RÉINVENTER LA TERRE
Voici venu le temps du monde fini, qu’il s’agisse des terres agricoles, de l’eau potable, des ressources minérales et organiques. La planète a été vidée et saccagée. Les sacs plastique, la pollution aux métaux lourds et aux pesticides, les déchets radioactifs et les perturbateurs endocriniens constituent la rançon de la surexploitation incontrôlée de la planète par son prédateur numéro un : l’homme.
Mais celui-ci est sourd. Déjà en 1972, le rapport Meadows mettait en garde contre ce processus de dégradation. Vingt ans plus tard, Edgar Morin sonnait à son tour l’alerte, pointant le danger existentiel subi par notre Terre-Patrie (1993). Depuis, inlassablement, le sociologue répète que « nous n’avons pas la conscience que nous marchons vers l’abîme ». À l’occasion des 100 ans du philosophe, L’Avenir de Terre-Patrie. Cheminer avec Edgar Morin a réuni une cinquantaine de scientifiques et d’intellectuels, à l’initiative de l’universitaire Alfredo Pena-Vega. Au menu: changement climatique, pandémies, érosion de la biodiversité, habitabilité du monde. De ces contributions se dégage un impératif : se réinventer. Mais quelles voies emprunter ?
La plus classique relève du volontarisme, l’économiste dresse la généalogie de cette . Aux critères habituels d’analyse – production, salaires, profits, idéologies, institutions –, il ajoute des soubassements écologiques : parcelles, gisements, climat… Mais il ne se contente pas de définir les grandes périodes du capitalisme: croissance verte et travail contraint jusqu’au xix siècle ; productivisme et sur le siècle 1870-1970; et depuis, néolibérale. Il prend parti dans les débats actuels, dénonçant les de la fiscalité verte et des marchés carbone qui ne tiennent pas compte des inégalités entre groupes sociaux. Il vitupère aussi les indices boursiers « verts » généreusement distribués à des industries polluantes et les spéculations globales sur les terres agricoles et des semences voraces en produits chimiques.
