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Les sanglots des danaïdes: Polar
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Livre électronique187 pages2 heures

Les sanglots des danaïdes: Polar

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À propos de ce livre électronique

La nouvelle enquête du commandant Capelli au 36 quai des Orfèvres

Qui a abattu d'une balle dans la tête Romuald Valmorel, un banquier septuagénaire à la retraite ? Et pourquoi retrouve-t-on à ses côtés une statuette du dieu hindou Ganesh ?

Le commandant Jean Capelli, chef de groupe à la Brigade Criminelle, et son équipe tentent de répondre à ces questions.

Les policiers sont loin de se douter que cette enquête pas ordinaire les conduira de surprises en surprises. De vieilles angoisses planent sur le sommeil de Capelli, vieux flic désabusé.

Après Pour le repos des morts, Les Sanglots des Danaïdes est le second roman du Commandant Copetti. On y retrouve le personnage de Capelli et le quotidien des flics de la Crim’ qui oscille souvent entre la comédie et la tragédie la plus sombre.

Un roman policier dans la grande tradition du genre

EXTRAIT

Avec une profonde satisfaction, Romuald Valmorel contempla son image dans l’immense miroir vénitien fin XVIIIe siècle fixé dans l’entrée de son vaste appartement. À presque soixante-dix ans, l’ancien banquier conservait toujours une heureuse silhouette de jeune homme. Sa chevelure blanche, soigneusement coiffée en vagues à reflets gris-bleu, avait été miraculeusement épargnée par les ravages de la calvitie. Son sourire avenant, dont il n’était d’ailleurs pas avare, montrait une dentition éclatante en parfait état. La fortune qu’il avait dépensée en soins dentaires, ces dernières années, n’avait pas été vaine. Lorsqu’il regardait ses interlocuteurs, en fronçant les sourcils et en adoptant un air vaguement ironique très étudié, la tête légèrement penchée sur le côté, il estimait qu’avec ses yeux clairs il ressemblait à Paul Newman ou bien encore à Stewart Granger, selon son humeur du jour.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Jean-Paul Copetti est commandant de Police au 36 quai des Orfèvres à Paris.
Il est chef d’un groupe d’enquête à la Brigade Criminelle et depuis presque trente ans essaie de résoudre des affaires de meurtre.
LangueFrançais
ÉditeurGlyphe
Date de sortie15 janv. 2016
ISBN9782369340140
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    Aperçu du livre

    Les sanglots des danaïdes - Jean-Paul Coppetti

    policiers.

    1

    Avec une profonde satisfaction, Romuald Valmorel contempla son image dans l’immense miroir vénitien fin XVIIIe siècle fixé dans l’entrée de son vaste appartement. À presque soixante-dix ans, l’ancien banquier conservait toujours une heureuse silhouette de jeune homme. Sa chevelure blanche, soigneusement coiffée en vagues à reflets gris-bleu, avait été miraculeusement épargnée par les ravages de la calvitie. Son sourire avenant, dont il n’était d’ailleurs pas avare, montrait une dentition éclatante en parfait état. La fortune qu’il avait dépensée en soins dentaires, ces dernières années, n’avait pas été vaine. Lorsqu’il regardait ses interlocuteurs, en fronçant les sourcils et en adoptant un air vaguement ironique très étudié, la tête légèrement penchée sur le côté, il estimait qu’avec ses yeux clairs il ressemblait à Paul Newman ou bien encore à Stewart Granger, selon son humeur du jour.

    Bref, Romuald Valmorel, après avoir été un bellâtre toute sa vie, était devenu, avec l’âge, ce que l’on appelle « un vieux beau ».

    Il se rendit dans le salon et déposa soigneusement une pièce de deux euros sur le coin droit d’un buffet ancien en chêne massif ramené d’Italie voici des années et fleurant bon l’encaustique.

    Cela faisait partie du « rituel ».

    Puis il consulta sa montre-bracelet, une superbe Audemars Piguet « Royal Oak » à cadran bleu, et se frotta lentement le menton, songeur. Plus qu’une demi-heure.

