Nature et économie : un regard sur les écosystèmes du Québec
Par Jérôme Dupras et Jean-Pierre Revéret
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À propos de ce livre électronique
C’est dans ce contexte que s’est développé cet ouvrage, qui vise à partager les recherches sur la valeur des services écosystémiques propres au Québec. Si le terrain des études porte sur ce territoire, il n’en demeure pas moins que les questions soulevées et les réponses apportées s’appliquent à d’autres contextes et à d’autres échelles. Après un tour d’horizon du concept de services écosystémiques, l’ouvrage propose une série d’études de cas d’évaluation économique de ces services. Il montre aussi la façon dont les indicateurs économiques des services écosystémiques peuvent intégrer les processus décisionnels. Il s’adresse autant aux étudiants qu’aux décideurs et analystes en entreprise qui s’intéressent à l’évaluation économique de la biodiversité et de ses bénéfices.
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Aperçu du livre
Nature et économie - Jérôme Dupras
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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Vedette principale au titre :
Nature et économie : un regard sur les écosystèmes du Québec
Comprend des références bibliographiques.
ISBN 978-2-7605-4223-5
1. Services des écosystèmes. 2. Services des écosystèmes – Aspect économique – Québec (Province) – Études de cas. 3. Services des écosystèmes – Aspect économique. I. Dupras, Jérôme, 1979- . II. Revéret, Jean-Pierre, 1952- .
QH541.15.E267N372015 333.95’16 C2014-942522-8
Les Presses de l’Université du Québec reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada et du Conseil des Arts du Canada pour leurs activités d’édition.
Elles remercient également la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour son soutien financier.
Conception graphique
Richard Hodgson
Image de couverture
Eveline Boulva, Linéament ; le lac bleu, 122 × 122 cm, 2006
Mise en pages
Le Graphe
Conversion au format EPUB
Samiha Hazgui
Dépôt légal : 2e trimestre 2015
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
©2015 – Presses de l’Université du QuébecTous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés
PRÉFACE
Alain Bourque et Andrew Gonzalez
Le concept de services écosystémiques résonne dans les communautés scientifiques et publiques. En décloisonnant la conservation et la gestion de la biodiversité pour y intégrer une forte dimension humaine, les services écosystémiques représentent une nouvelle perspective sur les relations être humain–nature.
La croissance exponentielle des travaux sur les services des écosystèmes a pris naissance dans la foulée de la Millennium Ecosystem Assessment (MEA), dont les conclusions étaient publiées en 2005. Marchant dans les pas de ce regroupement, d’autres initiatives y ont agrafé une dimension économique, avec aux premières loges celle de The Economics of Ecosystems and Bio-diversity. Forcément, on a vu le concept pénétrer les institutions publiques qui ont signifié un intérêt, varié selon les nations, pour intégrer cette nouvelle dimension à leurs politiques et programmes. Le Québec ne faisant pas exception à la règle, cet intérêt a suscité le développement de projets et d’expertises dans le milieu universitaire. Ces travaux, menés de façon individuelle, sont aujourd’hui en partie regroupés à l’initiative des deux directeurs de cet ouvrage. La force de celui-ci est en effet de réunir, pour une première fois, des travaux et des écoles de pensée provenant de plusieurs équipes intéressées par la question de l’économie des services écosystémiques au Québec et de fournir ainsi un état des lieux de la recherche actuelle sur ces questions.
Cet ouvrage plaira non seulement aux étudiants intéressés par les questions de conservation de la nature, d’économie écologique et d’aménagement du territoire en leur offrant une introduction stimulante, mais aussi aux praticiens, professionnels et experts en leur proposant une vision d’ensemble du domaine au Québec, mais aussi en leur réservant quelques surprises.
C’est donc avec un grand plaisir que le Centre sur la science de la biodiversité du Québec et Ouranos s’associent à la publication de cet ouvrage. Pour nos deux organismes, la question de l’économie de la biodiversité et des services produits par les écosystèmes constitue depuis quelques années un élément de plus en plus central dans la gestion et l’adaptation des systèmes naturels aux facteurs de pression, tels la surexploitation de ressources naturelles, les espèces invasives et, bien sûr, les changements climatiques. Les textes que vous retrouverez dans cet ouvrage sauront vous convaincre de son bien-fondé et nous espérons qu’ils puissent vous inspirer dans vos réflexions sur la résilience et la durabilité des systèmes naturels.
Bonne lecture !
