Le territoire des limbes: Un thriller angoissant
Par Samuel Gance
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À propos de ce livre électronique
« Portée par la lumière jaune des lampadaires, son ombre s’étirait et se contractait à mesure qu’il avançait, elle tournoyait autour de lui comme un vol de vautours dans le ciel.
Il perçut le piétinement pour la première fois.
Pas le sien, l’autre.
Le son n’était pas très net, au début, mais il venait se rajouter à celui de ses propres pas. Au bout d’un moment, on aurait dit le martèlement d’une armée en marche.
Peut-être n’était-ce que le jeu de ce foutu écho !
Mais, il lui sembla rapidement que quelqu’un d’autre arpentait la rue.
Il se retourna, un peu inquiet. Ne vit rien.
Il reprit sa marche.
Le bruit s’amplifia. Le battement sur le sol se faisait plus pressant, plus rapide, comme un cœur qui s’emballe. Et une autre ombre entra subitement dans la danse, se mêlant à la sienne, mais plus grande, et effilée comme une dague. Il ressentit la présence dans son dos. »
Pour son quatrième roman, Samuel Gance nous livre ici un thriller terrifiant où s’entremêlent enquête policière et terreur absolue, dans la lignée de ses précédentes productions.
EXTRAIT
Il pressa le bouton du coffre. Le capot sauta comme un bouchon de champagne.
Il l’ouvrit en grand.
— Eh bien, qu’est-ce qu’il y a dedans ? le brusqua Momo.
L’autre ne répondit pas, se contentant de rendre son dîner sur la chaussée. Entre deux vomissures, il laissa filtrer un révulsant « Oh mon Dieu » totalement inédit chez lui, mais qui ne laissait plus guère planer de doute sur ce qu’il venait de découvrir.
Momo, tout en maintenant le vieillard en joue, rejoignit Numéro un à l’arrière de la voiture.
Deux corps enchevêtrés remplissaient l’espace confiné vrombissant de mouches, et où régnait une insupportable odeur de chair en décomposition.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Le style prêté à l'histoire est appétissant, plein de suspense et de questions soulevées... [...] Je me suis sentie étonnée et curieuse, ce que je veux dire c'est qu'il se passé des événements attrayants, mon esprit a mis du temps à les intégrer tellement c'est ébouriffant. - Loley, Babelio
Après nous avoir fait voyager en Afrique dans La piste de l'assassin, l'auteur revient à ses amours initiales dans ce dernier roman dont la noirceur renvoie directement à son premier livre : La chapelle des damnés (coup de coeur DBDLO en 2013). [...] En deux pages, Samuel Gance attrape le lecteur et ne le lâchera plus jusqu'à la fin de ce roman noir teinté de fantastique. Un climat malsain est rapidement instauré et certaines scènes risquent de choquer les âmes sensibles. L'écrivain confirme que c'est dans ce style torturé et fantasmagorique qu'il est le plus à l'aise. - Dubruitdanslesoreilles, Babelio
À PROPOS DE L'AUTEUR
Samuel Gance est né en 1962 à Clermont-Ferrand.
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Avis sur Le territoire des limbes
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Le territoire des limbes - Samuel Gance
Table des matières
Résumé 3
Le territoire des limbes 4
Dans la même collection 90
Résumé
« Portée par la lumière jaune des lampadaires, son ombre s’étirait et se contractait à mesure qu’il avançait, elle tournoyait autour de lui comme un vol de vautours dans le ciel.
Il perçut le piétinement pour la première fois.
Pas le sien, l’autre.
Le son n’était pas très net, au début, mais il venait se rajouter à celui de ses propres pas. Au bout d’un moment, on aurait dit le martèlement d’une armée en marche.
Peut-être n’était-ce que le jeu de ce foutu écho !
Mais, il lui sembla rapidement que quelqu’un d’autre arpentait la rue.
Il se retourna, un peu inquiet. Ne vit rien.
