Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Sombre Justice: La Balance à l'équilibre
Sombre Justice: La Balance à l'équilibre
Sombre Justice: La Balance à l'équilibre
Livre électronique143 pages3 heures

Sombre Justice: La Balance à l'équilibre

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Dans le sud de la France, Thomas Hurbon, substitut du procureur est marié à une lieutenante de gendarmerie, Céline, une femme investie et obstinée.
Suite aux remous provoqués par l’acquittement d’un violeur présumé, grâce à la verve d’un ténor du barreau et malgré la plaidoirie de Thomas, d’étranges meurtres sont commis sur d’anciens accusés. La signature : une balance, symbole de justice idéale et d’équilibre rétabli.
Une course contre la mort s’engage dans une traque au plus profond de la nature humaine, où les protagonistes devront se poser une question : où se situe exactement la frontière du Droit ?

À PROPOS DE L'AUTEURE

Née en 1984, Florence Ciampi raffole de culture sous toutes ses formes : poésie, peinture et bien sûr littérature. Son début de vie professionnelle dans la restauration l’empêchera un peu de dévorer des livres, mais après avoir changé de métier et être devenue maman en 2012, elle profite de la douceur de vivre provençale et dispose enfin de temps pour se consacrer à sa passion pour l’écriture.
LangueFrançais
ÉditeurLibre2Lire
Date de sortie14 avr. 2021
ISBN9782381571430
Sombre Justice: La Balance à l'équilibre

Lié à Sombre Justice

Livres électroniques liés

Roman noir/mystère pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Sombre Justice

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Sombre Justice - Florence Ciampi

    L’injustifiable

    C’était le troisième jour de débats devant la cour d’assises de Termalin. Thomas Hurbon, substitut du procureur depuis 7 ans déjà, écoutait la plaidoirie de l’avocate de la défense. L’accusé avait choisi une femme pour le représenter dans cette affaire de viol. Ce choix était non seulement stratégique mais également judicieux car maître Flore Vergna comptait parmi les ténors du barreau. Elle avait l’écoute des médias et, cette fois encore, celle des jurés. Son client, monsieur Jean Capounot, notaire de 55 ans, comparaissait pour « viol par une personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions ». La victime, mademoiselle Blaudin, était l’ancienne clerc de la prestigieuse étude Capounot et associés. À 28 ans, elle avait perdu sa joie de vivre et semblait aujourd’hui se cacher derrière des vêtements trop amples et vieillots. Assise sur l’un des bancs en bois, elle fixait la femme qui avait accepté de défendre le monstre qui l’avait agressée. Chacune des phrases prononcées lui faisait l’effet d’un coup de poing à l’estomac. La laissant, le souffle coupé, avec une douleur lancinante dans le ventre.

    Ces paroles résonnaient dans la tête du substitut. Il savait que ce type de procès était délicat, de par la difficulté à prouver le défaut de consentement relatif à un acte accompli dans l’intimité. Et le principe fondamental de la procédure pénale étant la présomption d’innocence, le doute profite nécessairement au mis en cause. Dans son réquisitoire, il avait bien insisté sur les bleus comme sur les lésions génitales traumatiques relevés par le médecin ayant examiné mademoiselle Blaudin. Bien sûr, Thomas avait mis en exergue le fait que la jeune femme était placée sous l’autorité du notaire. Ce qui constituait un fait aggravant. Toutefois sa brillante consœur avait, elle aussi, des arguments pertinents. Il l’écouta dresser un portrait flatteur du notaire.