    Valmorel resserra le nœud de sa cravate club et vérifia que tous les boutons de son gilet en soie étaient bien fermés. Puis il revêtit lentement une veste d’intérieur pourpre, du dernier chic pour peu que l’on apprécie le style gentleman anglais classique, s’assit dans un immense et confortable fauteuil de vieux cuir marron et s’empara d’un magazine littéraire plutôt hermétique auquel il était abonné. Il commença à le feuilleter distraitement, sans vraiment s’intéresser aux articles, histoire surtout de se donner une contenance. Il fallait tout à l’heure qu’il ait l’air surpris.

    Cela aussi faisait partie du « rituel ».

    Il n’avait plus maintenant qu’à attendre. À son âge, cela n’avait pas vraiment d’importance.

    Romuald Valmorel ignorait, à ce moment-là, qu’il lui restait moins de deux heures à vivre.

    2

    Le commandant de police Jean Capelli arracha en maugréant la dernière photo de jeune femme en tenue légère qui restait encore scotchée au-dessus de son ordinateur.

    Ce lundi matin-là, le policier, en arrivant dans son bureau au 4e étage du 36 quai des Orfèvres, avait trouvé les murs littéralement recouverts de clichés coquins couleur sépia des années quarante.

    Une plaisanterie typique, à n’en pas douter, du capitaine Hervé Gallimard, l’adjoint au chef du groupe d’en face. Celui-ci, potache attardé, était spécialisé dans les pitreries et blagues de ce genre. Lorsqu’on ouvrait un parapluie laissé sans surveillance et que l’on se retrouvait couvert de confettis, ou que l’on se promenait une oreille tachée de noir car l’écouteur de son téléphone avait été frotté sur un tampon encreur, Gallimard était forcément derrière… Sa plus récente facétie avait consisté à venir en catimini, un soir, repeindre en rose bonbon les armoires et le coffre d’un de ses collègues parti en congés.

    Le commandant de police Jean Capelli se promit de réfléchir à une prochaine réplique.

    Assis derrière son bureau, le capitaine Jean-Claude Giordano, qui partageait la pièce avec son chef de groupe, était hilare :

    – Moi, je trouvais ta nouvelle décoration plutôt originale. Cette collection de gaines, de porte-jarretelles et de bas résille, ça compensait le style un peu austère du bureau. Et puis, quelque part, ça te donnait un côté vieux ringard sympathique.

    – Ouais… Heureusement que je ne suis pas rentré avec un témoin ou la famille éplorée d’une victime. J’aurais eu l’air fin.

    Le commissaire Philippe Lebbel apparut dans l’encadrement de la porte. Chapeautant trois des neuf groupes « de droit commun » de la Brigade criminelle (c’està-dire traitant principalement d’affaires d’homicides volontaires), Lebbel était le nouveau chef de section de Capelli. Il remplaçait depuis peu le commissaire Durant, récemment muté dans un district de police judiciaire, à la grande satisfaction de Capelli, qui ne l’appréciait guère, sentiment d’ailleurs largement partagé par l’intéressé¹.

    – Bonjour Jean, dit Philippe Lebbel en pénétrant dans la petite pièce et en serrant la main de son collaborateur. C’est bien ton groupe qui est de « doublure » aujourd’hui ?

    – Oui, pourquoi ?

    – J’espère que tu as eu le temps de prendre ton café.

    – Hum… Merci pour ta sollicitude, mais voilà une entrée en matière qui ne présage rien de bon.

    Les deux hommes se tutoyaient. Philippe Lebbel et Jean Capelli s’étaient connus une quinzaine d’années plus tôt, à la Crim’, alors qu’ils étaient tous deux inspecteurs de police comme on disait à l’époque. Ils avaient travaillé trois ans dans le même groupe, ensuite Lebbel avait tenté et réussi le concours de commissaire. À sa sortie de l’école de Saint-Cyr au Mont d’or, Lebbel avait été nommé chef d’un commissariat en banlieue, puis, après un passage au 2e DPJ, il venait, voici un mois, de retrouver le 36 quai des Orfèvres et la Brigade criminelle.