REMERCIEMENTS
Jérôme Dupras et Jean-Pierre Revéret
Nous tenons d’abord à remercier les auteurs qui ont permis de concrétiser ce projet. Vos expertises et votre collégialité ont fait en sorte de rendre cette aventure des plus agréables. Nous soulignons le soutien et le professionnalisme de l’équipe des Presses de l’Université du Québec, et plus particulièrement ceux de Céline Fournier. Nous remercions aussi pour leur soutien financier et scientifique le Centre de la science de la biodiversité du Québec ainsi que le consortium Ouranos par le biais de la mesure 26 du Plan d’action 2006-2012 sur les changements climatiques du gouvernement du Québec (Fonds vert). Finalement nous remercions le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) et sa Chaire internationale sur le cycle de vie, une unité de recherche de l’École polytechnique de Montréal et de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal.
AVANT-PROPOS
Jérôme Dupras et Jean-Pierre Revéret
Autant au Québec qu’ailleurs, la monétarisation des actifs naturels non marchands connaît une popularité croissante. Les services rendus par les écosystèmes contribuent autant, et de façon significative, au bien-être des individus et des collectivités qu’à l’activité économique. Leur non-représentativité monétaire engendre des dysfonctionnements dans les incitatifs liés à leur usage et contribue à la dégradation du patrimoine naturel. Devant ce constat naît une demande sociale, entrepreneuriale et institutionnelle considérable pour de nouveaux indicateurs économiques permettant la mesure et le suivi des variations dans l’état des écosystèmes. Cette demande se traduit en pratique par une intégration à des processus de prise de décisions publics ou privés, à l’élaboration de politiques publiques, à des outils de mise en œuvre du développement durable, d’adaptation aux changements climatiques et à des mesures compensatoires. Dans ces circonstances, on peut se demander quels sont les rapports actuels et plus particulièrement à l’échelle québécoise entre le Politique et l’Universitaire. Ces rapports et les dynamiques dans lesquels ils sont appelés à évoluer sont-ils intégrés dans une réflexion sur les enjeux de gouvernance liés à l’utilisation du territoire ? Quelles sont les recherches et expérimentations qui s’attardent à la question des services écosystémiques, de la caractérisation à la monétarisation ? Ce livre vise à réunir les textes présentés lors du colloque Économie de la biodiversité et des services rendus par les écosystèmes dans le cadre du 81e Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) afin de constituer le premier ouvrage sur ce sujet traitant de la réalité québécoise. Richement contextualisé avec une série d’études de cas, il jette aussi une lumière sur les dynamiques écologiques, la gestion du territoire, les processus de prise de décisions et l’éthique de la valorisation de la nature qui constituent tous des angles d’approche essentiels à cette question. Cet ouvrage s’adresse autant aux étudiants qu’aux décideurs et analystes en entreprise qui s’intéressent aux questions d’évaluation économique de la biodiversité et aux aménités qu’elle produit. Il a été rendu possible grâce au soutien scientifique et financier du Centre de la science de la biodiversité du Québec et du consortium Ouranos.
Table des matières
PRÉFACE
Alain Bourque et Andrew Gonzalez
REMERCIEMENTS
Jérôme Dupras et Jean-Pierre Revéret
AVANT-PROPOS
Jérôme Dupras et Jean-Pierre Revéret
Liste des tableaux
Introduction
Jérôme Dupras et Jean-Pierre Revéret
Références bibliographiques
Partie 1
UNE INTRODUCTION AU CONCEPT DE SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES
Chapitre 1
L’évaluation des services écologiques dans les milieux anthropisés
Bernard Chevassus-au-Louis
Enjeux, concepts, méthodes, usages
1.1. Des services écologiques, écosystémiques ou environnementaux ?
1.2. Les services écologiques, les services anthropiques et les bénéfices des écosystèmes
1.3. La biodiversité est-elle un service ?
1.4. Comment choisir l’entité spatiale pertinente ?
1.4.1. L’entité spatiale pertinente : une approche technique et écologique
1.4.2. Quelles limites pertinentes pour les mosaïques paysagères ?
1.4.3. L’entité spatiale pertinente : une approche sociologique et politique
Conclusion
Références bibliographiques
Chapitre 2
La biodiversité et les services écosystémiques comme fondements d’un développement durable
Didier Babin
2.1. Pourquoi la biodiversité et les services écosystémiques sont-ils des fondements du développement durable ?
2.2. Comment intégrer la biodiversité et les services écosystémiques dans le développement durable ?
2.3. La biodiversité et les services écosystémiques seraient-ils enfin reconnus à leur juste valeur pour le développement durable ?
