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Le Scaphopode: Roman
Le Scaphopode: Roman
Le Scaphopode: Roman
Livre électronique105 pages1 heure

Le Scaphopode: Roman

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À propos de ce livre électronique

Parfois le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Et un jour, une rencontre avec un objet met notre mémoire en ébullition. Quelle a été sa vie ? Quelle a été ma vie ? De quoi est faite notre existence dans le concert immuable de la vie jusqu’à l’oubli solidement ancré à la mort et l’extinction des êtres et des objets ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né un 05 août dans une famille de 3 enfants, Jacques Blanchet a grandi à Bezons en Région Parisienne. Il a habité dans un garage puis, en 1964 grâce à l’association Emmaüs, il déménage pour un logement aux allures de palace. Si ses parents n’étaient pas fortunés, ils étaient riches en amour Aussi, le manque de moyens ne l’empêche pas de garder le souvenir d’une enfance heureuse marquée par ses vacances à Mesquer, au bord de l’océan. Entre euphorie et déconvenue, sa vie professionnelle est plutôt mouvementée. Avec une amie de collège, il fonde une famille et un foyer à Bueil, en Normandie, pour vivre non loin de cette ville de Mesquer qui, aujourd’hui encore, et ce malgré la maladie, reste pour lui la source d’inspiration qui a fait jaillir les pages de ce livre.
LangueFrançais
Date de sortie6 déc. 2019
ISBN9791037703026
Le Scaphopode: Roman

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    Aperçu du livre

    Le Scaphopode - Jacques Blanchet

    Prélude

    Il m’arrive de me demander « La vie est-elle irrationnelle ? ». L’univers de notre planète est parfois d’une totale absurdité. Qu’elles sont nos objectifs ? Et s’il n’y en avait aucun ? Aucune finalité que la mort, que l’on ait eu une vie accomplie ou non ? Quelle puérilité ! Observe les hommes. Ils cohabitent dans les soucis permanents d’exigences puériles, dans le souci et l’incertitude constante de leurs exigences matérielles. Mais qu’ils l’acceptent ou pas, les années passent. Et la finalité reste la mort. Si l’on veut mourir, fait-on le bilan de notre vie ? Je le crois. Quel que soit notre âge, si l’on doit disparaître, on se penche sur nos souvenirs où on fait le bilan de sa vie, peut-être même les deux, et on constate au fond de nous-mêmes que notre existence a, malgré tout, été courte. Nous avons obstinément le sentiment que notre vie a été brève et que celle-ci a été futile. Sauf à la mort. Le passé ? Ce n’est plus que souvenance, entendez quelque chose d’irrémissiblement révolu. Nous laissons encore un autre souvenir, plus acerbe. On nous évoque comme on se souvient d’un bibelot que l’on a possédé, et puis vient l’oubli. Car l’existence dans la communauté des hommes est ainsi faite ; de réalité, de souvenirs et d’oubli. Des milliards et des milliards de femmes et d’hommes sont venus au monde et en sont partis sans que l’on se penche sur leurs individualités comme il est peu probable que l’on s’infléchisse sur la sienne, la mienne, la nôtre, dans dix ans, un siècle ou un millénaire. Nos descendants qui vont se succéder susciteront-ils pareillement la sollicitude de leurs descendants ou leur indifférence ? De quoi est peinte notre existence dans le concert immuable de vie et de mort ? Rien. Rien à part l’oubli solidement ancré à la mort et à l’extinction des êtres et des objets. C’est absurde, mais c’est ainsi.

    Kercabellec, Merquel, ou Sorlock ne sont pas les meilleurs endroits pour réfléchir, pour écrire ou pour méditer. Mes années passées sur cette terre auraient dû me le rappeler. Trop chaud, trop humide ou trop froid selon les saisons, cet endroit ne favorise pas le travail ou l’envol de mon esprit d’habitude si voyageur. Je n’ai, jamais su retenir les leçons et celle-là en particulier. Pourtant, combien de fois me suis-je échappé dans ces lieux avec l’espoir d’écrire l’esprit tranquille, un de ces vieux livres que je n’ai jamais terminé, avec l’intime promesse de noircir le bloc de papier bien enfoui dans ma poche ? Et puis, arrivé au bout du port de Kercabellec, au bout de la jetée de Merquel ou de la plage de Sorlock, je n’ouvre pas mon bloc de papier, laissant le stylo au fond de son ennui et les pages du bloc aussi lisse et vierge que l’horizon sans nuages. Je ne lis pas, je n’écris pas, pas plus que je ne m’évade. Voici l’endroit où j’ai vu croître l’herbe dès la première graine florissant hardiment au-dessus du sol revendiquant l’ensemble du ciel indigo. C’est l’endroit où je les ai entendus dans une forte brise m’appeler pour la première fois hors de la maison. M’entendent-ils encore ? Voici l’endroit où j’ai appris à courir aussi vite que mes petites jambes pouvaient me porter. C’est ici que je me demande encore depuis que je vieillis si je suis la même personne. Voici la maison où je me suis assis sur le rebord de la fenêtre, la nuit est douce et me remplis de mélodies passionnées. Suis-je toujours la même personne ? Une canne à la main je me demande si demain j’aurais l’espoir d’attraper un peu de l’aube. Je regarde l’espace entre le ciel et l’océan loin du soleil de mon enfance. Je me sens fatigué et faible mais je continue vers la pointe de Merquel. Là encore je me demande si je suis toujours la même personne, encore.