    Affable et expérimenté, le quadragénaire blond était un chef de section apprécié de l’ensemble des policiers placés sous sa responsabilité, qui lui reconnaissaient tous le talent de savoir commander intelligemment. Son passé d’ancien inspecteur n’y était sans doute pas pour rien.

    – J’ai deux nouvelles, annonça Lebbel. Une bonne et une mauvaise. Par laquelle veux-tu que je commence ?

    – Allons-y pour la mauvaise, soupira Capelli.

    – La mauvaise est que nous « dérouillons ».

    – Je m’y attendais un peu…

    Dans le curieux jargon en usage à la Brigade criminelle, une dérouille était l’appellation d’une nouvelle saisine du groupe de permanence par le parquet. Ladite permanence était d’ailleurs bizarrement nommée « la doublure » sans que personne ne sache plus pour quelle raison…

    – La bonne nouvelle, continua le commissaire Lebbel, est qu’il ne s’agit pas d’un règlement de comptes entre voyous. Je sais que tu n’aimes pas ce genre d’enquêtes…

    Capelli acquiesça. Depuis plusieurs mois, la Crim’ ne cessait de travailler sur des « flingages » entre dealers de cités en banlieues et, malgré un travail considérable, peu d’entre elles avaient au final des chances d’aboutir à des arrestations. La loi du silence régnait aussi bien parmi l’entourage des victimes que parmi les rares témoins que l’on pouvait retrouver. Lorsque les investigations permettaient d’interpeller un suspect, mis à part « donner l’heure », et encore, il ne fallait pas compter sur lui pour obtenir un renseignement susceptible de faire progresser l’enquête. Quant à espérer des aveux, autant aller à Lourdes et attendre d’apercevoir un manchot ressortir de la grotte avec le bras d’Arnold Schwarzenegger… Les dealers vivaient et mourraient en marge de la société, dans leur propre monde, avec ses codes et ses règles. La première étant, évidemment, de ne jamais parler aux flics. S’il devait y avoir du linge sale à laver, comme cela était d’ailleurs très souvent le cas, cela se ferait en famille et à la kalachnikov.

    – Nous prenons quoi ? demanda Capelli tout en ouvrant un tiroir afin d’y récupérer son arme de service, un Sig-Sauer 9 mm, qu’il garnit d’un chargeur de quinze cartouches.

    – Un septuagénaire qui vient d’être retrouvé abattu à son domicile, dans le XVIe arrondissement, avenue Rodin.

    – Connu de nos services ?

    – Non, il n’est pas inscrit au STIC, sauf une fois, mais en qualité de victime, pour s’être fait piquer son autoradio voici cinq ans.

    – Il y a eu vol ?

    – D’après les éléments dont je dispose, non. Pas de trace de fouille ou d’effraction non plus, fit Lebbel. Rameute tes troupes, le substitut du procureur et nos collègues du commissariat local nous attendent sur place. Le patron se déplace également.

    – En route pour de nouvelles aventures, grommela Capelli en se levant.

    – J’ai prévenu l’Identité judiciaire pour qu’une équipe de techniciens de scène de crime nous rejoigne là-bas. Je sors ma voiture du parking et je vous attends devant le 36.

    *

    Jean Capelli, à cinquante ans passés, était resté encore plutôt svelte, mais les petites rides insidieuses de son visage fatigué et ses cheveux grisonnants qui commençaient à s’éclaircir trahissaient son âge. Le policier avait cessé de boire plus que de raison depuis quelques mois, mais il n’arrivait toujours pas à se défaire d’un indéfinissable malaise, lié à un pessimisme incorrigible et surtout à ce qu’il nommait ses « visiteurs nocturnes ». Depuis plusieurs années, les fantômes des victimes de ses enquêtes venaient en effet souvent frapper à la porte de son sommeil, pour y habiter sans autorisation ses cauchemars et le supplier de retrouver leurs meurtriers. Capelli passait parfois d’étranges nuits blanches à essayer, à demi endormi, de les convaincre qu’il faisait de son mieux, tout en étant par la suite conscient, un peu honteux, de l’irréalité de ses visiteurs oniriques. Le policier se réveillait alors en sursaut, couvert de sueur, le cœur battant la chamade et se demandant, complètement perdu durant quelques secondes, où il pouvait bien se trouver.