Conclusion
vers un nouveau cadre de développement durable intégrant la biodiversité et les écosystèmes ?
Annexe 2.1.
Tableau récapitulatif des objectifs de développement durable (ODD) et des cibles proposés par le « groupe de travail ouvert »
Références bibliographiques
Chapitre 3
L’inclusion des services écosystémiques dans le discours des ONG environnementales
L’expérience de la Fondation David Suzuki
Karel Mayrand Jean-Patrick Toussaint
3.1. Le capital naturel à la Fondation David Suzuki
3.2. Peut-on vraiment monétariser la nature ?
Annexe 3.1.
Liste des rapports scientifiques et politiques sur les infrastructures vertes et les services écosystémiques
Références bibliographiques
Chapitre 4
La vraie valeur des arbres et des bois urbains et périurbains
Christian Messier Sophie Carpentier Virginie-Arielle Angers Rebecca Tittler Annick St-DenisTanya Handa Élise Filotas Alain Paquette
4.1. L’état des lieux concernant les arbres et les bois urbains et périurbains au Québec et dans le monde
4.2. Les services écosystémiques produits par ces arbres et ces bois
4.3. Quelques outils disponibles pour monétariser ces services
4.3.1. Le logiciel CITYgreen
4.3.2. Le logiciel i-Tree (anciennement UFORE)
4.3.3. Integrated Valuation of Ecosystem Services and Tradeoffs (InVEST)
4.4. Deux exemples québécois
4.4.1. La forêt privée du massif boisé des Terres Noires de Lanaudière
4.4.2. Le Parc du Grand-Coteau de la ville de Mascouche
Conclusion
Références bibliographiques
Chapitre 5
Le projet de paysage
Une porte d’entrée pour assurer la prise en compte des services écosystémiques en aménagement
Julie Ruiz
5.1. Les potentiels du paysage pour la prise en compte des services écosystémiques en aménagement
5.2. Le projet Paysages maskoutains
5.2.1. Les objectifs et les phases de mise en œuvre
5.2.2. L’état des lieux : confronter les valeurs écologiques, économiques et socioculturelles des services écosystémiques
5.2.3. Le diagnostic de paysages : enclencher un processus de réapprentissage et de négociation vers la définition de solutions gagnantes-gagnantes
Conclusion
Références bibliographiques
Chapitre 6
Des outils et des méthodes pour une évaluation économique des services écosystémiques
Jérôme Dupras Jean-Pierre Revéret Jie He Thomas G. Poder Jean-Philippe Boyer
6.1. La nature comme bien économique
6.2. La valeur économique totale
6.3. Les méthodes d’évaluation économique de la nature
6.3.1. Les méthodes basées sur les prix de marchés directs
6.3.2. Les méthodes basées sur les coûts
6.3.3. Les méthodes basées sur les préférences révélées
6.3.4. Les méthodes basées sur les préférences exprimées
6.3.5. Le transfert de bénéfices
Conclusion
Références bibliographiques
Partie 2
L’ÉVOLUTION ET L’ÉVALUATION ÉCONOMIQUE DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES
Application de cas pratiques dans un contexte québécois
Chapitre 7
Une méta-analyse pour le transfert d’avantages économiques des biens et services écosystémiques FOURNIS PAR LES MILIEUX HUMIDES AU QUÉBEC Méta-analyse pour le transfert d’avantages économiques des BSE fournis par les MH au Québec
Jie He Fanny Moffette Richard Fournier Jean-Pierre Revéret Jérôme Dupras Jérôme Théau Jean-Philippe Boyer
7.1. La méthodologie
7.2. La base de données
7.3. Le modèle de la méta-analyse
7.4. Le transfert d’avantages appliqué aux milieux humides des deux bassins versants du Québec
Conclusion
Références bibliographiques
Chapitre 8
L’ÉVALUATION ÉCONOMIQUE DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES PRODUITS PAR LES SYSTÈMES AGROFORESTIERS INTERCALAIRES EN MILIEU TEMPÉRÉL’évaluation économique des SE produits par les systèmes agroforestiers intercalaires en milieu tempéré
Alain Olivier Mahbubul Alam Alain Paquette Jérôme Dupras Jean-Pierre Revéret
8.1. Les systèmes agroforestiers intercalaires en milieu tempéré
8.2. Le cadre d’analyse économique des systèmes agroforestiers intercalaires
8.3. L’évaluation marginale des services écosystémiques
8.3.1. La minéralisation des éléments nutritifs du sol
8.3.2. La qualité de l’eau
8.3.3. La qualité du sol
8.3.4. La pollinisation
8.3.5. La lutte biologique
8.3.6. La qualité de l’air
8.3.7. L’effet brise-vent
8.3.8. Les services d’approvisionnement (production de bois et produits agricoles)
8.3.9. La régulation du climat