    Maître Vergna poursuivit sa plaidoirie en forçant le trait sur la faiblesse des hommes d’âges mûrs, face à la perfidie de certaines jeunes femmes comme l’accusatrice. Le contraste était parfait. Cette experte du maniement des mots réussit à inverser les rôles. L’accusé devenait la victime d’une machination et la pauvre demoiselle ressemblait à un être dénué de scrupules, prête à mentir pour éviter d’assumer un licenciement pour faute. L’avocate faisait de grands gestes tout en déclamant son texte. Maître Flore Vergna était au sommet de son art. Elle occupait l’espace et posait savamment la voix, pour rendre son récit plus captivant pour un jury. À cet instant, Thomas se demanda de quel côté allait pencher la balance, face à ce type de défense, pouvant ébranler bien des convictions. Il n’osait pas envisager l’acquittement mais, rompu à l’exercice, il avait conscience de la différence entre la vérité pure et la vérité du prétoire. Son adversaire n’épargnait rien à la jeune clerc. Elle avait effectué des captures d’écrans sur les réseaux sociaux. Elle brandissait les images qui montraient mademoiselle Blaudin entourée d’hommes, un verre à la main, portant mini-jupe et décolleté plongeant.

    En entendant ces mots, Sophie Blaudin n’eut aucune réaction. Ce qui choqua certainement les membres du jury, qui attendent systématiquement que les victimes s’effondrent en larmes ou hurlent de colère. Là, rien. La jeune femme semblait absente, comme hypnotisée par cette scène surréaliste. Lorsque la pénaliste regagna sa place, elle avait une attitude qui révélait son sentiment de devoir accompli envers son client. Thomas quant à lui pensa à Laurie, sa fille de 8 ans. Petite brune aux yeux verts, elle avait hérité du caractère bien trempé de sa mère. Serait-ce suffisant aujourd’hui pour se protéger et éviter de se retrouver un jour dans la même situation que mademoiselle Blaudin ? Il repensait à toutes ces femmes ayant trouvé le courage de dénoncer la violence subie mais qui, à cause d’avocats comme Flore Vergna, se trouvaient discréditées tandis que leurs bourreaux étaient libres de récidiver. C’est avec ses doutes, et une sorte d’amertume, qu’il sortit du tribunal.

    En arrivant à son domicile, il aperçut la voiture de son épouse Céline. À cette heure-ci elle devait être en train de s’occuper des enfants. Laurie, en CE2, avait certainement des devoirs à faire. Quant au petit Paul, 3 ans et demi, il fallait lui trouver une occupation pour canaliser son énergie débordante. Céline était encore en arrêt de travail pendant trois jours, lieutenante à la gendarmerie de Casemate, elle avait été blessée lors d’une manifestation. En ce moment les rassemblements étaient monnaie courante et les forces de l’ordre, en première ligne, essuyaient insultes, coups et jets de projectiles en tous genres. Beaucoup de ses collègues furent sérieusement touchés. Heureusement pour elle, ses blessures ne présentaient pas de gravité.

    Il ouvrit la porte et fut immédiatement enveloppé par une douce chaleur. Une bonne odeur de pain chaud parvint à ses narines.

    Thomas serra son enfant contre lui et déposa un énorme bisou sur sa tête. Après s’être débarrassé de toutes ses affaires, il prit le chemin de la cuisine où mère et fille dressaient la table. Laurie indiqua immédiatement qu’elle avait participé elle aussi, tout en se levant sur la pointe des pieds afin d’atteindre les joues de son père.

    Céline lui dit de ne pas trop s’habituer à ce mode de vie, car elle reprenait le service prochainement. En entendant ces mots, il réalisa qu’elle serait de nouveau, mise en danger en cette période fortement marquée par les revendications et les mouvements sociaux d’envergures. Après la journée qu’il venait de vivre, il n’avait pas envie de penser à ça. Son visage s’assombrit légèrement mais suffisamment pour ne pas passer inaperçu auprès de sa gendarme d’épouse.

