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Mais oui c'est un travail !
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Livre électronique283 pages3 heures

Mais oui c'est un travail !

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À propos de ce livre électronique

La question du travail du sexe fait toujours, aujourd’hui, l’objet de polémiques où le moralisme et les bons sentiments prévalent sur la discussion ouverte. La traite des femmes pour fins de « prostitution » et leur vulnérabilité physique face à la violence et à l’homicide débouchent souvent sur des demandes de répression accrue, et ce sont les travailleuses du sexe qui font les frais de ces discours prohibitionnistes et moralisateurs. Soucieux de véhiculer auprès d’un large public une vision différente de la « prostitution » dans le respect des travailleuses du sexe et de remettre en question les bases du message néo-abolitionniste qui présente ces dernières essentiellement comme des victimes de souteneurs ou de leur fausse conscience, cinq spécialistes ont entrepris la rédaction collective d’un livre pour démystifier plusieurs préjugés liés au travail du sexe. Sont abordés dans ce livre original les fondements du débat actuel de la « prostitution » comme travail, les différentes réponses des régimes juridiques, la variété de pratiques et d’expertises mises en oeuvre par les femmes elles-mêmes, incluant celles des migrantes illégales, et l’action collective des regroupements qui luttent pour une reconnaissance du travail du sexe. Mais oui c’est un travail ! invite donc à déconstruire certains mythes et stéréotypes, et à étayer la preuve à l’effet qu’il est non seulement possible de défendre la légitimité du travail du sexe tout en luttant contre la violence, mais que cela est nécessaire.
LangueFrançais
Date de sortie11 juil. 2011
ISBN9782760529045
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    Aperçu du livre

    Mais oui c'est un travail ! - Colette Parent

    MISE AU POINT/INTRODUCTION

    Maria Nengeh Mensah

    Louise Toupin

    Colette Parent

    Chris Bruckert

    Patrice Corriveau

    Les représentants des médias et de la justice canadienne désignent couramment le fermier de Port Coquitlam Robert Pickton comme le pire tueur en série qu’ait connu le pays: il est reconnu coupable d’avoir assassiné six femmes et d’avoir nourri ses cochons de leurs cadavres, en plus d’avoir été mis en accusation pour une vingtaine d’autres meurtres. La plupart de ses victimes étaient des « prostituées » qui pratiquaient le travail du sexe dans un quartier de l’est de Vancouver, en Colombie-Britannique.

    Aujourd’hui Robert Pickton est derrière les barreaux, condamné à la prison à vie sans libération conditionnelle avant vingt-cinq ans. Néanmoins, notre mémoire collective reste ébranlée par cette affaire sordide qui a mis en évidence non seulement la violence physique que se permet d’exercer un individu sur des personnes marginalisées, mais aussi la violence des préjugés sur les femmes travailleuses du sexe. Ces préjugés menacent toujours de faire surface et de nourrir un débat contre le travail du sexe. À un point tel que nous avons même hésité à citer cette affaire en introduction du présent ouvrage, de peur de raviver les attitudes répressives ou de perpétuer la généralisation d’un discours dominant qui victimise les travailleuses du sexe, les réduit à n’être que des victimes, sans pointer leurs forces, leur légitimité, ni reconnaître leur mobilisation.

    En effet, depuis les années 1990, au Canada, le travail du sexe a occupé l’espace politique et médiatique principalement à travers deux problématiques qui mettent en évidence le caractère victimisant de cette forme de travail, soit la traite des femmes pour fins de « prostitution » et la vulnérabilité physique des travailleuses du sexe avec l’affaire Pickton dont nous venons de faire état. Les principaux responsables de cette façon d’aborder le problème défendent une vision prédominante mondialement, celle des prohibitionnistes et des moralisateurs, dont de nombreuses féministes qui luttent contre « la prostitution des femmes par les hommes ».

