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Il te faudra apprendre: Roman
Il te faudra apprendre: Roman
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Livre électronique238 pages3 heures

Il te faudra apprendre: Roman

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À propos de ce livre électronique

Clovis, dix-sept ans, vit seul avec sa mère. Il ne rêve que d’évasion et de voyage, passant le plus clair de son temps adossé contre son arbre à contempler l’horizon. Tous deux mènent une vie paisible lorsqu’un soir, un étranger vient frapper à leur porte, sollicitant leur hospitalité… C’est le début d’une initiation pour le jeune garçon. Une rencontre providentielle où il apprendra ce qu’est la vie, ses mécanismes psychiques mais aussi spirituels. Un parcours qu’il entreprendra avec curiosité, insouciance et qui le mènera vers ce qu’il a de plus profond en lui.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Fabrice Liaudet pratique le yoga depuis dix ans et depuis peu le Do-In. C’est en exerçant ces deux disciplines qu’il a pu se recentrer, affiner cette recherche spirituelle et mettre en pratique une philosophie de vie adaptée. Il s’est intéressé aussi à la photographie, qu’il exerce depuis une dizaine d’années, partageant ses clichés en exposition. Des années de recherches plus tard et la maturité étant, Il a pris la décision d’écrire ce premier roman, Il te faudra apprendre, qui permettra aux lecteurs d’améliorer leur quotidien.
LangueFrançais
Date de sortie1 juin 2020
ISBN9791037708403
Il te faudra apprendre: Roman

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    Il te faudra apprendre - Fabrice Liaudet

    1

    Il avait dix-sept ans lorsqu’il le rencontra pour la première fois et il se souvenait encore de cet instant comme si c’était hier. Il avait débarqué chez eux un soir d’automne ; une fraîcheur soudaine s’immisçant sous sa petite veste avec une ferveur frisant l’indécence ; les premières feuilles du grand chêne commençant tout juste à tomber, le ciel de plus en plus terne.

    Il rentrait du bois comme toujours, en prévision d’un hiver que les anciens du village prévoyaient rude.

    Comme chaque année, pensa-t-il.

    Chaque bûche, chaque morceau, même le plus insignifiant fût trié et transporté sous la grande remise.

    Clovis s’obstina jusqu’à grimacer de douleur, jusqu’à ne plus pouvoir gérer ce mal qui le rongeait depuis trop longtemps. Une douleur tenace dut à un accident lorsqu’il était enfant. Il devait gérer cela seul ; sans vraiment pouvoir en parler. Si ce n’était qu’à sa mère. Car son père n’était plus de ce monde et il n’avait de souvenirs que ses mains rocailleuses lorsque de temps à autre – un peu trop souvent à son grand désespoir – elles venaient percuter de plein fouet son visage. Il n’était pas vraiment une petite teigne, un peu effronté peut-être, comme pouvait l’être n’importe quel enfant, toujours en éveil, la verve haute et le sens inné de ce qu’il estimait être juste, et ce que son père lui faisait subir ne l’était en aucun cas. Il était battu, simplement parce qu’il existait, par ce qu’un beau jour de printemps, sa mère l’avait mis au monde dans la plus stricte intimité.

    Son bourreau était là, guettant ses moindres faits et gestes, lui reprochant chaque seconde d’être apparu trop soudainement dans sa petite vie tranquille ; comme en d’autres temps où les enfants n’étaient pas toujours désirés, et il n’avait pas échappé à cette règle.

    Mais Clovis s’affirmait chaque jour un peu plus sous les coups répétés ; ceux-là mêmes qui venaient le tirer de ses rêvasseries perpétuelles.

    Il était un « doux rêveur », comme disait sa mère et un rêveur, ça ne permet pas de nourrir sa famille ! Le seul petit reproche qu’elle pouvait lui faire, tant elle l’aimait ; un rempart bien fragile, mais consolidé par un amour inconditionnel.

