Sous ma peau: Roman
Par Anne Aumont
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À propos de ce livre électronique
Allyssa Lowndes vit en Angleterre dans le petit village de Berinsfield. Il y a trois ans, son frère aîné, Nathanaël, a quitté le domicile familial afin de devenir acteur. Depuis, Allyssa n'a plus la moindre nouvelle de lui. Elle n'a retrouvé sa trace qu'il y a quelques mois dans une célèbre école d’art du spectacle réservée aux hommes. Décidée à faire revenir son frère, Allyssa choisit de s'inscrire à son tour dans cette école. N'ayant pas d'autre choix que de se travestir pour y entrer, la jeune femme prend dès lors l'apparence d'un homme. Elle espère pouvoir passer inaperçue et, surtout, convaincre Nathanaël de revenir vivre avec elle à Berinsfield. Cependant, rien ne se passe comme prévu et Allyssa est rapidement confrontée à Gabriel, un étudiant déterminé à découvrir son secret.
Allyssa parviendra-t-elle à cacher son secret à Gabriel ? Parviendra-t-elle à convaincre Nathanaël de rentrer avec elle ? Découvrez ce roman à l'intrigue originale sur les traces d'une jeune fille qui devient un homme.
EXTRAIT
Allyssa raccrocha et posa son téléphone près du lavabo. Elle s’essuya rapidement avant de s’habiller et de retourner dans sa chambre. Elle ne voulait pas passer trop de temps devant son miroir. Il lui était difficile de voir ce qu’elle était devenu en si peu de temps. Fatiguée, elle se laissa tomber sur le matelas de son lit. Elle espérait pouvoir rester ainsi éternellement sans jamais avoir à ressortir de cette chambre.
Soudain, quelqu’un frappa à la porte.
La jeune femme se leva d’un bond. Son premier réflexe fut de dissimuler sa poitrine sous les bandages qu’elle n’avait pas remis après être sortie de la douche. Elle préférait ne pas laisser son visiteur admirer ses attributs qui étaient toujours visibles malgré l’épaisseur de son tee-shirt. Mais dans la précipitation, elle effectuait un travail lamentable. Sa maladresse la désola bien plus que le résultat final. Malgré tout, elle savait qu’elle n’avait pas le temps de faire mieux. Elle essaya de se réconforter en songeant à ce que son oncle, un grand cuisinier, lui répétait constamment : « Le mieux est l’ennemi du bien. » Cependant, elle ne put s’empêcher de songer que, si ce proverbe était vrai en cuisine, il était loin de l’être quand il s’agissait de bander une poitrine en moins d’une minute.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Anne Aumont - J'écris depuis l'âge de 11 ans. J'ai grandi en Normandie avant de m'installer à Paris pour mes études. Aujourd'hui, je prépare mon entrée en Master dans une école de journalisme et continue en parallèle à travailler sur différents manuscrits.
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Aperçu du livre
Sous ma peau - Anne Aumont
Chapitre 1
— Il n’est pas encore trop tard pour changer d’avis, Allyssa !
Zoé, assise sur le grand lit au milieu de la chambre, regardait avec peine sa cousine remplir une grosse valise rouge. Elle y empilait des tee-shirts, des pantalons et des sous-vêtements qui, tous autant qu’ils étaient, avaient été conçus pour un homme.
— Tu sais très bien que je n’ai pas le choix, répondit Allyssa d’une voix calme qui ne trahissait pas son anxiété.
— On a toujours le choix ! Pourquoi tu n’essaies pas simplement d’aller lui parler ? Comme ça, tu n’aurais pas à te faire passer pour un mec.
À ses mots, Allyssa s’arrêta et ferma les yeux. Cette décision avait été très difficile à prendre et elle n’avait pas besoin que Zoé essaie de la convaincre du contraire le jour même de la rentrée. Décidée à ne pas se laisser influencer par sa cousine, Allyssa ajouta les derniers vêtements à sa valise avant de la fermer et de la relever sur le sol.
— Ma décision est prise, je ne reviendrai pas dessus. Et puis je ne veux pas simplement lui parler, je veux le faire revenir !
— Tu sais bien que ce n’est pas si facile que ça.
