mains, peu amènes, d’un Raki{1}, ou celles, plus aléatoires, d’un marabout. Le supplier de mettre fin à mon calvaire. De faire en sorte que je redevienne comme tout le monde : regagner mon anonymat, revenir à la norme. Dus-ai-je pour cela faire entorse à mon intelligence, écorchant au passage les principes, pourtant intangibles, de rationalité. La congruité de la situation, ainsi que mon agitation apparente, ont vite fait d’attirer l’attention de quelques badauds, en mal de sensationnel. Ces derniers me fixaient en écarquillant les yeux, comme s’ils étaient en face d’un fantôme. D’autres, plus intrigués, s’avançaient vers moi avec hardiesse, s’échangeaient quelques commentaires inaudibles, en prenant toutefois la précaution de tenir leurs enfants à bonne distance. Pendant de longues minutes je m’offris ainsi, malgré moi, en spectacle à une foule surexcitée, mue par une curiosité obscène. Sans oser réagir, comme terrassé par une force occulte. Je gravitais autour d’un tourbillon qui prenait de la force au fur et à mesure qu’il m’entraînait vers le bas, vers les abysses de l’opprobre. Seul le brouhaha de ce tourbillon humain me parvenait et accentuait ma peur. Les uns suggéraient d’appeler une ambulance, convaincus, qu’ils sont, qu’il s’agissait bien d’un problème d’ordre pathologique qui relèverait de la médecine moderne ; tandis que d’autres, plus superstitieux, dans un geste d’impuissance, levaient les yeux au ciel, se touchaient mécaniquement le front, le nez et la bouche avec leur main droite. Ils semblaient implorer le ciel de préserver leur progéniture de cette malédiction. Je réalisais sur le coup combien cette « chose » banale, insignifiante, que, d’ordinaire, je traînais avec insouciance dans la « boue », pouvait s’avérer cruciale dans la vie d’un homme. Aussi vitale que l’air qu’on respire, que l’eau qui étanche la soif.

    Pour échapper à la vindicte de la foule, ma première réaction fut de chercher du regard, un coin d’ombre, une allée ombragée ou je pouvais tranquillement, sous son voile protecteur, prendre quelque moment de répit et méditer les conséquences de cette situation inédite. Je me précipitais vers un banc resté vacant et demeurais là, assis, ne sachant quoi faire. Sans conviction, je me mis à épier discrètement les passants, espérant débusquer une personne, un animal, ou même un objet que le sort avait frappé de la même malédiction. Ce fut peine perdue.

    Lisa, que je surveillais de loin, jouait innocemment avec son ballon. Je l’appelais : « Lisa, Lisa, viens vite… ». Elle s’approcha en courant, tenant son ballon entre ses crocs, talonnée de près par sa silhouette. C’était en vérité cette dernière qui m’intéressait, et non pas Lisa. Satisfait pour un moment de trouver du répit, grâce à l’ombre protectrice d’un peuplier généreux et empathique, mais surtout parce que la foule, un moment excitée, commençait à s’effilocher. Seuls quelques jeunes, plus tenaces, me surveillaient de loin, en s’échangeant avec sarcasme des propos allusifs au « thème du jour ».