    Après avoir couché les enfants, les deux adultes s’enlacèrent tendrement. Cependant Thomas ne semblait pas comme d’habitude. D’ailleurs, il mit fin très rapidement à l’étreinte. Il partit en direction de son bureau. Céline lui emboîta le pas sans un mot. La pièce avait une allure de club anglais, avec son imposant bureau d’angle en bois noble qui emplissait le coin gauche du fond de la salle. Un canapé et deux fauteuils Chesterfield en cuir marron entouraient une table basse posée sur un tapis, de couleur beige clair, qui tranchait avec le parquet de bois sombre. Le mur, derrière ce coin salon, était recouvert d’un papier peint imitation maçonnerie en brique ancienne. Une bibliothèque sur mesure occupait la totalité du mur, à droite de la porte. Des livres de droit mais également polars, encyclopédies, littérature française et anglaise, se côtoyaient sur les étagères en orme.

    Thomas mit un CD de Johnny Griffin avant de s’effondrer, pensif, sur son canapé. Céline, encore dans l’encadrement de la porte, prit la parole. Elle fit remarquer que la situation faisait cliché de film avec le gars blasé, qui met un disque de jazz dès qu’il a du vague à l’âme, tout en sirotant un whisky. Thomas eut un petit rictus.

    Il la fixa un court instant avant de lui expliquer l’issue du procès pour viol.

    Mais elle ne put terminer sa phrase tant son mari, pris de rage, éleva la voix et lui coupa la parole.

    Il se ressaisit avant de poursuivre plus calmement.

    En disant ces mots, Céline lui caressait la nuque en passant ses ongles dans les épais cheveux noirs de son homme. Elle savait comment s’y prendre avec lui lorsque la colère lui montait au nez. Ils s’étaient rencontrés au lycée et, à cette période, il était déjà homme de conviction et de combat. Imposant par sa taille, il l’était tout autant par le charisme. Sa voix grave, tantôt rassurante, tantôt inquiétante, faisait déjà son petit effet à l’époque des cours de récrée.

    Thomas fit un quart de tour vers son épouse qui s’était installée à sa gauche. Il la fixa quelques secondes d’un regard doux avant de lui dire.

    Elle se colla à lui puis l’embrassa tendrement. Thomas passa son bras entre elle et le dossier du canapé afin de l’attirer sur lui. Ses grandes mains entreprirent une exploration sous le pull de sa jeune épouse qui le mordillait dans le cou. Maintenant en soutien-gorge, elle se plaqua contre lui et cambra ses reins. Elle chuchota quelques mots à l’oreille de son homme qui réagit immédiatement et la porta jusqu’à la salle de bains.

    Un être s’en va

    Au parquet de Termalin, Thomas travaillait de manière machinale tout en repensant au procès de la semaine précédente. Assis derrière son bureau, il prenait acte des derniers documents transmis dans une affaire de « meurtres sur mineurs de moins de 15 ans ». Le week-end fut salutaire et sa femme avait su le réconforter. Pour autant il avait reçu une claque et, il l’ignorait encore, il ne tarderait pas à en recevoir une autre dans les prochaines minutes.

    Le procureur toqua à sa porte et entra sans attendre la réaction de Thomas. L’air sévère, il regarda son substitut droit dans les yeux avant de faire une annonce fracassante.

    Thomas eut un coup au cœur. Alors qu’il savait dans son for intérieur de qui il était question, il répliqua.

    Thomas réalisa alors que son téléphone était resté en mode silencieux. Il voulut s’en excuser auprès de son supérieur, qui ne lui laissa pas l’occasion de prononcer un seul mot.

    Sans plus de précisions, le magistrat disparut tandis que Thomas accusait le coup. Une sensation de vertige l’envahit. Il resta interdit durant un instant, puis se ressaisit. Il ferma la session de son ordinateur, prit son attaché-case et, en s’emparant de sa veste, fit tomber le porte-manteau mais l’ignora. Tout en se dirigeant vers l’ascenseur, il s’interrogea.

    En pensant cela, Thomas eut un frisson. Il se répéta mentalement « je suis un homme de loi et surtout je ne suis pas responsable ». Pour reprendre la distance nécessaire, il choisit de se concentrer sur les souvenirs agréables de son week-end. Ainsi il parvint à se sortir ce type de pensées de la tête.

    Après quarante minutes

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1