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Espèces envahissantes d'ici et d'ailleurs: Synthèse sur les espèces envahissantes et présentation de 32 espèces
Espèces envahissantes d'ici et d'ailleurs: Synthèse sur les espèces envahissantes et présentation de 32 espèces
Espèces envahissantes d'ici et d'ailleurs: Synthèse sur les espèces envahissantes et présentation de 32 espèces
Livre électronique358 pages2 heures

Espèces envahissantes d'ici et d'ailleurs: Synthèse sur les espèces envahissantes et présentation de 32 espèces

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À propos de ce livre électronique

Comprendre le nouveau visage de la biosphère

Alerte ! Algues tueuses, plantes allergisantes, insectes ravageurs, pigeons contagieux, méduses géantes et autres espèces au tempérament envahissant défrayent de plus en plus souvent la chronique. Leurs proliférations sont difficilement maîtrisables et bouleversent les écosystèmes.

Quel est le portrait-robot de ces super-espèces ? À l’heure où tant d’autres espèces sont en voie d’extinction, quelles sont les clés de leur formidable succès ? Quelles nuisances peuvent-elles provoquer sur le plan environnemental, économique ou sanitaire ? À qui la faute ? Pourquoi est-il si difficile de les maîtriser ? Où en est la recherche de solutions durables et efficaces ? Que pouvons-nous faire à notre échelle ?

Alors que l’Union européenne vient de mettre en application son tout premier règlement sur la prévention et la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, cet ouvrage offre de nombreux repères pour mieux comprendre les invasions biologiques. Il suggère des solutions innovantes pour en réduire les dommages, mais aussi pour apprendre à vivre avec ce nouveau phénomène planétaire.

Une synthèse inédite sur les espèces envahissantes d’ici et d’ailleurs, suivie d’une présentation détaillée de 32 d’entre elles

EXTRAIT

Pour bien comprendre la notion d’invasion biologique, il est utile de commencer en faisant le point sur les mécanismes qui régulent et stabilisent les effectifs de toute population. Ces processus universels concernent aussi bien les bactéries, les algues et les champignons que les plantes supérieures ou les espèces animales. Une espèce en particulier permet d’illustrer les mécanismes de régulation : le hareng de l’Atlantique. Il est l’un des poissons marins les plus abondants au monde et représente une véritable aubaine pour la pêche. Ses fluctuations d’abondance et ses mécanismes de régulation n’ont eu de cesse d’intriguer des générations entières de pêcheurs et de scientifiques...

A PROPOS DES AUTEURS

Étienne Branquart et Guillaume Fried sont tous deux ingénieurs agronomes et docteurs en sciences. Ils font partie du groupe d’experts sur les plantes invasives de l’Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes (OEPP) ainsi que du forum chargé de fournir à la Commission européenne le support scientifique nécessaire à la mise en œuvre du nouveau règlement sur les espèces exotiques envahissantes.
LangueFrançais
ÉditeurMardaga
Date de sortie20 janv. 2016
ISBN9782351911624
Espèces envahissantes d'ici et d'ailleurs: Synthèse sur les espèces envahissantes et présentation de 32 espèces

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    Aperçu du livre

    Espèces envahissantes d'ici et d'ailleurs - Etienne Branquart

    À nos compagnes, Nathalie et Aude, à nos filles, Violette et Chloé, pour leur patience et les nombreux moments que l’écriture de ce livre leur a dérobés.

    Personne ne sait encore si les espèces envahissantes peuvent aider à reconstruire des écosystèmes capables de fournir les services écologiques dont nous dépendons tous au quotidien ou si elles vont transformer le monde en une « soupe toxique ». Tout ce que nous savons, c’est que notre destin leur est de plus en plus lié. Ces espèces sont aujourd’hui les grandes gagnantes face au processus impitoyable de la sélection naturelle.

    Si la vie s’apparente effectivement à la survie des plus forts, alors les plus forts sont arrivés. Il est temps pour nous de faire connaissance avec toutes ces super-espèces qui nous entourent. Pour le meilleur ou pour le pire, elles représentent le nouveau visage de la biosphère.

