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Levée d’écrou: Roman
Levée d’écrou: Roman
Levée d’écrou: Roman
Livre électronique73 pages1 heure

Levée d’écrou: Roman

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À propos de ce livre électronique

Gabrielle parviendra-t-elle à se relever malgré la jalousie et les menaces qui l'entourent ?

Gabrielle, après s’être accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis, recouvre la liberté à l’issue de sept ans de prison. Elle va tenter de se reconstruire. C’est sans compter sur la jalousie quasi obsessionnelle de sa demi-sœur qui cherche par tous les moyens à exercer sa vengeance. Gabrielle parviendra-t-elle à assumer cette liberté nouvelle ?

Suivez la lutte et la lente reconstruction d'une femme à nouveau libre, le long de ce roman à suspense.

EXTRAIT

Je n’avais même plus le souvenir des marques. Peut-être avaient-elles aussi changé ? La publicité ne m’évoquait plus aucune image. Je mis un temps très long à me repérer dans les rayons, à acheter quelques provisions. Toute idée de menu m’était devenue étrangère. J’arrivai à la caisse tendue mais finalement assez fière d’avoir réussi à faire, sans trop de mal, mes courses. C’est alors que la jeune caissière me demanda d’ouvrir mon sac pour vérification. Instinctivement, je levai les bras provoquant chez elle un immense éclat de rire. « Je ne vais quand même pas vous fouiller, madame. » Ces mots résonnent encore à mes oreilles. Je sortis en pleurs, ivre de honte, sous le regard ahuri de l’employée.
Dans la rue, je crus m’entendre appeler par mon prénom. Je me mis à courir à toute allure vers ma maison. Je m’enfermai. Un violent vertige me jeta sur mon lit. L’avenir s’annonçait périlleux. Cette vie entre parenthèses ne pouvait pas durer. Je devais chercher en moi les ressorts nécessaires. Voir passivement s’égrainer les jours et les heures ne vous aide pas vraiment à trouver les ressources indispensables pour affronter la vie. Toutes ces années, j’avais courbé l’échine. Je me rendais compte seulement maintenant de l’inertie qui avait été mienne si longtemps. Elle m’empêchait sinon de réaliser, mais simplement de concevoir toute forme de projet. Comment faire preuve d’initiative ? Jusque-là, tous mes efforts avaient consisté justement à ne faire preuve d’aucune imagination. Comment se faire violence alors que j’avais été conditionnée à gommer toute forme de rébellion ?
Il est une chose étrange. Tout le temps de mon incarcération, je crois n’avoir jamais rêvé de ma vie d’avant. Du moins, je n’ai conservé le souvenir d’aucun songe. Faut-il y voir un désir inconscient d’établir une barrière infranchissable entre mes deux univers ? En revanche, depuis mon retour, un rêve récurrent est venu hanter certaines de mes nuits.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Françoise Leccia est née à Tours où elle a enseigné l’anglais avant de s’installer à Chartres en 1972. Aujourd’hui, elle se consacre à l’activité des chambres d’hôtes. Levée d’écrou est son cinquième roman. On y retrouve Gabrielle, l’héroïne de l’Écrou paru en 2015. Elle a également publié en 2014 Le Mal Bonheur, en 2017 Affaire classée ? et Triptyque en 2018.
LangueFrançais
Date de sortie4 sept. 2019
ISBN9782851138453
Levée d’écrou: Roman

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    Levée d’écrou - Marie-Françoise Leccia

    Marie-Françoise Leccia

    Levée d’écrou

    Roman

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    © Lys Bleu Éditions – Marie-Françoise Leccia

    ISBN : 978-2-85113-845-3

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants causes, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    À Sarah Lilah, ma précieuse et très fidèle correctrice

    À mes petits-enfants : Antoine, Kellen, Julie, Matthieu, Jean et Augustin

    On doit vivre sa vie en regardant devant soi mais on ne la comprend qu’en regardant en arrière

    Sören Kierkegard

    Il faut toute la vie pour apprendre à vivre

    Sénèque

    Gabrielle

    « Entre quatre murs », jamais expression ne fut plus juste pour décrire mon univers. Insolite le mot « univers » pour qualifier ce monde infiniment petit arpenté du matin au soir. Un univers aux murs fissurés et cependant clos, un univers somme toute à portée de main. Un monde où le temps n’avait plus la même valeur, où le passé se voulait présent, où les jours et les saisons s’estompaient, un monde sans couleur hormis un blanc jaunâtre, un monde au-delà des convenances, un monde où j’étais isolée mais perpétuellement entourée, un monde pour moi toute seule que je pouvais en pensée organiser à ma guise et où, contrairement aux apparences, ma liberté était intacte.

