Sur tous les continents, des hommes et des femmes luttent pour l’environnement. Paris Match a rencontré cette biologiste et plongeuse militante
C’est en observant les crabes sur les plages de Floride qu’est née son envie de préserver les fonds marins
De notre envoyé spécial à San Francisco Romain Clergeat
Les Américains la surnomment « Her Deepness ». Sa Majesté des profondeurs. Et James Cameron « La Jeanne d’Arc des océans ». À 88 ans, après avoir passé l’équivalent de deux cent quatre-vingt-douze jours sous l’eau, Sylvia Earle est un monument de la conscience écologiste. Biologiste, océanographe, exploratrice et première femme à la tête de la NOAA (l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, qui régule les questions environnementales aux États-Unis), cette petite femme au regard malicieux mais si doux connaît la mer mieux que quiconque.
Une fascination née sur la côte du New Jersey puis de Floride. La petite fille passe son temps à observer sur la plage les crabes sortir de leur trou. Très vite, elle réclame un masque, un tuba et des palmes. C’est la révélation pour elle et, pour ses parents, l’enfer. Autant demander à la jeune passionnée de sortir de l’eau qu’à un poisson de grimper aux arbres ! Davantage qu’à la faune marine, c’est aux algues qu’elle voue une passion. Sylvia accumule les herbiers (plus de 20 000 échantillons !) et finit par passer un doctorat en botanique à la prestigieuse Duke University. Ses recherches sur les algues du golfe du Mexique font d’elle la spécialiste mondiale du phytoplancton et elle devient chercheuse à Harvard.
Mais cette scientifique n’est pas