8.4. L’agrégation et l’extrapolation
8.5. Une discussion
Conclusion
Références bibliographiques
Chapitre 9
La valeur des terres agricoles et son intégration dans le système des comptes nationaux du Canada
Une application de la méthode des prix hédoniques
René Roy Paul Thomassin
9.1. Une revue de la littérature
9.1.1. L’évolution de la valeur des terres agricoles au Québec
9.1.2. L’évolution de la superficie des terres agricoles au Québec
9.1.3. L’estimation de la valeur des inventaires de ressources naturelles
9.2. La méthode
9.2.1. L’inventaire des terres agricoles
9.2.2. Une description du modèle économétrique
9.3. Les résultats
9.3.1. Les résultats de la régression hédonique
9.3.2. L’application du compte des richesses naturelles
Conclusion
Références bibliographiques
Chapitre 10
Les biais hypothétiques et leurs conséquences
La mesure de biens et services écosystémiques en agroforesterie au Québec
Maurice Doyon Christian Vossler Daniel Rondeau Frédéric Roy-Vigneault
10.1. Les objectifs
10.2. La méthodologie
10.2.1. Le choix de la méthode
10.2.2. La justification théorique
10.2.3. Le design et les sessions expérimentales
10.3. Les résultats
10.3.1. Les participants
10.3.2. L’analyse du consentement à payer
Conclusion
Références bibliographiques
Chapitre 11
Le transfert d’avantages et l’analyse spatiale
Le cas du Grand Montréal
Jérôme Dupras Jean-Pierre Revéret Jean-Patrick Toussaint
11.1. La méthodologie
11.1.1. Le site d’étude
11.1.2. L’analyse spatiale
11.1.3. L’évaluation économique
11.2. Les résultats
11.3. Une discussion
Conclusion
Références bibliographiques
Partie 3
LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES DANS LES OUTILS DE MISE EN ŒUVRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Chapitre 12
L’analyse coûts-avantages et la prise de décision publique
Références bibliographiques
Thomas G. Poder Jean-Pierre Revéret
Chapitre 13
La comptabilité environnementale, sociale et de développement durable
Pour une monétarisation plurielle des services rendus par les écosystèmes
Marie-Andrée Caron
13.1. La comptabilité comme balise de l’économie immatérielle
13.2. La multiplicité d’usages des dispositifs comptables de monétarisation
13.2.1. « Comprendre » ou l’usage décisionnel de la monétarisation
13.2.2. « Évaluer » ou l’usage économique de la monétarisation
13.2.3. « Valoriser » ou l’usage démocratique de la monétarisation
Conclusion
Références bibliographiques
Chapitre 14
Le compte des terres au Québec
Un projet-pilote pour la région de Chaudière-Appalaches
Stéphanie Uhde
14.1. La méthodologie et les données
14.2. Les résultats
14.3. L’analyse des résultats
Références bibliographiques
Chapitre 15
Le développement d’un indicateur intégré fondé sur les services écosystémiques POUR L’ÉVALUATION DES IMPACTS DU CYCLE DE VIE DE L’UTILISATION DES TERRES Un indicateur intégré fondé sur les SE pour évaluer les impacts du cycle de vie de l’utilisation des terres
Viêt Cao
15.1. Quelques mots sur l’analyse du cycle de vie (ACV)
15.2. La ressource sol
15.3. L’évaluation environnementale de la ressource sol
15.3.1. Une rapide histoire de la catégorie d’impact en ACV
15.3.2. La problématique méthodologique en ACV
15.3.3. L’apport des services écosystémiques
15.3.4. L’environnement et l’évaluation économique
15.4. La problématique
15.4.1. Le cadre conceptuel
15.4.2. La méthodologie proposée
15.5. Une discussion
15.5.1. L’évaluation économique
15.5.2. Les problèmes méthodologiques subsistants
Perspectives et conclusion
Perspectives et champ d’application de la méthode
Mise en regard avec l’empreinte écologique et conclusion
Références bibliographiques
Chapitre 16
L’intégration des services écosystémiques dans des dispositifs politiques au Québec
Jérôme Dupras Bert Klein
16.1. Les services écosystémiques dans l’arène politique québécoise
16.2. Les politiques environnementales et les instruments économiques
16.2.1. Les paiements pour services écosystémiques
16.2.2. Les taxes et incitatifs à la bonne gestion des écosystèmes
16.2.3. Les nouveaux marchés pour la protection de la biodiversité et des services écosystémiques
Conclusion
Références bibliographiques
Conclusion
Jérôme Dupras et Jean-Pierre Revéret
Références bibliographiques
Notices biographiques
Liste des figures
Figure 2.1 Emboîtement des sphères économique et humaine dans la biosphère selon René Passet