    Alors, tous deux continuèrent de vivre, à espérer des jours meilleurs, plus sereins, sans violence… Une mère qui malgré une vie difficile, venait quand elle le pouvait, l’envelopper d’une infinie tendresse ; le réconforter, lui donner cet amour qui l’aida finalement à se construire.

    Ce fut une enfance de dureté, parsemée ici et là d’un amour sans failles ; la bonté même contre la tyrannie ; jusqu’à ce jour où celui qui fut son bourreau eut un accident mortel.

    Clovis n’a jamais vraiment su de quelle façon cela était arrivé et lorsqu’il interrogeait sa mère elle changeait de sujet, lui demandait de ne pas insister, car « toutes les vérités ne sont pas bonnes à être révélées », voilà ce qu’elle finissait toujours par répondre, le laissant encore à ce jour dans le questionnement…

    Quant au mal qui rongeait la jambe de Clovis, il restait lui aussi très trouble : un coup de sabot, rien de plus que cela, aucun autre détail, il n’a donc plus jamais rien demandé, ni pour son accident ni pour son père.

    Alors ce soir-là quand cet homme est venu frappé à leur porte, il a senti son cœur s’accélérer, son sang couler dans ses veines à la vitesse d’un cheval au galop. Que voulait-il ?

    Il s’est d’abord présenté très poliment, puis s’est excusé pour le dérangement.

    Clovis a tout d’abord ressenti quelque chose d’indescriptible quand ses yeux d’un bleu profond l’ont dévisagé, alors qu’il expliquait à sa mère qu’ils n’avaient rien à craindre et qu’il cherchait du travail. Il lui a semblé l’espace d’un instant que le temps venait de s’arrêter. Son regard l’a enveloppé d’une énergie jusque-là jamais ressentie, alors qu’il ne connaissait cet homme que depuis deux minutes et pourtant, il lui semblait le connaître depuis toujours, comme deux chemins que tout oppose et qui finissent par se rencontrer.

    C’était un grand gaillard taillé pour le travail à la ferme, la quarantaine tout au plus, cheveux grisonnants et habillé très sobrement ; il avait un sac à dos de couleur rouge posé sur son épaule et un petit sac en toile de jute. La mère de Clovis l’a dévisagé avec méfiance, les étrangers de passage dans la région n’étaient pas habituels et encore moins lorsqu’il venait frapper à leur porte.

    « Je ne vous demande rien comme rémunération, sinon de quoi me nourrir et un petit coin dans votre étable… Je me ferais discret le reste du temps et ne vous importunerais d’aucune façon. »

    Son langage respirait la poésie, il sentait bon l’élégance, tout en lui sinon son apparence quelconque, indiquait une certaine culture.

    Sa mère hésita ; veuve depuis dix ans, elle restait méfiante. Leur demeure était quelque peu isolée et les étrangers de passage étaient rares dans les environs, il n’y avait que les voisins qui de temps à autre, venaient leur rendre visite. Mais, ils avaient besoin de main-d’œuvre, l’hiver se préparait tout doucement, et son fils ne pouvait l’aider comme il se devait. Alors elle lui demanda ce qui l’avait poussé à venir chez eux.

    « Rien, sinon le hasard et votre demeure m’a inspiré confiance.

    — Très bien, répondit-elle. Trouvez-vous un coin dans l’étable… Mais au moindre problème, vous partez, c’est compris.

    — Je ne vous causerai aucun souci, n’ayez crainte. Merci beaucoup ! »

    L’homme se retira avec déférence, tout en lui inspirait la bonté ; son visage, son regard, ses manières. Rien en lui ne poussait à ressentir de la méfiance. Clovis en fut presque chamboulé. Il n’avait jamais éprouvé un tel sentiment. Il ne connaissait pas cet homme et pourtant une petite voix intérieure lui insufflait d’avoir confiance. La mère de Clovis après avoir fermé la porte, lui fit aussitôt quelques recommandations.

    « Ne t’approche pas de cet homme tu m’entends, c’est un étranger, on ne connaît rien de lui !

    — Mais maman, répondit Clovis étonné, il n’a pas l’air méchant, comment peut-on le juger alors que l’on ne connaît rien de lui ?