    En ce qui concerne la traite des femmes pour fins de « prostitution », le Canada a rapidement emboîté le pas à la communauté internationale en adoptant des lois pour combattre ce qu’on a défini comme un problème d’exploitation individuelle et non de migration non autorisée de travailleurs. Le nombre connu de travailleuses du sexe victimes de traite au pays demeure encore aujourd’hui très réduit. Par ailleurs, dans plusieurs pays, des femmes migrantes à la recherche de travail sont régulièrement confrontées à des obstacles à leur mobilité, par l’interdit de circuler seules, sans l’approbation de l’autorité paternelle ou maritale, ou encore l’interdiction d’obtenir un passeport ou un visa de voyage. Ces femmes doivent faire face aux préjugés, aux politiques d’immigration restrictives, voire racistes des pays de destination ou encore, carrément, à la fermeture de leurs frontières.

    S’agissant de l’autre question, soit la vulnérabilité des travailleuses du sexe, notons qu’elle a mis plus d’une décennie à s’imposer. Derrière le drame que représentent les tueurs en série, il y a celui d’une société qui conforte l’idée selon laquelle, finalement, les travailleuses du sexe « courent un peu après », qu’elles s’exposent elles-mêmes au danger lorsque des hommes, psychopathes ou non, les violentent et les assassinent. Pourtant, les « prostituées » ne sont pas brutalisées partout ni toujours. En Nouvelle-Zélande, par exemple, on connaît une nette amélioration de la sécurité en matière de conditions de travail depuis que ce pays a décriminalisé le travail du sexe. Alors pourquoi, au Canada, ces drames se produisent-ils chez les travailleuses du sexe les plus vulnérables, surtout chez celles qui exerçent dans les conditions précaires de la rue?

    Depuis la disparition de la première personne qui pourrait être une victime de Pickton (début des années 1990), il faudra attendre jusqu’en 2002 pour que l’étau se resserre autour de lui. Ce n’est qu’en 2005 que le Parlement canadien, à la demande de la députée Libby Davis, forme le Sous-comité de l’examen des lois sur le racolage dans le cadre des travaux du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Dissous lors du déclenchement des élections fédérales, il verra son existence reconduite en 2006, mais ses travaux n’aboutiront à aucun changement de loi qui aurait pu mieux protéger l’intégrité physique des travailleuses du sexe.

    Aujourd’hui, il semble bien que les droits des travailleuses du sexe à la vie et à la possibilité de gagner leur vie ne mobilisent plus l’intérêt des décideurs publics au Canada, mais en ce moment, trois courageuses travailleuses du sexe contestent devant la Cour supérieure de l’Ontario la loi canadienne encadrant la « prostitution » voulant faire invalider les dispositions du Code criminel relatives à cette activité¹. Entre-temps, ces dispositions demeurent toujours en vigueur, les autorités gouvernementales subventionnent des initiatives qui appellent à la disparition de la « prostitution » et reconduisent ces lois, qui, encore une fois, pénalisent des travailleuses.

    Pour éviter que la voix des travailleuses et la défense de leurs droits et intérêts ne soient encore occultées, nous avons convenu de produire ce livre sur le travail du sexe. À nous cinq, nous cumulons un nombre important d’années de militantisme et nos travaux respectifs ont participé au développement de la réflexion sur le travail du sexe, et ce sur plusieurs plans.