Figure 4.1 Carte du Parc du Grand-Coteau à Mascouche
Figure 5.1 Le paysage : une entité multidimensionnelle et dynamique soumise à un ensemble de forces naturelles et humaines
Figure 5.2 Étapes de la démarche proposée de projet de paysage
Figure 5.3 Localisation et représentation schématique des paysages des plaines d’argile et des monticules de till à l’échelle de la MRC des Maskoutains
Figure 5.4 Valeurs socioculturelles associées à la rivière Yamaska dans la MRC des Maskoutains
Figure 5.5 Exemples de simulations photoréalistes de scénario d’aménagement d’un rang d’agriculture intensive en vue de sa requalification environnementale
Figure 6.1 Typologie des biens et services issus de la nature
Figure 6.2 Articulation du concept de valeur économique totale
Figure 6.3 Principales méthodes d’évaluation économique des SE
Figure 9.1 Évolution de la valeur des terres agricoles au Québec et au Canada entre 1960 et 2010
Figure 9.2 Évolution de la superficie totale des terres cultivées au Québec entre 1986 et 2006
Figure 9.3 Carte de la valeur des terres agricoles pour la région de Québec
Figure 9.4 Carte de la valeur des terres agricoles pour la région de Montréal
Figure 10.1 Consentement à payer mesuré avec conséquence pour différents projets agroforestiers
Figure 11.1 Carte de localisation des sites étudiés
Figure 11.2 Carte de couverture des sols de la plaine du Haut-Saint-Laurent
Figure 11.3 Évolution de la couverture des sols dans la CMM entre 1966 et 2011
Figure 12.1 Étapes de l’analyse coûts-avantages et éléments à considérer
Figure 14.1 Modèle décisionnel pour la classification et l’intégration des polygones des différentes couches de données
Figure 14.2 Couverture terrestre, partie de Chaudière-Appalaches, ~2006, selon les polygones de couverture (à gauche) et la couverture dominante par unité de 25 m² (à droite)
Figure 14.3 Changements de couverture terrestre par unité de 25 m², où l’intérieur des cellules représente la couverture observée ~2001 et le contour, la couverture observée ~2006
Figure 14.4 Comparaison de la contribution de chaque MRC à la variation régionale de la population de 2001 à 2006 et au changement net des surfaces artificielles vers la même période, région de Chaudière-Appalaches
Figure 16.1 Schéma d’analyse générale des SE
Figure 16.2 Instruments économiques et non économiques pour l’élaboration de politiques environnementales
Liste des tableaux
Tableau 4.1 Valeurs économiques (en dollars canadiens, 2011) pouvant être attribuées aux peuplements du massif boisé des Terres Noires
Tableau 4.2 Valeur des services écosystémiques fournis par le Parc du Grand-Coteau à Mascouche (en dollars canadiens, 2013) par hectare par an
Tableau 7.1 Valeurs moyennes et écart-type des SE rendus par les MH par continent, par climat et par méthode
Tableau 7.2 Descriptif des variables explicatives
Tableau 7.3 Résultats du modèle économétrique de méta-régression
Tableau 7.4 Comparaison des valeurs/ha/an en fonction des données moyennes de la méta-analyse des BV de la Yamaska et de la Bécancour
Tableau 7.5 Influence du type d’évaluation sur la valeur par hectare d’après les données des BV de la Yamaska et de la Bécancour, ainsi que des données moyennes de la base de données (valeur/ha/an, $ US 2003)
Tableau 7.6 Comparaison entre les différentes méthodes de transfert d’avantages
Tableau 8.1 Indicateurs et valeurs économiques des services écosystémiques associés aux systèmes agroforestiers intercalaires en milieu tempéré
Tableau 8.2 Répartition des valeurs marginales et des valeurs actuelles nettes des services écosystémiques des systèmes agroforestiers intercalaires pour une rotation de 40 ans
Tableau 8.3 Valeurs marginales et valeurs actuelles nettes des services écosystémiques des systèmes agroforestiers intercalaires selon différents groupements pour une rotation de 40 ans
Tableau 9.1 Couches nécessaires pour l’élaboration du compte des terres agricoles
Tableau 9.2 Variables utilisées pour la régression hédonique
Tableau 9.3 Résultats de la régression hédonique
Tableau 9.4 Valeur des terres agricoles totale et moyenne par classe de sols (dollars annualisés 2010)
Tableau 10.1 Variables sélectionnées qui composent les 12 choix dichotomiques (questions)
Tableau 10.2 Régression du consentement à payer