    Garry Hamilton, Super Species, Firefly Books, 2010.

    Préface


    Espèces envahissantes d’ici et d’ailleurs paraît dans la foulée de la première réglementation relative aux espèces exotiques envahissantes adoptée par l’Union européenne (Règlement (UE) no 1143/2014), en vigueur depuis le 1er janvier 2015. Celle-ci a pour objectif de restreindre les nuisances provoquées par les espèces exotiques envahissantes. Les actions instaurées visent d’une part à limiter leur introduction dans les différents pays de l’Union européenne et, d’autre part, à les combattre le plus rapidement possible là où elles parviennent à s’installer. Ces deux axes constituent les piliers de toute stratégie de biosécurité et cet ouvrage les illustre avec beaucoup d’à-propos.

    La publication de ce livre tombe à point nommé, expliquant les raisons pour lesquelles certaines espèces deviennent envahissantes et nocives pour les habitats naturels et pour les espèces qui les occupent. Étienne Branquart et Guillaume Fried ont extrait de la littérature scientifique de nombreux cas d’invasions biologiques, plus spectaculaires les uns que les autres, et en détaillent l’origine et les conséquences. Les exemples traités dans le livre incluent aussi bien des plantes que des animaux, évoluant dans les milieux terrestres, marins ou d’eau douce.

    Leur ouvrage dépasse à double titre le cadre strict de ce nouveau règlement. Tout d’abord, il traite des espèces envahissantes originaires d’ici et d’ailleurs, alors que seules les exotiques sont approchées par le législateur européen. Les unes comme les autres prospèrent facilement dans les milieux perturbés par les activités humaines. Les hommes ont détruit les forêts, labouré les prairies, empoisonné la terre et les eaux à grand renfort de pesticides et de fertilisants, fragmenté les habitats naturels en construisant des routes, drainé marais et marécages et causé une myriade d’autres dommages aux écosystèmes. Ces différentes perturbations portent atteinte aux espèces qui évoluent habituellement dans les milieux naturels, mais elles profitent en revanche aux espèces envahissantes, plus dynamiques et plus à même de s’y adapter¹. Fort de ce constat, il faut avant tout réparer les habitats endommagés par l’homme pour limiter la prolifération des espèces envahissantes. Cet ouvrage montre que cet objectif peut être atteint en restaurant des réseaux trophiques fonctionnels, en favorisant le retour des grands prédateurs, en réhabilitant la végétation dégradée et en diminuant la quantité de composés chimiques injectés dans l’environnement. Les auteurs nous invitent aussi à repenser la manière de gérer et de produire nos ressources, en considérant l’écosystème dans son ensemble plutôt qu’en recherchant la productivité maximale d’un très petit nombre d’espèces.

    Espèces envahissantes d’ici et d’ailleurs se singularise également par la description de nombreuses espèces envahissantes : 32 sont décrites en détail, et beaucoup d’autres servent d’exemples pour illustrer certaines particularités des invasions biologiques. Le nouveau règlement européen ne concerne quant à lui qu’un nombre réduit d’espèces envahissantes qui, après négociation, seront sélectionnées par les différents États membres de l’Union. De toute évidence, la liste d’espèces de préoccupation européenne ne comprendra dans un premier temps que quelques dizaines d’espèces exotiques envahissantes encore peu répandues sur le continent européen et pour lesquelles il existe une description détaillée de leurs nuisances environnementales potentielles². Même si cette liste est dynamique et que d’autres espèces pourront y être ajoutées par la suite, le nouveau texte ne concernera au final qu’une très faible fraction des 12 122 espèces exotiques aujourd’hui naturalisées en Europe³, selon un décompte récent. Nombre d’espèces ne feront jamais partie de cette liste parce qu’elles sont déjà trop répandues ou représentent une importante source de revenus dans certains secteurs d’activités. Tel est le cas du vison d’Amérique (Neovison vison), élevé en masse pour la production de fourrure en dépit des nuisances occasionnées par ses populations sur la biodiversité.

