Raphaëlle Elkrief : Un si gros ventre (Stock, 2023) est votre dernier essai philosophique, pour lequel vous avez passé trois mois en immersion à l’hôpital Bichat à Paris. Vous êtes l’une des figures de proue du féminisme en France et vous dites « être entrée en féminisme à la maternité ».
Je suis entrée en féminisme par mon corps maternel, à l’occasion de ma deuxième grossesse et la naissance de mon premier enfant, au moment même où j’étais recrutée pour la première fois à l’université. Nous étions en 2002 et je portais ces deux projets depuis longtemps. Connaître simultanément une première maternité et un premier poste, devoir assumer très concrètement au quotidien ces deux nouvelles fonctions, cela a produit une forme de déflagration dans mon existence qui m’a poussée à m’interroger