Tableau 11.1 Résumé des valeurs non marchandes fournies par les écosystèmes de la PHSL
Tableau 11.2 Résumé des valeurs non marchandes de la PHSL par type de services écosystémiques
Tableau 11.3 Valeur par type de services écosystémiques ($/ha/an) pour l’étude de cas sur la CMM
Tableau 11.4 Valeur totale des services écosystémiques dans la CMM entre 1966 et 2011
Tableau 14.1 Classification simplifiée de la couverture terrestre du Québec, en concordance avec la classification du SCEE
Tableau 14.2 Compte physique de couverture terrestre, région de Chaudière-Appalaches (~2001-~2006), classification à six chiffres (résultats préliminaires)
Tableau 14.3 Compte physique de couverture terrestre, région de Chaudière-Appalaches, par MRC (~2001-~2006), classification à deux chiffres (résultats préliminaires)
Tableau 14.4 Matrice de changements de la couverture terrestre, région de Chaudière-Appalaches (~2001-~2006), classification à six chiffres (résultats préliminaires)
Introduction
Jérôme Dupras et Jean-Pierre Revéret
La reconnaissance et l’appréciation de la contribution des systèmes naturels aux systèmes humains remontent à très longtemps. On peut retourner jusqu’aux écrits de Platon, qui évoquait déjà le contrôle de l’érosion par les écosystèmes, pour souligner ce rôle. On peut aussi penser au courant des physiocrates, né au
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e siècle, pour qui la nature était la seule véritable source de création de richesse ou encore à la multifonctionnalité de l’agriculture, déjà présente chez Olivier de Serres dans son « Théâtre d’agriculture » en 1600. Aujourd’hui, une large part de la recherche sur la relation entre la nature et l’économie passe par l’analyse des services écosystémiques (SE) et constitue un champ d’investigation qui s’est amorcé dans les années 1950, notamment par l’étude des ressources renouvelables et des problèmes de la pêche en libre accès par Gordon (1954). Dans les années 1960 et 1970, les économistes ont entrepris de mesurer la valeur des services que les zones naturelles fournissent (Krutilla et Fisher, 1975) et se sont concentrés sur la production agricole (Beattie et Taylor, 1985), les ressources renouvelables (Krutilla, 1967 ; Clark, 1990) et non renouvelables (Dasgupta et Heal, 1979) et les aménités environnementales (Freeman, 1993).
À l’heure actuelle, en analysant la scène scientifique internationale relative à l’environnement, force est de constater que la notion de SE constitue désormais un incontournable dans les diverses stratégies de protection, de mise en valeur et de restauration du capital naturel (voir notamment Millennium Ecosystem Assessment – MEA, 2005 ; Chevassus-au-Louis, Salles et Pujol, 2009 ; The Economics of Ecosystems and Biodiversity – TEEB, 2010). De nombreuses initiatives institutionnelles, comme la création récente de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Mapping and Assessment of Ecosystems and Their Services – MAES, 2013), témoignent de la pertinence de l’utilisation des SE comme langage commun dans une perspective mondiale de réduction des incidences néfastes sur l’environnement. Malgré certains questionnements sur son utilisation et son universalité, la progression type entre fonction des écosystèmes–service écosystémique–bien-être humain a conduit au développement d’une approche normative dans l’élaboration de stratégies de conservation et de gestion des actifs naturels (Thompson et Starzomski, 2006).
De manière générale, les SE réfèrent aux bénéfices que soutirent les sociétés humaines de la nature. Ce concept vise à concevoir les écosystèmes en une série d’attributs, vecteurs de bien-être, qui rendent la vie possible à l’être humain (Boyd et Banzhaf, 2007). Les travaux de King (1966), Helliwell (1969) et Odum (1971) soulignaient déjà, dans les années 1960 et 1970, la dépendance de l’être humain à la nature et aux aménités qu’elle lui fournit. L’idée n’est donc pas nouvelle, mais elle a subi des reformulations la rendant plus opérationnelle et qui, surtout, en font un concept passerelle entre les sciences de la nature et les sciences humaines, l’économie en particulier. Les SE rappellent d’ailleurs d’autres conceptions de la relation être humain–nature, citons notamment la multifonctionnalité de l’agriculture¹.