Il reprit sa marche.
Le bruit s’amplifia. Le battement sur le sol se faisait plus pressant, plus rapide, comme un cœur qui s’emballe. Et une autre ombre entra subitement dans la danse, se mêlant à la sienne, mais plus grande, et effilée comme une dague. Il ressentit la présence dans son dos. »
Pour son quatrième roman Samuel Gance nous livre ici un thriller terrifiant où s’entremêlent enquête policière et terreur absolue, dans la lignée de ses précédentes productions.
Samuel Gance
Le territoire des limbes
thriller
ISBN : 978-2-35962-748-0
Collection Rouge
ISSN : 2108-6273
Dépôt légal juillet 2015
©couverture Ex Aequo
©Illustration de couverture photos Samuel Gance
©2015 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.
Toute modification interdite.
Éditions Ex Aequo
6 rue des Sybilles
88370 Plombières les bains
www.editions-exaequo.fr
Du même auteur :
La chapelle des damnés – éditions Ex Aequo – 2013
La piste de l’assassin – éditions Ex Aequo – 2014
Derrière les grilles – éditions Ex Aequo - 2015
Cela faisait longtemps déjà que la nuit avait fait renaître les lumières de la ville.
Paris resplendissait de tous ses feux, projetant sur le ciel bas des reflets lugubres. Les nuages ombrageux et chargés de pluie, qui défilaient vers l’est, prenaient par instant des allures de fantômes vagabonds.
La puissante berline noire remontait l’avenue du Maine, déboulant à tombeau ouvert en direction de la place de l’Étoile.
L’homme, d’un âge plus que respectable, transpirait à grosses gouttes. L’air hagard, il paraissait conduire sans but. La vitesse de son véhicule se jouait des enseignes de la rue pour ébaucher de fugaces estafilades lumineuses aux limites de son champ visuel.
Le feu rouge, à hauteur de la rue du Château, approchait à vive allure.
Le chauffard écrasa de plus belle l’accélérateur et sa voiture fut projetée violemment vers l’avant, le plaquant contre son siège.
La sirène retentit juste derrière lui.
Un rapide coup d’œil dans son rétroviseur lui permit d’entrevoir le véhicule de la BAC qui le talonnait de près. Les flashes incendiaires qui inondaient à présent l’habitacle éclairaient son visage d’un teint maladif.
Il ralentit sa course et s’arrêta sur le bas-côté.
La patrouille de police l’encercla immédiatement, arme au poing. L’un des deux flics tapa contre sa vitre et lui fit signe de sortir, les mains levées.
Il s’exécuta sans hâte particulière. Mentalement, il attribua un numéro à chacun des deux policiers.
— Bon Dieu, mais c’est un vieillard ! dit, stupéfait, l’agent numéro un à son collègue.
— Ouais, il n’a pas l’air dans son assiette le vioque. Attends de voir la couleur du ballon quand il va souffler dedans… Il est bon pour la cellule de dégrisement ! confirma Numéro deux.
Numéro un remisa son pistolet dans sa gaine et procéda aux palpations réglementaires sur le vieil homme. Après s’être bien assuré qu’il ne possédait pas d’arme, il tourna autour de lui :
— Je suppose que tu sais pourquoi on t’arrête, Papy ?
Il posa la question sans vraiment en attendre de réponse. Pour lui les faits étaient suffisamment clairs : excès de vitesse, franchissement d’un feu rouge, conduite en état d’ivresse, la totale : œuf-jambon-fromage. En de pareils cas, le contrevenant faisait en général plutôt profil bas.
Là, le vieux chauffard contemplait le vide, comme perdu dans le dédale inextricable de ses pensées. Une étrange lueur passa néanmoins dans le fond de ses yeux.
Il pivota lentement, jusqu’à planter son regard dans celui du jeune flic :
— Oui, dit-il, je le sais parfaitement. C’est parce que j’ai tué ma petite-fille… et puis ma femme, aussi.