    — Tu as raison, on ne connaît rien de lui, et je ne le juge aucunement, mais c’est par ce que nous ne savons rien de cet homme qu’il nous faut rester prudent. C’est entendu ?

    Sa mère le regarda fixement, car Clovis était du genre têtu.

    — Oui, c’est promis.

    — Vraiment ? insista-t-elle.

    — Oui vraiment, je te le promets. »

    Elle fit demi-tour, remit une bûche dans l’âtre et poussa avec le tisonnier pour la faire tenir. Le feu se mit à crépiter. Une douce lumière illumina la grande pièce, enveloppant chaque espace d’une chaleur réconfortante. Clovis ne put s’empêcher de penser à l’étranger. Ils étaient là, bien au chaud, le soleil déclinant derrière un horizon qu’un voile orangé drapait sur toute sa surface, et cet homme logeait dans la grange. Il ne trouvait pas ça équitable. Mais sa mère avait raison, ils ne connaissaient rien de lui, de sa vie, ce qui l’avait poussé à venir chez eux. Était-ce le hasard, une étrange providence ? Pourtant elle avait accepté son aide et lui avait offert le gîte et le couvert. Les adultes se fourvoyaient parfois dans un étrange paradoxe.

    2

    La soupe était chaude. Helena prépara un plateau, y déposa une assiette et une cuillère, ainsi qu’un morceau de pain. Elle revêtit un châle de fortune légèrement troué puis s’apprêta à sortir.

    Clovis ouvrit la porte et sentit l’air glacé pénétrer la pièce ; une bataille inégale du froid contre la chaleur sembla se percuter et résonner dans un écho presque morbide. Mais ce n’était qu’un courant d’air sifflant à travers l’embrasure de la porte qu’il se hâta de refermer. Alors qu’Helena affrontait la pénombre et la fraîcheur que la nuit avait refroidies avec vivacité, Clovis attendait, posté de l’autre côté de la porte, bien au chaud et d’un calme qui le surprit. Il laissait sa mère seule avec un parfait inconnu et pourtant il n’éprouvait aucune inquiétude. Une petite voix intérieure lui soufflait avec une infinie délicatesse de ne pas s’inquiéter. Ce qu’il n’entendait pas directement, sans vraiment le comprendre, le rassurait ; tels un allier familier et bienveillant, une source réconfortante qui l’apaisait et lui procurait une paix intérieure. Clovis ne comprenait pas ce qui se passait et pourtant cela lui semblait tellement naturel.

    La porte s’ouvrit brusquement. Helena frissonna et se rapprocha de la cheminée.

    « L’hiver est déjà là, il commence à faire froid ! dit-elle en se frottant les mains au-dessus des flammes.

    — Alors ? demanda Clovis.

    — Alors quoi, mon fils ?

    — Il est bien installé, il t’a dit quelque chose ?

    — Tu me sembles bien curieux.

    — Non… Juste que… Il fait froid et que nous…

    — Écoute Clovis, il y a encore quelques jours, cet homme couchait peut-être dehors… Il s’est aménagé un coin douillet dans le foin, à l’abri des intempéries ; il m’a chaleureusement remercié pour ensuite savourer ce bon repas chaud que je lui ai apporté. Voilà. Tu es rassuré ? finit-elle avec un large sourire.

    — Je ne m’inquiète pas… Je voulais juste savoir s’il était bien installé, c’est tout…

    Elle l’enveloppa de ses bras avec tendresse, déposa un baiser sur sa joue et le regarda quelques secondes sans rien dire.