    Sur le plan théorique, en 1994, dans un chapitre de Traité des problèmes sociaux, Colette Parent soulignait la nécessité de penser la question de la « prostitution » à partir du monde même des travailleuses du sexe. Ce texte fut pionnier dans sa façon d’aborder le sujet au sein du monde universitaire francophone canadien des années 1990. Il posait la nécessité, en criminologie comme en études féministes ou en sociologie, de renouveler les analyses et de penser les solutions en collaboration avec les principales concernées, et il a inspiré nombre d’études. Sur le plan ethnographique, les travaux de Chris Bruckert auprès de femmes pratiquant le strip-tease ont permis de saisir la complexité du travail des femmes dans le monde de l’effeuilleuse professionnelle. Bruckert a été travailleuse du sexe et, de ce standpoint féministe, a mis en lumière le fait que la travailleuse du sexe est bien l’auteure et non pas « l’objet » d’une expérience. Sur le plan des interventions gouvernementales canadiennes, Patrice Corriveau a joué un rôle clé à titre d’analyste principal des politiques pénales au ministère de la Justice du Canada. C’est ainsi, entre autres, qu’il a développé une compréhension aiguisée du domaine des politiques criminelles au sein des organismes gouvernementaux et acquis une solide connaissance des enjeux particuliers qui marquent les différentes provinces du pays quant à la question du travail du sexe. Puis, sur le plan de l’intervention auprès des collectivités, Maria Nengeh Mensah collabore étroitement avec des groupes de travailleuses du sexe au Canada et ailleurs, depuis 1998. Notamment, Mensah a participé à la mise en œuvre de nombreuses réponses communautaires ayant pour objectif de démanteler certaines des dynamiques d’exclusion sociale auxquelles sont confrontées les personnes qui exercent le travail du sexe, y compris la formation des intervenants sociaux sur cette question. Enfin, sur le plan des enjeux internationaux, Louise Toupin a défriché le terrain des conventions sur la traite des femmes et des modalités d’intervention féministes qui en découlent. Ses analyses s’inscrivent dans la lignée des renversements critiques dans ce champ d’action, qui reformulent, du point de vue de celles qui le vivent, le problème de la « prostitution » et du trafic humain en tant que droit à la mobilité et droit au travail.

    C’est donc à partir de nos champs d’expertise respectifs que nous partageons avec le lecteur, la lectrice, notre vision du travail du sexe. À ce jour, aucun livre considérant la « prostitution » comme une forme de travail n’a été publié en milieu francophone et canadien. C’est ce point de vue que nous vous exposons dans ce livre.

    Avant de présenter les thèmes que nous avons développés dans les cinq chapitres qui suivent, nous voudrions apporter des précisions sur l’usage de certains concepts. D’abord, notons que nous n’utilisons le mot « prostitution » qu’entre guillemets. C’est un mot qui, selon nous, est porteur de stigmates. Ainsi est-ce pour nous dissocier de cette dimension que nous avons décidé d’utiliser les guillemets. Nous utilisons plutôt les expressions travail du sexe, travail dans l’industrie du sexe, travail dans des établissements érotiques, qui ne portent pas cette charge morale.

    Ensuite, il faut noter que les notions d’abolitionnisme et de néo-abolitionnisme revêtent dans le domaine de la « prostitution » des significations très particulières. De façon courante, lorsqu’on utilise le concept d’abolitionnisme, on pense à l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort. Mais durant la deuxième moitié du XIXe siècle en Occident, ce mot est utilisé dans le débat qui touche les politiques criminelles en matière de « prostitution ». Ce débat se maintient à l’avant-scène des préoccupations publiques et fait partie des questions au programme du mouvement de réforme morale qui émerge à la fin du siècle. Dans ce contexte, le contenu de ce mot va évoluer.

    Au point de départ, aux États-Unis comme en Angleterre², il renvoie aux luttes féministes pour abolir la réglementation de la « prostitution » et abolir éventuellement le commerce sexuel en rehaussant les valeurs morales de tous. Mais à la fin du siècle, lorsque la question de la réglementation n’est plus au programme politique, le mot est utilisé pour demander l’abolition de la « prostitution » comme telle. Les réformateurs, y compris les féministes, prônent alors le recours à des lois qui touchent l’ensemble des activités de « prostitution ». Ils ciblent en effet toutes les facettes du métier et tous les protagonistes impliqués, les activités des « prostituées » incluses. Ce mouvement de réforme morale marque nombre de pays occidentaux dont le Canada jusque dans les années 1917-1920.

