Écologue et professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle, Philippe Clergeau nous explique pourquoi il est essentiel de réensauvager les villes, et comment s’y prendre grâce aux trames vertes et bleues.
SVHS : Vous avez consacré une bonne partie de votre carrière à l’écologie urbaine. À la fin du XX e siècle, c’était une discipline totalement ignorée, n’est-ce pas ?
Philippe Clergeau : Oui, ça l’était en France. Je me souviens que, dans les années 90, j’étais invité à des colloques au cours desquels j’échangeais avec des philosophes de l’urbain outrés d’entendre qu’on pouvait envisager de faire une place à la nature en ville, alors que c’est l’établissement humain par excellence ! Le positivisme actuel n’existait pas.
SVHS : Par quelles entrées la nature s’est-elle fait une place en ville ?
Du côté scientifique, les premières études proposaient une approche éthologique ou naturaliste. Les chercheurs du centre de l’Europe se demandaient s’il existait une. Mais l’entrée la plus efficace a été d’aborder les services que rend la nature, des services écologiques et écosystémiques. Au départ, quand j’intervenais auprès de collectivités, j’expliquais qu’il fallait sauver la biodiversité. Mais je n’étais pas écouté. Mon propos est devenu efficace à partir du moment où j’ai développé l’idée que la nature rend des services à l’homme.