    Capelli n’en avait parlé à personne, craignant qu’on le prenne pour un flic arrivé au bout du rouleau ou pire, pour quelqu’un développant une atypique maladie mentale. La seule personne au courant était, bien sûr, Leila Médina, une collègue capitaine de police travaillant au commissariat du quartier du « combat » dans le XIXe arrondissement. Leur récente et providentielle liaison² avait empêché, quelques mois auparavant, le vieux divorcé solitaire de sombrer dans un gouffre empli d’idées plus que noires, à éviter à tout prix, surtout lorsque l’on porte une arme à la ceinture…

    Avant de quitter le 36, Capelli décrocha son téléphone sur le bureau et appela Leila Médina pour lui annoncer, ennuyé, qu’il venait de « dérouiller » et qu’il y avait de fortes probabilités qu’ils ne puissent pas passer, comme prévu, la soirée ensemble. Leur aventure avait commencé de manière plutôt curieuse, lors d’une étrange enquête, autour du cadavre d’un nain étranglé et repêché dans le lac des Buttes Chaumont. Le destin, ce jour-là, avait eu la bonne idée d’offrir une deuxième chance aux deux flics abîmés par les coups de griffe de la vie.

    La jeune femme décrocha à la troisième sonnerie. Capelli lui résuma rapidement les premiers éléments de l’affaire.

    – Ne t’inquiète pas, le rassura la jeune femme. Je sais ce que c’est, je te rappelle que je suis flic aussi…

    – Et toi, ton secteur est calme ?

    – Non. La BAC vient de ramener quatre types à moitié ivres qui dépouillaient un adolescent à la sortie du métro Pyrénées, j’ai une enquête décès en cours et un voleur de scooters en prolongation de garde à vue. C’est un Polonais qui ne parle pas français, ou qui fait semblant de ne pas comprendre notre langue, et la traductrice d’hier vient de me faire faux bond, elle a un gamin malade. Et bien sûr, l’état-major n’en a pas d’autre de disponible pour l’instant…

    – On fait un drôle de métier, hein Leila ?

    – Tu peux le dire, Jean.

    – Nous devons être un peu marteaux…

    – Allez, vieux soldat, file dans le XVIe arrondissement au lieu de te plaindre, et que la force soit avec toi !


    1. Voir Pour le repos des morts, Éditions Glyphe.

    2. Voir Pour le repos des morts, Éditions Glyphe.

    3

    L’appartement de la victime, un coquet deux cents mètres carrés, occupait le premier et unique étage d’un bâtiment en pierre de taille construit à l’époque haussmannienne. C’était un ancien hôtel particulier, transformé par la suite, sans doute à l’issue d’une succession difficile, en deux logements distincts. L’immeuble se dressait dans une toute petite rue résidentielle, bourgeoise et tranquille, dépourvue de tout commerce.

    Deux véhicules sérigraphiés se tenaient garés devant l’entrée. Le break de l’IJ se trouvait un peu plus loin, devant les voitures des policiers en tenue. Une petite Citroën, sans doute celle du substitut du procureur de la république, complétait le lot.

    La Renault Clio noire de Capelli stationna derrière les autos de la DSPAP. Jean-Claude Giordano en sortit, suivi de Capelli, qui grimaçait ; depuis quelque temps, il souffrait d’un début de sciatique qui le gênait pour sortir de voiture et lui faisait prendre conscience avec tristesse qu’il n’avait plus vingt ans.

    Le commissaire Lebbel se gara à sa suite. Les deux Peugeot 307 occupées par le reste du groupe, les lieutenants Olivier Perrin et Nathalie Toulouse et le brigadier Clément Carmelle, firent de même. Par chance, l’avenue, courte mais peu passante, offrait de nombreuses places de stationnement. Le commissaire divisionnaire Frédéric Gaillard, le patron de la Brigade criminelle, n’était pas encore arrivé.

    Capelli fixa son brassard fluo marqué « Police » sur la manche gauche de sa veste en cuir et salua

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