Allyssa ne put la contredire. Il y a trois ans, alors qu’elle venait juste de fêter son dix-huitième anniversaire, son frère Nathanaël l’avait abandonnée pour devenir acteur. Depuis qu’il était enfant, il avait toujours voulu jouer dans des films et des séries télévisées. Cependant, face à l’opposition de ses parents, qui ne considéraient pas le métier de comédien comme une véritable profession, il avait préféré fuir sans ne jamais plus donner de nouvelles. Pendant longtemps incapable de retrouver sa trace, Allyssa avait découvert il y a que quelques mois qu’il s’était inscrit à Westwood, une école de cinéma et d’art du spectacle.
Il n’y avait qu’un seul problème ; cette école était réservée aux garçons.
— De toute façon, j’ai déjà fait falsifier mes documents et mon inscription a été validée. Je ne peux plus reculer.
— Bien sûr que si ! s’écria Zoé. Et puis ils finiront par découvrir que tu es une fille !
Allyssa croisa le regard de la jeune femme qu’elle fuyait pourtant depuis le début de la conversation. Il était évident que sa cousine ne puisse pas comprendre son choix. Zoé, âgée d’un an de moins qu’elle, était très jolie et féminine. Ses vêtements étaient toujours à la pointe de la mode et ses cheveux bruns et mi-longs, impeccablement coiffés. Elle, qui ne changerait sa condition de femme pour rien au monde, ne pouvait accepter que sa cousine se déguise en garçon. De plus, elle savait que si Allyssa se faisait prendre, elle risquait de le payer très cher.
— Et si Scott apprend ce que tu as fait, qu’est ce que tu comptes lui dire ?
— Il n’en saura rien, répondit Allyssa. Et je te rappelle que tu m’as promis de ne rien lui dire.
— Oui, mais tu sais très bien que je déteste lui cacher des choses.
Scott était le frère de Zoé. Allyssa comprenait tout à fait que sa cousine n’appréciait pas lui mentir, néanmoins, elle ne pouvait pas prendre le risque qu’il découvre son plan pour retrouver Nathanaël. En effet, en entrant à Westwood, elle avait subtilisé son identité et cela, sans son accord. Elle avait beau savoir que cela était interdit par la loi, elle n’avait pas trouvé d’autre solution.
— Je t’en prie Allyssa, n’y va pas. Tu peux toujours les appeler pour tout annuler.
— C’est inutile d’essayer de me convaincre... je t’ai déjà dit que j’avais pris ma décision.
Le silence qui suivit fut glacial. Allyssa avança alors vers son armoire, un large meuble en bois sombre. Elle l’ouvrit et en sortit l’uniforme de l’école. Il était composé d’une chemise blanche, d’un pantalon et d’une veste noire ornée d’un blason de couleur bleue ainsi que d’une cravate nuancée de bleu et de noir.
— Va dire à ma mère que j’arrive dans cinq minutes, juste le temps que je me change.
Après un instant d’hésitation, Zoé se leva du lit, marcha jusqu’à la porte et déclara :
— D’accord, mais tu sais tout aussi bien que moi que la mort de ton père ne le fera pas revenir.
Puis, elle sortit, non sans manquer de claquer la porte derrière elle. Allyssa alla s’asseoir sur son lit, son cœur battant douloureusement dans sa poitrine. Elle savait que Zoé finirait par utiliser la mort de son père comme argument pour la dissuader de partir. Il y a dix mois, son père avait succombé à un tragique accident de voiture. Cette perte lui avait paru insurmontable. Aujourd’hui encore, elle avait du mal à vivre sans lui, bien que l’idée de partager à nouveau la vie de son frère lui donnait une meilleure idée de l’avenir.
Après quelques minutes, Allyssa se releva et pénétra dans sa salle de bain. Elle s’y enferma et se déshabilla. Sur le rebord de sa baignoire, elle avait déposé les bandages qui serviraient à dissimuler sa poitrine. Elle enleva donc son soutient gorge et entoura sa poitrine des bandes. Allyssa avait le sentiment d’être comprimée et si elle serrait un peu plus, elle aurait du mal à respirer convenablement, elle en était persuadée. Mais si elle ne couvrait pas ses seins, elle ne passerait pas dix minutes dans l’école avant qu’on ne comprenne qu’elle était une femme.
Sa poitrine enfin enroulée dans les bandages, Allyssa s’observa dans le miroir. Grâce au sport qu’elle avait pratiqué intensément ces derniers mois, son corps était plus musclé qu’habituellement. Pourtant, elle n’avait toujours pas l’apparence d’un homme. Elle aurait beau falsifier ses papiers pour entrer dans l’école de son frère, elle ne pouvait changer qui elle était réellement.