Le raisonnement généralement accepté veut que ces SE naissent des structures et processus naturels, les structures étant les supports biotiques et abiotiques, alors que les processus relèvent des cycles et interactions entre ces supports (De Groot et al., 2002 ; MEA, 2005). Ainsi, considérant le capital naturel comme étant la réserve des ressources naturelles et environnementales ou l’ensemble des écosystèmes et du territoire, les SE représentent l’ensemble des bénéfices (p. ex. sociaux, économiques, sanitaires et spirituels) que tire l’être humain de ce capital, de sa gestion et de sa préservation jusqu’à sa création (Daily, 1997).
L’apparition d’un concept n’est jamais facile à dater précisément. On associe souvent le fort développement de leur analyse scientifique à la publication de l’ouvrage de Daily (1997), mais plusieurs mentions du concept de services provenant de la nature sont retrouvées dans une littérature plus ancienne de quelques décennies. Comme le proposent certains auteurs (Gómez-Baggethun et al., 2010 ; Daily et al., 2009 ; De Groot et al., 2010 ; Méral, 2010), l’histoire des SE peut être divisée en trois périodes.
La première période correspond à la création et au développement du concept de SE. À ce titre, citons les travaux et publications de King (1966), Helliwell (1969), Ehrlich et Ehrlich (1970), Dee et al. (1973), Ehrlich, Ehrlich et Holdren (1977), Westman (1977), Bormann et Likens (1979), Ehrlich et al. (1983) et De Groot (1987) qui font le lien entre fonctions et aménités de la nature et bien-être humain. On considère généralement la publication du rapport Study of Critical Environmental Problem (SCEP, 1970) publié par un groupe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology comme le début de la période d’émergence du concept de SE qui s’étend de 1970 à 1997. Même si ce rapport ne traite pas implicitement des SE, il adopte une approche holistique des problèmes environnementaux et fait aussi mention de services issus de la nature, tels le contrôle des espèces envahissantes, la pollinisation, la régulation du climat ou le contrôle de l’érosion (Mooney et Ehrlich, 1997). C’est environ une dizaine d’années après que le terme ecosystem services est utilisé pour une première fois dans le texte de Erhlich et Ehrlich (1981).
Cette période de la fin du xxe siècle est témoin de grands changements en environnement et en économie. Les écrits d’Odum (1971) et de Meadows (Meadows et al., 1972), tout comme l’ensemble des travaux scientifiques en environnement sur la dynamique des systèmes et la thermodynamique, changent la vision qu’on a de la nature, d’un point de vue utilitariste également. C’est donc devant cette nouvelle vision des écosystèmes que se développent aussi de nouvelles visions de l’économie (Godard, 2004 ; Røpke, 2004, 2005). Une approche économique associant une forte composante de biologie et intégrant les principes thermodynamiques et de flux énergétiques des écosystèmes mène au développement de l’école de l’économie écologique (Costanza et Daly, 1987 ; Godard, 2004 ; Røpke, 2004, 2005). D’autre part, les économistes néoclassiques intègrent la réalité environnementale par l’adoption d’une variable supplémentaire aux modèles de la fonction de production et à la mesure des externalités. Il est possible de relier cette démarche à l’école de l’économie de l’environnement et des ressources naturelles (Godard, 2004).
Ces courants économiques ont des objectifs de recherche qui se portent sur la dynamique de la biodiversité et les écosystèmes et peuvent avoir recours à des outils de marché pour en faire une évaluation économique. En ce sens, Pearce et Morgan (1994) définissent ainsi la relation entre nature, économie et politique :
1. la biodiversité est menacée ; 2. elle l’est à cause des activités humaines ; 3. lesquelles n’intègrent pas les coûts et les avantages liés à la biodiversité dans les processus de prise de décision (analyse coûts-avantages). 4. Pour sauvegarder la biodiversité, il convient de l’évaluer monétairement de manière à l’intégrer dans la prise de décision. CQFD (cité dans Méral, 2010, p. 10).