    Immédiatement après mon arrestation, je fus transférée de nuit à Tours et incarcérée dans le quartier des femmes d’une prison relativement vétuste. Au grand dam de mon avocat, je suis volontairement restée muette tout au long de mon procès. Condamnée à huit années de détention, j’ai purgé la totalité de ma peine dans ce même établissement.

    Considérée comme une détenue modèle, je bénéficiai au bout d’un an d’une cellule individuelle.

    Quelques mois plus tard, je fus autorisée à m’occuper de la bibliothèque. C’est extraordinaire comme une activité de ce genre qui suppose un changement de lieu, seulement quatre fois par mois, peut procurer un tel bien-être. Mais plus encore, le fait de pouvoir feuilleter à loisir ces vieux livres à l’odeur un peu rance me comblait de bonheur.

    Je partageais cet atelier avec une certaine Colette. Son comportement me semblait fort étrange. À peine arrivée, elle se saisissait avec avidité d’un ouvrage toujours le même : « La Promesse de l’aube » de Romain Gary. Quelle obscure raison l’avait poussée à faire ce choix ? Suivait alors un rituel qui s’apparentait un peu à un désir amoureux. Elle caressait la couverture, portait le livre à son visage pour en respirer l’odeur. Comme elle ne l’ouvrait jamais, je songeais un peu naïvement à un problème de vue. Je proposai de lui faire la lecture à haute voix. Elle accepta avec enthousiasme. Rarement ai-je vu quelqu’un goûter les mots avec autant de gourmandise. Souvent, elle m’obligeait à répéter une phrase dont, j’imaginais, la sonorité l’avait particulièrement touchée. Je mis du temps à comprendre que Colette ne maîtrisait pas du tout la lecture. Comme la plupart des illettrés, elle avait mis au point une technique très subtile pour ne pas avoir à répondre à la demande d’une détenue en quête d’un ouvrage. À l’arrivée de celles que nous appelions nos clientes, elle filait vers la pile de livres à couvrir et, la tête penchée, faisait mine d’être absorbée dans sa besogne. Si j’étais moi-même occupée, situation relativement rare heureusement pour elle, dans la crainte d’être sollicitée, elle virevoltait puis disparaissait derrière un rayonnage pour se rendre totalement invisible. Ce subterfuge chorégraphique ne pouvait pas durer éternellement. Elle fut démasquée par une détenue qui, par pure jalousie, menaça de la dénoncer pour incompétence.

    Après son départ, elle s’effondra en larmes. Elle me supplia de la garder, Je n’en avais pas le pouvoir. Je lui promis d’intercéder. J’obtins gain de cause. Colette, par l’attachement sincère qui la liait à moi, m’a donné la preuve que, dans cet univers de brutalité et de haine, il existait des êtres humains capables de douceur et d’amitié. Je ne connaissais pas les motifs de son incarcération pas plus qu’elle ne connaissait les miens. Contrairement à la majorité d’entre nous et, je lui en suis reconnaissante, nous n’avons jamais évoqué nos histoires respectives. Je savais seulement qu’elle purgeait une très longue peine. Elle m’avoua que cet atelier lui avait redonné l’envie de vivre et de poursuivre son apprentissage. À sa demande, un éducateur la prit en charge. Je fus pleinement récompensée. Au bout de quelques mois, elle se décida à emporter le livre.

    Au début, je partageais ma cellule avec deux autres détenues. Je compris très vite que je n’étais pas la bienvenue. Outre la vétusté des lieux, ces cellules étaient conçues pour n’accueillir que deux prisonnières. Dans le milieu carcéral, il existe un certain nombre de principes. La dernière arrivée doit subir différentes épreuves avant d’être admise à participer à la vie communautaire. Réfugiée dans un mutisme complet, j’étais la cible de leurs moqueries puis de leurs brimades. Le prénom entre détenues était de règle. Toutefois, je crois n’avoir jamais été appelée autrement

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