Il restait une dernière étape à Allyssa avant de véritablement entrer dans la peau d’un homme. À ses yeux, cette étape était de loin la plus difficile, cependant, elle était également inévitable.
Elle s’avança jusqu’à son miroir et prit la paire de ciseaux posés juste devant elle, sur le rebord du lavabo blanc. Si elle voulait passer inaperçue, elle devait couper ses cheveux le plus courts que possible, bien qu’elle n’en avait aucune envie. Depuis qu’elle était enfant, elle avait toujours rechigné à aller chez le coiffeur et elle aimait sa tignasse brune, bien que sèche et épaisse. Pourtant, elle savait que c’était le prix à payer pour retrouver son frère et pour cela, elle était prête à tout. Regardant fixement son reflet dans le miroir, elle approcha les ciseaux de ses cheveux et, après un instant de réflexion, elle commença à les couper. Allyssa sentit les mèches glisser le long de ses épaules. Les larmes lui montaient aux yeux tandis qu’elle poursuivait son travail. Cependant, elle ne voulait pas pleurer. Dès aujourd’hui, il fallait qu’elle soit forte, peu importe le nombre de larmes qu’elle aurait à retenir.
Dix minutes passèrent avant que ses cheveux ne soient correctement coupés. Désormais, ils lui arrivaient juste au-dessus de la nuque et seules quelques mèches lui retombaient sur les yeux. Ainsi, elle était à peine reconnaissable et ressemblait déjà un peu plus à un garçon, même si les traits fins de son visage trahissaient sa véritable nature.
Allyssa attrapa l’uniforme qu’elle avait posé sur une chaise près de la baignoire. Elle enfila le jean, un peu trop grand pour elle puis le tee-shirt qui, à l’instar du pantalon, n’était pas à sa taille non plus. Ainsi, elle espérait pouvoir tromper assez longtemps ses camarades de classe pour convaincre Nathanaël de revenir.
— Allyssa ! Jade vient d’arriver !
La voix de Zoé parvint jusqu’à Allyssa. Cette dernière comprit que le moment était venu. Jade, une de ses amies les plus proches, devait la conduire à l’école où son frère étudiait. Depuis qu’elle avait prévu de le retrouver, Jade l’avait toujours soutenu et l’avait notamment aidé à faire falsifier ses papiers.
— D’accord ! Je descends dans un instant.
Après un dernier regard vers le miroir, Allyssa sortit de la salle de bain. Elle enfila sa veste et ses chaussures avant de descendre, sa valise à la main. Dans le salon, Zoé discutait avec Jade en attendant la jeune femme, tandis que sa mère patientait tranquillement sur un fauteuil au fond de la pièce. Elle était vêtue d’une longue robe bleue foncée et portait de grosses lunettes noires qu’elle ne quittait plus depuis qu’elle avait perdu la vue quinze ans plus tôt.
— Dépêche-toi, tu vas finir par être en retard, la prévint Jade.
Allyssa acquiesça avant de s’avancer vers sa mère. C’était une très belle femme, élancée et intelligente. D’un geste doux, Allyssa lui prit la main.
— Je vais partir, maman.
— Je sais. Je suis fière de toi, Ally. Cela faisait si longtemps que tu rêvais d’entrer dans cette école de droit.
Il y eut un court silence. Allyssa avait dû mentir à sa mère pour que celle-ci ne s’inquiète pas mais à présent, la jeune femme avait bien du mal à nier la vérité. Mentir, elle avait toujours détesté cela. Depuis qu’elle était enfant, elle s’était toujours efforcée de ne jamais cacher quoi que ce soit à sa mère, même si parfois, elle en avait eu terriblement envie. Mais désormais, il était trop tard pour faire machine arrière.
— Tu vas me manquer, souffla Allyssa.
Elle étreignit sa mère puis s’éloigna vers la sortie. Elle voulut dire au revoir à Zoé, mais celle-ci ignorait son regard. Sa cousine n’était visiblement pas prête à lui pardonner ce qu’elle s’apprêtait à faire. Cependant, c’était un sacrifice nécessaire. Lorsque Nathanaël reviendrait, tout irait mieux.
C’était du moins ce qu’elle espérait.
Jade sortit de la maison et fut rapidement imitée par Allyssa. Les deux femmes marchèrent en silence jusqu’à la voiture. Avant d’y monter, Allyssa jeta un dernier regard vers la maison dans laquelle elle avait vécu ces vingt dernières années. Elle avait beau savoir qu’elle reviendrait dans peu de temps, quitter ce lieu lui brisait le cœur. Cependant, elle se força à ne pas y penser et monta dans la voiture que Jade démarra.