***
Le policier numéro un eut un brusque mouvement de recul. Instinctif. Comme s’il avait été surpris par un serpent venimeux, au détour d’un chemin caillouteux.
Il reposa la main sur la crosse de son pistolet.
— Vous demande pardon ? ânonna-t-il.
— Pff, laisse tomber, il est complètement cuit, ça se voit tout de suite, objecta Numéro deux.
Numéro un recula lentement, sans quitter le vieil homme des yeux. Il fit le tour du véhicule et se positionna à l’arrière de celui-ci.
— Surveille-le bien, Momo ! ordonna-t-il, et fais gaffe, j’ai pas un bon pressentiment avec ce gus.
Il pressa le bouton du coffre. Le capot sauta comme un bouchon de champagne.
Il l’ouvrit en grand.
— Eh bien, qu’est-ce qu’il y a dedans ? le brusqua Momo.
L’autre ne répondit pas, se contentant de rendre son dîner sur la chaussée. Entre deux vomissures, il laissa filtrer un révulsant « Oh mon Dieu » totalement inédit chez lui, mais qui ne laissait plus guère planer de doute sur ce qu’il venait de découvrir.
Momo, tout en maintenant le vieillard en joue, rejoignit Numéro un à l’arrière de la voiture.
Deux corps enchevêtrés remplissaient l’espace confiné vrombissant de mouches, et où régnait une insupportable odeur de chair en décomposition.
***
Le commissaire Franck de Hoquemaure, alias Francky le croque-mort — comme le surnommaient ses collègues à cause de son nom de famille — fourra son index au plus profond de sa narine gauche. Il en ressortit une matière jaunâtre qu’il entreprit de malaxer négligemment entre ses doigts.
Le vieil homme qui lui faisait face ne broncha pas. Pas plus qu’il n’avait réagi quand il lui avait balancé une baffe assourdissante quelques minutes auparavant.
— Pff, bon, alors vous persistez à nous faire gober ces conneries ? Vous avez buté votre petite-fille parce qu’elle essayait de vous faire du charme, c’est bien ça monsieur Langiome ?
Assis sur le radiateur, au fond du bureau, l’inspecteur Gredoux ne put réprimer un pouffement nerveux.
— Alors ? insista Francky.
Langiome acquiesça et quelques larmes replètes coulèrent le long de ses joues décharnées.
— Hé, mais regardez-moi ça, il réagit enfin, jubila le commissaire. Allez, encore un effort, grand-père indigne, on reprend depuis le début.
— Mais je vous ai déjà tout raconté par deux fois, gémit le vieillard.
Une nouvelle gifle s’abattit sur son visage fatigué :
— Eh ben, jamais deux sans trois ! triompha Gredoux en se frottant la paume de la main.
L’homme débuta d’une voix mal assurée :
— Depuis le début de son adolescence, un peu avant ses douze ans, pour être exact, Lily, notre petite-fille, avait déjà eu des comportements, disons… plutôt bizarres. Ses propres parents se faisaient déjà beaucoup de souci pour elle. Ça a commencé par des fugues à répétition, puis il y a eu un vol à l’arraché, et aussi de la drogue, même qu’elle s’est prostituée, monsieur le Commissaire… vous vous rendez compte ? Je ne vous explique pas dans quel état étaient ses parents. Mais, pour nous, ses grands-parents, elle restait toujours notre petite Lily, vous comprenez ?
— Ben voyons… La gentille petite « Lily pute » ! ironisa Gredoux.
Francky leva les yeux au ciel. Il fallait toujours qu’il la ramène, Gredoux, avec ses blagues à deux balles !
Langiome poursuivit :
— Bref, l’existence suivait son cours, avec son lot quotidien de tracas… Vous savez, messieurs, moi qui ai si longtemps vécu, je peux vous affirmer que la vie est une tartine de merde et qu’on en mange un peu chaque…
De Hoquemaure haussa la voix de manière péremptoire :
— Non, épargnez-moi au moins celle-là !