    Je souriais, de mon côté, volontairement aux personnes qui venaient s’asseoir à mes côtés. Ces derniers, me disais-je, en le faisant, venaient me témoigner, par leur seule indifférence, l’assurance d’être pour un temps, un homme comme les autres. Cet anonymat, au lieu de m’indisposer, me remplissait d’une joie indescriptible. Je me hasardais, de temps à autre, à quitter mon « refuge » pour aller m’exposer sous la lumière du jour, dans le secret espoir de me voir revenir à un standard de normalité, et quitter ainsi mon statut de « personnage atypique ». Je déchantais assez vite devant la persistance du phénomène, et retournais me confondre dans la semi-pénombre de mon refuge précaire. Extrapolant avec amertume sur les conséquences qu’un tel handicap pourrait avoir, s’il venait à perdurer, sur ma vie de tous les jours. Par moments, je me surprenais en train de faire glisser, inconsciemment, mon postérieur sur le plan du banc public. Fuyant le moindre rayon solaire qui s’avançait, menaçant, vers moi. Cette situation incommodante, cocasse par endroits, me faisait penser sur le coup au « Bal des vampires » et au pauvre père de la belle Sarah : Un film d’horreur de R. Polanski que j’ai vu dans mon enfance, et dont les séquences sont restées profondément incrustées dans ma mémoire. Non pas seulement en raison de la violence des scènes, tout en sang, et du suspense qu’elles charriaient, ni de la peur qu’il avait suscité en moi. Mais aussi, et surtout, au calvaire et au désarroi vécus par la bête immonde : Condamnée à fuir perpétuellement la lumière du jour, ayant pour seuls alliés les ténèbres de la nuit et la solitude pesante du bannissement.

    Deux longues heures plus tard, vécues comme une éternité, et ma silhouette est toujours résolue à poursuivre sa fugue. De guerre lasse, je scrutais vainement l’apparition de quelques nuages qui m’aideraient à regagner tranquillement mon domicile. Sans éveiller l’attention des passants. Lisa, de son côté, ayant pris faim, me harcelait par des aboiements incessants, et des mouvements d’impatience, ne laissant aucun doute sur son envie de rentrer. Je me résous donc à prendre mon courage à deux mains, bravant au passage le harcèlement que faisaient planer sur moi les rayons d’un soleil déclinant, mais non moins menaçant, et la curiosité des quelques promeneurs qui se pressaient à rentrer chez eux. Je prenais toutefois la précaution de raser les murs, à l’image de quelqu’un qui s’apprêterait à commettre quelque acte répréhensible. Je le faisais toujours du côté où la hauteur de ces murs venait projeter sa propre ombre rachitique sur le trottoir, couvrant ainsi ma retraite. Je vérifie discrètement, chemin faisant, que les rares personnes que je croisais sont bien accouplées à leur silhouette.

    Une fois chez moi, je demeurais un long moment affalé sur le canapé. Satisfait de m’être tiré à bon compte, mais toujours incapable de me résoudre à aller consulter un raki ou un psychiatre. Ma lucidité du moment, et l’enchaînement logique de mes idées, me rassuraient pourtant sur ma santé mentale et m’interdisaient, pour l’instant, à envisager l’une ou l’autre des deux solutions :

    1ère déduction : Je suis sain de corps et d’esprit ; aussi n’avais-je pas besoin de consulter un psy.

    2ème déduction : Pour une raison inexplicable, pour le moment, ma silhouette a préféré se détacher de mon corps ; et ce n’est pas un Marabout, ou un exorciste, qui pourrait me la faire revenir.

    « Mais alors qui, me disais-je, en dehors de ces deux personnes, pourrait me donner une explication satisfaisante ?… du domaine du supranaturel pour l’un, ou scientifiquement acceptable pour l’autre… » Pour le moment je suis incapable de me confier à mes amis, ni même à mes proches, de peur d’être la risée des uns, ou victime de quelque procès en sorcellerie de la part des autres. J’avais autant peur de l’anathème et de la mise en quarantaine des temps modernes, que les anciens avaient la hantise du « bucher » au temps de l’inquisition. Aussi dois-je me résoudre, dorénavant, à vivre avec cette « chose ». Supportant, seul, le poids de son ignominie.

    Je restais ainsi durablement allongé dans mon canapé, les yeux à demi fermés. M’efforçant à passer en revue les possibles raisons ayant concouru à cette situation de rupture brutale entre ma silhouette et moi. Je m’exerçais à faire, lucidement et sans concession, mon autocritique : Ou est-ce-que j’ai pu avoir fauté sans m’en rendre compte ? En prenant l’initiative de m’adresser à un raki*, n’encourrais-je pas le risque de me voir dévoiler par

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