    Je suis convaincu que cet ouvrage sensibilisera le public et les décideurs à l’ampleur des problèmes engendrés par les espèces envahissantes et à l’influence de la dégradation de l’environnement sur leur prolifération. Il contribuera ainsi à susciter l’intérêt et la vigilance nécessaires pour permettre à ce nouveau règlement d’inaugurer l’entrée dans une nouvelle ère en matière de prévention et de gestion des invasions biologiques.

    Daniel Simberloff

    Directeur de l’Institut sur les invasions biologiques de l’Université du Tennessee et professeur titulaire de la chaire Nancy Gore Hunger sur les études environnementales.

    Introduction


    Les mécanismes de régulation chez le hareng

    Pour bien comprendre la notion d’invasion biologique, il est utile de commencer en faisant le point sur les mécanismes qui régulent et stabilisent les effectifs de toute populationI. Ces processus universels concernent aussi bien les bactéries, les algues et les champignons que les plantes supérieures ou les espèces animales. Une espèce en particulier permet d’illustrer les mécanismes de régulation : le hareng de l’Atlantique. Il est l’un des poissons marins les plus abondants au monde et représente une véritable aubaine pour la pêche. Ses fluctuations d’abondance et ses mécanismes de régulation n’ont eu de cesse d’intriguer des générations entières de pêcheurs et de scientifiques⁴...

    1. Les harengs pourraient-ils envahir la mer ?

    Voyageur impénitent, le hareng se déplace en bancs compacts (doc. 1) dans les mers froides bien oxygénées, où il se nourrit d’organismes planctoniques. On le retrouve de part et d’autre de l’Atlantique Nord, dans le Labrador, la mer de Norvège, la mer du Nord et la mer Baltique. À la saison des amours, il forme des rassemblements de plusieurs millions d’individus à proximité des côtes, des hauts-fonds et des estuaires. Sa prolificité est extraordinaire : chaque femelle pond annuellement jusqu’à cent mille œufs qu’elle dépose en amas denses sur des bancs de graviers situés à quelques dizaines de mètres sous la surface de l’eau. Dans son livre La Mer (1861)⁵, Jules Michelet écrit à ce propos :

    « Dans ce monde, qui ne connaît pas l’union fixe, le plaisir est une aventure, l’amour une navigation. Sur toute la route, [les harengs] épanchent des torrents de fécondité. À deux ou trois brasses d’épaisseur, l’eau disparaît sous l’abondance incroyable du flux maternel où nagent les œufs de harengs. C’est un spectacle, au lever du soleil, de voir aussi loin qu’on peut voir, à plusieurs lieues, la mer blanche de la laitance des mâles. Épaisses, grasses et visqueuses ondes, où la vie fermente dans le levain de la vie. Sur des centaines de lieues, en long et en large, c’est comme un volcan de lait, et de lait fécond qui a fait son éruption, et qui a noyé la mer. [...] Telle est la mer. Elle est, ce semble, la grande femelle du globe, dont l’infatigable désir, la conception permanente, l’enfantement, ne finit jamais. »

    Ce don de la mer n’a pas manqué de susciter effroi et fascination. Au point que Michelet, Buffon et d’autres auteurs ont même parlé d’excès de fécondité, craignant que la descendance de ce poisson « monstrueux » ne représente une menace pour les océans si l’homme venait à arrêter de le pêcher. On sait aujourd’hui que ces considérations étaient particulièrement candides. En l’absence de prélèvements par l’homme, les harengs ne peuvent bien sûr pas combler les mers, et ce même s’ils sont très prolifiques ! Les pertes encourues tout au long de leur cycle de développement sont énormes, surtout lors de la ponte et des premiers stades larvaires. En bout de course, seule une très faible fraction des œufs pondus aboutit à la production d’adultes en âge de se reproduire.