    — Allez grands bennais. Allons souper nous aussi. »

    3

    Cette nuit-là fut troublée par un étrange rêve. Clovis se vit flotter au-dessus de son corps, qu’il regardait étendu sur son lit, inanimé, presque sans vie. Il n’éprouvait aucune peur et le regard qu’il déposa sur ce qui s’apparentait à une simple enveloppe, était rempli d’un amour inconditionnel. C’était bien lui étendu sur ce petit lit de fortune, et pourtant ce corps qui était le sien semblait appartenir à quelqu’un d’autre ; une coque vidée d’une substance inconnue, dépourvue de sens et qui lui parut un court instant sans importance. Il se trouvait suspendu, rattaché à un fil invisible, ne faisant qu’un avec l’immensité d’un espace qui lui apparut sans limites. Ce qu’il ressentit fut une liberté jamais éprouvée, un sentiment de bien être dépourvu de toutes pensées parasites, un océan de bonheur où aucune entrave ne venait barrer cette liberté. Pourtant, même s’il n’avait aucune envie de réintégrer ce petit corps frêle, une force plus grande encore que cet état de transe l’obligea à y replonger.

    4

    Il se réveilla en sursaut ; des gouttes de sueur coulant le long de sa tempe, le cœur tambourinant dans sa poitrine et le souffle coupé. Jamais il n’avait fait un tel rêve ! Clovis revoyait chaque image avec une netteté quasi irréelle. Il se surprit même à se palper, se toucher le corps, ses bras, ses jambes… Chaque partie fut examinée, sans vraiment savoir pourquoi ; comme si pour la première fois depuis sa naissance, il prenait conscience de son anatomie

    Que m’est-il arrivé ? se demanda-t-il.

    Puis ses paupières se firent lourdes ; engourdies par un sommeil, qui pourtant ne l’aida pas à s’endormir. C’est lorsque le chant du coq annonça le lever du soleil qu’il prit l’initiative de sortir de son lit. Lui qui d’ordinaire aimait prendre son temps, flemmarder, en étirant chaque membre de ce corps qui l’avait abandonné le temps d’un rêve étrange. Afin de chasser ces images de son esprit, il essaya de deviner la couleur du ciel qui transperçait la petite lucarne et que le temps avait fini par souiller. Il faisait beau, la lumière était vive, le ciel d’un bleu délavé.

    Ce fut à partir de ce jour, à l’instant où ses pieds nus se posèrent sur les lames d’un bois presque vermoulu, que tout bascula. Il ne le savait pas encore, ses pensées encore affectées par un songe surnaturel ; mais quand bien même ! Aurait-il pu se douter un seul instant qu’un long chemin l’attendait, que ce destin qui l’avait presque renié allait enfin se manifester ?

    Je suis un oublié de dieu, pensait-il parfois, même si dans un étrange paradoxe, il n’était pas croyant ; juste assez pour imaginer que ce vieux bonhomme l’avait délaissé et qu’à ses yeux il n’était qu’une brebis de plus dans son immense pâturage.

    5

    Clovis était assis contre le grand chêne ; celui qui trônait en maître absolu au fond de leur cour. Il rêvassait ; appuyé contre son tronc, les yeux fermés, s’abandonnant dans un monde peuplé de monstres imaginaires qu’un chevalier à l’armure flamboyante combattait avec courage et pugnacité. Ses angoisses nocturnes s’apaisèrent, pour enfin disparaître. Il aimait être là, sentir l’écorce tiède lui réchauffer le dos. C’était un arbre centenaire et il avait dû en voir des choses, des bonnes des mauvaises. Ce témoin du temps passé aurait tant d’histoires à raconter, tant de souffrance à révéler, de bonheur à partager. Il s’y sentait bien et tellement petit face à ce dinosaure végétal. C’était toujours ici qu’il finissait sa journée, ou quand il n’avait rien d’autre à faire que de rêvasser. Le regard rivé sur un horizon lointain, qu’un soleil levant colorait de mille couleurs. C’était un instant magique et il se surprenait souvent à imaginer ce qui se trouvait de l’autre côté, au-delà de ces champs de terres brunes, qu’une brise légère caressait avec courtoisie. Il n’avait jamais quitté la propriété ; seulement pour se rendre au village, quatre kilomètres au total aller-retour. Clovis ne pouvait guère aller plus loin, à cause de cette satanée jambe ! Le trajet suffisait à le faire grimacer de douleur et lui sapait le moral, écrasant par la même occasion ses désirs de voyage les plus insensés. À son grand désespoir, il tentait de rester lucide quant à son avenir ; jamais il ne quitterait sa ferme, jamais il n’irait plus loin que le village, et envisager un seul instant pouvoir se rendre ailleurs n’était pas concevable. Alors, il observa, rêva qu’il pouvait en une seule enjambée traverser ces contrées lointaines et se sentir léger, ivre de bonheur. Mais à quoi bon imaginer tout ça !