    Le mouvement néoabolitionniste, quant à lui, émerge durant les deux dernières décennies du XXe siècle dans le sillage de la mondialisation des marchés et d’une migration accrue des travailleurs et travailleuses, dont les travailleuses du sexe, vers d’autres pays à la recherche d’un gagne-pain. Cette population migrante, très souvent sans papiers, est vulnérable à différentes formes d’exploitation et peut faire l’objet de traite. Cette question a soulevé l’intérêt et l’indignation dans de nombreux pays et l’Organisation des Nations Unies elle-même s’est mobilisée pour lutter contre le problème. C’est dans ce contexte qu’a émergé la position néoabolitionniste, définissant la « prostitution » comme une forme de violence et militant pour son abolition. Les néoabolitionnistes définissent les travailleuses du sexe comme des victimes et veulent les soustraire au contrôle pénal. Ils mettent de l’avant le contrôle pénal des autres facettes des activités de « prostitution » et ciblent en particulier les clients et les proxénètes.

    Soucieux de véhiculer la vision de la « prostitution » comme travail dans le respect de la voix des travailleuses du sexe et afin de contrecarrer le message néoabolitionniste qui présente ces dernières comme des victimes des souteneurs ou encore de leur fausse conscience, notre ouvrage aborde les principaux éléments du débat. Le livre est composé de cinq chapitres.

    Dans le premier chapitre, Colette Parent et Chris Bruckert présentent le débat actuel sur le travail du sexe. Après avoir brièvement indiqué l’héritage sur lequel s’appuie le débat, elles résument les idées principales des deux positions dominantes en les soumettant à l’épreuve des recherches empiriques et à la voix des travailleuses du sexe. Dans le second chapitre, Patrice Corriveau présente les différents modèles juridiques de contrôle de la « prostitution » ainsi que leurs limites. Préconisant la décriminalisation du travail du sexe, il déconstruit les faux arguments avancés par les tenants d’une approche répressive. Le troisième chapitre aborde l’organisation du travail dans certains secteurs de l’industrie du sexe (travail de rue, salons de massage, établissements érotiques). Chris Bruckert et Colette Parent mettent en évidence les habiletés nécessaires à l’exercice de ce métier aussi bien que les défis que les travailleuses doivent relever au quotidien. Ce chapitre ouvre la voie à l’analyse du stigmate social et à l’impact des lois sur ce type de travail. Le quatrième chapitre, signé Maria Nengeh Mensah, donne une vision d’ensemble de la mobilisation et des initiatives des travailleuses du sexe de nombre de pays à partir du Forum XXX sur le travail du sexe, tenu à Montréal en 2005. Il met en évidence les revendications principales de différents regroupements, la reconnaissance et la légitimité des associations qui luttent pour de meilleures conditions de travail ainsi que les alliances possibles entre les travailleuses du sexe et d’autres groupes. Il démontre encore une fois l’importance de travailler sur cette question avec les principales concernées. Dans le cinquième et dernier chapitre, Louise Toupin s’inspire d’une série d’études empiriques menées avec des femmes migrantes depuis les années 1990 et répond à certaines interrogations courantes sur le phénomène du « trafic » et/ou de la « traite des femmes ». Souvent confondu dans les médias avec la migration illégale de femmes aux fins de travail sexuel, ce discours dominant a des conséquences néfastes sur toutes les femmes migrantes, en plus de nourrir des politiques antimigratoires. Toupin déconstruit certaines idées reçues sur cette question et met en évidence certaines pratiques promues par des organismes de travailleuses du sexe œuvrant directement avec des migrantes touchées.

    Au fil des pages qui suivent, nous espérons réussir à déconstruire certains mythes et préjugés, et à étayer la preuve à l’effet qu’il est non seulement possible de défendre la légitimité du travail du sexe tout en luttant contre la violence, mais que cela est nécessaire.