    Pour commencer, mon corps malade et fatigué conduit mon attitude. Comme le transat d’un transocéanique, mon esprit reflète une telle apathie qu’en dépit de toutes formes de volontés, je me laisse aller au rythme sauvage de la côte de ce sud Bretagne. Les vagues houleuses sur la plage ou contre la jetée du phare de cette si jolie pointe de Merquel, le vent secouant les pins, les gracieux battements des ailes des goélands, aigrettes et autres oiseaux de ce morceau de terre me submerge, m’emportant loin du rythme fiévreux de la ville. Il y a un moment que j’ai enterré les horaires de trains et les emplois du temps. Comment ne pas tomber sous le charme de ce bout de terre, je m’étends sur le sable, m’allonge au bord du traict, mariant mon corps au sol sur lequel je me repose, face à l’océan, l’esprit vide et nu comme le sable des petites plages des épis, lavés des tagues d’hier par les marées d’aujourd’hui.

    J’ai gardé ma sensibilité, comme le sable est sensible à la vague, comme les arbres sont sensibles à la qualité de l’air, comme un loup entend un autre animal pénétrer sur son territoire à plus d’un kilomètre à la ronde. Elle a le don extraordinaire de voir, d’entendre, de sentir, recevoir, transmettre des idées, des images, des sentiments à la vitesse de l’éclair, de deviner la moindre variation de caractère chez une autre personne, de lire sur les visages et sur les corps – on appelle cela l’intuition et souvent, à partir de minuscules indices, elles savent ce que les gens ont en tête. Pour pouvoir exercer ces dons sauvages, elles restent ouvertes à tout. Mais en même temps, c’est cette ouverture qui rend ses frontières vulnérables et les expose à des blessures de l’esprit. J’appartiens aux silencieux, je ne suis pas volubile, plutôt tempérant, un exilé. Je pense vite et suis avare de mots. Je les grignote. Quand ils sortent, ils tiennent sur une page. Quand ils ne jaillissent pas, ils façonnent ma planète ou demeurent dans ma bulle, et parfois se hasardent à refaire le passé, sans grand succès bien sûr. Mes mots me suffisent à sustenter mon imagination. Un océan, du ciel bleu ou gris, de l’amour, peu de gesticulations et une synthèse intérieure. Mes silences sont nantis, je préserve soigneusement tellement de rêves isolés dans un antre de mon esprit. Même moi, je ne les entends pas toujours. Comme je n’attire pas l’attention, il est difficile de me faire une place. Je ne vaux que 3 phrases intéressantes me disaient mes amis quand ils voulaient me secouer. C’est vrai que je me demande parfois s’il faut parler ou se taire, si je dois me forcer puisque je ne suis pas fait pour ça. Même si se taire correspond à du laxisme. Me taire ne fait pas de moi un membre actif de la catégorie des timorés, des veules, des apathiques. Alors j’essaie, je prends une voix déterminée, un rire à faire peur à mon larynx. Je parle de la météo, en Bretagne c’est facile, il peut y avoir les 4 saisons en 24 heures. Je récite des phrases toutes faites, évoque des banalités pour pouvoir rester en surface, oui c’est ça, en surface, pour ne rien laisser pénétrer. Beaucoup ont du mal à concevoir cela. Pourtant je m’y suis hasardé, avec des hommes, des femmes antinomiques. Je ressemble alors à un mauvais comédien récitant son texte sans conviction ni talent. C’est cocasse de se faire qualifier de marginal, par ma belle-famille alors qu’en fait elle me connaît peu. Mais j’ai fini par comprendre. Comprendre que le silence peut vous sauver. Ce n’est qu’une façon de communiquer. Et elle me sied bien. Alors je me tais.

    Ce matin pourtant mon esprit reprend vie, vagabonde sur la plage telles les vagues peu soucieuses de ma paresse. Qui peut savoir, si je creuse le sable, quel trésor ces flots incessants et sans d’autres buts que de revenir encore et encore peuvent faire rejaillir de ma pensée consciente et inconsciente, peut-être, un de ces petits morceaux de verre parfaitement poli par le sable année après année ou quelques coquilles d’huîtres vides, délaissées par l’océan. Il ne faut pas chercher à les découvrir en creusant le sable, il faut laisser faire le hasard, draguer le sable de la plage n’apporte rien. L’océan n’offre aucune récompense pour les impatients ni pour les chercheurs avides qui

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