    6

    La fin de journée arrivait à son terme et Clovis n’avait rien fait, sinon se prélasser. Il était toujours adossé contre son arbre, là où le temps n’avait plus d’emprise sur lui. La fraîcheur commençait à se faire sentir. Et pourtant il n’avait pas envie de bouger, son corps tout entier semblait comme aimanté, ne faisant qu’un avec ce tronc immense. Une brise légère caressa son visage et lui fit l’effet d’un baume apaisant. C’était la première fois qu’il restait une journée entière à ne rien faire. Sa mère était partie donner un coup de main pour préparer la fête du village. Une petite commémoration pour un soldat tué pendant la Seconde Guerre mondiale et qui avait joué un rôle important dans ce petit village de trois cents habitants. Grâce à lui, avait expliqué sa mère, les Allemands n’avaient pu détruire leur charmante bourgade. Clovis ne savait plus trop comment cela s’était passé ni ce que cet homme avait bien pu faire. Tout ce dont il était certain c’est que cette fête allait être fantastique ! Voilà pourquoi il s’était permis de ne rien faire. Bien entendu, les recommandations avaient été de mise : ne pas s’éloigner en laissant la maison ouverte – même s’il n’y avait pas de voleurs dans la région.

    « Il ne faut pas tenter le diable », avait dit maman.

    Il ne fallait pas non plus déranger l’étranger dans son travail, une façon détournée de lui rappeler de ne pas s’en approcher. Cet homme dont il ne connaissait même pas le nom, ce parfait inconnu qui ne cessait de l’attirer et en qui il sentait une bienveillance. Mais il avait obtempéré, à cette seule condition : il pouvait faire ce qu’il voulait de sa journée. Car demain, ils iraient à la fête terminer les derniers préparatifs avant le grand jour.

    Il s’apprêtait à se lever enfin, quand une voix résonna derrière lui. Il sursauta.

    « Excuse-moi je ne voulais pas te faire peur. »

    L’étranger se trouvait là, juste devant lui, un grand sourire aux lèvres, son regard bleu transperçant son âme tout entière.

    « Il est vraiment très beau ce chêne. »

    Clovis resta figé ne sachant quoi répondre. Il avait tout fait pour l’éviter, obéissant ainsi à sa mère. Et l’étranger venait à sa rencontre, lui adressait la parole. Alors il se leva, le regard baissé, puis s’essuya les mains sur son pantalon.

    « Heu… Oui, c’est un vieil arbre. »

    Il n’avait réussi qu’à répliquer bêtement, balbutiant une phrase à peine audible ; jamais quelqu’un ne l’avait autant impressionné et pourtant il n’était pas du genre farouche loin de là ; un garçon introverti de temps à autre, avec ce besoin de solitude régulier et le reste du temps, le désir de bavarder et de se distraire. Mais aujourd’hui devant cet homme qui en imposait par son charisme et qui transpirait une grande sérénité, Clovis se sentit démuni, dépourvu de cette verve habituelle, qui parfois l’animait quand il se passionnait pour un sujet ; ce qui arrivait rarement. L’étranger du comprendre son embarras, il s’approcha à une distance raisonnable, puis lui tendit la main. Clovis approcha la sienne timidement.

    « Je m’appelle Thomas.

    — Moi, c’est Clovis, répondit-il avec un peu plus de conviction.

    — Enchanté Clovis. Tu es d’origine germanique ? »

    Il ne savait pas ce que voulais dire « germanique », alors, dans un embarras qu’il ne pût feindre, le sol sous ses pieds sembla se dérober ; la terre se liquéfier, perdant ainsi sa consistance ; chaque réponse qu’il apportait maladroitement

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