—… !! Tout ça a vraiment dérapé à l’aube de ses seize ans…
— Ah, parce que jusque-là tout était sous contrôle ? jubila Gredoux.
—… un jour, elle a fait irruption chez nous, sans prévenir, elle était accompagnée d’un de ses amis, un bon à rien dont je ne me rappelle plus le nom, David… ou bien Farid…
— On s’en fout de son prénom, viens-en au fait, le vieux ! rugit Francky.
— Je n’étais pas chez moi, ce jour-là. Elle a commencé par demander de l’argent à sa grand-mère. Ma femme lui a donné cinquante euros, mais ça n’était pas assez pour Lily, alors elle a réclamé plus. Deux cents ! Devant le refus de mon épouse, elle est devenue très virulente, violente même ; elle a commencé à la frapper au visage pendant que son gredin de David… ou Farid, la tenait par les bras. Quand je suis arrivé, ma femme gisait inanimée sur le divan, la lèvre supérieure éclatée et un méchant cocard à l’œil. J’ai eu si peur…
Un bref silence s’instaura dans la pièce.
— Bon, OK, admettons que ta Lily ne soit pas un ange… Allons à l’essentiel, pourquoi l’avoir tuée ? Et pourquoi avoir aussi trucidé ta femme ?
— Ma femme, je ne voulais pas lui faire de mal… pour rien au monde…
— Pourtant, tu l’as pas ratée ! Un couteau de boucher planté de part et d’autre du crâne…
Langiome poussa un long soupir. L’air totalement perdu.
— Elle s’est interposée. Elle voulait encore la protéger. Elle n’avait pas compris que ça n’était plus notre petite Lily.
— Exactement, c’est ça, elle voulait la protéger de toi ! Et c’est bien toi qui essayais de te taper ta petite-fille ! Allez avoue, bon Dieu, de toute façon, moi, j’ai tout mon temps.
— Non ! Non, Commissaire, vous faites erreur, je vous l’assure ! C’est elle qui me tentait, qui m’attirait dans son lit. Pour me soutirer de l’argent. Probablement ? Elle était endiablée, vous comprenez ?
— Endiablée ? Fichtre !
Langiome se rapprocha du bureau. Il planta son regard enfiévré dans celui de Franck de Hoquemaure, et, tel un confident mystérieux, lui chuchota à bout portant :
— Elle était possédée par le Diable, croyez-moi. Et elle l’est certainement encore… Il vient souvent parmi nous, pour voler nos âmes, et il arrive parfois à prendre forme humaine…
De Hoquemaure repoussa son fauteuil sur roulettes d’un geste brusque :
— Bon, ras le cul de ces élucubrations ! Assez perdu de temps comme ça. Foutez-le-moi au gnouf, et téléphonez au Docteur Lefol, le psy, je crois qu’on tient un sérieux client pour lui…
Il écrasa rageusement ses concrétions nasales sous la table et se rua au fond de la salle en fulminant.
Gredoux saisit le vieux Langiome par les épaules :
— Papy, je crois que t’es pas près de ressortir du trou !
— Il vient reprendre nos vies ! Il va tous nous emporter ! hurlait-il à présent.
Une nouvelle claque le cueillit par surprise :
— Il va se calmer, le vieux frappadingue ? tonna Gredoux en paraphrasant le vieil homme.
Mais ce dernier continuait de beugler, toujours plus fort :
— Il a déjà pris d’autres vies, en d’autres lieux, en d’autres temps !
***
Le docteur Norbert Fangeux, dit Norby, enroba ses mains de gel hydroalcoolique.
Il promena un regard circulaire sur la salle des examens. Tout semblait en ordre.
Net, blanc et aseptique.
Norby aimait les choses