    Le hareng a constitué très tôt un formidable moteur de développement économique pour toutes les villes portuaires du nord de l’Europe, du Québec et de la Nouvelle-Angleterre. Cela fait des siècles que l’Atlantique Nord est sillonné par des flottes pêchant annuellement des dizaines, puis des centaines de milliers de tonnes de poissons. En dépit de fluctuations d’abondance plus ou moins fortes d’une année à l’autre, des populations foisonnantes de harengs s’y maintiennent depuis des milliers d’années. Cette constance remarquable résulte des mécanismes de régulationII de ses populations, qui réduisent à la fois les risques d’extinction locale et de surdensité.

    Doc. 1 – Les harengs habitent toutes les mers froides du globe, dans lesquelles ils migrent en bancs compacts pour se protéger de leurs prédateurs.

    2. Au cœur des chaînes alimentaires

    Les organismes vivants passent la plus grande partie de leur existence à se nourrir et à se protéger contre d’éventuels prédateurs. Les liens trophiques qui les relient (« qui mange qui ? ») forment les chaînes alimentaires. Elles sont constituées de différents maillons ou niveaux trophiquesIII occupés par des organismes de plus en plus grands.

    Dans l’Atlantique Nord, le régime des vents et les courants marins provoquent des remontées de sels minéraux plus ou moins importantes. Ceux-ci constituent le fondement des chaînes alimentaires et influencent la productivité primaireIV de tout l’écosystème : plus il y a de sels minéraux dans l’eau, plus il y a de phytoplanctonV (niveau trophique I). Celui-ci nourrit une multitude de petits invertébrés « herbivores » formant le zooplancton (niveau trophique II), qui alimentent à leur tour les harengs et d’autres petits poissons planctonivores comme le maquereau, la sardine ou le sprat (niveau trophique III). Ces derniers finiront un jour sous la dent du cabillaud et des autres grands prédateurs trônant tout en haut de la chaîne alimentaire (niveau trophique IV) (doc. 2).

    Le hareng occupe une position centrale dans cette chaîne : il est tout à la fois le plus grand consommateur de plancton et une proie essentielle pour les phoques, les goélands, les cabillauds, les thons rouges et d’autres poissons piscivores. À lui seul, il canalise une part importante de l’énergie circulant dans l’écosystème.

    Doc. 2 – Chaîne alimentaire dans les eaux côtières de l’Atlantique Nord. D’après l’infographie du projet EyeOverFishing⁶.

    I. Le phytoplancton

    Les courants marins et les vents assurent la circulation des nutriments. Combinés à l’énergie du soleil, ils permettent le développement des algues microscopiques constitutives du phytoplancton (ou plancton végétal). Le phytoplancton est consommé par...

    II. Le zooplancton

    ... les petits crustacés et les autres animalcules du zooplancton (ou plancton animal). Leur taille est de l’ordre du millimètre ou du centimètre. Le zooplancton alimente...

    III. Les planctonivores

    ... les méduses et différentes espèces de petits poissons planctonivores parmi lesquels domine le hareng de l’Atlantique. À l’état adulte, leur taille est comprise entre 5 et 50 cm. Ces organismes figurent au menu...

    IV. Les grands prédateurs

    ... des grands prédateurs marins que sont le cabillaud, le thon rouge, les goélands, les phoques... et l’homme. Leur taille excède 50 cm.

    Ces différents organismes forment ensemble la chaîne alimentaire marine, constituée ici de quatre niveaux trophiques différents (I-IV).

    3. Régulation ascendante et régulation descendante

    Le nombre d’œufs pondus par le hareng et la survie de ses alevins dépendent tous deux de la quantité de zooplancton disponible dans l’environnement. Le hareng tend à proliférer quand le plancton abonde et, à l’inverse, il régresse quand le plancton se raréfie. L’abondance du plancton et celle du hareng fluctuent ainsi de manière synchrone. Ce mécanisme fondé sur la disponibilité en plancton et la compétitionVI entre les poissons qui s’en nourrissent est qualifié de régulation ascendanteVII, c’est-à-dire du bas vers le haut de la chaîne alimentaire (doc. 3).

    Doc. 3 – Mécanismes

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