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COURS MAGISTRAL

omment une voix peut-elle à ce point marquer une époque ? Il suffit d’entendre cet accent pyrénéen, ce ton neutre déclamant un jargon policier (« des armes automatiques de type kalachnikov ») pour se replonger près d’une décennie en arrière. 2015, annus horribilis, avec en fond sonore ce timbre si reconnaissable, gravé dans nos inconscients durant ces fameuses conférences de presse retransmises en direct à la télévision. Des moments vertigineux où la France s’arrêtait pour écouter cet homme grand, sec, les yeux bleus et tristes de celui qui a vu le pire. François Molins restera l’homme des attentats, un peu comme Olivier Véran sera pour toujours celui du Covid. Un oiseau de mauvais augure mais aussi un point de repère, doté d’une étrange capacité à raconter l’horreur tout en nous rassurant. « Les guerres révèlent des généraux, les attentats ont fait surgir le procureur de Paris », écrivait Le Monde peu après le 13 novembre.

De grandes maisons d’éditions se sont battues pour obtenir ses mémoires. Flammarion a fini par décrocher la timbale et vient de publier Au nom du peuple français : premier tirage de 15 000 exemplaires, campagne de promotion XXL. Même à la retraite, l’ancien « super proc » de 70 ans captive toujours. À notre connaissance, il demeure à ce jour le seul ancien magistrat de France que l’on arrête dans la rue pour réclamer un selfie. Encore et encore, on lui demande de raconter sa nuit du 13 novembre. Alors sans tout dévoiler de son ouvrage, sachez que ce soir-là vers 21 h 25, il s’apprêtait à se coucher quand un coup de fil l’a informé d’une première explosion au stade de France.

Saint François des assises

LE 13 NOVEMBRE, IL ALLAIT SE COUCHER QUAND UN COUP DE FIL L’A INFORMÉ D’UNE EXPLOSION AU STADE DE FRANCE.

Dans ses mémoires, le jeune retraité ne se contente pas de raconter ces nuits d’épouvante. Il livre aussi le récit de quarante-six ans d’une carrière exceptionnelle, où l’homme s’efface devant ses fonctions. « Il ne s’agit pas d’étaler des secrets qui ne m’appartiennent pas, mais de mieux faire connaître le métier de magistrat du parquet », prévient-il dans l’avant-propos de son ouvrage. Étonnante humilité pour le représentant d’une profession dont la modestie n’est pas la qualité première. Mais voilà, lui a toujours envisagé son métier comme un sacerdoce, avec ce sens de l’État qu’on croyait appartenir au passé. Il se pose en homme de principes, intègre et souverain, pas du

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