    BIBLIOGRAPHIE

    BRUCKERT, Chris et Colette PARENT (2007). « La danse érotique comme métier à l’ère de la vente de soi », Cahiers de recherche sociologique, vol. 43, p. 97-109.

    BRUCKERT, Chris, Colette PARENT et Daniel POULIOT (2005). Comment répondre aux besoins des travailleuses du sexe de rue dans la région de l’Outaouais, Ottawa, Status of Women.

    DUBOIS, Ellen Carol et Linda GORDON (1983). « Seeking ectasy on the battlefield: Danger and pleasure in nineteenth-century feminist sexual thought », Feminist Studies, vol. 9, no 1, p. 7-25.

    MCKEGANEY, Neil P. et Marina BARNARD (1996). Sex Work on the Streets Prostitutes and their Clients, Londres, Open University Press Buckingham.

    PARENT, Colette (1994). « La prostitution ou le commerce des services sexuels », dans Simon Langlois, Yves Martin et Fernand Dumont (dir.), Traité de problèmes sociaux, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, p. 393-407.

    ROSEN, Ruth (1982). The Lost Sisterhood. Prostitution in America, 1900-1918, Baltimore et Londres, The John Hopkins University Press.

    WALKOWITZ, Judith R. (1991). « Sexualités dangereuses », dans George Duby, Michelle Perrot et Geneviève Fraisse (dir.), Histoires des femmes en Occident, Le XIXe siècle, Paris, Plon, p. 389-418.


    1 En 2009, Terry-Jean Bedford et les travailleuses du sexe Valerie Scott, 51 ans, et Amy Lebovitch, 30 ans, demandent à la Cour supérieure de l’Ontario d’invalider les dispositions du Code criminel relatives à la prostitution en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. Ces trois femmes estiment qu’elles sont forcées de mettre leur vie en danger parce que la loi interdit l’ouverture de maisons closes, lesquelles permettraient aux travailleuses d’exercer dans des conditions beaucoup plus sécuritaires.

    2 Pour les États-Unis, voir Rosen (1982); pour l’Angleterre, voir Dubois et Gordon (1983) et Walkowitz (1991).

    CHAPITRE 1

    LE DÉBAT ACTUEL

    SUR LE TRAVAIL DU SEXE

    Colette Parent

    Chris Bruckert

    ¹

    Dans les discussions sur le travail du sexe aujourd’hui, au Québec en particulier, les émotions semblent trop souvent donner forme aux arguments. Pour cerner les assises des différentes positions et les distinguer des dimensions idéologiques et morales qui les recouvrent, il faut se distancer du feu de la polémique. C’est dans cette optique que nous présentons aujourd’hui certaines réflexions sur l’héritage historique des conceptions contemporaines de la « prostitution » en Occident, et discutons des arguments fondateurs des deux positions antagoniques qui dominent à l’heure actuelle quant à cette question.

    1. L’HÉRITAGE DU XIXE SIÈCLE ET DU MOUVEMENT FÉMINISTE DES ANNÉES 1960

    Dès la deuxième moitié du XIXe siècle aussi bien en Angleterre que dans sa colonie du Canada, la question du travail du sexe, définie comme un problème, occupe l’avant-scène politique. Certains citoyens, qu’ils soient politiciens, médecins, juges ou journalistes, prônent la réglementation de ce « mal nécessaire² ». Ils mettent de l’avant l’adoption de règlements qui permettraient de protéger « la santé, la décence et l’ordre public ». D’autres, les premiers abolitionnistes en matière de « prostitution », définissent ces activités comme un fléau à éliminer et proposent l’adoption de nombreuses lois pour en combattre toutes les facettes. Enfin, des membres d’associations religieuses et paroissiales dirigent leur attention vers les « prostituées », définies comme des victimes, et mettent en place des maisons d’hébergement destinées à leur permettre de changer

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