SVHS : Qu’est-ce qui vous fascine chez les arbres ?
Francis Martin :Les arbres sont des êtres passionnants. Il ne faut pas les réduire à un morceau de bois. Leur complexité biologique est équivalente à celle des humains. Ils ont colonisé pratiquement tous les écosystèmes de notre planète, et ce depuis 300 millions d’années – un incroyable succès évolutif. Ce sont des altérités qui ont façonné la plupart de nos paysages terrestres. Ils nous survivront.
SVHS : Pourtant, pendant longtemps, on a d’abord pensé la forêt comme une ressource en bois de chauffage, de construction… Est-ce toujours le cas ?
Nos sociétés dépendent du bois depuis des millénaires. De nombreux massifs forestiers, tels que les chênaies de l’Allier, ont été plantés sous l’administration de Colbert, ministre de Louis XIV, dans le but de fournir du bois pour la Marine royale. En France, 90 % de la surface forestière est encore dédiée à la production de bois et, malheureusement, de nombreuses pratiques de gestion sylvicole, comme la coupe rase, ont un impact négatif sur la biodiversité et la qualité des sols. N’oublions pas que les forêts préviennent également les risques naturels, et bien entendu, elles accueillent les promeneurs. Comment concilier ces différents usages tout en préservant la biodiversité ? C’est un exercice délicat pour le forestier. Faut-il couper les arbres pour les centrales biomasse ou sanctuariser une forêt pour conserver une espèce d’insecte rare ? Aujourd’hui, la préservation de