La publication phare de Costanza et al. (1997) sur la valeur des écosystèmes globaux ouvre la deuxième période historique des SE, celle de la médiatisation, qui s’étend de 1997 à 2005. En estimant à 33 × 10¹² $ US la valeur de 17 SE à l’échelle du globe, les auteurs marquent un important coup médiatique et scientifique. L’année 1997 voit aussi paraître le premier livre portant sur les SE (Daily, 1997), ouvrage recensant les caractéristiques et composantes des services issus des milieux naturels, les dommages que ceux-ci subissent et les conséquences potentielles sur les sociétés humaines. Ce livre constitue la base d’une série de démarches de transposition de services naturels en valeurs économiques. C’est durant cette période que les études sur l’évaluation économique des SE prennent leur véritable envol (Adamowicz, 2004 ; Christie, 2008 ; De Groot et al., 2012) et qu’on note un développement accru de ce champ épistémique.
La publication en 2005 de l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (EEM) vient participer activement à la reconnaissance institutionnelle de la valeur économique non marchande des SE. Ce rapport fait la synthèse de l’état des écosystèmes du globe et fournit des guides d’intervention et des pistes de réflexion pour les entreprises et décideurs quant aux actions à entreprendre afin de préserver le capital naturel et les services que celui-ci fournit aux communautés. Afin de contrer les atteintes anthropiques à la résilience et aux biocapacités des écosystèmes et de leurs services, les auteurs soulignent l’importance d’une reconnaissance économique de la participation des milieux naturels à la satisfaction des besoins humains.
Dans la foulée du rapport, nombreux sont les décideurs qui explorent cette avenue et créent par le fait même une nouvelle et forte demande institutionnelle pour des visions économiques alternatives des systèmes naturels (Paavola et Adger, 2008 ; McKenzie et al., 2011 ; Berman et al., 2012). Nous sommes donc entrés depuis 2005 dans une troisième période de la gestion économique contemporaine de l’environnement, celle du politique et de l’institutionnalisation des SE (Gómez-Baggethun et al., 2010 ; Daily et al., 2009 ; De Groot et al., 2010 ; Méral, 2010 ; Norgaard, 2010). Si la période actuelle se construit autour d’une nouvelle gouvernance environnementale, la recherche sur la valeur économique de la nature prend régulièrement une connotation transdisciplinaire. Les enjeux actuels se concentrent beaucoup sur les conditions de production de SE par les écosystèmes et la recherche d’outils d’intégration de ces valeurs pour la conception de politiques publiques (Heal, 2000 ; De Groot, Wilson et Boumans, 2002 ; MEA, 2005 ; Haines-Young et Potschin, 2008 ; Chevassus-au-Louis, Salles et Pujol, 2009 ; Fisher et al., 2009 ; Daily et al., 2009 ; De Groot et al., 2010 ; Méral, 2010 ; Rounsevell, Dawson et Harrison, 2010 ; TEEB, 2010 ; Berman, Quinn et Paavola, 2012 ; De Groot et al., 2012 ; Laurans et al., 2013).
C’est dans ce contexte que s’est développé cet ouvrage. Bien que, tant à l’échelle internationale que canadienne, on note une riche littérature sur la question, la recherche sur la valeur des services écosystémiques propre au Québec est relativement rare². Il nous apparaît donc pertinent de contribuer à la réflexion sur ce thème en réunissant une série de textes d’auteurs qui y réfléchissent à l’échelle québécoise. Si le terrain des études porte sur ce territoire, il n’en demeure pas moins que les questions soulevées et les réponses apportées s’appliquent à d’autres contextes et à d’autres échelles.
Nous nous attarderons ici aux enjeux et aux problèmes que doivent gérer les décideurs concernant la gestion du territoire et des biens publics qui lui sont associés. Rittel et Webber (1973) soulignent la complexité de ces problèmes en raison des nombreux liens de causalité et de la difficulté pour les gestionnaires de trouver des solutions simples et efficaces. Par leur nature, ces problèmes surviennent à la fois dans des contextes environnementaux et sociaux et évoluent sans nécessairement se stabiliser dans un état particulier. L’absence apparente d’une opinion publique partagée rend nécessaire la conception de solutions qui combinent à la fois des éléments scientifiques, sociaux et politiques (Sala et al., 2000 ; Loreau et al., 2001). Ces contraintes sont particulièrement exacerbées dans des situations où les arbitrages pour l’utilisation du territoire et des ressources sont nombreux, notamment en zone urbaine et périurbaine (Sala et al., 2000 ; Foley et al., 2005).
Cette complexité croissante rend nécessaire