— Tu ressembles à un vrai mec comme ça, remarqua-t-elle.
— C’est bien le but.
Jade était une jeune femme joviale et constamment de bonne humeur. Elle était parvenue un nombre incalculable de fois à remonter le moral d’Allyssa. Mais aujourd’hui, même Jade ne pouvait lui faire oublier l’anxiété qui grandissait peu à peu en elle.
La voiture s’engagea sur la route. Allyssa regarda les maisons qui longeaient sa rue d’un air pensif. Berinsfield allait lui manquer. C’était un petit village au sud de l’Angleterre dans lequel elle avait toujours vécu. Heureusement, l’école Westwood n’était pas loin d’ici. Elle se situe dans le centre d’Oxford, une des plus célèbres villes universitaires du pays. Mais savoir qu’elle avait l’opportunité d’étudier dans une si belle cité ne suffisait pas à la rassurer.
— Zoé te donne une semaine avant de te faire griller, déclara Jade. Moi je suis plus généreuse, je t’en donne trois. Enfin, si Nathanaël ne te dénonce pas dès le premier jour.
— Vous faites des paris sur moi maintenant ?
— Moi je voulais miser vingt euros, mais Zoé a refusé. Il n’empêche que t’as intérêt à rester le plus longtemps possible.
— J’y compte bien.
Allyssa jeta un œil à son reflet dans le rétroviseur. Même avec ses cheveux courts, on pouvait facilement deviner quel était son véritable genre. Il lui paraissait donc peu probable que personne ne comprenne qu’elle était une femme.
Malheureusement, son genre n’était pas le seul problème qu’elle rencontrerait lorsqu’elle commencerait à étudier à l’école.
— Je n’y connais rien aux arts du spectacle, poursuivit Allyssa. C’est à peine si je vais voir les films qui m’intéressent au cinéma.
— Une école, c’est fait pour apprendre non ? Alors t’as pas à t’en faire pour ça.
— Si, justement. La plupart des étudiants sont sûrement des petits génies du cinéma. Je risque de me faire remarquer si je me démarque trop d’eux et je n’en ai vraiment pas besoin.
— Écoute, si jamais on te pose des questions, dit que t’as vu « To the Beautiful you », lui proposa Jade avec beaucoup de sérieux. C’est sorti il y a pas longtemps, je crois.
— Et ça raconte quoi ?
— Aucune idée ! Mais ma sœur arrête pas de m’en parler alors c’est que ça doit pas être trop mauvais.
Allyssa se tourna vers la fenêtre. Elle sentait le stress croître dans sa poitrine. Elle n’avait aucune idée de la tournure qu’allaient prendre ses prochains mois à Westwood. Pourtant, elle savait qu’elle n’en ressortirait pas indemne.
Chapitre 2
Il était bientôt treize heures lorsqu’Allyssa et Jade arrivèrent à Westwood. Elles restèrent quelques instants dans la voiture jusqu’à ce que Jade se décide à sortir.
— Tu crois que je vais y arriver ? demanda Allyssa en descendant à son tour de la voiture.
— Tu ne le sauras qu’en essayant.
À ces mots, Allyssa leva les yeux vers l’immense bâtiment qui se dressait face à elle. Il lui était difficile de réaliser qu’elle étudierait ici désormais, mais il lui était encore plus dur de réaliser que son frère se trouvait à l’intérieur de cette école. Il était si près d’elle après ces deux longues années où elle n’avait pas eu la moindre nouvelle de lui. Cette proximité lui paraissait si inespérée qu’elle se mordit la lèvre pour être sûre qu’elle ne rêvait pas.
Soudain, Allyssa sentit Jade la prendre dans ses bras et lui glisser à l’oreille :
— Je crois en toi. N’oublie pas que tu peux m’appeler à l’aide dès que tu en as besoin.
Puis, elle s’éloigna. Allyssa en profita pour récupérer sa valise. Elle s’apprêtait à saluer Jade lorsque celle-ci lança :
— Courage Scott !
La jeune femme monta ensuite dans la voiture. Quelques minutes plus tard, le véhicule disparaissait déjà au bout du parking réservé aux étudiants de Westwood. À présent Allyssa n’avait plus d’autre choix que d’entrer dans le bâtiment.
Elle monta les marches qui menaient au hall et y pénétra. À l’intérieur, une cinquantaine de garçons s’étaient regroupés